<Edit> Comme je m'y étais engagé – sur Twitter – auprès de son conseiller, je suis en train d'écouter le Club de la Presse d'Europe 1 avec Axelle Lemaire. En échange de quoi et sous réserve d'un <Edit> que vous êtes en train de lire, il – le conseiller – s'est engagé à suggérer à Axelle Lemaire de lire ce billet. Comme je suis à la fois extrêmement honnête et extrêmement naïf, je vais me plaire à croire qu'il remplira sa part du contrat moral que nous avons twitté 🙂
Bon alors elle a dit quoi Axelle ? Donc ce qui est rassurant et qui m'avait – je le confesse – échappé, c'est que ce bouzin est sorti, non pas d'une réunion au ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche ou à celui de l'éducation nationale, mais après un genre de comité interministériel dédié aux banlieues, ce qui contextualise fortement ce qui va suivre … Donc OK en fait c'est pas "une grande école" genre "grande école", ce sont "des entreprises et des associations qui proposent des formations très professionnalisantes, rapides, gratuites, de 3 à 24 mois, qui permettent d'apprendre un métier, genre Simplon, Web Force 3 (?), avec le but de répondre aux besoins des employeurs". Et ça s'adresse aux "exclus" (du système scolaire / universitaire). Et "ça peut être des sites" (genre Mooc ?) mais "ce sera surtout dans des lieux physiques". Et donc "pour apprendre à coder, devenir community manager". Et "plutôt que de réinventer la roue, généraliser ce qui existe déjà en les aidant financièrement". "Que ces formations soient qualifiantes et qu'on leur donne la légitimité". Le fameux "label". Ah … "mais ça peut être basé sur des universités qui ont déjà des formations professionnalisantes". Mais "On s'adresse à des jeunes déjà sortis du système."
Okééééééé. Pour les publics en difficulté, il faut des modèles alternatifs d'éducation, donc pas des universités, donc des "associations" ou des "entreprises". La bonne nouvelle c'est que oui, il faut des modèles alternatifs. L'autre bonne nouvelle, c'est que justement, il y a déjà des associations et des modèles alternatifs (genre l'Ecole 42 de Xavier Niel pour ne parler que de la plus médiatique, genre Simplon, genre Kahn Academy, genre Code Academy, genre le Web). La mauvaise c'est que ça évite de se poser la question de l'arrivée massive (ou pas) de ces publics à l'université. Et de ce qu'on en fait. Et de si c'est leur place. Et de comment on se débrouille pour que ça le soit (leur place). Bref.
Après il y a la question quand même très très très très très troublante de la création – à terme – d'une nouvelle "sous-classe" d'ouvriers qualifiés du code ou de la modération, une sorte de lumpen proletariat du numérique (qui existe de fait déjà, relire cette magnifique enquête de Wired), qu'on retrouve d'ailleurs dans le discours d'Axelle Lemaire quand elle insiste sur le fait qu'on a besoin de développeurs "de base" (tout en indiquant que bien sûr c'est "sans connotation péjorative") et qu'il n'y a pas de raison que ces tâches soient sous-traitées dans des pays du tiers-monde.
Donc, basiquement, si on considère qu'il faut filer un label et de l'argent public aux associations et aux entreprises pour qu'elles forment, à la place des universités, de nouveaux ouvriers qualifiés du numérique, on va dire que cette annonce d'une grande école du numérique est une bonne nouvelle. C'est pas mon cas, mais j'admets qu'on puisse le penser. Cela fait de toute façon déjà presque 10 ans qu'on nous explique qu'il faut adapter les formation universitaires au marché de l'emploi, à ce dont ont besoin les entreprises, ça fait 10 ans qu'on s'y attèle et qu'on y parvient (souvent d'ailleurs à grands coups de canifs dans notre déontologie professionnelle, et j'en sais quelque chose …), et ça fait 10 ans qu'on constate que c'est visiblement pas la solution pour inverser la courbe du chômage. Mais les patrons sont contents, les étudiants aussi, ils trouvent un job à bac +3, avec un niveau de salaire juste suffisant pour leur permettre de s'endetter, et se font virer au bout de 6 ans pour embaucher d'autres étudiants à bac +3, avec un niveau de salaire etc. etc. etc. Bref, ça occupe les gens, et le système tourne.
Pour le reste je maintiens la totalité de ce que j'ai écrit ce matin dans ce billet. On est en train de marcher sur la tête. Et d'acter le fait que "puisque les jeunes des banlieues" se trouvent exclus du système scolaire et universitaire, c'est que probablement le système scolaire et universitaire n'est pas fait pour eux, et du coup on crée un système parallèle s'appuyant (un peu) sur le travail des associations et (beaucoup) sur ce que veulent les acteurs privés du système éducatif, c'est à dire d'abord et avant tout des parts de marché, vite, sans effort, et si possible avec de l'argent public et la bénédiction de l'état (le coup du label). Et pendant ce temps, dans les universités, on est toujours en mode "dans le cul la LRU", et dans le système scolaire on attend patiemment que ça explose à force d'aligner les réformes ubuesques (de la masterisation aux rythmes scolaires). Ça occupe les gens. Le système tourne.
Bref en gros cette histoire de grande école du numérique c'est le modèle "restos du coeur de la formation au numérique". De la soupe. Certes de la soupe chaude. Certes pour des gens qui ont faim. Et qui sont contents de trouver de la soupe. Qu'ils puissent avoir envie de bouffer un jour autre chose que de la soupe et que ce soit le devoir de l'état que d'avoir au moins cette ambition, semble en tout cas clairement hors de portée de raisonnement du projet politique de ce gouvernement. C'est con. </Edit>
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C'est donc la dernière idée à la mode. Pour lutter contre le chômage, pour relancer la compétitivité, parce que c'est tendance, parce que bon après tout si on peut en profiter pour pacifier le far-west d'internet après toutes ces histoires de radicalisation en ligne, et puis tiens, tant qu'on y est, pour montrer qu'on est attentif au potentiel formidable des "banlieues", bref pour tout cette sorte de choses, François Hollande vient d'annoncer qu'il allait créer <Tadaaaaaaam> une grande école du numérique !! </tadam>
Lancement prévu en septembre. A titre personnel (et universitaire) j'ai pris ça comme une grande claque dans la gueule. Un formidable mépris de l'existant. Un immense déni de reconnaissance. Un formidable #bullshit
Une "grande école" de plus. Mais du numérique cette fois. Ah le France, ses "grandes écoles", ses élites. Tout ça. Ce vieux rêve républicain. Ah non pardon.
Bon alors elle va servir à quoi cette "grande école du numérique" ?
"Elle sera chargée de diffuser ses formations partout sur le territoire, en plus de ce qui va être fait dans le cadre de l’enseignement."
Aaaaaaah. D'accord. Donc en fait y'a un truc qui existe déjà, depuis oh à peine une vingtaine d'années. Le réseau des URFIST ça s'appelle. C'est, je vous l'accorde, assez méconnu. Il y en a 7 en France. Son rôle : faire de la formation de formateurs sur les "nouvelles technologies". 20 ans que ce réseau existe, maintenu par 14 personnes (chaque "Urfist" est, au sein des universités, dirigé par un conservateur des bibliothèques et un maître de conférences). Sa mission : former des formateurs. 14 personnes en France supposés former la totalité des enseignants à l'IST (information scientifique et technique, une partie donc du "numérique"). Du coup forcément hein, ils galèrent un peu. Mais ça c'est anecdotique. Passons à l'essentiel.
Bon alors pour de vrai, elle va servir à quoi cette "grande école du numérique" ?
"Elle va s'occuper de labelliser ("un label sera créé") des formations accélérées (entre 3 et 24 mois), dans lesquelles aucun prérequis académique ne sera nécessaire."
Oui donc le modèle de la fameuse "école 42", vachement dans le vent en ce moment (intéressante d'ailleurs aussi sur bien des points) mais, comme me le faisait remarquer une copine sur Twitter "démos de la réparation des talents hors et contre l'institution. Imitation destructrice". Moi, note bien que ça me gêne pas hein qu'on crée des "labels" pour des formations speed et complètement "open" sur les obscurs et les sans-grade. En revanche, ça me troue un peu le cul qu'on ait à ce point oublié et fourvoyé le modèle de l'école républicaine et de sa grande soeur universitaire qui depuis un petit paquet d'années, s'efforcent encore quand même, tant bien que mal, de monter des formations délivrant des labels, heu non pardon des "diplômes", formations ouvertes – c'est vrai – uniquement à celles et ceux qui sortent de l'école républicaine, heu non pardon, qui disposent d'un "pré-requis académique", et dont la célérité est parfois assez comparable même si souvent supérieure à 3 mois. En même temps c'est vrai qu'on peut toujours accélerer les choses hein … le numérique, ça va vite. Label "community manager" en 4 heures. Label "webdesigner" en deux jours. Label "webmaster" en 3 jours. Les sanglots longs des violons de l'automne se ramassent au label, comme disait l'autre.
Mais oui vous avez raison, je suis un vieux ronchon bouffi de conservatisme et pataugeant dans un modèle élitiste qui prive tous ces jeunes de banlieues d'un accès à des formations au numérique. Hé ben allez vous faire foutre.
Mais, demande avec circonspection, l'article de Rue89 rendant compte de l'affaire :
"Mais de quelle formation parle-t-on ? Si les contours ne sont pas encore parfaitement définis (sic), une bonne partie concerna les développeurs des sites. Mais d’autres viseront à former des « community managers » ou des « webdesigners » par exemple (sic) …"
Alors là je viens de m'étrangler. Est-ce qu'on ne serait pas un tout petit peu en train de se foutre de notre gueule ? Former des community managers et des webdesigners … Ah ben là c'est vrai que ça confine au génie. En qu'en plus c'est assez radicalement innovant. D'ailleurs c'est bien connu, en France, ami jeune, il est impossible de se former au community management et au webdesign. MERDE. MERDE. Et MERDE.
Bon bref, pour toutes ces bonnes idées, va te falloir un peu d'oseille. Et l'oseille en ce moment … Alors pas de souci, baguette magique, chapeau et hop "Lapin", enfin "fondation". Je cite :
"En réalité, l’intitulé est trompeur puisqu’il ne s’agira pas vraiment d’une « école », mais d’une entité (sic) – dont le nom n’a toujours pas été trouvé (sic encore) – de coordination et de labellisation d’autres structures locales (type Simplon) qui, elles, seront chargées de dispenser les formations labellisées. Cette « maison mère » (sic again) aura très probablement la forme juridique d’une fondation, pour pouvoir appeler des crédits publics et privés."
Ah le bon vieux modèle de la fondation. En plus ça va t'économiser une ou deux séances de brainstorming vu que pour le nom de ton "entité" t'auras qu'à filer le nom du généreux donateur / fondateur. Allez on y va : "Fondation Cartier pour le numérique dans les quartiers", ça claque bien non ? Ou alors "fondation Orange pour le numérique ?" "Fondation Niel pour un numérique libre" ? Wesh. On va se régaler. Sinon avec l'esprit vif qui me caractérise j'avais pensé à un nom : "Eunuque". "Ecole de l'Union pour le NUmériQUE". Ou "Ecole Universelle du NUmériQUE". C'est bien "Eunuque" non ?
Et pendant que fleurissent les bonnes idées de fondation, l'état (oui, toi, François), l'état oublie un peu de filer la thune qu'il doit pourtant aux universités. Du coup beaucoup d'entre elles se retrouvent "sous tutelle". Dingue non ? Pendant que fleurissent les bonnes idées de fondations pour cette "grande école du numérique", les universités ne se sont toujours pas remises du grand hold-up magique du crédit impôt recherche. Ah ça du crédit y'en a eu. Pour les entreprises. De l'impôt pour financer la recherche … beaucoup moins. Mais bon je fais encore ma mauvaise tête de gauchiste. C'est vrai que c'est tellement plus simple de faire des fondations plutôt que de s'atteler à la tâche régalienne de maintenir les autres, de fondations. Celles de l'université publique et républicaine.
Grand concours de n'importe quoi. Ah et puis bien sûr, on va libérer les énergies créatrices citoyennes à grand coup d'organisation de "concours de start-ups" dans les quartiers et les banlieues. Est-ce que je peux me permettre de rigoler doucement ? Des concours de start-up ? Dans les banlieues ? Alors un ça existe déjà. Et deux, des amis de banlieues me signalent dans l'oreillette qu'ils attendent toujours le résultat du grand concours de construction de gymnases et autres équipements sportifs (et culturels tiens aussi) dans les banlieues. Sans déconner.
Et puis aussi on va envahir la Pologne en écoutant du Wagner tiens, tant qu'on y est. Mais pour ça va nous falloir une armée, des réservistes. Ben figurez-vous que c'est prévu. Sans déconner. Je cite :
"Il y aurait également "une réserve citoyenne du numérique" pour que des ‘milliers d’experts’ dans ce domaine interviennent dans les banlieues"
Ah ben c'est vrai que le monde est plein de milliers d'experts qui n'ont rien d'autre à foutre que d'aller filer un peu de leur temps pour aller numériser la bonne parole dans les banlieues. Je suis même prêt à parier que parmi ces "milliers d'experts" que n'attendent que le son du clairon de la numérisation pour enfiler leur treillis de code et faire le salut au drapeau du bit, je te parie même que parmi ces milliers d'experts y'en à des milliers qui attendent encore d'avoir un poste à l'université. Genre des milliers d'experts bardés de diplômes qui ne servent à rien puisque forcément hein, on ne recrute plus de profs dans les universités.Des milliers de "docteurs" quoi. Au chômage quoi. Hé François ? Tu sais quoi ? On fait un deal. T'es d'accord que je suis un peu quand même un "expert" du numérique ? Bon. Alors tu recrutes deux profs à la fac et une secrétaire administrative pour faire le boulot que je fais depuis 10 ans, et j'y vais, moi, intervenir dans les banlieues. Même pas peur. Je l'ai déjà fait en plus. Sauf que bon là j'ai pas trop le temps hein, c'est le problème. Et puis si je fais que ça je vais quand même avoir l'impudence de te demander de me verser un salaire. Ben oui, faut que je constitue quelques réserves de vivres pour nourrir ma famille.
L'autre dingue voulait civiliser internet à grand coup de castration chimique (niveau résultat, on est bien champions du monde …), mais toi mon François, plus en rondeur, tu veux labelliser, ah ben non tiens, du veux "diplômer" (faudrait quand même choisir …) 10 000 jeunes par an avec ce bouzin. Wow. 10 000 jeunes par an. Quand même. Des milliers d'experts déjà disponibles et 10 000 jeunes par an. Sans déconner.
Bon je résume. Une "entité fondation qui n'a pas de nom", une armée de réservistes numériques, un label "elle est belle mon école numérique", des concours de start-up dans les banlieues, des community managers et web-designers formés en 3 mois sans aucun pré-requis académique (non c'est vrai c'est chiant, et puis pour faire du social sur Facebook c'est pas grave si t'es illéttré, et pour être web-designer ben faut juste un peu être doué en dessin). Quoi d'autre ? Ah oui :
"la mise en place d’une plateforme de « crowdfunding » (financement participatif) pour les projets de création numérique dans les quartiers ;"
Ben voyons. En plus des milliers d'experts qui font rien qu'à glander en attendant l'appel à la mobilisation numérique, et parce que la thune de la fondation sera probablement insuffisante pour aller dans ces putains de "quartiers", on n'a qu'à dire qu'on va faire du "crowdfunding". Demander aux gens – qui n'ont eux non plus rien d'autre à branler – d'aller financer ce bouzin. Les pièces jaunes du numérique. Les restos du coeur de la formation. Les enfoirés de l'appel à projet. Mais alors littéralement. Sans déconner.
Une autre bonne idée peut-être ? Rhooo mais ouiiiii.
"le lancement d'appel à volontariat pour la création d'outils numériques de "riposte" aux discours de haine."
Remarque ça se tient. C'est vrai que c'est un problème super simple qui n'attend que quelques volontaires pour te bidouiller, hop hop hop vit'fait su'l'gaz la bonne vieille petite application qui va solutionner le problème. C'est vrai aussi qu'on peut toujours compter que ce formidable vivier de volontaires, en plus de ces milliers d'experts je veux dire, et en plus de ces dizaines de milliers de jeunes qui vont sortir de la grande école du numérique chaque année, et qui du coup, auront probablement un peu de temps à passer sur différents projets.
Comment te dire, François, comment te dire, Axelle … comment vous dire. Vous savez la chance que vous avez ? Ben en fait elle existe déjà cette grande école du numérique. Elle s'appelle "université".
Tiens vous savez quoi ? Demain justement, dans une toute petite université de province du numérique, limite sous tutelle, bien à l'abri des fondations, des labels, des milliers d'experts, et de toute cette sorte de choses, on organise une journée portes-ouvertes. On continue de bosser. Comme on peut. Et avec un étrange mélange de rage et de désespérance qui augmente à chaque nouveau projet de "grande école du numérique". J'y serai demain après-midi, si vous voulez passer, vous verrez que malgré toute cette merde kafkaïennement dysfonctionnelle, on y croit encore. On essaie. Alors à demain ?
Bon, en même temps si ça fait comme les super cours de code en primaire qui devaient commencer en septembre 2014 😉
Excellent ! Merci. Si j’avais su que la formation au numérique était faisable en 3 mois, et en partant de 0 en plus !
L’informatique doit être plus facile que ce que je crois. Ou moi plus con.
(une prof d’informatique passablement énervée aussi)
Salut Olivier,
Je me demande juste ce que font les « conseillers » et autres « adjoints de cabinet » censés renseigner notre élite, nos représentants. Encore un scénario de fuite en avant, avec des projets, des textes de loi et autres paperasseries qui ne seront jamais appliqués. « Much ado about nothing » comme dirait William…
L’école « 42 » affiche la couleur sans l’afficher : c’est un enseignement sans enseignant. C’est vendu sous l’expression de « peer teaching », laissant entendre qu’on apprend mieux entre étudiants qu’avec un enseignant. Le comptable trouve que ce mode de pédagogie est très efficace. Quand l’université dit aux étudiants : voici des titres de livres, débrouillez vous et on se voit dans 3semaines (ce qu’elle ne fait pas), c’est l’horreur : pour les familles, pour les média, et probablement pour le taux de réussite.
Mais à 42, c’est un émerveilement pédagogique. De la même façon, quels effets de bord d’une évaluation P2P à la stackoverflow (car pas d’enseignant pour enseigner, pas d’enseignant pour évaluer) ? De la publicité du qui-note-qui, comme sur LinkedIn, comme moteur de la sincérité et de la qualité ? Un processus d’évaluation comme celui de la recherche académique ?
« Ecole du numérique » : cette expression permet commodément une ambiguité entre « plus large » et « plus réduit » qu’une formation en informatique. Lire la liste des matières « enseignées » de « 42 » nous montre qu’il s’agit d’une formation informatique assez classique, en fait, dans son périmètre thématique. Mais dès qu’on sort de la programmation web, il faut un peu ou beaucoup de maths. Le cursus comporte beaucoup de crypto et sécurité, mais veut dispenser les élèves des éléments scientifiques sous-jacents, ou du moins le contrôle de ces compétences semble bien vagues.
Je me focalise sur l’exemple de 42, parce que sa publicité au lancement s’est appuyée sur le dénigrement des formations publiques et des diplômes associés, niant l’existance de formations professionnalisantes et caricaturant d’autres comme des formations poussiéreuses, sans moyens et uniquement orientée vers la « recherche », ce mot qu’un des responsables de 42 oppose au « travail ».
Malheureusement, le ministère du numérique semble marcher dans ces pas : charge aux entreprises de choisir si elles préfèrent sponsoriser 42 ou prendre des étudiants en alternances dans les universités.
Autant la « grande école du numérique » me fait rire (jaune), autant je me demande si, dans notre système d’enseignement, il ne manque pas un « bac pro » informatique/programmation.
Si je ne me trompe, pour apprendre à programmer dans notre cursus, il faut au moins passer par un IUT. Or, qu’il n’existe pas un marché pour des ouvriers du logiciel ?