Difficile de trouver quelque chose d'original à raconter pour célébrer l'anniversaire des 30 ans de l'idée du web. Alors je vais simplement faire deux choses.
D'abord vous proposer de recycler la lecture de quatre vieux articles.
1.
Dans celui-ci vous pourrez lire l'histoire de la mère de Tim Berners Lee, la grand-mère du web. Car l'homme qui a inventé le web était le fils de l'une des femmes qui travailla à la mise au point et à la programmation du premier ordinateur électronique généraliste commercialisé au monde, le Ferranti Mark I. Et aussi une pionnière militante pour l'égalité salariale. Et quand il évoque ce que sa mère lui a transmis, il dit la chose suivante :
"Il était évident pour nous, en grandissant, de voir à quel point le potentiel des ordinateurs allait être formidablement excitant. Pas simplement parce que nous allions pouvoir posséder de nouveaux appareils, mais dans le sens où ce que vous pouviez en faire n'était limité que par votre imagination."
L'imagination au pouvoir. Il n'y a d'horizon que militant. Et pour le reste, il y avait les liens hypertextes.
2.
Le second article dont je vous propose la relecture, résume, pour moi en tout cas, ce que représente le web et ce qu'il nous faut à tout prix s'attacher à défendre : la promesse originale du web. Un Homme, une page, une adresse. Dans l'une des innombrables interviews qui sortent aujourd'hui sur Tim Berners Lee, celui-ci conclut celle donnée au journal Le Monde par ces mots : "La décentralisation permettra de revenir à un Web original où tout le monde avait son propre site Web."
Réinvestir les périphéries. Sortir des mégalopoles que sont ces vortex attentionnels que l'on nomme "GAFA", ou n'y passer en tout cas que de manière pendulaire, sans oublier de rentrer chez soi. De bâtir ce chez soi. Une page. Une adresse. Et pour tout le reste il y a les liens hypertextes.
Les défendre. Défendre coûte que coûte ces liens. La possibilité de ces liens. Contre toutes les entraves, contre toutes les appropriations, contre tous les likes.
3.
Et puis comme l'on parle beaucoup ces temps-ci de droit à l'oubli, d'anonymat, des discours de haine et de Fake News, se souvenir que pour enseigner vraiment le numérique, il faut enseigner la publication. C'est à dire le "rendu public" dans des espaces qui ne sont plus le web mais des plateformes privées. Apprendre à publier comme l'on apprenait à écrire au cours préparatoire. C'est à dire comprendre comment on passe de ce qui fait sens à ce qui fait code. Et retour.
4.
Enfin, si l'on retrouve cette promesse initiale du web, si l'on prend soin de nos (hyper)liens, si l'on enseigne la publication pour ensuite maîtriser le code plutôt que de croire qu'enseigner le code permettra de comprendre la publication, alors peut-être pourra-t-on revenir à l'esprit de la première déclaration d'indépendance du cyberespace et oublier les bien tristes constats de la seconde déclaration d'indépendance du cyberespace.
Et pour tout le reste, il y a les liens hypertextes. A hache air eux eiffe. A HREF. "A" pour "anchor", une ancre. "H" pour "Hypertexte". "REF" pour "référence". A HREF. Tout part de là. Et tout y ramène.
Et puis je voulais vous annoncer quelque chose.
J'ai écrit un nouveau livre. Il est terminé. Il est (relativement) court. Il est "original" c'est à dire qu'il n'est pas une reprise ou une réécriture d'articles déjà parus ici. En quinze chapitres il raconte le présent de nos vies numériques, entre 30 ans de web et 15 ans de plateformes. Cent mille signes rédigés en une semaine après activation du mode no-life. Il est actuellement chez mon éditeur. Le temps d'effectuer les innombrables corrections et ajustements qui en feront un objet éditorial digne de lecture, et il devrait, je l'espère en tout cas, vous arriver dans quelques mois.
D'ici là <Publi-Rédactionnel> le même éditeur me charge de vous dire qu'il ne reste plus que quelques exemplaires de l'Appétit des géants </Publi-rédactionnel>. Et qu'il n'y aura pas de réédition.
Ah j'allais oublier. Si vous croisez Tim Berners Lee, n'oubliez pas de le remercier. Remerciez-le bien sûr pour avoir inventé le web. Mais remerciez-le, surtout, pour nous avoir fait un deuxième inestimable cadeau, un formidable don, en mettant cette invention dans le domaine public.
Bonne nouvelle pour le bouquin !
C’est court, 100 000 signes, non ?
J’espère qu’il n’y aura pas trop de langage ouvrier ! 😀