<Mise à jour> Signalé par Internet Actu, cette nouvelle version du navigateur Chrome pour développeurs qui fait littéralement "disparaître" l'URL. Ce qui confirme l'analyse globale faite dans le billet ci-après. Et risque à terme, à l'équation et à la promesse fondatrice de "Un homme, une page, une adresse", d'en substituer une autre, "Des profil, des statuts, sans adresses".
Profils. "Des profils" plutôt "qu'un homme" puisque la fin de l'anonymat et la pregnance des biotopes sociaux dominants (Google, Facebook et les autres) nous contraint à suivre le changement d'axe de rotation du web ;
Statuts. "Des statuts" plutôt qu'une page puisque, accompagnant le mouvement précédent à la fois comme cause et comme corrélation, "la page d'accueil est morte et le web social a gagné" ;
Parti sans laisser d'adresse. Enfin, donc, la disparition peut être programmée de l'adresse, de l'adressage. Si les analogies entre le web et la "vraie vie" sont souvent foireuses, vous m'autoriserez cependant à souligner que "l'adressage" (au double sens de la "capacité à (re)trouver" et de "s'adresser à quelqu'un") est LE principe fondateur du web, que "masquer" les URL, même longues, même souvent complexes, même semblant inutiles à l'internaute lambda qui utilise depuis belle lurette son moteur préféré à la fois comme bookmark, annuaire et prothèse mémorielle, revient à entériner encore davantage notre dépendance aux biotopes informationnels qui contrôlent déjà l'accès, les profils et les contenus, et que supprimer les "adresses" équivaudrait, dans la vraie vie, à circuler à pied ou en voiture sur un territoire entièrement indistinct et grisé dont seul notre GPS serait à même de restituer le relief, les bâtiments et les rues.
Quand on veut vendre des cannes blanches, il est plus simple de commencer par rendre les gens aveugles. <Mise à jour>
Nous sommes en Mai 2014. Dans une récente interview, Matt Cutts (responsable de l'équipe de lutte contre le spam chez Google) vient tout simplement d'annoncer la fin du lien hypertexte. Plus précisément, en répondant à la question : "Est-ce que l'analyse des liens va perdre de l'importance dans l'algorithme de pertinence de Google ?", Matt Cutts a répondu que "oui", actant un phénomène depuis longtemps constaté par nombre de spécialistes et d'experts du domaine.
Rappelons, juste pour la forme, que l'algorithmie disruptive du Pagerank se fondait en 1998 sur l'analyse des fameux "backlinks" signant l'avénement des mesures d'audience et de popularité. Lesquelles mesures sont aujourd'hui remises en cause par d'autres, d'affinité, de prédictivité, comme le démontre magistralement ce diaporama de Dominique Cardon.
Or donc, Matt Cutts annonçant que l'analyse des liens va perdre de l'importance, dans une économie de l'accès au sein de laquelle Google fait figure depuis ses débuts de métonymie du web, équivaut, à moyen terme, à signer la mort définitive des liens hypertextes eux-mêmes et à faire du web la juxtaposition d'autant de "silos-magasins" sous la tutelle de régimes applicatifs ("apps are content" pourrait-on déclarer à l'instar du "ads are content" d'Ormid Kordestani) dépourvus de l'essentiel des possibilités d'appropriation et de navigation hors des sentiers rebattus d'une audience formatée.
Voici, tel que repris sur le site Abondance, l'argumentaire de Matt Cutts :
"(…) l'analyse des backlinks existe depuis la création de Google mais que (…) il se pourrait que l'importance de ce critère diminue "légèrement" à l'avenir (il faut aussi dire que ce critère est extrêmement spammé à l'heure actuelle). Matt indique que la "popularité" (PageRank) peut être utile dans certains cas, pour attribuer une "note" de pertinence à une page. Mais il donne d'autres pistes d'exploration pour l'avenir afin de fournir les meilleurs résultats possibles et caractériser les pages qui proposent les meilleurs contenus répondant à une question donnée : un système d'AuthorRank pour déterminer le niveau d'expertise de l'auteur d'un contenu, la sémantique pour comprendre le sens d'un texte identifié sur la Toile ou la recherche conversationnelle, le langage naturel, pour discuter avec le moteur (sans saisir nécessairement de mots clés) afin que celui-ci comprenne mieux ce que vous cherchez."
Revenons un instant sur ces "3 autres pistes d'exploration" :
- Author Rank,
- sémantique
- et recherche conversationnelle.
1. PageRank ou AuthorRank ?
Sur le Page Rank qui est en fait un Author Rank depuis le début j'écrivais ceci :
"On a longtemps cru que le "PageRank" permettait de classer les pages. C’est une erreur. Il ne classe pas les pages. Il classe les gens. Il classe ceux qui publient. Il désigne le rang qu’occupe un individu qui publie. Le PageRank n'est d'ailleurs pas la traduction de "classement de pages" mais celle de "Classement de (Larry) Page", son inventeur. Un classement d'autant plus incontournable que l’unité de publication sur le web c’est moi. D’après moi." (comme aurait dit Flaubert à propos de Madame Bovary)."
2. Web socio-sémantique
Sur la sémantique : "La guerre du sens est déclarée." Court extrait :
"Dans ce lent glissement vers un web sémantique qui ne peut pour l'instant s'appuyer objectivement que sur une contextualisation sémantisée des requêtes, les logiques et les idiomes du "graph" l'emportent, au moins lexicalement, de plus en plus fréquemment sur celles du "rank". Facebook avait inauguré la mode avec son "Social Graph", avant que Tim Berners Lee en personne n'institue (ironiquement) l'avènement du GGG (Giant Global Graph) au détriment du WWW (World Wide Web). Et donc maintenant le GKG : Google "Knowledge Graph". Un glissement qui n'est naturellement pas neutre en ce qu'il atteste d'un déplacement du centre de gravité de la toile, ou en tout cas de son principal levier de valorisation (et de monétisation) : les routines et algorithmes de classement (ranking) importent désormais moins, ou apparaissent subordonnées aux différentes graph-ies rendues possibles par l'approche sémantique."
3. Langage naturel ?
Et sur la recherche conversationnelle : "Il ne lui manquait plus que la parole" (et avant celui-ci, "La voix du web") :
"Google s'attaque désormais à la parole. Parce qu'il ne lui manquait effectivement plus que cela. Parce que les technologies sont désormais mûres. Parce que c'est un segment marketing différenciant qu'il ne doit pas laisser au seul SIRI de chez Apple. Parce que depuis le temps qu'il écoute nos questions ; parce qu'avec la liste de réponses dont il dispose ; parce son omniprésence s'accomode très bien de réponses faciles à des questions ponctuelles et factuelles dont nous ne voulons plus encombrer notre mémoire biologique (le temps qu'il fait, l'heure qu'il est, le lieu du rendez-vous de tout à l'heure, le numéro de l'école de nos enfants) ; parce que nous parler c'est nous éviter de lire ; parce que nous éviter de lire c'est nous éviter de comparer ; parce que nous éviter de comparer c'est nous éviter de choisir ; parce que nous éviter de choisir c'est pouvoir choisir à notre place. Parole."
Il y a exactement 4 ans, en Mai 2010, j'expliquais "pourquoi le like tuerait le lien". Nous sommes en Mai 2014, Matt Cutts vient d'inscrire le R.I.P.
Voici quelques extraits de mon article de 2010 :
"La question ici posée est de savoir si l'ensemble des fonctionnalités collaboratives de partage, de signalement, d'indexation, de commentaire, de vote, de recommandation et – plus largement – les nouveaux "liens" censés rendre le web "social par défaut", de savoir si cet ensemble de fonctionnalités n'alourdit pas considérablement le seul "paratexte" du web, au détriment et à l'envers d'une intertextualité supposée plus féconde. Avec le risque de voir le premier (le paratexte) absorber la seconde (l'intertextualité) en se nourrissant de sa matière. Avec le risque, enfin, de voir cette oeuvre ouverte, à la manière d'un trou noir, s'effondrer sous son propre poids ou sous celui des logiques marchandes qui en épuisent systématiquement toute substance."
To LINK. Lier ou ne pas lier. Tel est le principe des liens hypertextes. Des liens qui restent consubstantiels aux contenus dans lesquels ils s'inscrivent pour mieux les décrire, pour mieux les qualifier, pour mieux les "orienter". Les liens n'appartiennent à personne. Leur agglomérat forme une masse aux densités et aux orientations indéchiffrables pour un navigateur isolé, mais presque parfaitement lisibles pour le crawler d'un moteur de recherche. La suprématie de Google s'est construite tout entière sur cette capacité de lecture et de déchiffrement d'une stochastique en perpétuelle renégociation. Là résident les lectures industrielles théorisées par Alain Giffard. Mais avant que d'être lu, le lien reste avant tout le stigmate d'une écriture. De cette écriture, nul ne peut prétendre mesurer ou épuiser l'étendue des possibles.
To LIKE. "J'aime" au lieu de "Je lie". J'aime ou je n'aime pas. Un monde binaire. Entièrement binaire. Un monde sous-cloche. Un bouton-poussoir propriétaire, centré, exclusif, sans réciprocité, sans partage, ou avec la centralisation comme préalable non-négociable au partage, avec la centralisation comme condition du partage. L'appréciation ou la dépréciation ; le degré zéro du lien. Une logique de prime, de gratification, une logique "assurancielle" dans le plus mauvais sens du terme mais dont la faute n'incombe pas entièrement à Facebook, à son écosystème et à son bouton "like". Cette logique était en effet déjà très largement perceptible dans ce qui consacra l'avènement des lectures industrielles : des liens dont on ne mesurait plus que la capacité de prescription marchande, de liens que l'on ne s'essayait à lire qu'à l'aune des traçabilités à rebours qu'ils autorisent, des liens transmués en autant de baromètres attentionnels, des liens appauvris de leur substance même : leur valeur d'échange. Le mouvement est aujourd'hui presque à son terme. Le résultat est là. Sous la forme d'un choix à faire. Binaire.
To link or to like.
L'économétrie de l'attirance comme déconstruction systématique de l'économie du lien."
4 ans.
4 ans depuis l'invention du like. 4 ans pour que l'ensemble des écosystèmes se mettent à déployer leurs propres alternatives aux hyperliens, à commencer bien sûr par Google+ et son "+1". Encore quelques années, peut-être quatre, peut-être moins, et plus personne ne sera capable de mettre en place un <A HREF>, un lien. De faire du lien. Encore 4 ans, peut-être moins. Déjà 4 ans, qu'avec d'autres, j'alerte sur le fait qu'il nous faut choisir entre l'exploration ou la prison. En enterrant et en condamnant une partie des métriques liées au lien, Google, par la voix de Matt Cutts, condamne également le lien comme principe fondateur de cet écosystème. Condamne, à terme, un web sur lequel précisément on navigue déjà de moins en moins (- 10% de trafic) au bénéfice d'écosystèmes aussi fermés qu'applicatifs (+ 40% de trafic pour les applications).
J'assume donc le risque de passer pour une Cassandre (ou un "héros fatigué" 😉 et tout en partageant la conviction de l'édito signé par Laurent Chemla et Eric Walter (des opportunités restent possibles), je constate une nouvelle fois l'infodominance d'un média parvenu à maturité et qui exploite jusqu'à l'épuisement le modèle du "silo-magasin applicatif favorisant ses propres internalités", à l'exception de quelques rares extériorités fécondes parvenant encore à rencontrer des logique d'usage suffisamment massives pour constituer une alternative crédible et qui lorsqu'elles y parviennent, sont presqu'immanquablement rachetées par les biotopes dominants sur un mode qui est celui de la prédation ou du phagocytage.
Alors bien sûr on peut encore, comme Eric Walter et Laurent Chemla dans leur tribune, prendre le parti de l'enthousiasme, rappeler à raison ce que le web a mermis comme changements, se souvenir que les géants de l'information et de l'accès sont autant de pouvoirs que de contre-pouvoirs, que "ce discours de peur a toujours été présent" et "qu'il s'est avéré toujours faux". Que "au fur et à mesure qu’on a pris conscience que l’espace numérique n’était pas un espace fini, quelle que soit la place (démesurée) prise par les géants, il en restait encore toujours autant disponible pour les nouveaux entrants." Mon propos n'est pas d'entretenir ou de faire prospérer un discours de peur mais d'accélérer une certaine prise de conscience, de constater que l'inertie aujourd'hui mise en place et entretenue par les GAFA et consorts est une inertie prédatrice qui, même du côté de l'innovation**, contamine et modèle à leur image des pans entiers des industries culturelles ou des industries tout court, comme les récentes déclarations d'Yves Tyrode, le directeur général de Voyages-sncf.com, viennent encore d'en fournir un exemple troublant.
** Innovation : mot dont il serait passionnant d'analyser la sémantique de discours à laquelle il se rattache aujourd'hui presque systématiquement, et qui est une sémantique de l'incantation, de la "magie", comme si l'énoncé seul de l'innovation suffisait à se dédouaner de l'analyse des raisons et des acteurs qui ont vocation à la brider ou à ne la favoriser qu'au sein d'environnements qu'ils contrôlent déjà.
Multivers ou Multinet ?
Voici donc ce que déclarait Yves Trodes dans une interview au journal Les Echos :
« Internet est mort, vive le "multinet" » ! Selon lui, en effet, le monde du Web s'est fragmenté en 4 mondes : Apple, Google, Microsoft, et enfin le Web classique. Or, chacun de ses univers suscite chez ses utilisateurs sa propre logique de navigation. Pour Yves Tyrode, il faut donc développer des applications spécifiques à chacun de ses mondes. « Nous faisons le pari d'une expérience client propre à chaque monde, avance-t-il. A chaque fois que nous l'avons fait, la satisfaction client et les ventes augmentent ».
L'objectif est non seulement d'adapter l'offre à chaque système (IOS, Android…), mais également de développer, le cas échéant, des fonctionnalités spécifiques. (…) Relever le défi de cette fragmentation technologique a un prix. « Les développements sur le "multinet" représentent 80 % de nos coûts de développement globaux », confirme Yves Tyrode. Le groupe s'efforce donc de nouer des partenariats avec des start-up ou des poids lourds du Net pour limiter la facture."
Dans sa maturité, sans pour autant renier son héritage, le web en tant que "plateforme" a opéré sa mue identitaire, idéologique et économique depuis le "multivers" dont il s'affirmait comme la promesse possible vers ce "multinet" qui est a contrario un réducteur de possibles.
Bûcher des vanités ou procès des intentions ?
Internet, "les internets" resteront probablement pour un temps encore incertain cet espace de possibles. C'est probablement même du Net plutôt que du Web que viendront les prochaines innovations réellement disruptives et fécondes. Car le web d'aujourd'hui est prisonnier non pas tant des écosystèmes informationnels qui en conditionnent l'accès et en régulent les circulations mais d'une "intentionnalité" qui confine à l'asphyxie et au renforcement des oligopoles déjà en place : intentionnalité de l'innovation, intentionnalité de la régulation, intentionnalité de la transparence identitaire, intentionnalité de la segmentation marketing, intentionnalité d'un capitalisme linguistique auto-régulé, intentionnalité des régimes de prescription algorithmiques, et tant d'autres.
Or …
"Il s’avère que, pour que certains événements soient opérants, pour que certains processus puissent se mettre en place, il ne faut pas être conscient de leur occurrence, car toute conscience de tels événements ou processus revient inéluctablement à les placer à l’intérieur d’un cadre d’intentionalité qui ne peut que suspendre leurs effets." (Winkin Y. (sous la dir. de), Bateson : premier état d’un héritage. Colloque de Cerisy, Paris, Seuil, Octobre 1988, p.40)
Le prochain internet naîtra peut-être de la vision d'un autre imaginaire, d'une sub-conscience de ce que pourrait être un nouveau cadre d'échange mondial, peut-être du prochain livre d'un prochain William Gibson définissant et décrivant la vision hallucinée d'un cyberespace sur lequel viendront ensuite se pencher ingénieurs, philosophes et millitaires. D'ici là, efforçons-nous de défendre la promesse originelle du web : "un homme, une page, une adresse".
Mieux, efforçons-nous de défendre la peau de chagrin de cette promesse originelle qu'est devenu aujourd'hui le lien hypertexte. Entrons en résistance hypertextuelle. Créons du lien. Encourageons la friction. En affaiblissant la portée et la prise en compte des liens hypertextes au profit d'autres métriques parfaitement opaques, Google fait une nouvelle fois la démonstration de la manière dont les mesures d'audience et les stratégies d'exposition priment aujourd'hui sur les contenus eux-mêmes, mais il fait également la démonstration, par l'ampleur des impacts d'une telle décision à l'échelle mondiale, de la main-mise dont il dispose sur le web-média. Ne laissons pas au seul Matt Cutts, à Google ou à d'autres géants de l'ingénierie relationnelle, ne laissons pas aux industriels du like le soin de condamner tout un écosystème de liens. Ce serait comme reconnaître à l'inventeur de la brique de lait un droit de propriété inaliénable sur l'ensemble des vaches de la planète. Cessons d'être des vaches à lait. Redevenons un peu vaches. Allez !
<HDR>
Addendum : cette "annonce" de Matt Cutts doit également être interprétée comme un signal pour toutes celles et ceux – dont je suis – qui s'intéressent à une théorie marxiste du document, ou en tout cas à la thèse du capitalisme linguistique développée par Frédéric Kaplan. L'affaiblissement et la mort programmée de la prise en compte des liens hypertextes signifie que les logiques de production de valeur (et de travail gratuit) se sont déportées ou sont à tout le moins parvenues à la fin d'un cycle. Au commencement, dans grosso modo la première décennie qui vit se constituer le monopole de Google, c'est précisément le travail gratuit de référencement, de signalement et d'indexation effectué par l'ensemble des internautes qui "mettaient des liens hypertextes vers des contenus" qui permit au même Google de constituer son thesaurus, etymologiquement son "trésor", d'amasser son "capital". C'était l'ère industrielle de l'économie de l'attention. Aujourd'hui, le capital constitué est suffisamment important et circonscrit pour que la production de valeur se déporte vers un modèle de type boursier, c'est à dire dans lequel la chaîne de production de valeur n'est plus "productiviste" ou "accumulative" mais de nature essentiellement spéculative (relire mon billet sur la documentation haute-fréquence). En ce sens, Google et les autres n'ont plus "besoin" de nous pour créer ou même qualifier (indexer en les liant) des ressources dont ils contrôlent, régulent et réglementent l'accès. Ils sont entrés dans une ère de réaffectation de ces ressources en fonction des nouvelles régulations du marketing comportemental, nouvelles régulations elles-mêmes échaffaudées sur le socle opportuniste du volet "données personnelles" des BigData : il ne nous est plus demandé de travailler, de lier, mais simplement de "regarder" défiler un mur (le "wall" de Facebook), de rediffuser plutôt que de réellement partager.
Peut-être est-ce aussi là l'une des raisons du problème de la gauche avec internet 😉
</HDR>
Bonjour,
L’analyse est judicieuse, mais je trouve qu’il manque un élément d’optimisme.
Google domine le marché car nous avons tous constaté qu’il fournit rapidement les résultats les plus pertinents (et de plus, souvent personnalisé).
Si des modifications d’algorithmes aboutissaient à une baisse de la pertinence, Google risquerait de perdre son leadership au profit d’un concurrent profitant de l’aubaine. La marge de manoeuvre du moteur est donc très limitée : il est condamné à servir les meilleurs résultats. Donc, link ou like, seul le résultat final compte.
j’ai toujours été fier de travailler avec les langages du Web, et de maîtriser (à mon niveau et avec beaucoup d’humilité) ses langages. Pour moi, son universalité garantissait sa pérennité, à l’épreuve de toutes les attaques. Mais voilà que l’adage « diviser pour mieux régner » puisse quand même avoir un sens sur ce que l’on nomme aujourd’hui Le Web (je n’arrive pas à y croire). Cet article me fait froid dans le dos et me déprime d’autant plus que je viens de lire le billet de Tristan Nitot (http://standblog.org/blog/post/2014/05/19/Mozilla-et-les-DRM-une-autre-perspective). Bravo pour votre article. Il met en lumière les conséquences non pas de ce que le web « risque » de devenir, mais « va » devenir étant donnée la puissance et l’influence gigantesque qu’ont réussi à accumuler les « géants » du web.
Je nourris de fortes inquiétudes depuis longtemps au sujet de Facebook, Google, et Apple, notamment. Et pourtant, je ne voyais pas le tableau aussi noir et surtout pas que l’échéance puisse être aussi proche.
En perdant l’Internet comme plateforme universelle, je me sentirais amputé d’une partie de mon identité et de mes libertés.
Merci encore pour votre article.