J'étais invité vendredi 1er Juillet, dans le cadre de mon laboratoire DICEN-idf, à intervenir au colloque interdisciplinaire (et international) autour de l'Homme-Trace. L'idée était que questionner cette notion de "trace" à partir de différents champs (littérature, sciences de l'information, philosophie, biologie, etc.).
J'y suis allé défendre le passage d'une économie de l'attention à une économie de l'occupation. L'idée selon laquelle, à l'heure des bio-tech et de l'internet du génome, le corps devient une technologie "détachable" dont les traces fondent un bio-capitalisme de la surveillance.
GAFAcadabra
J'ai aussi avancé la notion de "prestigita(lisa)tion" pour désigner les principes d'escamotage, les "petites asymétries de la perception" qui sont utilisées dans le cadre des stratégies de "persuasion technologique" mises en place par les GAFA(cadabra).
J'ai essayé d'insister sur une dichotomie qui se semble très forte et très structurante entre, d'une part, des technologies et des plateformes qui mettent en scène et jouent au maximum sur la notion "d'attachement" en s'efforçant de produire de la pulsion et du "sentiment" (du like quoi) et, d'autre part, l'internet du génome (génomique personnelle) qui promeut une vision du corps comme objet technique "détachable".
Le résultat est une forme de nouveau capitalisme, un capitalisme "biologique" dans l'héritage du capitalisme cognitif et linguistique, qui organise la spéculation sur le corps en jouant de traces extra-corporelles (les capteurs disséminés sur notre corps ou dans notre environnement pour le mesurer) et intra-corporelles (les "marqueurs" au sens génétique du terme).
Et j'ai conclu sur le fait que, de la même manière qu'il nous avait fallu répondre à la question de la "pertinence" et donc de la "valeur" d'un documents (web 1.0), puis à celle de la "pertinence" et donc de la "valeur" d'un profil (web 2.0), nous allions maintenant devoir répondre à la question de la "pertinence" et donc de la "valeur" d'un corps. D'un corps dans sa globalité, c'est à dire autant pour l'héritage génétique dont il est porteur que dans sa capacité à s'inscrire dans un ensemble d'interactions sociales pour l'essentiel administrées et régulées dans l'ombre des grandes plateformes d'aujourd'hui et de demain.
Et voici mes slides.