L’industrie lourde de la dématérialisation

Comme promis, mon intervention du jour au Forum des médias de Montaigu (Vendée), devant deux classes de BTS (audiovisuel et design graphique) et quelques-uns de leurs enseignants sur le sujet "Last document on earth : l'industrie lourde de la dématérialisation."

Merci aux organisateurs du forum pour leur invitation et leur accueil.

 

<Update>
Les fidèles de ce blog (et de mes présentations) y retrouveront nombre de diapos déjà utilisées précédemment. Je veux juste profiter de cette mise à jour pour revenir sur la diapo 33 et l'idée mentionnée en bas de page.
J'ai rappelé (brièvement) au public présent que Jack Goody dans "La raison graphique" soulignait trois stades d'avancement dans l'écriture, du moins au plus élaboré : la liste, le tableau et la formule. A l'inverse, ou à rebours, la raison computationnelle ou calculatoire que nous propose Google ainsi que l'essentiel de sites qui captent aujourd'hui le plus notre attention, cette raison computationnelle est une raison graphique à l'envers : elle utilise une formule (l'algorithme) pour produire des listes. Si l'on développe en suivant le fil d'une aliénation technologique poursuivant un objectif sinon d'abêtissement (effet TF1), en tout cas de "simplification", on peut voir dans cette logique la cause ou la conséquence de l'échec des interfaces d'accès "formulées", c'est à dire suffisamment complexes pour rendre compte en miroir de la complexité des objets (documentaires ou non) qu'elles prétendaient traiter. Je pense notamment à feu le moteur Kartoo ou à d'autres nombreuses tentatives de produire des interfaces allant au-delà de la simple "liste" ou du "tableau" (dont l'essentiel des cellules est par ailleurs rempli de liens publicitaires au détriment des liens organiques).
Voilà peut-être le paradoxe  – et la raison du succès – des technologies de la formule : il est non pas de produire des listes (trop) simples à partir de formules complexes, mais de nous entretenir dans l'illusion que la liste est la seule forme légitimement compréhensible de la formule. Une illusion qui pouvait être défendable du temps de l'univocité desdites listes, au moins concernant la partie des résultats organiques affichés. Mais qui ne l'est plus aujourd'hui du fait de l'évidente volatilité des listes produites en fonction du contexte, du profil derrière la requête, bref de l'ensemble des effets de "personnalisation" qui empêchent deux individus d'obtenir la même liste de résultats organiques pour la même requête envoyée. Dès lors, quand on envisage "la" formule (pagerank, edgerank, etc …) à l'origine de la production d'autant des listes différentes qu'il peut exister de personnes déposant une requête, on a tôt fait d'être tenté de se réfugier dans la convocation d'un discours "magique" comme seul cadre d'analyse possible, sauf à connaître parfaitement l'ensemble des rouages et paramètres complexes qui permettent d'inclure autant de critères de personnalsiation dans une même et unique formule. Or c'est précisément cet effet "magique" que recherchent, par effet de biais, les acteurs et opérateurs de l'accès, car elle les place – temporairement -  à l'abri de l'exercice d'un droit de regard critique du public qui pense assister à un "spectacle" quand il ne fait pourtant que regarder l'accomplissement d'une "opération".
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