Pour clore (temporairement) une petite série de billets à propos de Facebook en particulier et de la documentation des hommes en général, en passant par les détours de la gestion de sa présence en ligne (voir ici, ici et encore là), je vous propose une petite série de liens en vrac :
ATTAQUE
- mon premier est édifiant. http://youropenbook.org/ Il s'agit d'un site qui interroge et agrège les statuts publics sur Facebook sur la base de requêtes déclaratives disons … assez embarassantes. Lesdites requêtes changent en permanence mais vous pouvez essayez les vôtres … Au moment où j'ai testé le site, les requêtes par défaut proposaient de découvrir les personnes faisant état d'un toucher rectal dans leur statut, celles qui "sodomisaient leur patron" ou bien encore de pister la chaîne de caractère "ne le répétez pas mais …". Beaucoup de "fake pages" dans les résultats mais également – c'est fait pour cela – de troublants morceaux d'authenticité …
CONTRE-ATTAQUE
- mon second vous proposera d'éviter de vous exposer au premier. http://www.reclaimprivacy.org/ ReclaimPrivacy est un site qui vous propose un remarquable bookmarklet qui, une fois installé vous permettra de "scanner" les différents espaces de confidentialité de votre compte Facebook et de les régler en conséquence.
LA PREUVE PAR L'IMAGE
- mon troisième est une infographie édifiante sur l'évolution des paramètres de confidentialité de Facebook à travers les âges (farouches).
- mon quatrième est une infographie également très instructive sur le même sujet, mais par le New-York Times. Où l'on apprend que la charte de confidentialité de Facebook compte aujourd'hui 5840 mots (contre à peine plus de 1000 en 2005), soit légèrement plus que la constitution des Etats-Unis.
NOUVELLES REDOCUMENTARISATIONS
- mon cinquième est une illustration (parmi d'autres) de la manière dont Facebook cannibalise progressivement des différents espaces du paratexte du web, en l'occurence les commentaires de ce site comme ceux de milliers d'autres.
- Mon sixième est une autre illustration de cette cannibalisation "'par défaut", celle des "community pages", dont le contenu est directement et automatiquement importé de Wikipédia, "croisement improbable de l’algorithme de Facebook et de contenus user-generated" comme le note et l'explique le blog Netintelligenz. Exemple.
J'essaierai de revenir dans un prochain billet sur ces aspects et ces effets d'aspiration, de cannibalisation qui semblent offrir une nouvelle échelle (et de nouveaux enjeux) aux processus de redocumentarisation en place sur le web.
A noter que la sortie de Docs.com, suite bureautique entièrement en-ligne, conjointement lancée par Microsoft et… Facebook, augure de belles et nouvelles perspectives d'étude pour le cercle social de la redocumentarisation
FAIRE DES ETUDES
- mon septième est une étude (Consumer Reports) qui indique que "52% des utilisateurs de réseaux sociaux y publient des informations susceptibles de mettre en danger leur vie privée." (cf ci-dessus, mon premier), phénomène inquiétant (l'étude du Consumer Reports est également chroniquée ici). Inquiétant mais qui doit cependant être pondéré par d'autres études (Université de Berkeley) qui attestent cette fois que de plus en plus des utilisateurs "coeur de cible", très exactement 88% des 18-24 ans réclament une loi pour obliger les sites à détruire les données confidentielles qu'ils détiennent, les mêmes utilisateurs étant de plus en plus "capables de régler les paramètres de confidentialité de leurs comptes", et "attentifs à ces réglages" (tout cela est expliqué dans l'article du New-York Times)
LA MEILLEURE DEFENSE …
- mon huitième vous permettra de retirer les disgrâcieux et intrusifs boutons "like", ainsi que de bloquer les différents mouchards dudit Facebook, sans oublier le tutoriel permettant de désactiver "open graph".
GROS MOT (CLE)
- mon neuvième indique que, si Facebook est le premier mot-clé demandé sur les moteurs de recherche, la question de savoir "comment détruire son compte Facebook" connaît également une très grosse marge de progression …
RENDRE A CESAR CE QUI APPARTIENT A VERONIS
- mon dixième est la comparaison qui décrit me semble-t-il le mieux ce que Facebook incarne aujourd'hui : une "Caulerpa Taxifolia des réseaux sociaux, avec d'inquiétantes implications pour l'avenir du web".
L'ANONYMAT QUI SE PROFILE
- mon onzième est l'avenir de l'anonymat en ligne à l'horizon 2020. Question posée par le Pew Internet à tout ce que la sphère internet anglo-saxonne compte de gourous et de visionnaires. Les points de vue sont, vous le verrez, pour le moins tranchés. J'ai de mon côté retenu la réponse de Clay Shirky : "It will be an archipelago of named users, who get a lot of value from
participating in that part of the ecosystem, but still set in an ocean
of anonymity."
De son côté, la presse se déchaîne devant ce qui pourrait finir par ressembler à de l'inconséquence … Notamment lorsque Facebook et Myspace sont pris la main dans le sac en train de vendre des données confidentielles à des tiers sans l'accord des principaux concernés, alors même qu'ils communiquent en permanence sur le fait que "jamais oh grand jamais ils ne vendront des informations personnelles sans le consentement des utilisateurs". (voir aussi l'article d'Ecrans sur le sujet)
Devant ce qui ressemble à une volée de bois vert et pour limiter l'ampleur des dégâts (et des désertions), Facebook ne reste pas sans rien faire. Ainsi, il a recruté, début mai, "l’ancien président de la FTC – l’autorité de régulation du
commerce américaine – pour prêcher la bonne parole de Facebook à
Washington."
Dans la famille polémique intelligente, il vous faut lire cet édito du New-York Times arguant que le web "ouvert" dispose de davantage d'arguments que Facebook pour s'arroger la médaille du "social par défaut". L'argumentaire est très clair (même s'il est loin de me convaincre …)
Enfin il est un texte qu'il vous faut lire impérativement, c'est celui de Jean-Marc Manach publié dans InternetActu : "Lettre ouverte à ceux qui n'ont rien à cacher".
Et puis comment conclure sans évoquer le "Quit Facebook Day", fixé au 31 mai prochain, et que Le Monde devance légèrement en publiant des "témoignages" d'utilisateurs venant de quitter Facebook. Hugo Roy avait devancé l'appel de plus d'un mois, avec un texte assez fort et assez juste.
De mon côté je resterai naturellement sur Facebook, observation participante oblige 😉
Merci.
Et à propos d’observateur participant, en voilà une qu’il faut suivre. http://observingparticipant.wordpress.com/
merci de conclure par cette « vigilance participative »
et chantier de réflexion tous azimuts qui dépasse évidemment de loin FB seul
suis de + en + surpris par exemple comment plaques tectoniques FB et TW dérivent de façon divergente
bien sûr, non seulement cibler toutes dérives, réaffirmer sans cesse principes de fond, mais en même temps comment ne pas constater, pour nos étudiants – et, je constate familialement, pour âge collège y compris – la maîtrise des facebookiens justement parce qu’ils savent très précisément ce qu’ils mettent en partage, et donc veillent aux outils, les apprennent
alors j’ajouterais juste un point à ton répertoire : la responsabilité qu’on a – collectivement – de s’y comporter en producteur de contenus… ajoutons des contenus, promulguons des liens, tirons FB vers le haut, c’est la meilleure façon de décanter, quasiment de façon centrifuge – et c’est lorsqu’est collectivement validée cette éventuelle pertinence de contenus (et d’en rester propriétaires, donc propulser ce que nous installons sur nos sites) que l’expérience FB devient incroyablement riche de contacts, retours, surprises