Il s'appelle Openculture.com. Il regorge de trésors tous entièrements gratuits qu'il est allé glané dans les alcôves ou les institutions de la toile mondiale. Et quand je l'ai découvert hier, après avoir rempli mon disque dur de pépites filmiques et musicales**, je me suis fait la réflexion suivante :
"Exactement le boulot de médiation, de contextualisation et de dissémination que devraient faire TOUTES les bibliothèques."
**la liste "Animation/Stop Motion" est un pur bonheur (CRTL+F sur cette page) : de Marcel Duchamp à Superman, du mauvais rêve nazi de Donald Duck aux premiers John Lasseter chez Lucas Film avant qu'il ne devienne Pixar.
Alors comme je suis un garçon curieux, je suis allé voir qui était derrière cet extraordinaire boulot. Je vous laisse les découvrir. Mais j'ai surtout lu ceci, qui a fini de me conforter dans mon avis :
"Open Culture brings together high-quality cultural & educational media for the worldwide lifelong learning community. Web 2.0 has given us great amounts of intelligent audio and video. It’s all free. It’s all enriching. But it’s also scattered across the web, and not easy to find. Our whole mission is to centralize this content, curate it, and give you access to this high quality content whenever and wherever you want it. Free audio books, free online courses, free movies, free language lessons, free ebooks and other enriching content — it’s all here. Open Culture was founded in 2006."
Même si certaines font le job (exemple ici), comme il reste dommage que les bibliothèques dans leur ensemble restent obstinément accrochées à la face obscure et invisible de la conservation, fomentant en secret un archivage et un dépôt légal du web auxquels seuls quelques bienheureux accrédités ont accès ; comme il est dommage qu'elles consument leur temps dans les raffinements technologiques d'un catalogage sémantisant et technologisant, tâches qui pour être obscures n'en sont pas moins (sur certains points) nécessaires, mais tâches pourtant ô combien moins urgentes, ô combien moins prioritaires – et accessoirement ô combien moins valorisantes – que celle de se saisir de la toile documentaire pour en extraire les pépites et en offrir l'accès accompagné. Sans le travail de conservation de la bibliothèque du Congrès, cette magnifique lettre du peuple grec à leurs banquiers** n'aurait probablement jamais pu être rendue publique. Mais sans le boulot de médiation de sites comme "A letter of note" (et InternetActu), elle me serait resté inconnue, ainsi qu'à des millions de gens. Le lent travail de chaînage et de re-médiation des contenus assuré par les internautes ne peut pourtant se substituer à l'urgence de la réaffirmation du rôle éminent et prioritaire des bibliothèques dans une re-médiation systématisée et établie sur le corps vivant du web.
"Our whole mission is to centralize this content, curate it, and give you access to this high quality content whenever and wherever you want it." disent-ils, monsieur le commissaire.
**on me signale dans l'oreillette qu'il ne s'agit pas d'une lettre du peuple grec à leurs banquiers mais de celle d'un esclave émancipé à son ancien maître. Mais avouez que les similitudes sont troublantes 😉
Donc voilà. Openculture.com. Cadeau. Merci (à eux)
Post-Scriptum : un bonheur n'arrivant jamais seul, vous rebondirez également depuis Openculture.com vers le site Academicearth.org, sur lequel vous trouverez (presqu'exclusivement en provenance de l'OpenCourseWare du MIT), là encore, un simple mais si essentiel boulot de "curation". En ce moment d'ailleurs je passe mes soirées au MIT, j'assiste à plusieurs journées de cours sur les médias, l'éducation et le marché (des médias et de l'éducation). Bonheur de redevenir étudiant quand tes profs s'appellent Robert Metcalfe ou Henry Jenkins. Et je remercie solennellement Tim Berners Lee et ses potes pour avoir permis cela.
Post-post-scriptum : Et voilà-t-y pas que tiens par exemple encore une mine d'or, là sous nos yeux. Les vidéos du travail de l'ethnomusicologue Alan Lomax. Moi par exemple je suis fan de ce monsieur, de celui-là aussi, je suis resté scotché (pour différentes raisons) devant cette prestation, et j'ai retrouvé l'inspirateur de Toots Thielemans 😉 Et aussi la preuve que toutes les civilisations ne se valent pas au moins pour ce qui est des marches funèbres.
Post-post-post-scriptum : bon, comme c'est bientôt les vacances, encore un petit cadeau pour de longues soirées enneigées.
Post-post-post-post-scriptum : le gaillard a beau être coutumier du fait, je vous rappelle que la dernière chronique (vendredi 10 février) de François Morel est simplement un chef d'oeuvre de justesse. Voilà. Ne rentrez pas trop tard, surtout ne prenez pas froid.
Je plussoie.