L’humanité malade du corona : « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés. »

La peste et le corona.

Episode 2. 

(relire l'épisode 1)

Lire. S'ennuyer. Lire. Le président l'a dit. Se reposer. En profiter. Découvrir des contenus culturels mis à disposition par tant de chaînes et d'opérateurs. Ecouter de la musique. Lire. Le président l'a dit. Continuer de (télé)travailler. Faire ses devoirs. Le ministre l'a dit. Parce que ce ne sont pas les vacances les enfants.

"Pour les enfants, souvent : ajouter du stress à l'urgence. Encore et encore. Tenter frénétiquement de se connecter sur des ENT (primaires, collèges, lycées) qui sont naturellement surchargés. Râler de l'incurie des ministères, des profs, ou de qui sais-je encore. Et si on en profitait un peu pour lâcher prise ? Quand on a, bien sûr, la chance d'être encore un peu en situation de le faire. Et nous ne sommes pas si nombreux à l'être, hélas. Mais pour ceux-là et pour les autres aussi, et si on laissait dormir nos enfants le matin ? Et si on les laissait jouer à Fortnite plusieurs heures d'affilée ? Et s'ils se couchaient tard le soir ? Et si on prenait de temps pour les voir comme on ne les voit jamais quand ils partent le matin parfois bien avant l'aube et pour des journées qui ne se terminent souvent que tard le soir ? Et si on arrêtait d'expliquer que "c'est pas les vacances" ? Non ce ne sont pas "les vacances". Mais non, il ne sert à rien de prétendre à une forme de "continuité pédagogique" au moins pour les écoles primaires et le collège. Au moins pour les 15 prochains jours. Prenons simplement le temps de respirer. Considérons qu'il s'agit d'un hommage, collectif à ceux, déjà trop nombreux, pour qui cette respiration sera littéralement vitale, ou létale."

Voilà ce que je me disais, voilà ce que j'écrivais, sur Facebook, au jour 1 du confinement.

Enfermé dans ma bulle de filtre, je suis entré en quarantaine comme toute la population française. Comme tout le monde je juge les autres. Je trouve certaines images indécentes. Certains comportements inciviques. Mais s'il s'agissait des miens ? Si ces "irresponsables parisiens envahissant la campagne de leurs résidences secondaires et venant contaminer tout le monde" devenaient mes parents ? Mes frères ? Mes soeurs ? Mes enfants ? 

Enfermé dans ma bulle de filtre j'ai la chance d'avoir un jardin. Grand. D'habiter un village. Petit. D'avoir la campagne alentour. Vide. Et mes enfants ont l'autre chance. Celle d'avoir grandi dans un milieu familial où les vertus de "l'ennui" ont un sens car cet ennui peut-être nourri par de l'échange, par un imaginaire, par une culture, par un niveau de vie et de socialisation. Mais les autres. Lire ? S'ennuyer ? Est-on sérieux ? 

Pour ceux-là, pour les malchanceux, les trimards, les ceux d'en bas, les soutiers, les enfants de ceux d'en bas, les qui n'habitent pas à la campagne, la lecture vraiment ? Les vertus de l'ennui sérieusement ? Pour ceux-là l'ennui c'est la dépression ou la violence. La "distanciation sociale" et autres "diminution des interactions sociale" c'est encore une violence de classe. Tout le monde le sait. 

Et pour les sans-abris ? Les sans-papiers ? Les réfugiés de Calais toujours expulsés, pandémie ou non ? Et ceux du camp d'Aubervilliers parqués à 500 sans eau ni nourriture en plein "confinement" ? Le tiers-état devenu le quart-monde.  

La pandémie est une pandémie de classe.

L'isolement est pour les dominants et les bourgeois en télétravail depuis leurs jardins – j'en fais évidemment partie -, une fenêtre sur cour, une respiration, une pause, et pour les dominés une arèneil s'agit de survivre en vivant avec l'idée de s'habituer à sa propre condamnation. Tout le monde le sait.

A la fin du confinement il y aura eu, bien sûr, de belles histoires, comme celle de ce groupe Facebook réunissant 300 personnes (médecins, ingénieurs, designers mais aussi "venture capitalists") qui en 7 jours ont prototypé un respirateur artificiel open source qui sera testé dès la semaine prochaine en Irlande. De belles histoires car quand un discours de fin du monde, de pandémie, devient une réalité d'expérience sensible, alors naissent aussi des formes de coopération et d'altruisme fécondes et salvatrices. Mais temporaires. Et toujours aliénées au scénario du jour d'après qui pourrait être d'une inouïe violence. Le jour d'après, qu'aurons-nous retenu du monologue du virus

Le jour d'après le confinement, pour un enfant de cadre en télétravail qui se sera reposé et n'aura rien perdu d'autre que le stress inhérent à sa situation d'enfant de cadre, combien d'autres enfants de milieux et de familles modestes qui auront vu se refermer encore davantage la possibilité de grandir et de s'extraire de leur condition ? L'expérience de l'école / collège / lycée / fac à distance est aussi un marqueur social. Au fer rouge. Les profs font ce qu'ils peuvent. Les parents aussi. Les enfants surtout. La plupart. Car il est aussi, chez tous ceux-là, les imbéciles, les indociles, les exaspérants exaspérés. Mais l'institution éducative après l'incurie globale et systémique de plus de 20 ans de politiques qui n'ont eu de cesse que de défaire chaque élément de stabilité et de cohérence, cette institution éducative là est incapable de penser, de simplement penser, la remédiation à des inégalités qu'elle entretient, qu'elle nourrit et sur lesquelles elle prospère ou fait prospérer des intérêts privés supérieurs. 

Apprendre de ce confinement et de cette situation. Pour changer le jour d'après. Pour entendre qu'il y a eu davantage de vies sauvées par la baisse des seuils de pollution liés au ralentissement de l'activité économique que de vies prises par cette saloperie de virus. Entendre qu'il faut des services publics forts, sous contrôle et sous financement de l'état et de nos impôts, sans aucune prise en compte d'une quelconque forme de rentabilité. Que des gens vont crever sur le sol, sur des lits supprimés pour des raisons comptables. "Il n'y a pas d'argent magique". Cela tombe bien, parce qu'il nous faut juste de l'argent public.  

Que craignons-nous vraiment ? Est-ce la pandémie ou le manque le lits (de personnels et de moyens) pour nous permettre de la gérer ? Répondre à cette question c'est décider du monde de demain. Près de 18 000 lits de nuit supprimés en 6 ans. Et 100 000 lits d'hôpital supprimés en 20 ans. Il y aura d'autres pandémies. D'autres virus. D'autres maladies. Mais l'hôpital public, lui, aura-t-il d'autres lits ? 

Tellement de pensées contradictoires. Comme parent, comme citoyen, comme militant. Tellement d'incompréhension. Tellement de gens qui font simplement ce qu'ils peuvent. Et tellement d'autres, bien plus nombreux encore, à qui l'on a méthodiquement supprimé la possibilité même d'aspirer juste à une vie simple. Ou de simplement faire leur métier. Ceux-là en première ligne. Ceux-là au front. Ceux-là sont "les héros" de cette guerre. Tous ceux-là. Pour eux aussi, n'oublions pas comment ils étaient dépeints hier lorsque l'heure n'était pas au confinement mais à l'étude des retraites et des régimes spéciaux. Et rappelons, comme vient de le faire Pierre-Yves Gosset de Framasoft, quelques évidences : 

"j’ai conscience que c’est le bordel pour tout le monde, hein. Notamment pour toutes les professions qui (comme par hasard) avaient des régimes spéciaux : soignant⋅e⋅s, profs, cheminots, transports routiers, etc.

On pourrait aussi y ajouter les policiers. Et quelques autres. La retraite de ces non-confinés serait en soi un sujet. Pour autant qu'ils parviennent à la prendre en vie. 

Alors essayer de comprendre. Continuer de faire le travail commencé ici, l'épistémologie de cette épidémiologie

La France vue d'en haut.

Souvent dans mes cours de "théorie de la communication" abordant les grandes notions de l'école de Palo Alto après guerre, je cherche des exemples "d'injonction paradoxale" et de "double contrainte" pouvant pousser les gens à des formes d'hystérie, de dissociation, de schizophrénie. Je n'aurai pas à chercher bien loin pour mes prochains cours.

"Restez chez vous". "Allez voter". "Restez chez vous". "Allez voter".

Et plus récemment :

"Ne sortez pas de chez vous. Ou alors pour un petit footing de 1 ou 2 Km. Mais pas plus.

Il s'agissait nous dit-on de travailler l'acceptation sociale de mesures de confinement que l'on savait inéluctables. D'y aller progressivement. Mais en vérité on nous le dit, "on aurait dû tout arrêter. C'était une mascarade."

"Nous sommes en guerre".

Allons enfants de l'apathie. Nos canapés sont nos tranchées. En guerre, vraiment ? La guerre des masques. Rupture de stock. Soucis de fabrication. Import export. La Chine qui nous en offre maintenant par millions. Ironie de l'histoire. Victoire du commerce ou du don et de l'échange qui fut à l'origine de tout commerce ? Des masques. Priorité aux soignants mais là où les forces de police sont équipées (souvent) des derniers modèles les soignants, eux, en manquent, n'en ont pas. Ils en auront promet le général en chef. Trop tard. La première ligne est tombée. Il voulait des héros. Il en aura. Il aura des martyrs aussi. Ceux de son incurie. Et celle de ses prédécesseurs.

Xavier Bertrand si véhément sur les "salopards" qui volent des masques FFP2, lui qui alors ministre de la santé en 2011, juste après la crise du H1N1 et succédant à Roselyne Bachelot, avait refusé d'en renouveler le stock. Et 18 000 lits de nuit supprimés depuis 6 ans. 100 000 lits d'hôpital supprimés en 20 ans. Qui sont les salopards ? Qui ?

Et pour le reste, pas besoin de héros, comme le soulignait Baptiste Beaulieu avec une infinie justesse

"L’héroïsation du personnel soignant est un narratif commode pour dépolitiser nos revendications et nous enfermer dans une posture intenable : un héros, ça ne demande pas du personnel supplémentaire, ni ce truc un peu sale qu’on appelle des sous."

Nous n'avons pas besoin de héros mais d'argent, de lits d'hôpitaux, et plus globalement de services publics enfin installés en dehors du champ de la concurrence, de la performance, de la rentabilité ou de tout autre miroir tendu par la main du marché dans la gueule de la nation et de ses enfants. 

L'avenir de la pandémie se lit aussi dans un simple graphique de l'OCDE. En 2018 la France compte 6 lits d'hôpitaux pour 1000 habitants. Le Japon et la Corée en comptent deux fois plus. Le nombre de lits ne fait pas tout bien sûr. Mais prétendre qu'il n'est rien ou qu'il serait en l'état suffisant revient à dire aux gens qu'ils vont crever par terre. Nous y sommes.

Nous ne sommes pas en guerre comme le rappelle ce texte qui circule beaucoup sur "les réseaux", et signé de Sophie Mainguy, médecin urgentiste : 

"Nous ne sommes pas en guerre et n’avons pas à l'être. Il n'y a pas besoin d’une idée systématique de lutte pour être performant. L’ambition ferme d’un service à la vie suffit. Il n’y a pas d’ennemi. Il y a un autre organisme vivant en plein flux migratoire et nous devons nous arrêter afin que nos courants respectifs ne s'entrechoquent pas trop. (…)

Nous ne sommes pas en guerre et nous n’avons pas à l’être pour être efficaces. Nous ne sommes pas mobilisés par les armes mais par l'Intelligence du vivant qui nous contraint à la pause. Exceptionnellement nous sommes obligés de nous pousser de coté, de laisser la place. Ce n’est pas une guerre, c’est une éducation, celle de l’humilité, de l’interrelation et de la solidarité."

Le masque et la mascarade.

Le masque d'abord. Ses normes, ses formes, ses nomenclatures. Ceux qui en ont et ceux qui n'en ont pas. Ceux qui en ont sans en avoir besoin et ceux qui en manquent quand ils en ont besoin. Le masque comme protection plus ou moins efficace, plus ou moins nécessaire, selon les lieux, les métiers, les circonstances, la proximité. Le masque qui dissimule le visage. La bouche. Qui tait. Qui t'es ? Le masque qui protège tout à la fois de l'autre, de nous-mêmes et de l'invisible virus. L'économie du masque. Qui démasque l'aberration économique de son approvisionnement et de son circuit de fabrication. La politique du masque. Qui dit tant des préférences et des urgences policières avant que d'être sanitaires.

Que sont ces masques et que nous disent-ils de nos propres peurs, de nos propres travestissements ? Que masquent-ils ? Une mascarade, c'est à dire "un divertissement joué par des personnes masquées". Nous sommes divertis. Là encore étymologiquement. Divertis : notre attention est détournée par tous ces masques. Car oui, "c'était une mascarade." Et les masques en rade. C'en est une encore. De mascarade. Et pour qu'elle cesse par-delà les masques, c'est notre regard maintenant qu'il va falloir s'efforcer de ne pas détourner. Sur nous-mêmes et sur les autres. Sur ceux qui vont mourir et sur ceux qui vont rester vivants. Sur les héros et les martyrs. De cette guerre. Que beaucoup d'entre nous ont encore la chance de mener depuis les tranchées de leurs canapés. Des canapés qui nous obligent pour le jour d'après, à lutter comme jamais pour réparer le monde effondré que nous avons laissé s'installer, souvent depuis ces mêmes canapés. Retranchés. 

Proxémie de la pandémie.

Ce virus touche à ce qu'il y a de plus humain en nous. Il est à la fois le virus de la parole (les postillons, d'où les masques), du déplacement ("Voyager c'est propager" comme l'écrit David Dufresne) et du contact affectif (bise, embrassade, poignée de main). Bref de l'équilibre qui fait l'essence de nos sociabilités : se parler, se déplacer, se saluer. Là où le HIV touchait à la sexualité, le COVID-19 touche à la sociabilité. 

On a donc rapidement vu émerger des recommandations sanitaires concernant des mesures de "distanciation sociale" complémentaires à la "quarantaine" (de 14 jours) et aux mesures de confinement. 

Produire un discours universitaire, qu'il soit sociologique, historique ou info-communicationnel, sur des phénomènes de "distanciation sociale" est toujours périlleux puisque cela implique de réfléchir à sa propre distanciation par rapport au discours que l'on veut produire et aux phénomènes que l'on prétend analyser. Mais je vais quand même essayer même si je ne suis pas anthropologue vu que, comme le disait Claude Lévi-Strauss : "L'anthropologie est aujourd'hui la seule discipline de la distanciation sociale.

Or donc. La proxémie est un concept théorisé et inventé par l'anthropologue Edward T. Hall dans les années 60 qui se définit comme "l'ensemble des observations et théories que l'Homme fait de l'espace en tant que produit culturel spécifique". Il isole notamment 4 grands types de distances, variables selon les cultures : intime, personnelle, sociale et publique. C'est notamment grâce aux travaux de Hall que l'on a pu comprendre et démontrer pourquoi la notion de "surpeuplement", le fait de se sentir oppressé, était très variable selon les cultures, aussi bien d'ailleurs chez l'être humain que chez l'animal.

J'avais déjà essayé de montrer de quelle manière nos interactions en ligne modifient structurellement les différents espaces proxémiques. Comment "le numérique" est en lui-même un espace qui redistribue les rapports à l'intime, au personnel, au social et au public. 

Si l'on veut aujourd'hui bien comprendre et mesurer ce que ces mesures de "distanciation sociale" révèlent dans leur adoption, leur refus ou leur contournement dans et par la population, il faut commencer par intégrer le fait que nous sommes aujourd'hui pris dans deux approches proxémiques souvent contradictoires. Je m'explique.

Pendant que, dans le monde physique, nous limitons au strict minimum nos interactions aux autres et que nous augmentons nos distances sociales, nous nous efforçons en même temps de faire l'inverse dans le monde numérique, dans une logique de compensation sociale (les apéros "virtuels" commencent à se ritualiser sur Facebook) ou de remédiation professionnelle (télétravail) ou académique (les devoirs à la maison, la continuité pédagogique, et tout et tout).

Cela ne suffit naturellement pas à expliquer que "les Français" (certains en tout cas) semble rétifs à ces mesures de distanciation sociale ou de confinement (nous y reviendrons plus tard), puisque comme les travaux de Hall l'ont montré, le rapport à l'espace est d'abord culturel comme l'est aussi, dans le cas d'espèce, le rapport à l'état et à l'autorité ; mais cela permet de contextualiser le fait que chaque citoyen est aujourd'hui pris dans une double lame d'injonctions paradoxales qui "schizophrénisent" le rapport qu'il entretient avec ses propres espaces intimes, personnels, sociaux et publics. 

La première lame est celle du discours paradoxal de l'état ("confinez-vous mais allez voter et bosser") et la seconde est celle des discours paradoxaux des médias qui alternent le relai des discours de réassurance en les contrebalançant presque systématiquement par d'autres uniquement construits sur des scénarios et des instructions alarmistes. Avec, dans l'un comme dans l'autre cas, autant de prises de parole de gens s'exprimant "es qualité" que de gens s'exprimant "parce qu'ils sont de bons clients". Ce qui n'arrange rien à l'affaire.

Or là encore comme l'ont montré les travaux de l'école de Palo Alto, quand un citoyen est confronté à des discours paradoxaux cela le conduit irrémédiablement à rejeter l'ensemble des discours qui lui sont adressés, indépendamment de leur nature (alarmiste ou rassurante) : en l'occurence cela explique que "plein" de gens – notez bien les guillemets sur "plein" – continuent à faire des joggings ou à aller à la plage ou à ne pas se laver les mains ou à ne pas respecter les distances, etc. 

Pour en revenir à la proxémie de la pandémie et pour résumer : toutes les interactions sociales limitées ou proscrites dans l'espace physique sont étendues et prescrites dans l'espace numérique. Or l'espace numérique est (pour beaucoup de situations, notamment chez les cadres) celui qui est présenté comme paradigmatique (il est ce qu'il faut faire) lorsque l'espace physique demeure symptomatique sur le plan professionnel (il est celui dans lequel on se met en danger) mais paradoxalement a-symptomatique lorsqu'il renvoie à son propre comportement que l'on idéalise tant que l'on peut le singulariser ou l'essentialiser ("je ne me mets pas en danger si je vais faire un petit jogging puisque je vais faire attention et que je ne vais croiser personne et que c'est mon activité singulière – les autres sont trop gros, trop fainéants, trop peureux, etc. – et essentialiste – je suis un 'être courant', un être jogging-isant ou social-isant ou apéro-isant et il ne peut ni ne saurait en être autrement").

Ce qui est à la fois simple et complexe dans l'injonction au confinement en cas de pandémies en train de se déclarer (parce qu'une fois que tout le monde connaît quelqu'un qui connaît quelqu'un qui est mort, bizarrement chacun est plus enclin à respecter les consignes de confinement), c'est que deux conceptions de la "distance" s'entremêlent (ce que là encore les travaux de Edward T. Hall ont parfaitement montré) : la distance sociale et la distance spatiale. Réduire nos interactions sociales c'est d'abord réduire nos interactions spatiales. Et redimensionner à la baisse la spatialité de nos interactions fait que nos sociabilités en sont altérées (sauf dans le cas des interactions numériques comme je l'ai souligné plus haut). 

Pour le dire de manière plus concise : la distance sociale agit sur la distance spatiale. Qui elle même co-détermine la capacité sociale de distanciation, a fortiori si cette dernière est le fruit d'une contrainte. Selon que vous serez puissants ou misérables, les reportages de BFM, LCI et Valeurs Actuelles vous feront inciviques. 

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C'est là où un clivage de classe s'opère qu'il est essentiel de comprendre et d'analyser pour éviter toute stigmatisation ou tout essentialisme. Pour les classes les plus riches et les plus éduquées, la réduction de la distance spatiale n'impacte pas de manière causale la réduction de la distance sociale. Les interactions demeurent, familiales et professionnelles, et elles s'enrichissent même parfois. Alors que pour les classes les plus pauvres, les plus fragiles, non seulement l'accès même au confinement ne leur est pas permis au même titre que pour les dominants, dans leurs espaces de (sur)vie sociale (cas des sans-papiers) ou de (sur)vie professionnelle (cas de tant et tant d'ouvriers, d'employés de la grande distribution, etc.), mais en plus de cela, lorsqu'ils ont accès à un confinement ou permission de se confiner, cette réduction de la distance spatiale impacte davantage et de manière strictement causale la réduction de la distance sociale.

Bien sûr et heureusement les classes sociales les plus pauvres et les plus fragiles ont aussi des interactions numériques (relire le remarquable "L'internet des familles modestes" de Dominique Pasquier, notamment), mais qui sont souvent des interactions dégradées, subies et non-maîtrisées (dans le cas par exemple des parents supposés accompagner leurs enfants dans la "continuité pédagogique" mise en place par les établissement scolaires) ; des interactions qui n'embrassent plus qu'une petite partie du champ familial ou amical et qui excluent celles du champ professionnel, donnant ainsi l'impression d'une vie "amputée" là où les cadres et les dominants continuent d'interagir sur les deux plans (familial et professionnel). 

La quarantaine de 15 jours en 6 leçons.

La littérature scientifique sur ces questions de confinement, de politiques sanitaires et de pandémies est très (très) riche. De même que celle sur les effets psychologiques de ces confinements. Loin d'être en capacité et en compétence d'en faire une revue exhaustive, je veux quand même revenir sur quelques points clés. 

Nous avons par exemple cet article de Février 2020 de la revue The Lancet : "The psychological impact of quarantine and how to reduce it: rapid review of the evidence" qui rappelle et synthétise une courte liste d'éléments clés en situation de crise : 

  1. "Information is key ; people who are quarantined need to understand the situation
  2. Effective ans rapid communication is essential
  3. Supplies (both general and medical) need to be provided
  4. The quarantine period should be short and the duration should not be changed unless in extreme circumstances
  5. Most of the adverse effects come from the imposition of a restriction of liberty ; voluntary quarantine is associated with less distress and fewer long-term complications
  6. Public health officials should emphasise the altruistic choice of self-isolating."

Sur le premier point, dans le contexte français depuis les premières annonces présidentielles de fermeture des crèches écoles primaires, collèges, lycées et universités, l'information est certes passée mais comme j'ai essayé de le montrer dans cet article, la multiplication des injonctions paradoxales ne sert pas son acceptabilité et beaucoup de gens ne comprennent pas la situation. 

Sur le second point, on pourrait débattre des heures mais considérons que la communication fut "rapide". Quant à déterminer si elle fut "efficace", je vous renvoie au point précédent.

Le point 3 est à l'évidence celui qui soulève le plus de questions tant pour les masques (classiques ou FFP2) que pour le test massif ou systématique de la population. 

Au moment où j'écris cet article (vendredi 20 mars), le point 4 va être déterminant. Nous sommes au cinquième jour d'une période de quinze annoncée. Mais tout le monde perçoit bien que cela va se prolonger au-delà des 10 jours restant. Il va falloir que l'exécutif communique très clairement et très rapidement sur un possible prolongement de la quarantaine. Et là encore, vu comment il a communiqué jusqu'ici, le pire est à craindre. 

Sur le cinquième point (la mise en quarantaine "volontaire" corrélée à l'impression de perte de liberté si elle est au contraire imposée) il est trop tôt pour évaluer les "complications sur le long-terme". 

Enfin, les soignants et les personnels de santé sont – heureusement – les seuls à faire correctement le boulot puisque depuis le départ ils insistent tous et de manière univoque sur la dimension "altruiste" de la quarantaine. 

Théorie des jeux et des virus.

L'autre article dont je veux vous parler est un peu plus ancien (2010), est paru dans la revue Computational Biology, et s'intitule : "Game Theory of Social Distancing in Response to an Epidemic." Accessoirement – et c'est justement tout sauf accessoire – il est en libre accès ; l'occasion de rappeler aux grands groupes éditoriaux prédateurs de se sortir les doigts du cul et de mettre d'urgence en libre accès toutes les publications qu'ils détiennent illégitimement et qu'ils maintiennent derrière des accès payants exorbitants ou d'aller, dans le cas contraire, lécher des barres de métro et boire à la paille dans des kits d'intubation usés récupérés à la sortie de services de réanimation. 

Mais revenons à notre article : "Game Theory of Social Distancing in Response to an Epidemic." La théorie des jeux ou comment des agents (humains, économiques, etc.) collaborent et/ou s'affrontent pour s'assurer de la préservation optimale de leurs intérêts propres en s'efforçant de minimiser les risques et les pertes. La théorie des jeux quoi 🙂 Et donc quand on croise la théorie des jeux et les injonctions à la distanciation sociale, voilà ce qu'il se produit et que nous raconte et nous explique cet article (ma traduction). L'auteur part du constat suivant :  

"Les pratiques de distanciation sociale peuvent réduire la sévérité d'une épidémie, mais les bénéfices de cette distanciation sociale dépendant de l'échelle à laquelle les individus la mettent en place. Les individus rechignent souvent à payer le prix inhérent à la la distanciation sociale, et cela limite souvent son efficacité en tant que mesure de contrôle."

Du coup l'auteur propose dans son article d'utiliser la théorie des jeux pour identifier comment les individus pourraient mieux appliquer les mesures (altruistes) de distanciation sociale en regard de leurs comportements (égoïstes) auto-protecteurs durant une épidémie.

Et après beaucoup de calculs et de modèles théoriques convoqués, ses conclusions sont les suivantes :

"Pour les paramètres et les aspects fonctionnels étudiés, c'est dans le cas de maladies modérément transmissibles que la distanciation sociale est la plus utile. La distanciation sociale est d'autant plus utile quand elle n'est pas coûteuse et elle peut retarder l'épidémie jusqu'à ce qu'un vaccin devienne largement disponible. Cependant, les bénéfices de la distanciation sociale sont faibles dans le cas de maladies hautement transmissibles quand aucun vaccin n'est disponible."

Vous l'aurez compris, et au regard de l'état de la littérature scientifique actuelle (qui n'est pas une vérité révélée mais une vérité partagée, un "consensus"), toute la question est de savoir si le Covid-19 est "modérément" ou "hautement" transmissible. Et là encore comme la littérature scientifique semble faire consensus sur le fait qu'il l'est "hautement", il n'est ni sot ni farfelu d'en déduire que la simple "distanciation sociale" ne sera pas suffisante et qu'elle devrait plutôt être remplacée par des mesures strictes de confinement, a fortiori puisqu'aucun vaccin n'est disponible. 

Une autre des conclusions de l'article est que :

"la fenêtre d'opportunité pour le développement d'un vaccin s'allonge à mesure que l'efficacité de la distanciation sociale et de la détection s'améliore."

Il ne s'agit donc pas, non plus, de dire que les mesures de distanciation sociale sont inutiles, mais de rappeler que même en étant insuffisantes dans le cas de virus hautement transmissibles, elles concourent avec d'autres (la détection systématique par exemple) à des effets dilatoires sur la mise au point d'une réponse vaccinale.

Et là encore, il faudra expliquer les choix de l'exécutif de ne pas mettre en place de détection systématique. 

La France en son fondement.

Reste un point qui fut, pour être honnête, l'une de mes premières interrogations sur la période que nous traversons. Un point qui a aussi à voir avec le fondement littéral de chacun d'entre nous : pourquoi les gens se précipitent-ils pour faire des stocks de papier toilette ?

Osez me dire en face que vous ne vous êtes pas posé cette question ? Personne n'ose ? C'est bien. Et maintenant voici la réponse. Qui est en fait celle de l'enquête de Romaric Godin sur Mediapart. Que je cite : 

"Face au phénomène nouveau qu’est le coronavirus, les autorités elles-mêmes semblent perdues et se contentent d’une stratégie d’endiguement bien incertaine. Un tel comportement des institutions conduit naturellement l’agent économique [= nous] à ne pas leur faire confiance dans un avenir proche. Comme le bien concerné par ces achats n’est pas périssable mais jugé essentiel, il est naturel de ne pas prendre le risque de se confronter à un manque. Voilà comment on décide aussi d’acheter par précaution rationnelle du papier toilette, renforçant ainsi la panique et provoquant le même comportement chez d’autres consommateurs …"

Cela ne vous rappelle rien ? Bien sûr. La théorie des jeux. Encore elle. Et cette fois en mode non-coopératif. Je cite encore l'article de Romaric Godin sur Mediapart : 

"Chaque participant à ce type de jeux prévoit le comportement des autres et adapte son propre comportement pour minimiser ses pertes. Cela conduit à un « équilibre de Nash » qui est souvent insatisfaisant. Une fois les stocks vidés et les capacités de production épuisées, ceux qui ont décidé de prendre le risque de faire confiance aux institutions sont Gros-Jean comme devant ; les autres, ceux qui ont joué la non-coopération, se retrouvent bien pourvus."

L'autre point d'explication est plus culturel et historique. 

"Tout se passe comme si ce bien était une forme de garantie de modernité à laquelle une partie de la population se rattache lorsque se dessine une forme d’incertitude radicale et de menace sur les modes de vie. Ce n’est pas entièrement irrationnel, là aussi. L’accès aux toilettes est un élément déterminant de l’amélioration de l’hygiène et du niveau de vie réel. Dans certains pays comme l’Inde, c’est un enjeu politique majeur. Le passage aux toilettes personnelles et généralisée est l’incarnation du passage au confort de la vie moderne. S'il vient à manquer cet accès, le sentiment d'un retour en arrière est inévitable. Or, c'est bien ce retour en arrière qui semble en jeu avec un coronavirus qui ramène des images de quarantaine, de peste noire et de grippe espagnole. Dès lors, le papier toilette, lui-même inventé en 1902, apparaît alors comme une forme d’assurance que l’on continuera à avoir accès à ce qui est perçu comme un bien fondamental. C’est peut-être pourquoi les rouleaux de papier toilette sont davantage soumis aux achats de panique que d’autres produits d’hygiène plus directement utiles à la lutte contre le coronavirus, comme le savon ou les désinfectants de surface."

Enfin, l'article rappelle l'importance de la notion de "point focal" ou "point de Shelling" qui, concernant les stocks de papier toilette indique que : 

"si les agents sont concentrés sur la nécessité de stocker du papier toilette, le prix deviendra un élément secondaire, l’enjeu central sera de disposer de stocks suffisants dans un contexte non coopératif."

Plus globalement et sur l'ensemble des autres enjeux abordés dans cet article (distance sociale, inégalités de classe, confinement, injonctions paradoxales …) le point de Shelling c'est : 

"une solution à laquelle les participants à un jeu de « coordination pure » qui ne peuvent pas communiquer entre eux sur ce sujet auront tendance à se rallier, parce qu'elle leur semble présenter une caractéristique qui la fera choisir aussi par l'autre." (Wikipédia)

La crise sanitaire montante autour du coronavirus nous place dans une situation paradoxale (et oui, encore une). Tant que nous n'avons pas fait l'expérience réelle de la mort d'un proche, tant que nous n'avons pas éprouvé le risque et la peur de voir un être cher être dans des situations de contamination à haut risque, nous jouons de manière non-coopérative. Qu'il s'agisse d'accumuler du papier toilette, de continuer d'aller faire son petit jogging ou de profiter d'un apéro au soleil, nous n'avons par d'autre point focal que nous-mêmes. Dès lors que l'épidémie est présente dans nos espaces singuliers ou qu'elle s'en approche (proxémie) nous changeons de logique – du moins faut-il l'espérer – pour basculer dans des formes coopératives qui, sur la question du confinement, des gestes barrière et de la distanciation sociale pourraient se traduire ainsi : 

"Quel sera le comportement adopté par les autres auquel je vais pouvoir me rallier puisque ce comportement présente une caractéristique évidente qui fera qu'ils le choisiront ?"

Rester confiné ? Mettre un masque si j'en ai un ? Me laver les mains ? Respecter une distance sociale ? Et quelle est "l'évidence" de ces comportements ? S'agit-il de rester en vie ? D'éviter d'être contaminé ? D'éviter de contaminer des proches sans risque vital (ses enfants par exemple) ? D'éviter de contaminer des proches avec des risques vitaux (ses parents âgés par exemple) ? 

C'est face à l'irrésolution devant l'ensemble de ces questions et de ces comportements qu'il est urgent, vital et nécessaire que le discours de l'état soit exemplaire de clarté (il en est très loin) et exempt de toute suspicion sur sa capacité à traiter l'urgence sanitaire en responsabilité, en moyens et en équipements (et là aussi …). 

La plateforme et le virus.

Et puis il y a Facebook. Et les GAFA. Mais Facebook surtout. Il eût été étonnant que je ne vous en parle pas 🙂

Là encore bien sûr ce virus agit en révélateur. Révélateur de la vraie nature des conditions de travail des modérateurs de la plateforme, renvoyés (en partie seulement et bien tardivement) chez eux et qui laissent donc la main "aux algorithmes et autres intelligences artificielles" pour la modération de contenus avec une augmentation observable du taux d'erreur et de trucs chelous passant entre les mailles du filet algorithmique ainsi que des suppressions arbitraires (déjà qu'avant ce n'était pas brillant …)

Facebook qui, le 17 Mars, publie avec d'autres un communiqué commun affirmant qu'ils vont lutter contre la désinformation, mais qui la veille, le 16 mars, reconnaissait qu'il n'avait pas de plan pour combattre la désinformation sur WhatsApp

Facebook qui dit que "non non non" il ne donnera pas aux gouvernement des données permettant de traquer la propagation du Coronavirus mais des gouvernements qui dans leur immense majorité (et pas qu'en Chine) ont déjà l'ensemble des moyens techniques et des vides législatifs leur permettant de le faire sans l'aide de Facebook, comme par exemple en Italie où une dépêche AFP du 18 Mars nous apprenait que : "malgré plus de 16.000 cas dont 1.640 morts, le gouvernement déplore le fait que seulement 60% de sa population reste à la maison, selon la surveillance des téléphones portables (sic)."

[sur les autres enjeux de surveillance liés au Coronavirus, relire mon premier papier sur La peste et le Corona, et reportez-vous au thread sur le sujet de l'ami MaisOùVaLeWeb.]

Facebook qui à la mi-Février 2020 réclamait qu'on le traite comme "quelque chose entre un opérateur télécom et un journal" ("Treat us like something between a Telco and a newspaper") et qui à l'occasion de cette crise sanitaire confirme que sa "troisième voie" n'en était pas une puisqu'il se comporte très précisément à la fois comme un opérateur de télécommunication et comme un média.

Comme un opérateur télécom puisqu'il est en première ligne pour gérer des infrastructures face à de très fortes hausses de son écosystème de service, lequel écosystème pèse d'un poids constant et non-neutre sur l'ensemble de l'infrastructure internet mondiale (au même titre que Netflix ou Youtube mais dans des proportions différentes). 

Et comme un média au sens propre et premier puisqu'il indique tout à fait clairement que désormais "sa stratégie sera de faire prendre le confinement au sérieux par le grand public".

Coronadditionnel.

Il est tant d'autres point que j'aurais pu aborder mais cet article est déjà très (trop) long. Je me contente donc, pour conclure, de vous livrer en vrac quelques articles qui me semblent absolument mériter d'être lus. 

A commencer par celui paru sur Lundi Matin : "Des chauve-souris et des hommes. Politiques épidémiques et coronavirus". Où vous apprendrez peut-être comme je l'ai appris que ce virus est dit "zoonose", c'est à dire transmis des animaux aux humains. Et que cela renvoie à l'ensemble de notre relation au vivant en général et aux animaux en particulier. Et que c'est là, bien sûr, la question fondamentale de notre avenir. 

Il y a aussi, de manière plus triviale, cet article qui revient sur la différence entre la gestion du risque et celle de l'incertitude. Le coronavirus oblige à une gestion de l'incertitude qui impacte fortement les protocoles habituels de gestion du risque dans le domaine de la santé publique dans un contexte de aussi grave qu'inédit de manque de moyens budgétaires et humains ainsi que de manque d'équipements (masques et tenues de protection). C'est – aussi – pour cela, que le risque du drame est une quasi-certitude chez les soignants et chez un grand nombre d'observateurs attentifs.  

Et puis comme enseignant-chercheur, comment conclure sans vous rappeler de lire ce texte, terrible, de Bruno Canard, qui nonobstant son nom rigolo, est directeur de recherche au CNRS et spécialiste des coronavirus et qui rappelle à quel point les politiques publiques de recherche sont pensées en dépit du bon sens et que cela finit pas devenir sanitairement dangereux et politiquement irresponsable. La recherche publique (fondamentale et appliquée) sur ces questions est un enjeu vital. D'autant qu'il ne faut absolument rien attendre des connards cyniques que se partagent les profits d'une industrie pharmaceutique toujours plus oligopolistique et pour lesquels les épidémies ne sont jamais assez rentables sur le long terme

Connards des Big Pharma, connards qui nous gouvernent, il semble décidément qu'au moins sur ce plan sémantique, j'ai été précurseur :-))

Prenez soin de vous. Confinez-vous. Et comme je l'écrivais à mes étudiants dans le cadre du plan de continuité pédagogique de mes cours :

Souvenez-vous qu'un homme a rendu possible les échanges que nous avons aujourd'hui, parce qu'il a inventé le web en 1989 et qu'il l'a "mis" dans le domaine public en 1993. Et qu'il s'appelle Tim Berners Lee. Domaine public, service public. Ces deux notions, elles, sont réellement vitales. Elles marchent ensemble. Et elles nous permettent de rester ensemble, d'être ensemble, quelles que soient les circonstances et les distances.

 

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Rappel des épisodes précédents.

Et aussi pour se souvenir. 

9 commentaires pour “L’humanité malade du corona : « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés. »

  1. Dans votre premier paragraphe sur la théorie des jeux, je pense que vous vouliez écrire « dans le cas contraire » et non « le cas échéant »

  2. Bonjour,
    Un point m’interpelle : c’est celui du gouvernement italien qui explique que « d’après la surveillance des portables », les gens ne resteraient pas chez eux.
    Malgré tous les scandales de surveillance de masse, les gens n’ont pas encore compris que l’espion était dans leur poche…
    J’essaie de sensibiliser mes élèves de collège au problème, mais là je me sens un peu démunie. Pour les enfants, on peut encore essayer, mais pour les adultes ? Sur une salle d’environ trente professeurs, seuls deux sécurisent leurs appareils correctement (je ne suis pas dedans), et quatre de plus ont conscience du problème. les solutions « clés en main » des GAFA sont redoutables.

  3. bonjour
    merci pour cet excellent article
    comment puis je faire pour m’abonner
    le lien ne fonctionne pas
    merci

  4. Il est possible d’ajouter les points suivants :
    > modification des lois en cours/à venir, au nom de la crise, au nom de la « guerre » dont il est question. Textes sur la surveillance de masse, sur le code du travail, les 35 heures, etc
    > Mettre en rapport avec Naomie Klein « La Stratégie du Choc » : une fois en état de sidération et/ou de détresse, l’être humain n’est plus à même de défendre ni ses propres intérêts ni ceux de la collectivité.
    Voir et revoir https://www.youtube.com/watch?v=Mm8PZFz9T-E&t=170s
    Tout est en place pour servir les intérêts du pouvoir.

  5. Bonjour j’aimerai m’abonner a votre blog pour lire vos articles! Mais qd je clique sur s’abonner, il y a que des chiffres et des phrases qui ne permettent pas de m’abonner! Comment faire alors?
    Cdt

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