La boutique contre le bazar

Imaginons le web comme une ville. Avec son centre : urbain, social ; avec ses activités : trouver un job, faire ses courses ; avec ses services ; Et puis avec sa banlieue mal famée, ses quartiers "chauds" (spywares, spams et malwares). L'article du NYTimes "The Death of The Open Web" (intégralement traduit sur Framablog) file cette métaphore jusqu'à nous amener dans l'une de ces si typiques entrées de mégalopoles modernes : les zones de chalandise que constituent les "magasins" ou autres boutiques, plus précisément celles d'Apple (avec l'IPhone et l'Ipad notamment, puisque ce sont là les deux éléments centraux dudit article).

  • "People who find the Web distasteful — ugly, uncivilized — have
    nonetheless been forced to live there: it’s the place to go for jobs,
    resources, services, social life, the future. But now, with the
    purchase of an iPhone or an iPad,
    there’s a way out, an orderly suburb that lets you sample the Web’s
    opportunities without having to mix with the riffraff. This suburb is
    defined by apps from the glittering App Store: neat, cute homes far
    from the Web city center, out in pristine Applecrest Estates. In the
    migration of dissenters from the “open” Web to pricey and secluded
    apps, we’re witnessing urban decentralization, suburbanization and the
    online equivalent of white flight.
    "

Zone_commerciale

L'article explique ensuite que suite à une phase très dense et anarchique durant laquelle tout le monde vînt s'installer sur le web, le besoin se fait aujourd'hui sentir de se retrouver dans son "jardin secret" ("walled garden").

Un web "abrité", fait de murs anti-promiscuité reposant sur "pay walls, invitation-only clubs, subscription
programs, privacy settings and other ways of creating tiers of access.
" et derrière lequel l'on se sentirait plus en "sécurité" (make spaces feel 'safe'), à l'abri "not only from viruses,
instability, unwanted light and sound, unrequested porn, sponsored
links and pop-up ads, but also from crude design, wayward and
unregistered commenters and the eccentric ­voices and images that make
the Web constantly surprising, challenging and enlightening.
"

Toujours selon les termes de l'article, nous serions ainsi les témoins d'une "urban decentralization, suburbanization and the online equivalent of white flight."

White flights. A noter qu'un "white flight" est une notion démographique et sociologique désignant le fait que les populations "blanches" ont tendance à déserter certaines communautés urbaines à mesure qu'augmentent les population immigrées minoritaires, et ce pour aller peupler des endroits plus résidentiels et fortement connectés en termes de transports urbains ("commuter towns"). Sur le sujet, lisez l'article de Danah Boyd "White flights in Networked Publics" (.pdf) qui dissèque ce phénomène dans le cadre des réseaux sociaux.

Commuters_in_Maplewood_NJ

Il se produit donc un inexorable(?) cloisonnement, des murs payants s'élèvent pour accéder à certains endroits, avec pour seule règle que ceux (les magasins, les services, les applications) qui se trouvent derrière ces murs payants doivent, pour justifier leurs prix, être plus accueillants / agréables / ergonomiques / achalandés que les mêmes (magasins, services, applications) gratuits.

Les boutiques contre le bazar. Et d'en venir au coeur de l'argumentaire :

  • "Le développement de loin le plus significatif aujourd'hui est qu'une masse immense de gens sont sur le point de quitter entièrement le web ouvert. C'est en tout cas ce que s'apprêtent à faire les plus de 50 millions d'utilisateurs de l'Iphone et de l'Ipad. En choisissant des machines qui ne vivent que tant qu'elle sont affublées d'applications et de contenus directement en provenance du magasin d'Apple (AppleStore), les utilisateurs des terminaux mobiles d'Apple s'engagent dans une relation de plus en plus distante et inévitablement antagoniste d'avec le web. (…) les contenus gratuits et l'énergie du web sont incompatibles avec les standards définis par une telle boutique d'applications."

L'article se termine en indiquant que son auteur "comprend" pourquoi les gens désertent aujourd'hui le "web ouvert" pour se tourner vers le "brillant" de l'Apple Store ou d'autres boutiques :

  • "Apps sparkle like sapphires and emeralds for people bored by the junky nondesign of monster sites like Yahoo, Google, Craigslist,
    eBay, YouTube and PayPal. That sparkle is worth money. Even to the most
    committed populist there’s something rejuvenating about being away from
    an address bar and ads and links and prompts — those constant reminders
    that the Web is an overcrowded and often maddening metropolis and that
    you’re not special there.
    "

… et en indiquant que nous pourrions très prochainement regretter et payer très cher ce détournement.

Eléments d'analyse. Si je suis d'accord sur le constat dressé par cet article, je n'en partage pas tout l'argumentaire. Voici les quelques réflexions que cela m'inspire. 

La cathédrale, la boutique et le bazar. Le titre de mon billet fait écho à un "célèbre" texte, "La cathédrale et le bazar", dans lequel l'auteur décrit le modèle de développement de Linux en le comparant à un bazar ; soit une manière de développer des logiciels, par la coopération d'une multitude de développeurs, et qui se caractérise "par une adaptabilité et une flexibilité impossible dans une structure organisée de façon hiérarchique" (cathédrale des logiciels propriétaires). Quand on passe du logiciel au "matériel", du software au hardware, le modèle organisé et vertical (cathédrale) se double d'un modèle de vente qui est celui décrit par l'article du NYTimes (boutique donc). "Le modèle de la grande distribution s'étend au logiciel" dit aussi Cory Doctorow dans un remarquable article : "Pourquoi je n'achéterai pas un Ipad".

Hygiene

Hygiénisme boutiquier. L'article du NYTimes a parfaitement raison de pointer le côté "propret" des boutiques d'Apple. A l'occasion de la sortie de l'Ipad, Steve Jobs a d'ailleurs totalement versé du côté de l'hygiénisme moral, en maquillant son combat pour les formats propriétaires d'Apple sous le fard d'une lutte anti-pornographie. De fait, cet hygiénisme rampant gangrène l'ensemble des espaces prétendument privatifs du web. "Dans" l'enceinte de l'Ipad et de ses contenus applicatifs, nulle pornographie affirme l'un, "dans" l'enceinte de Facebook, nulle scène d'allaitement avait déjà affirmé l'autre, et l'on pourrait ainsi multiplier les exemples. Consumérisme et hygiénismo-moralisme bon teint sont les deux mamelles de ces White Flights d'un nouveau genre. Le premier danger de tout cela est naturellement la potentialité d'une censure déjà techniquement opérante et qui n'attend plus qu'un événement permettant de la "décomplexer" pour qu'elle s'applique au-delà même des règles du seul vivre ensemble (c'est à dire qu'elle ne concerne plus, uniquement et par défaut, les délits comme l'incitation à la haine raciale, la vente d'armes à feu, etc …). Mais il est un risque encore plus grand qui est celui de la délégation inexorable de nos lois morales collectives à des sociétés qui n'ont en commun avec ladite morale que les règles édictées par leur portefeuille d'actions. Pire encore, c'est chacun qui, par le pouvoir du clic permettant à n'importe qui et n'importe quand de signaler tout contenu "litigieux", c'est chacun qui par cet artifice peut imposer "sa" conception de la morale à l'ensemble d'un groupe dépassant de loin son seul cercle relationnel. Ce qui, convenons-en est tout sauf "moral". Ce système de surveillance par le bas ("little sisters") se double, quoi qu'en dise Steve Jobs ou Mark Zuckerberg, d'un système de surveillance par le haut ("big brother") puisque c'est à eux seuls que revient et qu'appartient le pouvoir de supprimer tel groupe, telles photos, telles applications.

Les boutiques et la conception cybernétique de la morale. De la morale à la conduite morale il n'y a qu'un pas. Or la conduite morale de ces sociétés ne peut qu'être dictée par un consumérisme à courte vue. Le dire n'est pas un reproche mais un simple constat. Pour faire une rapide incursion (métaphorique) du côté de  la cybernétique, on peut à leur endroit parler, au mieux, d'une morale cybernétique, c'est à dire – telle est en effet l'étymologie du mot – disposant d'un gouvernail dont la conduite est guidée par un flot d'interactions complexes mais pilotée par une main et une seule.

Money Time. Le terme de boutique, ne nous y trompons
pas, fait référence à la qualité de l'emballage et de la présentation,
à ce sentiment de "chez soi", mais il ne désigne en aucun cas un
chiffre d'affaire très réduit face à celui des "grands supermarchés".
Le meilleur exemple est que le Mercredi 26 Mai à 14h30 à Wall Street, "la valeur d’Apple (227 milliards de
dollars) dépasse celle de Microsoft (226 milliards). La compagnie que
tout le monde donnait pour morte il y a dix ans est maintenant
l’entreprise de technologie la plus chère du monde.
" Apple : première capitalisation high-tech de la planète.

Au risque d'une non-interopérabilité. Le choix à faire est binaire. Ouvert contre fermé. Interopérable contre propriétaire. Le coeur stratégique du web est celui de l'interopérabilité. Le rêve fondateur du client-serveur contre le modèle économique d'Apple, celui du client-captif. Le rêve fondateur du web : permettre à chacun, indépendamment de son équipement logiciel ou matériel d'accéder à l'ensemble des ressources disponibles. A l'exact inverse, le paradigme de la boutique Apple : permettre à ses seuls clients (= acheteurs du hardware / matériel) d'accéder aux seules ressources disponibles chez les seuls fournisseurs de sa boutique, et seulement consommables sur son matériel. Idem, mais à une autre échelle pour le Kindle d'Amazon : le kindle c'est comme le caddy ; ça ne va qu'avec un seul magasin et on ne part pas avec. A
noter d'ailleurs, que le combat pour l'interopérabilité nécessite une
reconnaissance et un engagement politique qui sont loin d'être acquis
(voir ici et )

La cathédrale, la boutique, le bazar … et leurs hybrides.

Amazon et son caddy-Kindle : ou le modèle de la boutique "bazardisée" et low-cost, façon Foir'fouille. Apple et sa caisse-automatique-Ipad : soit le modèle de la boutique-cathédrale, tendance CSP++. L'anagramme d'Ipad, c'est "Paid", "payé"

Ipad = I Paid. 

Bazar ouvert contre ordre fermé. Le web n'est pas différent de "notre" monde physique en ceci qu'il est peuplé des mêmes individualités, elles-mêmes régies par les mêmes mécanismes pulsionnels. Les mêmes sociétés y obéissent aux mêmes modèles. Dès lors – ce que pointe parfaitement l'article du NYTimes – à l'image des résidences fermées ou des quartiers résidentiels sécurisés qui fleurissent depuis longtemps dans le monde physique, commence à émerger sur le net l'idée et le modèle d'espaces "virtuellement" fermés / sécurisés / surveillés, d'espaces et de toiles "à l'abri" ; à l'abri d'un certain monde, de certaines dérive, d'une certaine altérité / diversité. Et comme dans la vraie vie, ce sont les sociétés marchandes qui en sont les premières instigatrices et les meilleures attachées de presse. Celles qui vont faire de cette aspiration – socialement construite et médiatiquement entretenue – un produit.

Villefermee 

A une société médiatisée régie par le pulsionnel, répondent des logiques d'interfaces chaque fois plus intuitives, plus transparentes, mais qui renvoient vers des lieux, vers des boutiques, vers des réseaux toujours davantage asservis à des logiques propriétaires au double-sens du terme : logiques propriétaires qui n'appartiennent et ne servent les desseins que d'une entité unique, et logiques propriétaires en ce sens qu'elles permettent de tenir à distance les autres boutiquiers, de les exproprier. In fine, c'est le contrôle et l'instrumentation totale de la part de pulsionnel et d'impulsivité (au sens d'achat impulsif en sciences de gestion : voir cet article .pdf) de chaque comportement connecté qui sous-tend l'ensemble de l'offre aujourd'hui disponible dans les boutiques du web : nous dire quoi acheter, quoi aimer, contre quoi se révolter, nous dire ce qui est bien ou mal, ce qui est moral ou ne l'est pas. En cela, le web "ouvert" et non-entièrement marchand ressemble de plus en plus à un petit village gaulois : là encore, comme dans le monde réel, les grandes enseignes périphériques ont littéralement épuisé une bonne partie de l'activité désordonnée du centre-ville, de l'hyper-centre. Archétype de la résidence fermée, Facebook est déjà devenu en quelques années l'un des sites (le site ?) les plus visités (peuplés) de la mégalopole du web.

Que retenir de tout cela ? 3 blocs. 

D'abord que les logiques de déterritorialisation et reterritorialisation décrites pas Gilles Deleuze n'ont jamais été aussi opératoires pour l'analyse. Ensuite qu'en quelques années, les données géopolotiques du plateau de jeu que constitue le web ont changé. Après la domination des 3 grands acteurs du "Search & Link", Google Yahoo! et Microsoft (aka GYM), émerge aujourd'hui une domination des acteurs du "Pay & Stay", Apple et Facebook.

Dans le bloc de l'Est (Search & Link), chacun peut "profiter" des contenus appartenant à tous. Les moteurs fonctionnent sur la base de l'agrégation et de la collecte de liens pour proposer une organisation de cet ensemble et "offrir" des accès à cet ensemble en se payant sur les taxes qu'ils prélèvent sur les boutiques, bazars et magasins qui peuplent ce même ensemble (= liens sponsorisés). C'est le paradigme de l'économie de l'attention. Ce n'est pas le pays de Candy ni celui des bisounours, les rivalités y sont féroces mais il y demeure (pour l'instant) une relative "communalité" de l'ensemble, c'est à dire qu'un site indexé par Google n'appartient pas pour autant à Google. Les acteurs du "Search & Link" proposent une re-territorialisation du monde sur laquelle ils prélèvent leurs droits de douane mais en exemptant (pour l'instant …) l'usager du paiement de ces droits, en "échange" de son attention et au prix de son "profilage". Leur principe est celui d'une double externalité : externalité par rapport aux contenus qu'ils organisent et proposent, et externalités de leurs modes de financement, de leur modèle économique.   

Dans le bloc de l'Ouest (Pay & Stay) la résidence (au sens premier de lieu d'habitation et au sens dérivé d'applications résidentes) est la clé du modèle ; il faut "habiter" le système pour consommer et payer, autant que pour "le" consommer (= le système lui-même). C'est donc d'une hyper-territorialisation qu'il s'agit (dont les technologies de géolocalisation sont l'épicentre). Le principe est celui d'une double internalité : internalité des profils, des contenus et des applications, lesquels ne peuvent littéralement "exister" en dehors des systèmes auxquels ils appartiennent ; et internalités de leurs modes de financement et de leur modèle économique, Apple "se payant" sur ses contenus résidents (Apple Store) et sur la vente de "ses" applications, de la même manière que Facebook "se paye" sur la vente à des sociétés tierces des données personnelles très segmentées de ses "habitants" ou – ce qui revient finalement au même – prélève une taxe aux sociétés tierces souhaitant bénéficier de ses internalités, c'est à dire entrer dans ses quartiers résidentiels (pour afficher de la publicité ciblée auxdits résidents).  

<Mise à jour> Je reprends ici la jolie formule et l'analyse proposée en commentaire : "certains se payent sur le flux (e.g. Google) et d'autres se payent sur le stationnement (e.g. Apple). Les seconds ont l'air, effectivement, plus dangeureux que les premiers
car les premiers ont plus tendance à supporter des standards ouverts
dans leur propre intérêt, qui est de rationaliser leur infrastructure,
i.e. de minimiser leur coût.
"
</Mise à jour>

Le troisième bloc : "Share & Disseminate". Ce bloc, celui du web ouvert menacé de mort selon l'article du NYTimes, est celui de la seule coopération plutôt que de la compétition ou même de la co-opétition. Celui, historiquement, des logiciels libres, rejoint aujourd'hui par les technologies dites d'archives ouvertes (portées par une philosophie qui est celle de la déclaration de Berlin), le tout s'inscrivant dans le mouvement des "commons" ou biens communs (dont on trouvera une remarquable vue synoptique sur le site de Philippe Aigrain). L'idée est ici d'optimiser les logiques de partage et de dissémination suivant une logique par essence dé-territorialisée.

On résume ? Mieux. On illustre 🙂

Diapositive1

Planisphère qui, chez les lecteurs de ce blog, doit en rappeler un autre … celui de la dérive des continents documentaires.

Derivecontinentsdoc

L'antagonisme entre les deux n'est qu'apparent. Dans la réalité du web, les deux planisphères cohabitent. Si le bloc du "Search & Link" nécessite – pour valider son modèle économique – d'entretenir et d'optimiser le phénomène de réunification des continents documentaires, le bloc du "Pay & Stay" nécessite au contraire – et pour les mêmes raisons – d'en sortir, ou plus exactement de recréer artificiellement, ab abstracto, des "résidences documentaires" isolées du reste du mode connecté, mais au sein desquelles seront intimement liées les données publiques, personnelles, privées et intimes.

Nihil novi sub sole ? Rien de bien nouveau diront certains. Les marchands (bloc de l'ouest) vendent dans leur boutique en essayant de se protéger de la concurrence. Les moteurs (bloc de l'est) prospèrent sur des biens numériques non-rivaux qui autorisent les passagers clandestins, lesquels passagers clandestins sont l'ennemi premier du boutiquier, lequel a donc besoin de dresser des murs (applicatifs ou commerciaux) autour de sa boutique. Rien de bien nouveau donc. Certes.
Mais a ceci près que l'équilibre du web est un équilibre instable. Et qu'il l'est d'autant plus qu'il est soumis et dépend de l'attitude de ses acteurs (Apple, Google, etc …), de ses utilisateurs (nous), et de l'équilibre mouvant entre une infrastructure (le "net" au sens de tuyaux et les opérateurs qui en sont propriétaires) et un pouvoir politique "mondialisé" censé garantir la neutralité de l'ensemble.

Et donc ??? Et donc, la constitution de villes fermées / fortifiées de plus en plus peuplées et dans  lesquelles la boutique tient lieu de mairie,  la part que ces mêmes villes fermées représentent dans le traffic d'ensemble du web, pourrait contribuer à faire pencher la balance dans le sens de la fin d'une neutralité du Net. Soit le passage à un niveau d'enfermement supplémentaire : un public captif dont on ne cherche plus uniquement à isoler la capacité d'attention à son seul profit, mais un public captif que l'on cherche délibérément à isoler physiquement du reste de la métropole connectée. De réfléchir à cet enjeu là, nous ne pouvons aujourd'hui nous dispenser. 

23 commentaires pour “La boutique contre le bazar

  1. Je pense que cet affrontement est lié fortement à la culture des usagers. S’ils ne sont que de simples consommateurs passifs, le modèle fermé avec des produits selon les classes sociales finira par triompher.
    Par contre, si la formation permet de développer des cultures informatiques et informationnelle opérante, il y aura plus qu’une résistance.
    L’enjeu est donc éducatif et démocratique avec la préservation de biens communs mais également son développement en vue de nouvelles sphères économiques d’innovation.
    Affaire à suivre par conséquent

  2. Merci pour ce très bon article (qui amène de nombreuses réflexions) !
    La logique de la pomme de Jobs avec l’Ipad (s’en est presque biblique 🙂 fait sévérement penser à celle de Facebook (présentée par ailleurs dans votre article de la semaine dernière).
    Comme cela est souligné dans l’article (et celui du NYTimes) cette logique “d’enfermement”, de barricade face aux dangers se retrouve IRL.
    Rechercher un territoire numérique aseptisé est une réponse naturelle (enfin plutôt humaine) à tous les stimuli de peurs et à l’incompréhension face à certains phénomène du web… Favorisant ainsi un certains “communautarisme”, et un repli vers des instances régulatrices.
    Dur d’abandonner l’idée de maîtrise, face au web qui permet au mieux de sufer (dommage d’ailleurs que ce terme qui révèle une certaine notion d’équilibre et d’appréhension de l’environnement soit devenu désuet).
    Merci encore pour cette article 🙂

  3. Bonjour,
    L’univers fermé d’Apple a déjà été éprouvé sur le Web avec AOL et son navigateur propriétaire.
    Sa logique de supermarché (tous les produits et services dans un seul magasin avec une grosse part de MDD) n’a pas tenue face à la galerie marchande d’un agrégateur comme Yahoo! – pour rester dans un vocabulaire consumériste.
    Concernant Facebook, l’environnement est tout de même bien moins cloisonné que celui d’Apple :
    – un compte Facebook fait office de “single sign on” sur beaucoup d’autres plateformes plus ou moins sociales,
    – l’enfermement est proportionnel à une certaine capacité à exploiter l’outil, et fait le plus souvent partie du Web Privé (sauf écarts de conduites concernant la confidentialité)
    Par ailleurs, Facebook ne correspond pas à mon sens au concept Pay & Stay. Les utilisateurs ne paient pas contrairement à Apple. Les annonceurs peuvent payer pour être visible, mais c’est également vrai sur Google via les liens sponsorisés.
    Concernant la maitrise de l’infrastructure, Google est à mon sens largement plus dangereux que les villes fermées du bloc de l’ouest.
    merci pour cet article passionnant 🙂

  4. Bjr,
    Merci pour cet article.
    Mon résumé perso, c’est que certains se payent sur le flux (e.g. Google) et d’autres se payent sur le stationnement (e.g. Apple).
    Les seconds ont l’air, effectivement, plus dangeureux que les premiers car les premiers ont plus tendance à supporter des standards ouverts dans leur propre intérêt, qui est de rationaliser leur infrastructure, i.e. de minimiser leur cout.
    Quoiqu’il en soit, d’une part, les batailles se jouent avec des munitions, on ne peut pas s’en passer, et Firefox est inévitablement l’une d’elles. Et d’autre part, si Microsoft a été un temps “l’ennemi”, maintenant, ce dernier prend d’autres visages.

  5. Mot manquant :
    Mais il est un risque encore plus grand qui est celui de la délégation inexorable de nos lois morales collectives à des sociétés qui n’ont “en commun” avec ladite morale que les règles édictées par leur portefeuille d’actions.

  6. La boutique rapporte plus que le vide-grenier, c’est un fait. Et ce ne sont pas les vide-greniers qui assurent la vitalité d’un centre ville, ce sont les boutiques. Et il est étonnant de tomber à bras raccourcis contre le iPad tout en entendant les voix nombreuses qui, dans les milieux académiques, critiquent la foire d’empoigne qui règne sur Internet, le labyrinthe dans lequel le pauvre internaute se trouve perdu, la non-hiérarchisation de l’information qui nous fait prendre des vessies pour des lanternes…Tout ça va être bien proprement organisé, sélectionné par Apple (et beaucoup d’autres, d’abord et avant tout dans la logique commerciale IRL, parce que tout est virtuel dans ce monde-là sauf les sous qui tombent dans la caisse). Je rejoins le commentaire de old : pour ne pas être contraint de tout acheter en boutique, y compris ce dont on n’a pas besoin, il faut être capable de produire et d’exercer sa faculté de choix dans un environnement brouillon. Ca s’apprend.

  7. La topologie du Web a changé depuis une dizaine d’année. De la topologie point à point de l’Internet, dont la puissance calculatoire se trouve dans les feuilles (les machines de bureau) à deux topologies aujourd’hui bien établies :
    – la topologie en portail, utilisée par les moteurs de recherche. Ces ‘portails’ sont un passage obligé avant redirection vers le contenu du Web. Au passage ils opèrent un prélèvement d’information à partir duquel ils se rémunèrent.
    – la topologie en ‘nasse’, dont le premier grand acteur a possiblement été myspace. Dans ce modèle, l’utilisateur se retrouve captif d’un ensemble de serveurs donc aucun (ou peu) de liens directs lui permettent de sortir. Facebook suit clairement ce modèle en rappatriant de l’information de l’extérieur, vidéos, etc… Cette captivité permet le bombardement de publicités et autres liens sponsorisés.
    Apple joue en partie cette seconde topologie. Que les raisons pour lesquelles des populations semblent apprécier ce modèle captif aient changées est une chose.
    Il en demeure à mon humble avis que ces deux tournants structurels et topologiques dans l’architecture du plus grand réseau d’information ont été concommittants, et datent d’une dizaine d’années maintenant.

  8. La métaphore de régionalisation physique est intéressante. Je situe le débat sur un autre plan, celui de la capacité à gérer soi-même son indépendance, plutôt que celui de la territorialité.
    Comme je dis dans un article récent :
    « Basically, the danger of the death of the open Web is in the burden of managing your independance. » —
    http://www.la-grange.net/2010/05/24/open-web
    La mort du Web ouvert a été annoncé dès le début du Web et à chaque fois avec des contraintes propres au moment, à la technologie, etc. Ce qui est plus intéressant est de savoir si le choix existe toujours. Le fait qu’une résidence hypersurveillée existe est une chose, le fait qu’elle soit imposée légalement à tous en est une autre.
    On peut se désoler que nous comme un troupeau de mouton voulions utiliser un Apple Store mais personne ne nous force à le faire (et ici on peut dire la même chose des journaux gratuits dans le métro, des programmes télés, des blockbusters du cinéma, de la nourriture des grands groupes agroalimentaires, etc. etc. etc.)
    L’important est vraiment de savoir est-ce que je peux avoir une alternative ? Et pour l’instant, je peux toujours éditer mon propre site Web que j’héberge moi-même sans avoir à utiliser une plateforme payante (genre typepad 😉 ) ou en donnant mes données de consultation à une grande entreprise comme xiti 😉 etc. (Pas un reproche mais une constatation).
    Il y a un fardeau à gérer son indépendance, ce n’est pas facile, coûte de l’argent et du temps. Avoir la possibilité du choix est primordiale. L’infrastructure le permet toujours pour l’instant.

  9. @Olivier
    On paie, on paie, et pour reprendre l’image de la cité, il suffit d’observer ces magnifiques entrées de villes bardées de pancartes publicitaires vantant les produits du supermarché, ou vendeur d’électro‑ménager caché derrière. Toute cette tôle, je trouve que nous la pay(er)ons cher. (et je ne parle même pas du fait que nous payons par le contenu que nous ajoutons à Facebook)
    On ne paye plus en liquide, mais en pollution visuelle ou sonore…
    @olivier ertzscheid
    Merci pour cet article et ses ressources associées… J’aimerais en lire beaucoup plus de ce genre.

  10. bonne initiative que d’avoir repris cet article du New York Times, qui le méritait, et vous en donnez une excellente analyse (et très bien documentée) qui rejoint la conclusion d’un article que j’ai rédigé dernièrement. http://www.metis-acie.fr/?p=1863
    quelques remarques cependant :
    1. le titre original de Eric Steven Raymond n’était déjà pas approprié, le Bazar n’est en rien un “capharnaüm”, ce “bordel organisé” au sens vers lequel l’usage occidental l’a fait dériver, c’est un espace commerçant des plus régulés (étymologiquement : “place des prix”), et par des lois multi-séculaires. C’est nullement un espace libre et désordonné (“bazar ouvert contre ordre fermé”) ; l’analogie d’antagonisme entre la “boutique” et le “bazar” ne trouve alors peut-être d’écho que dans l’idée que le bazar est gouverné en collégialité (les marchands les plus puissants), contrairement à l’épicier qui tient sa “boutique” dans son coin. Cette collégialité (plusieurs acteurs prennent une décision pour une multitude d’utilisateurs) n’existe pas sur le web ouvert si ce n’est à travers les “consortiums-fédérations-associations” qui gèrent les standards et dans ce cas les acteurs-boutiquiers font aussi partie du collégial (WebKit par exemple existe sous licence BSD & GNU LGPL et le développement a été soutenu par Apple, Google, Nokia, RIM, Palm — lesdits boutiquiers — et approuvé par la Free Software Fundation).
    2. hygiénismo-moralisme : l’encre a largement coulé “sous les jupes” des contenus filtrés par l’App Store… Rappelons une seule chose, toute enseigne de distribution (ce qu’est l’App Store) se réserve le droit de ne pas proposer certains produits dans ses rayons, et je pense que beaucoup apprécient ne pas tomber sur des DVD X chez Carrefour en achetant le dernier Walt Disney (je cite ce dernier parce que Steve Jobs en est un actionnaire de taille, et surtout parce qu’un bon vieux conte de fées en dit généralement plus et mieux sur la sexualité que le dernier Marc Dorcel, cf Bettelheim “The Uses of Enchantment”). Et comme vous le soulignez justement, pour Apple c’est “Money-Time”, mais pas à n’importe quel prix puisque refuser le porno représente certainement un lourd manque-à-gagner pour Apple… Et cette “censure” n’a strictement rien à voir avec les logiques d’ouverture ou de fermeture d’une technologie, d’un standard, d’un contenu, le “web ouvert” est aussi peu “immoral” que Steve Jobs n’a prétendu être le défenseur de la vertu, nonobstant les boutades Android = porn…
    3. Car, vous avez absolument raison, il y a bien une dichotomie interopérabilité/fermeture, ou plutôt, il ne faut pas faire un raccourci trop rapide, fermeture/propriété. Il existe bon nombre de formats sur le web qui sont interopérables, quasi ouverts et pourtant propriétaires : Flash pour ne citer que lui (et parce que la polémique Apple/Abobe a largement aussi surfé sur ce nouveau front), mais MPEG aussi, et le dernier né, WebM, lancé en grande pompe par Google il y a deux semaines mais qui se trouve déjà face à de certains problèmes de brevets logiciels, sans parler du “prix” de cette “interopérabilité”… (VP8 bête copie du code source et accès aux implémentations mais pas spécifications voir http://x264dev.multimedia.cx/?p=377). La logique d’opposition est donc entre les formats propriétaires et ceux libres, et là en effet les produits mobiles d’Apple s’avèrent autrement moins souples que ceux d’autres industriels du secteur. La seule question valable reste de comprendre pourquoi.
    4. Certainement pas pour contrôler la vertu des utilisateurs, sortons de ce débat “fuireux”, l’App Store est bourré d’applications à la con qui vous montreront un téton pour quelques centimes sans compter qu’il suffit d’utiliser le navigateur natif pour se rincer l’oeil à l’oeil… (cf ce même article du Monde que vous citez). Pour faire des ronds alors ! ça c’est sûr ; dans une logique différente de ce qui se faisait jusque-là. Les distinctions “Search & Link”/“Pay & Stay” et “flux/station” que vous faites sont en effet très pertinentes pour décrire les stratégies économiques de ces acteurs. Mais ne nous offusquons pas que des entreprises fassent leur profit sur internet, sans ça ce serait une révolution avortée. Pourquoi alors Apple souhaite-t-elle faire des profits dans une logique “propriétaire” ? (au-delà de la seule fidélisation, j’achète pour 200€ d’application avec mon iPhone, j’achète le nouveau modèle sinon c’est 200 balles pour rien…) Aussi incongrue que ça puisse sembler Apple le fait pour ses consommateurs. Le développement des nouveaux terminaux nécessitait cet “enfermement”, ce contrôle, parce que ces nouvelles machines ont besoin d’être appréhendées de façon optimale par le développeur qui souhaitera proposer son contenu : adieu les dispersions de mémoire, bannis les process énergivores, haro sur les interfaces inadaptées. La documentation fournie avec le SDK iPhone OS (téléchargement gratuit, certes nécessite Mac OS X) insiste constamment sur ce point, et de façon litanique ! Les “Big Brothers” de l’App Store qui valident les applications ont pour objectif premier de renvoyer aux développeurs les appli plantogènes, buggées, inutilement lourdes, à la sécurité de passoire… bien avant de traquer du mamelon. Le souci est avant tout de ne délivrer que du contenu “qualifié”, sur des critères techniques et non pas moraux. Toute entreprise responsable rompt ses contrats avec un fournisseur peu fiable, il n’y a pas de raisons que ça change sous prétexte qu’on est connecté au nuage. Les nouvelles “gated communities” du web ne sont qu’une version “safe” d’accès à un contenu (ouvert ou fermé) motivée par un souci d’adéquation optimale entre les applications pour l’afficher et les spécificités du terminal sur lequel tournent ces applications. C’est la philosophie d’Apple depuis le début, lier le hardware et le software pour une meilleure expérience utilisateur (/consommateur). On ne reprochera pas à Mercedes d’empêcher ses clients d’utiliser un autre système de conduite embarquée que celui prévu, pas plus qu’on n’empêchera les mécanos de tous poils de bidouiller ces mêmes bagnoles, à leurs risques et périls. Par ailleurs la technologie “Multitouch” induit des réflexions totalement différentes en terme d’interface utilisateur. Fermer, certes, mais pour revaloriser. Les iPhone-users sauront gré aux programmeurs d’avoir adapté une page web aussi conne que celle de la SNCF en une application autrement plus maniable et “productive” que la version consultable sur navigateur.
    5. Or ces deux versions SNCF s’appuient sur des données strictement identiques, stockées sur un serveur qui est — je l’espère — bien gardé, et par des gens compétents, experts même ! Car c’est bien de cela dont il s’agit, de compétences. Le web a été une révolution fondamentale pour nos économies et nos sociétés, elle est née d’une poignée d’ultra-compétents ravis de leur trouvaille, et à mesure que la poudre se propageait les je-ne-sais combien d’utilisateurs d’internet sont aujourd’hui ravis — eux aussi — de ne pas avoir besoin d’être aussi experts que leurs pionniers. N’en déplaise à Cory Doctorow, mais oui ma mère galère sur son PC, alors la voir héberger sur un serveur-maison des contenus qu’elle offrirait au monde, tout ça bien calibré sous fire-wall… et jouir du code source d’une application sous “Creative Commons license” pour le modifier, elle s’en contrecarre si tant est qu’elle comprenne un “bit” de ce schmilblik. Le web n’est pas plus ouvert ou fermé avec ou sans Apple, il n’est jamais que des quantités de data stockées quelque part, et comme dit “karl” en commentaire : “il y a un fardeau à gérer son indépendance, ce n’est pas facile, coûte de l’argent et du temps”, j’ajouterai : et de sacrées compétences (que je n’ai pas). Du coup on délègue. Et comme il dit aussi : en l’état actuel du Net, j’ai encore le choix. Les canaux pour accéder à ces data changent en effet, les logiques “Search & Link” vs “Pay & Stay” proposent deux façons différentes à l’usager d’être économiquement “attrayant” : personnellement je préfère être sciemment pris pour un consommateur (Apple) que niaisement pris pour un con-sot-mateur qui va cliquer sur toutes les bannières de pub et, quand bien même je m’en abstiendrais, voir mon IP tracée et affiliée à toutes sortes de pratiques. À ce titre je dois impérativement accepter les conditions de l’iTunes Store pour en jouir, Google lui ne me demande rien mais ne se gêne pas moins puisque “qui ne dit mot consent”…
    (suite du commentaire juste après, “we’re sorry we can’t accept this data” = open web ?)

  11. (suite du commentaire précédent, ça devait être trop long… sorry)
    6. Au sujet du “troisième bloc : “Share & Disseminate” : dans le fond celui-là même des origines de l’open web, rassurons-nous il n’est pas près de mourir. On croit le voir dépérir parce que proportionnellement ses représentants deviennent extrêmement minoritaires puisque les usagers de l’internet n’ont plus besoin de maîtriser leurs compétences pour surfer, mettre du contenu en ligne, vivre leur vie numérique d’over-connected. Mais ce troisième bloc est encore bien vivant, et heureusement car en effet il est le moteur de l’avancée technologique. Seulement on aurait tort de croire que sa croissance se fait contre les deux blocs “Est” & “Ouest” et que la réussite de ceux-là se fait à ses dépens. Google comme Apple soutiennent plus qu’activement le développement des nouveaux standards et investissent dans l’open-source (HTML 5, OpenCL… et consort). Pourquoi ? parce que les “bonnes pratiques” du développement communautaire (décrites dans l’analyse de Linux par E.S. Raymond) sont la souche de leur viabilité et vitalité technologiques, les grandes sociétés privées doivent beaucoup au monde du libre et ne cherchent pas à s’en “affranchir”, elles continueront à en tirer le suc parce que c’est un régime d’excellence, et elles continueront à y injecter des millions.
    7. Enfin (après je me couche), ne confondons pas “contenu ouvert” et “technologie libre”, “open acess” & “open source”. Si les deux découlent d’une dynamique commune, à l’origine du concept de “neutralité du Net”, qui voit la “liberté” et la “démocratisation” comme les meilleurs ciments du World Wild Web, en pratique il s’agit de réalités bien différentes. Qu’un contenu soit ouvert signifie qu’il est consultable et transmissible “gratuitement” (aux seuls coûts matériels liés à l’accès à internet), le web étant né de réseaux entre universités scientifiques il y avait là une raison louable, la même qui veut rendre accessible le génome humain. On ne peut cependant raisonnablement pas exiger que tous les contenus soient “ouverts”, sinon adios l’économie numérique, et c’est bien l’actuel problème des producteurs de contenus (presse et consort, cf mon article). De plus cette “ouverture” a peut-être signifié gratuité pour l’utilisateur mais a généré toute une économie parallèle : le financement du web par la pub, le “Search & Link”, et comme vous le dites “c’est pas des Bisounours” ! On rappellera quand même que les contenus “ouverts” ne représentent aujourd’hui que 20% du Net… mais une écrasante majorité du trafic. “Open Source” (OSS, open source software, rien à voir avec notre Jean Dujardin national) concerne la disponibilité en ligne sans copyright du “code source” d’une application (logicielle), chaque utilisateur peut se le réapproprier sans frais : chacun apporte sa pierre à l’édifice pour optimiser la source. Génial ! dira-t-on, oui mais ça ne concerne qu’une minuscule proportion des internautes. La dynamique “Open Source” a permis la définition de technologies déterminantes pour notre société de l’information, mais elles ne constituent pas la totalité des technologies utilisables pour surfer, d’autres ont été brevetées, et oui faut faire des ronds quand même… “Open Access” & “Open Source”, lequel définit cet “open web” qu’on nous prédit disparaître ? si seules ces deux notions le déterminent alors le “web ouvert” est mort depuis longtemps, bazar vs. “walled garden” ou pas.
    8. (oui, j’avais dit que j’arrêtais…) Dans le fond ce qui fait défaut à nos réflexions c’est la définition de cet “open web”. Lorsque Virginia Heffernan craint que beaucoup ne quittent complètement “l’open web”, à quoi fait-elle référence ? à l’affichage de pages web définies par leur adresse IP via un navigateur compatible ? au repêchage des “bits” de “data” stockés sur serveur via une application logicielle ? pourquoi le navigateur devrait-il avoir le monopole alors ? il existe mille applications sur ordinateur de bureau dont le travail est justement d’offrir une meilleure interface avec les “data” que ne le peut le “web browser”, nous coupent-elles aussi du “nuage ouvert” ?
    bref… de nombreuses questions encore béantes. Merci pour votre article de réelle qualité (autre bât-qui-blesse du web, toutes versions confondues !) et veuillez m’excuser de n’avoir pas fourni tous les liens que mon commentaire aurait pu amener…

  12. Je sais que je suis ici sur un blog de spécialistes, forcément bilingues, mais étant sur le web et cité par la revue de web du figaro.fr, vous pourriez avoir la gentillesse de traduire les extraits que vous mettez afin de permettre au plus grand public de tout suivre.
    Partir du principe que vos lecteurs sont tous bilingues m’étonnent d’un professeur de fac où il est bien connu, ne vont surtout que ceux qui n’ont pas le niveau d’aller ailleurs.
    Démocratiser le savoir passe d’abord par le langage employé.
    A bon entendeur !

  13. La décision récente de Ruppert Murdoch de placer le site du Times à 100% derrière un mur et payant ET de bloquer le référencement de ses contenus par Google, s’inscrit à merveille dans ce tableau…

  14. @narvic
    la logique du Times n’est pas exactement celle d’Apple, il s’agit de protéger son modèle économique : je vends du contenu papier : ça marche, je veux vendre du contenu numérique : ça marchera (ou en tout cas, il faut que, sinon c’est la merde…). Il n’y a pas de logique “propriétaire” sur les formats, pas de lien contenu/machine, tout le monde pourra accéder à la version payante du Times, moyennant un navigateur web et… une CB. Mais c’est là où on ne trouve toujours pas de définition à cet “open web”, la version payante du Times en fera-t-elle encore partie ?

  15. Certains usagers du WEB sont tombés dans la marmite bouillonnante de l’information dès ses premières apparitions, d’autres y sont venus depuis, tous au prix d’un effort certain d’appropriation technologique ; j’ose en fait la métaphore du poste de télévision : un écran à plasma est un condensé de technologies high tech, intégrant par exemple des micro-codes embarqués dont l’hermétisme ferait peut à bien des informaticiens ! on peut s’y intéresser, mais est-ce réellement important pour l’utiliser ?
    Un nouveau paysage se dessine avec Apple (et d’autres non nommés) : utiliser sans se soucier du moyen, permettant à un ensemble vaste d’usagers d’entrer à leur manière dans le monde informationnel d’aujourd’hui.
    Il ne s’agit pas d’opposition entre le bazar et la boutique, mais plutôt de l’apparition d’un espace d’utilisation dans un monde d’experts …
    La difficulté est très exactement la même pour la diffusion de la culture sous-jacente à l’Intelligence Economique : l’expert peut utiliser des technologies parfois très sophistiquées, mais qu’il se garde bien de les imposer à ces usagers : ces derniers veulent juste “utiliser”.
    Frédéric Marin – alfeo.org

  16. @ Frederic Marin:
    Je pense qu’il faut aller au delà de la dichotomie expert vs usager lambda.
    Par rapport à une technologie, il existe différents “rôles”: l’améliorateur, le réparateur, l’utilisateur.
    Il se trouve que l’homme préfère les choses simples. Les auteurs de la technologie vont donc viser la simplicité pour l’utilisateur. Celle que vous plaidez. Du côté de l’améliorateur, la simplicité est souvent sacrifiée au nom de la puissance (mais elle ne le devrait pas!), au quel cas, l’amélioration devient une occupation d’expert (surtout si sont dressées des barrières à l’entrée au niveau de la formation).
    Cependant, la complexité de l’interface pour l’améliorateur n’est pas nécessaire. Les standards ouverts possèdent des barrières à la formation plus basses. Et lorsque l’auteur de la technologie n’a pas d’intérêts à restreindre l’amélioration de sa technologie, mais au contraire à la favoriser, l’amélioration peut devenir SIMPLE.
    Cette notion de simplicité de l’amélioration est à rapprocher de la bidouillabilité d’un technologie. Cette bidouillabilité mesure la possibilité d’amélioration et de réparation de la technologie.
    Exigeons donc des technologies simples à utiliser, réparer et améliorer et hautement bidouillables pour que la création ne soit pas cantonnée à l’expert, qu’elle ne soit pas réservée à une caste.
    Ce vœux est pour grande part en opposition par rapport aux objectifs des entreprises capitalistes. Si nous ne voulons pas être réduits à des usagers dépossédés du savoir, à des consommateurs, nous devons donc lutter contre ces derniers (en militant d’une manière ou d’une autre en faveur du libre).

  17. Dommage que l’article mélange anglais et français ça fait bâclé et du coup j’ai lâché prise.
    Pourtant je lis beaucoup d’articles anglais (que je traduis à l’occasion) ou français, mais le mélange est pénible.

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