Classiques connectés #1 : La tirade des nez. Et des profils connectés

Après le temps venu des fables connectées, je décide d'étendre le détournement, à d'autres parodies d'un ensemble de textes. Classiques connectés. Et vous prie de trouver ce premier épisode. La "tirade des nez" que je baptise hardi, "Tirade des profils". Connectés va sans dire 🙂

 

Ah ! Non ! C'est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire… oh ! Dieu ! … bien des choses en somme…
En variant le ton, —par exemple, tenez :
Agressif : « moi, monsieur, en voyant ce profil,
Il faudrait sur le champ que je le surveillasse ! »
Amical : « mais il doit tremper dans toutes les régies :
Pour naviguer, faites-vous installer un adblock ! »
Descriptif : « c'est une donnée ! … c'est une métadonnée… c'est une mine de données !
Que dis-je, c'est une mine de données ? … c'est un Cloud à lui seul ! »
Curieux : « et que sert cet écheveau de liens et de status ?
Votre Gloire, monsieur, ou celle de vos hôtes ? »
Gracieux : « aimez-vous à ce point être enfermé
Que paternellement vous vous préoccupâtes
De cimenter vous même cette cage dorée* ? »
Truculent : « ça, monsieur, lorsque vous soutenez,
Une cause fameuse, en feriez-vous de même
Sans qu'un million de "likes" ne vous anonymassent** ? »
Prévenant : « gardez-vous, votre tête entraînée
Par le poids des données, de tomber en avant sur le sol ! »
Tendre : « faites-lui faire un petit parasol
De paramètres de confidentialité ! »
Pédant : « le réseau seul, monsieur, que Zuckerberg
Appelle "le graphe connecté"
Dut avoir dans sa base tel volume de données*** ! »
Cavalier : « quoi, l'ami, ce "like" est à la mode ?
Pour fixer l'attention c'est vraiment très commode ! »
Emphatique : « aucun état ne peut, profil magistral,
T'analyser tout entier, à part la NSA ! »
Dramatique : « c'est l'exode quand il se déconnecte ! »
Admiratif : « pour un Data Broker, quelle enseigne ! »
Lyrique : « est-ce votre avatar, êtes-vous fait de bits ? »
Naïf : « ce monument, qui vient le visiter ? A-t-on des stats fiables auxquelles se référer ? »
Respectueux : « souffrez, monsieur, qu'on crée votre fan-page,
C'est là ce qui s'appelle avoir profil sur rue ! »
Campagnard : « hé, ardé ! Kèk c'est-y kse bouzin ?
Cor' un coup d'l'internet qu'on parl' plus aux voisins ! »
Militaire : « Printemps arabe voici ton armée connectée ! »
Pratique : « voulez-vous le vendre à des régies ?
Assurément, monsieur, ce sera le gros lot ! »
Enfin parodiant Pyrame en un sanglot :
« Voilà donc ce profil qui des traits de son maître
A détruit l'harmonie ! Il en rougit, le traître ! »
—Voilà ce qu'à peu près, mon cher, vous m'auriez dit
Si vous aviez un peu de clavier, et d'applis :
Mais d'applis, ô le plus lamentable des smartphones,
Vous n'en eûtes jamais une bonne, et vos claviers
Ne tapent que trois lettres qui forment "WTF" !
Eussiez-vous eu, d'ailleurs, l'invention qu'il faut
Pour pouvoir là, devant ces nobles galeries,
Me resservir ces données, ces profits,
Que vous n'en eussiez pas reversé même un quart
De la moitié du commencement d'un, car
Là où d'autres me scrutent sans devoir de réserve,
Je n'ai plus l'ambition de vouloir m'y soustraire.

Pardon au camarade Edmond. L'original est là.

* Sur la dialectique de la cage et du nuage, voir notamment ce billet

** référence au million de like en "soutien" au bijoutier de Nice => voir cet article

*** sur le volume de données collectées par Facebook, voir ce billet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Articles similaires

Commencez à saisir votre recherche ci-dessus et pressez Entrée pour rechercher. ESC pour annuler.

Retour en haut