A l'occasion du mouvement de mobilisation qui touche actuellement l'ensemble des IUT de France, j'observe avec un grand intérêt la manière dont la viralité, la réactivité et le bouche à oreille numérique sont judicieusement et assez "nativement" utilisés par les premiers concernés (les étudiants). Pour résumer, en moins de 24 heures, depuis que les étudiants ont été informés de la situation (ils n'en avaient jusque là aucune idée, et on ne saurait leur en vouloir), en moins de 24 heures donc :
- ils ont créé un groupe Facebook qui réunit à cette heure 2 143 membres (principalement actuels et anciens étudiants). C'est peu dire que l'extraordinaire focale que constitue Facebook est un outil de communication absolument fascinant en termes de coordination d'un mouvement, aussi bien pour la rapidité de la mobilisation que pour la diffusion des informations. "Just be in". Il suffit d'y être.
- Ce groupe Facebook ainsi que les updates systématiques de leurs "statuts" n'ont pas été sans effet sur l'augmentation vertigineuse du nombre de signatures de la pétition officielle de soutien aux IUT (30013 signataires à cette heure)
- un forum national a également été créé par les étudiants.
- ils ne leur manque plus qu'un blog national et ce sera parfait 🙂 (de nombreux blogs locaux existent déja, dont le premier a avoir été créé est celui de l'IUT A de Toulouse).
Il ne manquerait plus que leurs milliers de petites souris aillent attaquer le grand chat de Valérie Pécresse en lui posant tout plein de questions aussi chatouillantes que gratouillantes :
- "chat Internet avec Valérie Pécresse, 4 décembre 2008 de 15 h à 16 h 15. Le chat sera accessible gratuitement à l'adresse suivante : http://www.lors.fr/chat20081204 (inactive pour l’instant). Vous pourrez commencer à déposer vos questions dès mardi 2 décembre."
(A propos du jeu du chat et de la souris … autre illustration par l'exemple …)
Bref, quoi qu'il advienne de ce mouvement, le Digital Natives font la preuve qu'ils savent tirer tout le meilleur parti des outils à leur disposition. Ils les utilisent comme des "insiders", des usagers "du dedans", c'est à dire avec l'angle d'usage qui leur apparaît le plus saillant. Pour Facebook c'est clairement celui de la viralité et du "stay tuned". Je trouve cela plutôt réjouissant. Il ne nous reste plus qu'à les former davantage sur les angles moins "saillants" des mêmes outils. Mais tout ce qu'ils ont déjà fait sera du temps de gagné.
Naturellement, pour gagner un combat, la lutte numérique ne saurait suffire … il faut également … Hein ? Ah oui c'est vrai … Chuuuuuuuut …
<Update de 5 minutes plus tard> Attention !! L'UNI (syndicat étudiant d'extrême droite) tente de s'engouffrer dans la brêche et a créé 2 groupes Facebook de "soutien aux IUT". Mais ces groupes là, je ne vais pas vous donner leurs adresses :-).</Update>
Bonjour Olivier,
j’aime beaucoup le « en moins de 24 heures, depuis que les étudiants ont été informés de la situation (ils n’en avaient jusque là aucune idée, et on ne saurait leur en vouloir) » ! Pauvres étudiants, inconscients du drame qui se joue en coulisse et braves enseignants et encadrement des IUT qui, fort heureusement leur délivrent une information objective en un temps record à un moment opportun. 😉 … comme toujours je taquine un peu. Mais j’ai toujours regretté que certains enseignants (et pas seulement dans les iut, loin s’en faut) soient promptes à pousser les étudiants dans la rue pour appuyer leur propre contestation. Après, quand mouvements étudiants et enseignants se rejoignent, c’est une autre affaire et c’est tant mieux, bien évidemment. Cordialement, MC
Manuel> Merci de cette taquinerie mais tu prêches un convaincu.C’est un fait sociologiquement acquis que les étudiants ont une capacité d’enthousiasme et de mobilisation qui fait singulièrement défaut à une grande partie du corps enseignant. On peut voir les choses de deux manières : verre plein = les enseignants sont malins et savent trouver les bons relais, verre vide = les enseignants sont des lâches qui instrumentalisent les étudiants et comptent sur d’autres qu’eux-mêmes pour porter leurs revendications.
Mais je ne pense pas qu’on puisse me faire le procès de dissimuler ou d’être timide sur mes engagements, ni celui de faire porter par d’autres mes revendications.
Cordialement aussi 🙂
Olivier.
Bonjour,
L’année dernière, les étudiants contre la LRU n’ont pas réussi la convergence des luttes, les directeurs d’IUT, ceux là même qui nous stigmatisaient l’an dernier, réussiront-ils la convergence des corporatismes ? (A Grenoble, ce sont les directeurs d’IUT qui ont appelé l’ensemble des étudiants en AG).
La question mérite au moins d’être posé, ce qui effraie, c’est moins le manque de conscience que le pouvoir des syndicats (autant des EC qu’étudiants) pour faire changer les choses à l’université.
Un étudiant