La montre*. Connectée.
Deux fois je regarde ma montre,
Et deux fois à mes yeux distraits
L'application au même endroit se montre ;
Il est une heure… notifiée**.
La figure de la tablette
En rit dans le salon voisin,
Quand ses d'applications nous guettent
Au rythme vibrant du tocsin.
Google et ses lunettes me raillent
En m'indiquant, depuis leurs branches,
Des chemins ou rien ne déraille
Pour celui qui, soumis, s'y branche.
Les écrans avec ironie
Collectant chiffres et datas,
Sachant tout de nos vies finies,
Ont l'air de se moquer de moi.
Tiens ! la tranquilité est morte.
J'ai oublié hier encor,
Tant mon addiction était forte,
Mon consentement, mon accord !
Et je ne vois plus, dans sa boîte,
Le fin ressort du balancier
Aller, venir, à gauche, à droite,
Ainsi qu'un papillon d'acier.
C'est bien de moi ! Quand à l'usure
Sur le web, pays du réseau,
Mon corps connecté se mesure,
Et quantifie mes moindres maux !
L'éternité poursuit son cercle
Dans cet internet des objets,
Et le temps, l'oreille au couvercle,
Cherche un smartphone qui sonnait ;
Smartphone que l'enfant croit en vie,
Et dont les notifications
Dans nos poitrines sont suivies
D'une égale vibration,
Il ne sonne plus, mais son grand frère
Toujours palpite à mon poignet.
– Celui que rien ne peut distraire,
Quand je dormais, l'a connectée !
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* Lancement hier (10 septembre) de l'Apple Watch. C'eut été dommage de ne pas en profiter pour revisiter ce poème de Théophile Gauthier 😉
** sur les logiques de "notification", on pourra relire cet article.
Pardon Théophile. L'original est là.