Combien de likes pour rétablir la peine de mort ?

<Mise à Jour du 17 Septembre 22h27>

Les réseaux de la colère.

Dans le billet ci-après, qui a été beaucoup lu, beaucoup repris, et m'a valu différentes entrevues dans différents médias, je mentionnais 4 facteurs distincts pouvant expliquer le phénomène de viralité en général et celui de la page de soutien au bijoutier de Nice en particulier.

Or voici que je découvre cet article scientifique, chroniqué et résumé sur le site de la Technology Review du MIT. Les auteurs ont analysé un corpus de tweets issus du réseau social chinois Weibo, qui est l'exact équivalent (censure en plus …) du réseau Twitter. Ils ont récupéré sur une période de 3 mois, 70 millions de "tweets" issus des comptes de 200 000 utilisateurs, tweets possédant tous une émoticône indiquant un sentiment (joie, colère, tristesse, dégoût). Le résultat est sans appel :

"The results clearly show that anger is more influential than other
emotions such as joy or sadness, a finding that could have significant
implications for our understanding of the way information spreads
through social networks
"

Traduction : "Les résultats indiquent clairement que la colère est beaucoup plus influente que les autres émotions comme la joie ou la tristesse ; un résultat qui pourrait avoir d'importantes implications dans notre compréhension de la manière dont l'information circule et se répand au travers des réseaux sociaux."

Plus précisément :

"We find the correlation of anger among users is significantly higher than that of joy,
which indicates that angry emotion could spread more quickly and
broadly in the network. While the correlation of sadness is
surprisingly low and highly fluctuated. Moreover, there is a stronger
sentiment correlation between a pair of users if they share more
interactions. And users with larger number of friends posses more
significant sentiment influence to their neighborhoods"

</Mise à jour>

Je ne voulais pas écrire ce billet. Ne pas rajouter au bruit ambiant autour de l'affaire du million et demi de "likes" en 4 jours sur la page de soutien au bijoutier de Nice. Mais la consultation de ladite page, la lecture de quelques-uns des commentaires et les lectures de blogs ou de journaux développant cette affaire m'a conduit à rédiger le statut facebook suivant :

"il y a donc bien une immense quantité de
débiles qui ont liké la page de soutien au bijoutier de Nice. En même
temps, je n'avais que peu de doutes à ce sujet.
"

Je l'ai fait comme tout le monde. A chaud. Sans réfléchir. En mode épidermique. Voilà. Et là comme nombre d'entre vous sans doute j'ai observé que certains de mes "amis" (seulement 6 mais 6 quand même) avaient, eux-aussi, "liké" cette page. Bref.

Fait divers fatal ou cas d'école viral ?

Les exemples de pages ayant franchi la barre symbolique du million de "like" en quelques heures ou quelques jours se comptent sur les doigts d'une seule main (en tout cas à ma connaissance, sinon les commentaires sont ouverts). J'étais revenu sur 3 de ces exemples dans ce billet, il s'agissait : 

  1. de petites filles auxquelles leur papa avait promis un chien si elles dépassaient le million de like
  2. d'un homme à qui sa femme avait promis un enfant (s'il atteignait le million de like)
  3. d'un adolescent à qui un copine avait promis de coucher avec lui (toujours s'il atteignait le million de like)

Dans ces 3 exemples, le "like" s'appuie sur une logique d'empathie distante, désincarnée, désengagée :

  • on trouve le projet des petites filles trop mignon, on aimerait bien que les petites filles aient un joli toutou (enpathie donc), même si pour nous il est hors de question, dans notre famille, d'avoir un chien parce que c'est pénible, envahissant, et qui c'est qui va nettoyer les crottes et tout ça (empathie distante donc).
  • on trouve que le type qui veut un bébé a une bonne tête, que la pari avec sa femme est rigolo (empathie) et en même temps c'est lui qui va se lever 4 fois par nuit pour changer des couches et donner des biberons, pas nous (distante)
  • le "défi" de cet ado. nous fait sourire en nous rappelant que nous l'avons été (adolescents) et, que nous le soyons ou non encore, on se dit qu'il mérite bien un petit coup de clic en souvenir des filles qui n'ont à l'époque pas eu le bonheur de répondre positivement aux défis que nous leur lancions (empathie). De toute façon, nous on a passé l'âge. Notre vie sexuelle va bien, merci (distante).

Et la page Facebook de soutien au bijoutier de Nice ?

Le moteur de la viralité de cette page ressort d'au moins quatre facteurs distincts :

  1. primo la couverture média du fait divers lui-même, dans le contexte (toujours médiatique) de l'ensemble des affaires de "violence" et des problèmes de "justice" très souvent surexposés et tant politiquement que sociologiquement clivants. Facebook agit comme un résonnateur, lequel sert souvent de détonateur en ré-enclenchant un cycle de traitement médiatique (après "les articles sur le bijoutier", voici "les articles sur la page facebook de soutien au bijoutier"). C'est sa nature et sa fonction. Rien à signaler.
  2. Deuxio : la logique d'empathie distante ou de fausse proximité, propre au like, logique que je décrivais dans les 3 exemples précédents qui abolit (via le "like") toute réflexivité, toute distance.
  3. Tertio : la cristallisation engendrée par la nature même du fait divers et la conjugaison des 2 paramètres précédents. La boucle est bouclée et la "viralisation" peut tourner à plein régime. 
  4. Quarto : la kakonomie (mot rigolo et étrange) qui, pour faire simple, caractérise notre préférence pour les interactions (échanges, conversations) de bas niveau et ne nécessitant précisément pas d'approfondissement, de réflexion, ou d'analyse. On parle majoritairement sur Facebook du temps qu'il fait, du dernier fait divers, et on en parle comme on en parlerait sur le coin d'un zinc, c'est à dire en racontant n'importe quoi, en donnant "son avis".

Réflexe viral, adhésion pulsionnelle, ou soutien politisé ?

Mais là où ce million et demi de "likes" doit être analysé différemment des 3 exemples précédents, c'est précisément parce qu'il mobilise, toujours sur le mode pulsionnel, une empathie cette fois parfaitement incarnée, faussement engagée, une empathie dans laquelle toute mise à distance symbolique, personnelle, affective ou critique est abolie. Dans l'absolu et en général, "liker" une page engendre un coût cognitif nul et explique pour partie que pour peu que l'on ait l'impression même vague, même fuguace, même erronée, de se reconnaître un tant soit peu dans le descriptif de la page, on soit tenté de le faire, a fortiori si cette page nous est signalée par nos amis (phénomène décrit comme du "slacktivisme"). Le problème que posent les "like" de soutien au bijoutier de Nice est que, s'ils n'impliquent pas nécessairement que l'ensemble des "likeurs" aient basculé dans un système de valeurs dans lequel faire feu dans le dos d'un homme qui est certes un cambrioleur, certes récidiviste, devient a priori et in fine parfaitement légitime, cette action de "liker" oblige à tout le moins à se poser la question. Car ce que clame la page Facebook de soutien n'est pas simplement l'offuscation des "fans" à l'égard de sa mise en examen, mais bien au-delà la clameur d'un million et demi de personnes pour la loi du Talion. Oeil pour oeil. On tire d'abord, on juge après. 

Je ne vais pas rentrer ici dans le débat politique ou moral que révèle cette affaire de viralité. Simplement préciser qu'à l'instar du JT de TF1 à la glorieuse époque du sarkozysme, sur le mode de "la france à peur", Facebook est également une arme de distraction massive, et que ce n'est qu'au prix de cette distraction dans l'instant, dans l'émotion, que l'on peut amener un million et demi de personnes à approuver le geste d'un homme en tuant un autre d'une balle dans le dos parce qu'il venait d'être volé, tout en feignant de s'étonner de cette adhésion populaire et en tentant d'en interroger la légitimité et la véracité. Le phénomène n'a rien de nouveau. 

PROBLÈME. Dans les 3 exemples précédents (l'homme qui veut un bébé, l'ado qui veut une relation sexuelle et les petites filles qui veulent un chien), on soutient des individus au travers d'un projet qui ne nous concerne et nous ne nous mobilise pas autrement que sur un vague mode de curiosité, d'amusement et de sympathie. Des projets que ne questionnent ni notre lien social, ni notre manière de "faire société". Quand on "like" la page de soutien au bijoutier de Nice, on soutient moins un homme que l'idée qu'il incarne au travers du fait divers qui le met en scène et en lumière.

SOLUTION. Facebook nous ramène en enfance. A l'âge où nos armes sont faites de bois, à l'âge où si on est un gentil, on tue le méchant, de face ou de dos. Je décrivais déjà ce phénomène ainsi : "Le vrai problème c'est que soient mises
à disposition d'enfants ces grammaires obsessionnelles du désir, du
pulsionnel et de la transaction magique : je veux, j'aime, je possède. Et qu'elles le soient comme l'alpha et l'oméga circonscrivant l'ensemble des activités de publication." (Source) Facebook fait de nous des enfants, sommés de s'exprimer sur un fait politique avec les instruments et le cadre de raisonnement et de compréhension d'un enfant de 6 ans ou d'un citoyen romain dans l'arène des jeux du cirque. Pouce en haut : t'es un héros. Pouce en bas : PAN ! T'es mort.

Danah Boyd à la rescousse.

Ce "buzz" doit aussi nous permettre de réinterroger les 4 "invariants" isolés par Danah Boyd (.pdf) à la fois comme caractéristiques des réseaux sociaux et sources de l'altération entre espace public d'expression et espace privé de "confession".

  • la persistance : ce que vous dîtes à 15 ans sera encore accessible quand vous en aurez 30 …

Il est bien sûr possible de "dé-liker" une page. Entre le début et la fin de la rédaction de ce billet, 1 de mes 6 "amis" l'a fait. Mais nombre de ceux qui ont liké sous l'effet de l'émotion dans un élan panurgique ne prendront pas le temps (et ne verront pas l'importance) de se désengager en retirant leur "like". Quand bien même le feraient-ils qu'ils resteront dans la régie publicitaire de la firme, ils auront été "documentés". Mais dans quelle catégorie : "susceptibles d'acheter des armes à feu" ? "susceptibles de soutenir une campagne pour le rétablissement de la peine de mort" ? "susceptibles d'adhérer à l'UMP" ? "Au Front National" ?

  • la "searchability" (littéralement, capacité à être
    recherche/retrouvé) : avant les réseaux sociaux, votre mère ne pouvait
    pas savoir où vous étiez en train de faire la fête avec vos amis ou ce
    que vous pensiez d'elle. Maintenant … c'est possible.

Vos amis savent que vous avez "liké" cette page. Il y a des amis avec lesquels vous savez qu'il ne vaut mieux pas entamer un débat sur des sujets politiques. Mais vous n'entamerez de toute façon pas ce débat. Ils ont "liké". Pas vous. Vous avez "liké". Pas eux. Se construit une sociabilité par défaut, par apparence. Car qui peut dire les raisons pour lesquelles ils ont réellement soutenu cette page ? Loin s'en faut qu'un million et demi de ces "soutiens" assument de manière pérenne ledit soutien. Loin s'en faut qu'un million et demi de personnes n'aillent demain manifester à la sortie du tribunal. Ou pour le rétablissement de la peine de mort. Ou pour la légalisation du port d'arme. A moins que … A moins que. Justement.

  • la "reproductibilité" : ce que vous avez
    dit/publié/posté/photographié/filmé peut être recopié et replacé dans un
    univers de discours totalement différent.

Vous êtes invisibles dans une manif. Sauf si vous tenez la banderolle en tête de cortège. Et sauf si vous êtes leader syndical ou militant et dont vaguement pote avec les RG qui vous prennent en photo. En aimant cette page, nous ne l'êtes plus. Qu'importe le contexte, le moment, la raison qui vous a fait cliquer sur ce "like". Vous soutenez un homme qui a tiré dans le dos d'un autre homme qui l'avait volé. Et qui l'a tué. Retour à la case "persistance".

  • les "audiences invisibles" : la médiation particulière que
    constituent ces réseaux sociaux et la conjugaison des trois critères
    précédemment cités fait que la majorité des publics/destinataires est
    absente au moment même de la médiation (= la transmission du message =
    par exemple, la publication d'un message texte), créant ainsi un effet
    non pas simplement de voyeurisme mais une temporalité numérique
    particulière.

Combien de ceux qui ont "liké" – hors le probablement assez faible quota de militants assumant le port d'arme à feu, la légitime violence dans le dos et autres fans de Charles Bronson – combien de ceux qui ont "liké" auraient-ils pris la parole ou la plume, sur un blog ou dans une réunion publique, ou devant la machine à café pour "défendre", de manière construite et argumentée, ce bijoutier ? Combien ? Réellement combien ? Voilà des chiffres qu'aucune étude de "social metrics" ne peut quantifier. L'irréductible part de contexte, de situation, de subjectivité, d'affectif, d'émotionnel dont précisément les réseaux sociaux se moquent, ne retenant que le comptable : origine géographique du like, heure GMT du like, provenance du profil, corrélation statistique avec ses autres centres d'intérêts déclarés (= ses autres likes) pour affinage du ciblage publicitaire, minutage précis heure par heure de l'évolution du nombre de likes.

Autre caractéristique de ces audiences invisibles, la proportion de gens qui ont, au départ, "liké" cette page avant que ne s'y déverse un flot de commentaires toujours plus extrémistes et plus abjects et qui se trouvent ainsi "piégés" dans cette temporalité où leur positionnement de soutien se trouve en permanence et a posteriori redocumenté dans un sens qui ne correspond peut-être plus du tout au sens qu'ils souhaitaient lui donner lorsqu'ils sont venus cliquer sur le bouton Like.

J'écrivais ailleurs que le web n'était pas réductible à la pseudo-démocratie du Pagerank, pas davantage qu'il ne l'était au totalitarisme de pacotille de Facebook. Je maintiens. J'aimerais pouvoir en dire autant de l'état de la réflexion politique dans ce pays. La faute n'en incombant aucunement au million et demi de personnes convaincues qu'un bijoutier en colère peut tuer d'une balle dans le dos un délinquant multi-récidiviste sans pour cela devoir être inquiété d'aucune manière. La faute au pulsionnel. Entre autres.

Bombe à retardement.

Autre caractéristique inédite de cet engouement pour cette page Facebook, la manière dont elle est – déjà – réinvestie par le politique, qui trouve là une manne à renvoyer à leurs chères études l'ensemble des instituts de sondage de la planète. Politique qui selon son appartenance et son courant, argumentera sur le fait que :

  • "Un million et demi de personnes souhaitent le rétablissement du droit de tirer à vue" (Front National + droite populaire),
  • "Un million et demi de personnes marquent leur émotion face à certains dysfonctionnements de la justice, dysfonctionnements face auxquels nous devons faire preuve de plus de fermeté" (socialiste tendance Valls),
  • "Un million et demi de personnes sont instrumentalisées par l'infiltration de la fachosphère à l'origine de la création de la page facebook" (socialistes tendance Taubira + extrême gauche)

Ces mécanismes de viralité, à cette échelle, sont encore assez neufs. Ils feront demain probablement partie du kit de base de media-training de l'ensemble des partis et des militants. Mais parce qu'aucun parti ne contrôlera jamais vraiment le mécanisme de viralité propre à chacun de ces écosystèmes informationnels, parce que le politique ne pourra que souffler sur les braises pour attiser le feu ou adopter une posture visant à discréditer la réalité de l'engouement affiché, pour ces raisons, cette viralité appliquée à des questions de société risque de nous mettre devant des scénarios face auxquels il serait bon de s'interriger dès maintenant. Juste un exemple. Et si demain à l'occasion d'un crime abominable, une page facebook de soutien au rétablissement de la peine de mort collectait en quelques heures ou quelques jours plusieurs millions de "like" : comment réagirait le politique ? Comment "rester" dans une posture politique, comment maintenir le temps de la décision politique lorsque l'on est pris dans la double tenaille du temps médiatique d'une part, et de ces référendums populaires planétaire autoproclamés d'autre part ? Comment ignorer, sur ces questions de société, que le PDG de la plateforme qui agrège et autorise ces référendums populaires ne fasse aucun mystère d'accointances politiques plutôt républicaines que démocrates ? Quelle incidence cela pourrait-il avoir sur de futures campagnes de soutien à telle ou telle personne, à telle ou telle idée ? Le Figaro, journal classé à droite tire à plus de 300 000 exemplaires. Son propriétaire est Marcel Dassault. Le Figaro ne traite pas des récents aveux de son propriétaire. Facebook tire chaque jour à un milliard d'exemplaires, et plusieurs fois par jour. Peut-on encore faire l'économie de ce genre de question ?

Cliquer ou penser, il va falloir choisir.

J'ai fait un rêve affreux. J'ai rêvé que demain le politique écouterait
la clameur de Facebook comme il se soumet aujourd'hui à la machine
médiatique. Dans mon rêve il y avait un homme prononçant un discours,
lequel discours disait à peu près ceci :

"Dans la viralité des réseaux, qu'est-ce que le soutien à un bijoutier
tirant dans le dos d'un homme qui l'a volé ? C'est un million et demi de
personnes, pendant 4 jours d'effervescence médiatique, c'est l'impossibilité
d'aller jusqu'au fond des choses et le droit, ou le
devoir, terrible, de trancher, en quelques secondes, en quelques
"likes", en quelques lignes de commentaires, le problème si difficile de
la culpabilité, et,
au-delà, de décider de la vie ou de la mort d'un autre être. Un million
et demi de personnes, dans une démocratie, qui ont le droit de dire :
celui-là doit
vivre, celui-là doit mourir, et qui le disent "à la romaine", le pouce
levé pour le bijoutier, le pouce baissé pour le voleur ! Qui se
retrouvent dans un tiers lieu de légitimation fallacieuse, de connivence
contrainte, de panurgisme organisé. Et qui ayant levé leur pouce
semblent avoir le sentiment du devoir accompli, de la réflexion aboutie,
légitimés par les mêmes qu'eux si prompts à juger, a condamner, à
arbitrer. Je le dis : cette conception de la
justice ne peut être celle des pays de liberté, précisément pour ce
qu'elle comporte de signification totalitaire.
"

En me réveillant ce matin, je me suis souvenu d'où venait ce si beau discours. J'ai donc relu l'original. En entier. Je me suis souvenu qu'en réussissant à convaincre moins de 300 personnes, un homme nous avait fait sortir de la barbarie et de la préhistoire. C'était le 17 septembre 1981. Nous sommes le 16 septembre 2013. 32 ans ont passé.

Je tremble devant la peine que cet homme pourrait avoir à en convaincre un million et demi.

Cet homme là disait aussi :

"Rien n'a été fait pendant les années écoulées pour éclairer cette
opinion publique. Au contraire ! On a refusé l'expérience des pays
abolitionnistes (…) On a négligé les études
conduites par toutes les grandes organisations internationales (…). On a
occulté leurs constantes conclusions. Il n'a jamais, jamais été établi
une corrélation quelconque entre la présence ou l'absence de la peine de
mort dans une législation pénale et la courbe de la criminalité
sanglante. On a, par contre, au lieu de révéler et de souligner ces
évidences, entretenu l'angoisse, stimulé la peur, favorisé la confusion.
On a bloqué le phare sur l'accroissement indiscutable, douloureux, et
auquel il faudra faire face, mais qui est lié à des conjonctures
économiques et sociales, de la petite et moyenne délinquance de
violence, celle qui, de toute façon, n'a jamais relevé de la peine de
mort. (…) on s'est tu. En un mot,
s'agissant de l'opinion, parce qu'on pensait aux suffrages, on a attisé
l'angoisse collective et on a refusé à l'opinion publique les défenses
de la raison." (…)

<Miseàjour>

(toute) Petite revue de web sur le sujet :

</miseàjourdusoirespoir>

9 commentaires pour “Combien de likes pour rétablir la peine de mort ?

  1. Les vraies craintes à avoir sont bien celles que tu soulignes… Et si Jean était toujours là il nous aurait certainement proposé une analyse pertinente du “phénomène” (j’ai appris sa disparition par ton billet… Quelle tristesse !)

  2. Sans vouloir vous fâcher, je viens de mettre cela sur Facebook et sur Google +
    Il y a quelques jours, un vieil oncle (85 ans) a été agressé à Nice, en pleine matinée. Un jeune type l’a jeté par terre pour lui arracher le collier en or qu’il avait autour du cou. Par bonheur, mon oncle n’était pas armé. S’il avait été armé et s’il avait tiré, j’aurais trouvé cela bien regrettable pour tout le monde, mais je n’aurais pas manqué de redire à cet oncle toute mon affection et tout mon respect. En revanche, si le jeune agresseur avait été de mes parents, j’aurais eu honte.

  3. Intéressante comme tjs tes analyses
    Mais pour le coup je ne suis pas car c’est un problème qui n’est ni technique, ni moral. En gros, il y a eu un succès indéniable de la page concernant la défense de ce bijoutier qui correspond à un état d’esprit général de gens en France qui en ont marre et qui s’en être pour autant fasciste ou même politisé ont spontanément réagi en défense du bijoutier (au passage la bijouterie de ce commerçant d’origine turque est dans un quartier populaire de nice et le comité de défense du bijoutier a été initié par une association turque de commerçant)…ce qui pose immanquablement la question plus politique de l’autodéfense, de l’autoorganisation (via des milices populaires sous contrôle et non pas des milices fascisantes) qu’il ne faut pas laisser à l’ext droite ou au FN….c’est donc un tout autre sujet qu’un simple sujet technique et/ou moral.

  4. Malgré cette analyse passionnante, tu semble oublier un détail important : sur les statistiques de la page facebook du soutien au bijoutier de Nice, on voit que 80% des likes viennent de pays étrangers : il s’agit donc d’un fake, d’une page sans doute financée par des click farms pour d’obscures raisons. Cette pandémie n’est donc qu’un écran de fumée.

  5. Juliette -> je t’invite à lire la presse récente pour te renseigner sur ces”faux like” que tu dénonces : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/938030-1-4-million-de-like-pour-le-bijoutier-de-nice-tous-ne-peuvent-pas-etre-des-fake.html
    Il ne ‘sagit pas d’un fake mais d’un bug. Il y a bien 1 million de français qui ont cliqué sur “j’aime”, mais bon, on est sauf, il en reste 59 millions qui n’ont pas cliqué. (ou au moins les 22 millions français restant de FB)

  6. Faites un test autour de vous (Juliette par ex) : interrogez de “vrais gens” qui ont voté à gauche….et vous allez avoir une surprise de taille d’autant plus que la page Facebook a réellement eu un succès mentionné par Loukyes….après on peut casser le thermomètre mais la fièvre est là…et encore une fois on ne peut pas comprendre les évènements en court en ayant une vision que technique…on passe à côté de l’essentiel

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