L’appétit des géants.

C'est l'histoire de deux types.

Y'en a un qui écrit des billets sur son blog (ça c'est moi). Plus de 2500 billets depuis plus de 10 ans. Et y'en a un autre, pour lequel j'ai beaucoup d'admiration (pour l'ensemble de son oeuvre et pour ses engagements) et qui a fondé une maison d'édition qui pratique l'édition équitable. Et le second essaie de convaincre le premier de faire de son "blog", un livre.

Aucun intérêt. Voilà ce que je pense. Au début.

Et puis 2500 billets, certes inégaux mais comment … choisir ? Et pourquoi les gens iraient acheter un livre qu'ils ont peut-être déjà lu sur un blog ? Alors on discute, il m'explique et finit par me convaincre. Un livre est un objet éditorial radicalement différent d'un blog bien sûr. Dans sa temporalité, dans son inscription dans le champ des savoirs, dans ses possibilités de circulation et d'appropriation, dans sa forme. Et puis un livre c'est une histoire différente. Il faut que ça raconte une histoire qui se tienne entre une page de couverture et une quatrième de couverture. Et puis ça se construit à plusieurs, l'auteur, l'éditeur, le correcteur-typographe, le choix de la mise en page, le choix des illustrations. Et puis un livre c'est aussi un cumul d'émotions : la colère, l'énervement et la lassitude au début, quand on a l'impression que tout cela est vain et qu'on ne va jamais s'en sortir quand on récupère son tapuscrit avec les corrections innombrables de son éditeur-relecteur-typographe. Et puis bien sûr la joie si particulière de le tenir entre les mains le jour de sa sortie. Je savais déjà tout cela. J'en étais déjà convaincu. Parce qu'il y avait déjà eu un autre livre, mais qui n'avait rien à voir avec celui-ci. Déjà parce que ce premier livre c'est moi qui l'avait proposé à un éditeur. Et pour celui-ci c'est un éditeur qui est venu me le proposer.

Un truc précieux.

Pour celui-ci j'avais juste besoin que quelqu'un d'autre que moi me redise tout cela, et surtout, m'accorde une nouvelle fois ce truc si rare et si précieux qu'on appelle la confiance. C'est pas rien la confiance. Parce que quand on tient seul un blog, la confiance on la tient vaguement de ses statistiques de consultation. C'est une confiance purement comptable. Mais qui n'engage aucune forme de reconnaissance, qui n'engage personne d'autre que soi. Alors que quand un éditeur t'explique qu'il a envie de faire de quelques-uns de ces billets un vrai livre, qu'il va donc investir de l'argent, qu'il va y passer du temps, beaucoup de temps, pour arriver au bout, là, niveau confiance c'est tout à fait autre chose. Niveau reconnaissance aussi d'ailleurs. 

TADAAAAAAAM

Alors aujourd'hui je suis vraiment super content de vous annoncer officiellement la sortie officielle de "L'appétit des géants : pouvoir des algorithmes, ambitions des plateformes" chez C&FEditions. Avec (grosse cerise sur le gros gâteau) une préface d'Antonio Casilli. Et ça c'est chouette. Et c'est un honneur. Parce qu'Antonio c'est pas n'importe qui, et parce que sa préface, bon ben enfin bref vous lirez 🙂

Unboxing

Lundi 24 Mai donc, Hervé Le Crosnier (mon éditeur) est allé récupérer les cartons et a effectué les premiers envois pour celles et ceux qui avaient souscrit (merci à elles et eux). Et à partir de maintenant là tout de suite, c'est bon, vous pouvez vous ruer dessus.

De quoi ça parle ? 

Dans ce livre j'ai choisi une cinquantaine d'articles sur les 2500 d'Affordance. J'ai fait des tas, essayé de trouver un fil rouge, que tout cela fasse sens, que ces "billets-chapitres" racontent une histoire. J'ai essayé de me demander quelle histoire était la plus importante à raconter en 2017 à propos des internets. J'ai pensé que celle du rôle et de la place des "plateformes" était le bon centre de gravité autour duquel placer les autres pièces du puzzle.

Une fois les billets sélectionnés il a fallu bien sûr les réécrire, en couper certains, en fusionner d'autres. Écrire sans pouvoir s'appuyer sur la béquille commode et qui m'est devenue si naturelle que sont les liens hypertextes. Et puis surtout réécrire pour retrouver une linéarité, pour gommer les répétitions, les effets d'échos entre des textes initialement publiés au fil de l'eau. Alors au final ce livre que vous tiendrez peut-être un jour entre vos mains vous rappellera bien sûr des souvenirs d'Affordance. Mais ce ne sera pas Affordance. Ce sera différent. Plus sec. Plus dense. Plus cohérent. Peut-être plus juste. Enfin j'espère.

En tout cas vous me direz. Enfin j'espère.

Appetit_couve_1600
 

Vous avez au moins trois possibilités pour acquérir ce chef d'oeuvre 🙂

Vous pouvez le commander directement chez C&F Éditions. Il vous en coûtera 20 euros (plus les frais de port) pour la version papier, et 9 euros pour la version numérique (sans DRM). 

Vous pouvez aussi aller voir votre libraire préféré et lui passer commande en mode "Bonjour je souhaiterais que vous me commandiez l'Appétit des géants d'Olivier Ertzscheid chez C&F Editions, au revoir et merci." Là cela vous coûtera 20 euros et vous n'aurez pas de frais de port mais attention, les libraires sont souvent débordés et il faut (parfois) les relancer un peu concernant les commandes vers des "petites" maisons d'édition … 

Bon et puis pour assumer votre schizophrénie vous pouvez aussi acheter un livre qui pointe les abus et les dangers des "plateformes" chez l'une des plus puissantes d'entre elles

Et on dit merci qui ?

Merci à Hervé Le Crosnier pour l'ensemble de son oeuvre mais en l'occurence pour sa confiance (et aussi pour sa relecture titanesque et sisyphéenne à la fois).

Merci à Nicolas Taffin, grand maître typographe et grand gourou des titres-qui-claquent et des couvertures-jolies.

Et un très grand merci à Antonio Casilli, c'est vraiment un honneur qu'il ait accepté de rédiger la préface de cet ouvrage.

Merci aux presque 100 souscripteurs qui ont peut-être déjà reçu leur exemplaire, et merci aux futurs lecteurs de l'appétit des géants, dont voici le pitch éditorial

En concentrant toutes nos activités numériques sur quelques plateformes, nous avons fait naître des acteurs mondiaux qui s'épanouissent sans contrôle. Nos échanges, nos relations, notre sociabilité vont nourrir des algorithmes pour classer, organiser et finalement décider pour nous de ce qu'il nous faut voir.

Quelle loyauté attendre des algorithmes qui se nourrissent de nos traces pour mieux alimenter l'influence publicitaire ou politique ? Comment construire des médias sociaux et un accès indépendant à l'information qui ne seraient pas soumis aux ambitions des grands acteurs économiques du web ? Pourquoi n'y a-t-il pas de bouton « sauver le monde » ?

 

P.S. : En plus je suis en super bonne compagnie, jugez plutôt : 

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Un commentaire pour “L’appétit des géants.

  1. Bravo pour votre livre et votre blog, vos billets m’ont tellement passionnés qu’ils m’ont convaincu de rédiger un mémoire de fin de master sur l’action sociale des plateformes. Merci beaucoup pour votre travail d’une très grande qualité, ainsi que sa régularité. Je file acheter le livre.

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