Je voudrais partager avec vous deux lectures. Sans commentaire. Sans analyse. Parce que ces deux lectures là se suffisent à elles-mêmes.
La première est celle de la vie privée de Marc L., publiée par l'excellente revue "Le Tigre".
La seconde est celle intitulée, "J'ai oublié de ne pas me souvenir", publiée par le tout aussi excellent site Anticipedia.
Commencez par lire ces deux textes. Puis replongez-vous dans le texte de J.L. Borges, "Funes ou la mémoire." On peut y lire ceci : "J’ai à moi seul plus de souvenirs que n’en
peuvent avoir eu tous les hommes depuis que le monde est monde.
Mes rêves sont comme votre veille. Ma mémoire,
monsieur, est comme un tas d’ordure. (…) Il avait appris sans effort l’anglais, le
français, le portugais, le latin. Je soupçonne
cependant qu’il n’était pas très capable de penser.
Penser c’est oublier des différences, c’est
généraliser, abstraire. Dans le monde
surchargé de Funes il n’y avait que des détails,
presque immédiats." Fictions –
Funes ou la mémoire – Traduction P. Verdevoye ;
Folio.
Ça me fait penser aussi à un autre recueil de lui: « le livre de sable ». On y retrouve la nouvelle éponyme qui parle de cette bible où on tourne une page sans jamais pouvoir la retrouver ensuite, où il n’y a jamais de suite.
« Le nombre de pages de ce livre est exactement infini. Aucune n’est la première, aucune n’est la dernière. »
Quel visionnaire.