Je suis en train de changer d'ordinateur. Je troque mon vieux MacBook contre un MacBook Pro. Et me voilà donc en train d'effectuer le transfert de mes données. L'occasion de vérifier une hypothèse souvent défendue et argumentée sur ce blog … et sur laquelle nous reviendrons un peu plus tard 🙂
Que garder ?
Bien sûr l'ensemble de mes "données", c'est à dire, en gros, tous les fichiers "bureautiques" : articles, présentations, rapports divers et variés, sans oublier les désormais incontournables pétaflops de photos numériques. Soit quelques bons gros gigaoctets aisément transférables via un rapide transit sur un disque dur externe.
Bien sûr les applications permettant de les lire. C'est à dire la suite logicielle "libre" Open Office, l'outil (également libre) Calibre (pour la gestion et la conversion de mes ebooks), et le robuste VLC pour la lecture vidéo.
Et le navigateur. Libre là encore. Firefox de la fondation Mozilla. Et de vérifier, en l'installant sur mon nouveau macbook, ce que j'avais déjà décrit ailleurs, à savoir que ledit navigateur n'est plus un simple navigateur, mais bien l'alpha et l'oméga applicatif de ma pratique informationnelle.
Naturellement le navigateur me permet d'accéder à l'ensemble de mes données déportées dans les nuages du Cloud Computing, de mes courriels à mes articles scientifiques. Mais mon navigateur est également customisé à l'unisson de mes pratiques et de mes besoins, ce qui fait que l'étape la plus longue du passage du MacBook au MacBook Pro fut celle qui m'obligea à remettre en oeuvre ladite customisation.
Exemples. Sur la copie d'écran ci-dessus, on aperçoit quelques-uns des différents modules, plug-ins et bookmarklets (renvoyant par ailleurs à l'implosion déjà décrite ici de l'unité de la page web) qui font de mon navigateur un ordinateur dans l'ordinateur ; modules, plug-ins et bookmarklets parmi lesquels :
- la possibilité de poster et de tagguer directement sur mon compte delicious (boutons delicious à coté de la barre d'adresse)
- la possibilité de publier un billet de blog directement (= sans passer par l'interface de typepad) : "blogIt"
- l'envoi direct (pour une lecture ultérieure) d'une info dans ma boîte Gmail (sans avoir besoin d'ouvrir ladite boîte) avec la possibilité d'ajouter quelques annotations au passage : "toread"
- "echofon" pour consulter ce qui se passe sur Twitter
- les moteurs de recherche dédiés (en haut à droite) : une grosse douzaine
- Zotero (en bas à droite) pour la sauvegarde à la volée de références bibliographiques
- 2 utilitaires pour récupérer des vidéos depuis Youtube et consorts
- etc, etc, etc …
De fait, l'essentiel de ma pratique, l'essentiel du temps passé – connecté ou déconnecté via GoogleGears – est cannibalisé par et dans l'espace du navigateur, un navigateur qui est également la seule clé d'accès à l'essentiel de mes données, stockées dans les nuages.
Ceci n'est pas un navigateur. Une autre manière de le dire est de considérer que le navigateur me permet aujourd'hui de réaliser l'ensemble des opérations de consultation, d'interaction et de publication pour la réalisation desquelles on avait justement commencé par inventer … l'ordinateur.
COMPUTOPIE. L'ordinateur, le "computer", se subsume presque entièrement dans l'une de ses applications les plus récentes, le navigateur. Le lieu même du "calcul", de la "computation" a migré. L'approche purement calculatoire, back-to-bits, se loge aujourd'hui, pour l'essentiel, dans ou autour d'un seul et unique programme (le navigateur donc, pour ceux qui ne suivraient pas). De fait – et un peu ab absurdo je vous l'accorde – l'ordinateur comme calculateur n'existe plus puisque la "calculation" s'effectue en dehors même de l'ordinateur, préemptée et cannibalisée par la médiation du "browser". Le computer, notre computer n'est plus le lieu dédié de la computation. La navigateur comme nouveau et grand ordonnateur de l'ancienne figure de l'ordinateur. Ordination d'un nouveau genre dans les sacrements informatiques.
Why the browser matters. Rien de nouveau dans tout cela bien sûr. Il suffit de relire (ici ou ailleurs) quelques billets sur l'avènement du web-OS et les stratégies des grandes firmes sur le marché des navigateurs (au hasard : ici, ici, ici). Et il vous faut également – c'est un ordre – lire ce billet : "Why the browser matters.", le lire pour comprendre qu'au-delà de l'anecdote ("Marc and Jim called the first Netscape browser Mozilla—meaning Mosaic Killer—to emphasize the mission to replace Mosaic and its importance"), qu'au-delà de l'anecdote donc, les pionniers avaient déjà en tête le rôle central et la vision de ce que serait la place du navigateur, vision que l'on pourrait schématiquement résumer ainsi (mais mieux vaut quand même lire l'article en entier …) alors que certains (Oracle, Microsoft) se battaient pour bâtir des autoroutes propriétaires de l'information, d'autres fabriquaient des voitures vendues à prix coûtant. Lire cet article pour comprendre l'inaltérabilité du lien entre ces deux projets de développement : celui d'une infrastructure réseau et celui d'un véhicule permettant certes de la parcourir mais également d'en restituer "l'esprit". Un lien quasi-organique.
Des nuages au désembuage. Les tentatives (notamment du navigateur Opera), de "re-localiser" la computation sur nos machines plutôt que sur d'immenses fermes de serveurs, ont échoué. Mais le temps d'adoption des technologies est un temps long et non nécessairement exempt de toute possibilité contradictoire ; et là où dans le monde de l'atome tout le monde parlait encore hier de mondialisation, les mêmes n'ont aujourd'hui à la bouche que son antonyme : démondialisation. Il n'est donc pas totalement improbable que demain, dans le mode des bits, devant l'expropriation – consentie jusqu'à un certain point uniquement – dont sont victimes nos données, la tendance s'inverse et vise à restaurer Computation et ordination. A moins qu'il ne s'agisse – déjà ? – de désordre et de dystopie.
Pour Firefox, en copiant son profil d’une machine à l’autre ça doit éviter la fastidieuse reconfiguration.
No> copier son profil règle certes le problème des mots de passe et des outils de recherche, mais pas celui des diverses applications et modules complémentaires.
Il y a une application pour ça : « Utilitaires > Assistant migration ».
Brancher les deux machines, lancer le programme (sur les 2 machines je crois), les laisser se mettre d’accord pour calculer un temps de transfert. Lancer le transfert.
C’est tout.
Big fainéant sous nux, il me semblait que la copie du répertoire de paramètres firefox faisait bien l’affaire. Éventuellement le bazar peut se faire sur quelques addons utilisant des composants de la machines qui doivent être réinstallés aux mêmes endroits (genre les codecs bâtards pour les addons de capture audio-vidéo)…
Punaise tu me confirmerais donc que désormais la machine simpliste des papys et des petits nenfants serait un linux?
heu, sinon, y’a Chrome qui fait ça très bien et qui porte votre config avec toutes vos applis add-on etc d’un poste à l’autre. Certes, c’est Google, mais ça marche bien …