Etudiantes et étudiants : vaccinez-vous.

Etudiantes et étudiants qui êtes déjà à l'université, et vous qui allez y entrer dès Septembre, faites-vous vacciner.

Pas pour éviter les formes graves : l'immense majorité d'entre vous êtes heureusement épargné.e.s.

Pas pour protéger les plus âgé.e.s : ils et elles sont heureusement en grande majorité vacciné.e.s.

Faites-vous vacciner pour tout un tas d'excellentes raisons qui demeurent d'une actualité brûlante, mais surtout, surtout, faites-vous vacciner parce que la ministre de l'enseignement supérieur Frédérique Vidal et beaucoup de présidents et de présidentes d'université n'attendent que le prétexte de votre non-vaccination pour valider ce qu'ils ont déjà commencé à acter et nous empêcher, vous empêcher de vivre une rentrée complète en présentiel. 

A l'université Paris 3 Sorbonne Nouvelle à la question "que deviennent les cours en amphithéâtre", il est écrit

"Les amphithéâtres impliquent un fort brassage et sont plus difficiles à aérer. C’est pourquoi, quelle que soit la jauge à la rentrée, tous les cours en amphi passent en distanciel asynchrone : le cours est disponible sur iCampus (plateforme pédagogique) et vous le consultez quand vous voulez, en respectant le rythme conseillé par l’enseignant ou l'enseignante."

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Vous avez bien lu. "Quelle que soit la jauge". Tous les cours en amphi seront en "distanciel asynchrone". Quoi qu'il en coûte. Son président osant l'argument moisi selon lequel cette brimade injustifiable serait "une sorte de levier psychologique (sic) pour signifier à chacun que les grands attroupements, c'est non.

A l'université de Strasbourg, le prêtre président Michel Deneken indiquait déjà en Mars 2021

"Nous ne pourrons revenir en présentiel à 100 %, ni à la rentrée prochaine ni dans un an." 

Mais Paris 3 Sorbonne Nouvelle et l'université de Strasbourg ne seront pas les seules universités à proposer de tels scénarios, scénarios qu'il nous faudra, comme enseignants-chercheurs, combattre absolument et refuser totalement. Mais pour aller au bout de ce combat et de ce refus, nous aurons besoin de vous tous et de vous toutes. Vacciné.e.s.

Nous n'aurons pas d'autre choix même si depuis déjà plus d'un an s'étalant sur 2 années universitaires fracassées nous rappelons qu'il est impératif de financer des travaux sur l'équipement en filtre HEPA et de revoir de fond en comble les systèmes de ventilation des amphis. Au mieux on nous explique qu'une commission est en train de réfléchir à la question (c'est la réponse que l'on m'a faite par 2 fois dans mon université avant de m'expliquer que tout allait bien et que tout était en règle), et au pire on nous regarde avec une forme de mépris agacé. Nous n'obtiendrons rien du ministère sur ce qui relève pourtant de l'évidence scientifique et de l'impératif sanitaire : parce que le ministère s'en fout et parce que les université n'ont depuis longtemps même plus les moyens de compenser l'abandon du ministère. Alors nous ne pouvons compter que sur notre vaccination complète ainsi que, surtout, sur la votre. Vacciné.e.s.

Le ministère et Frédérique Vidal tiennent déjà depuis de longs mois un discours tout à fait ambigu expliquant d'un côté que "le retour en présentiel est indispensable" mais que d'un autre côté, "la période a montré que le distanciel présentait des avantages et que des étudiants le préféraient (sic)." Les dernières notes d'intention qui commencent à tomber dans les universités semblent indiquer qu'officiellement la position serait celle d'un retour en 100% présentiel sans contrainte de jauge ni de distanciation avec port du masque et désinfection comme gestes barrières. Mais depuis la funeste loi Pécresse sur l'autonomie, chaque université peut, au seul prétexte de sa bonne ou mauvaise foi, s'abstraire de ces consignes ministérielles et faire concrètement ce qu'elle veut. 

En attendant une circulaire de rentrée qui devrait sortir dans les prochains jours, un rapport vient d'être remis le 28 Juin à Frédérique Vidal, rapport qui sur l'hypothèse d'un "retour à la normale" indique, accrochez-vous (je souligne) : 

"Le retour au 100% en présence sur l’ensemble des campus universitaires, annoncé en mai, doit être la boussole de préparation de rentrée. Tout doit être anticipé et organisé pour faciliter ce retour à la normale, c’est-à-dire un accueil des étudiants à due concurrence de la capacité d’accueil globale des établissements, dans la limite de la capacité d’accueil totale de chaque salle. Cela ne doit pas exclure pour autant la préparation d’un « scénario de repli », autrement dit d’un scénario de bascule, afin d’anticiper les conséquences sur le service public de l’enseignement supérieur d’une dégradation de la situation sanitaire au plan local comme national. Cela suppose de prévoir dès le départ des emplois du temps qui permettent de la souplesse et de l’adaptabilité en cours d’année, par exemple en optimisant l’ensemble de la semaine ou l’amplitude horaire journalière. Cela concerne aussi l’organisation des structures d’accueil (possibilité de jauge limitée à 50% de la capacité d’accueil de chaque salle)."

Le "retour à la normale", le "100% en présence", se ferait donc, "à due concurrence de la capacité d’accueil globale des établissements, dans la limite de la capacité d’accueil totale de chaque salle."

De l'avis unanime des gens ayant essayé de comprendre ce que voulait dire cette phrase, elle ne vise rien d'autre qu'à ouvrir autant de parapluies possibles qui permettront à la Ministre d'expliquer qu'on ouvre bien à 100% en présence mais que en fait non parce que vous comprenez on dépasse la capacité proportionnée d'accueil globale du campus au regard de la capacité corrélée d'accueil de chaque salle. Vous n'avez toujours rien compris ? C'est normal. C'est même fait pour. En fait il y a en ce moment au ministère un pauvre stagiaire ou un vague sous-directeur de cabinet en train d'essayer de rédiger la circulaire impossible.

La circulaire impossible c'est celle qui sera envoyée aux établissement une fois qu'on sera sûr qu'à peu près tous les gens en capacité de l'appliquer seront en vacances, et qui devra expliquer qu'on vise un retour à 100% des étudiants mais que chaque université est autorisée à trouver l'excuse moisie qui lui convient le mieux pour se soustraite à la règle du retour à 100% des étudiants : pas assez de taux de vaccination, salles trop petites, trop d'étudiants en même temps sur le campus, problème de financement, révélation christique sur la pertinence des cours en Zoom ou à distance pour permettre l'épanouissement des étudiants.    

C'est pour cela que pour faire poids et pour faire bloc et s'opposer à ce qui se profile aujourd'hui comme la troisième année universitaire susceptible d'être en partie ou totalement fracassée par le Covid dans ce qu'Emmanuel Todd nomme comme un exercice gérontocratique du pouvoir et qui est aussi une nécropolitique de la jeunesse, nous aurons besoin de pouvoir compter sur autant d'étudiant.e.s vacciné.e.s qu'il sera possible. Et qu'à ce jour, fin Juin, nous en sommes encore très, très, très loin.

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L'urgence est d'autant plus forte que tout le monde sait qu'à la rentrée les campus seront encore plus bondés que les années précédentes. Invitée ce vendredi matin sur Europe 1, Vidal avec la morne morgue qu'on lui connaît, osait s'enorgueillir de la création de 34 000 places supplémentaires dans les universités à la rentrée, alors que les chiffres de son propre ministère font état de cohortes de plus de 91 000 bacheliers supplémentaires à la recherche d'une place à l'université. Autant vous dire que de toute façon 34 000 places supplémentaires dans les facs sans l'once d'une création de poste d'enseignant pour les accompagner c'est à l'honnêteté intellectuelle ce que le charisme est à Frédérique Vidal : sa part manquante. 

Le principal risque sanitaire d'une reprise de l'épidémie pouvant mettre en danger les conditions de la reprise à l'université est aujourd'hui celui du variant Delta (anciennement variant Indien) et l'on sait que la vaccination Pfizer une fois complète (2 doses) protège efficacement contre sa contamination. En prenant rendez-vous maintenant ou même début août, le délai entre les deux doses Pfizer étant désormais de 3 semaines contre 6 initialement, il est possible d'envisager une rentrée où toutes et tous nos étudiantes seront totalement vaccinées et où l'argument du  maintien du distanciel n'aura donc d'autre motif légitime à brandir que celui de faire des économies méprisables, de se moquer de la qualité d'enseignement proposée aux étudiant.e.s, et d'adresser un doigt d'honneur supplémentaire à la jeunesse de ce pays. Auquel cas chacun en tirera les conclusions nécessaires. 

Alors si vous êtes étudiant.e.s ou si vous allez le devenir, vaccinez-vous. Vaccinez-vous parce que cette vaccination, la vaccination d'une jeunesse qui ne fait que survivre depuis déjà 2 années universitaires irrespirables, c'est un acte citoyen et ce sera un acte encore bien plus politique que n'importe quel bulletin de vote dans n'importe quelle élection. Vaccinez-vous tous et toutes cet été. Et que la rentrée de Septembre, votre rentrée, soit amphithéâtrale et joyeuse. 

8 commentaires pour “Etudiantes et étudiants : vaccinez-vous.

  1. Bonjour,
    Même université, même constat : ” Au mieux on nous explique qu’une commission est en train de réfléchir à la question (c’est la réponse que l’on m’a faite par 2 fois dans mon université avant de m’expliquer que tout allait bien et que tout était en règle), et au pire on nous regarde avec une forme de mépris agacé.” “Quelques” capteurs de CO2 à la rentrée pour vérifier les salle au coup par coup, dans une université de 40 000 personnes (étudiants + personnels) ! “pas de sous”. Avons intếrêt à mettre un capteur dans notre trousse. Mais point positif : volonté de vacciner les étudiants à la rentrée. Bonnes vacances, quand même !

  2. Hélas, j’osais espérer de votre part sinon des critiques, au moins des réserves sur cette campagne de vaccination de masse décidée par un gouvernement dont vous n’hésitez pas à montrer l’incompétence et l’aveuglement idéologique capitaliste (j’ose dire le mot).
    Je sais que le propos de votre papier n’est pas la politique de vaccination. Cependant présenter comme “politique” la vaccination alors qu’à ce jour on ne sait toujours pas si les vaccins protègent de la contagiosité, présenter comme “politique” la soumission à une politique sanitaire qui mérite elle aussi d’être critiquée me déçoit.
    Je constate depuis des années la dépolitisation de la jeunesse étudiante, laquelle reprend de plus en plus à son compte le discours victimaire dans lequel on l’enferme. C’est un très bon moyen d’éteindre ses velléités de rébellion. Que vous contribuiez à cette impuissance me désole vraiment.

  3. Chaklkla > il s’agit d’établir un rapport de force avec un pouvoir gouvernemental et avec des instances universitaires qui n’attendent qu’un prétexte pour priver les étudiant.e.s d’un maximum de cours en présentiel. Dans ce rapport de force, la vaccination des étudiants est, je le maintiens, une arme politique.
    Et l’on sait que les vaccins (complets = 2 doses) bloquent l’essentiel de la contagiosité même s’ils ne l’annihilent jamais totalement. Et qu’ils empêchent surtout les formes graves de la maladie. Ce qui est à mon sens suffisant au regard des 2 années universitaires cauchemardesques que nious venons de vivre et qui vont laisser des traces pendant encore au moins 2 ou 3 ans en termes de fragilité, de dépression, etc.

  4. ertzscheid olivier > Consentir à la vaccination serait un moyen d’établir un rapport de force ? Vous croyez que les étudiants vaccinés sauront mieux s’organiser pour réclamer plus d’enseignants, plus de places et le dégel des budgets de formation ?
    Nous verrons bien alors, car je ne doute pas qu’ils se précipiteront sur les 2 doses de vaccins génétiques qui « bloqueraient l’essentiel » en attendant bientôt que la 3e vienne bloquer l’accessoire de la contagiosité.

  5. Protection vaccinale et calendrier Il faut du temps avant que la protection n’atteigne son niveau maximum quelques semaines après la deuxième dose. Pour un vaccin à dose unique, les gens auront construit une immunité maximale contre COVID-19 quelques semaines après avoir été vaccinés.

  6. de mon expérience au début des années 2010, les cours magistraux en présentiel étaient déjà en train de devenir une sorte d’absurdité économique. En effet, nous étudiants étions déjà presque tous équipés d’ordinateurs, et nous nous refilions gratuitement les prises de note… et c’est là qu’on découvrait que le ou la même professeur faisait parfois le même cours au mot près depuis une demi-douzaine d’années ! cependant, même dans ce cas ce n’était certainement pas une absurdité pédagogique d’être présent régulièrement, et d’avoir la possibilité de poser des questions, néanmoins ces choses sont désormais entièrement réalisables par écrans interposés. Il serait étonnant que cela ait échappé aux dirigeants.
    Les inégalités réelles d’intégration sociale et donc d’appropriation du savoir dans sa pratique concrète, ne sont certainement pas réglées par le virtuel, mais elles étaient déjà là.
    Mis à part ça, la docilité vaccinaliste n’a jamais profité aux groupes sociaux les plus enthousiastes, justement parce qu’il s’agit de docilité vis-à-vis du biopouvoir. Elle est présentée comme acte citoyen, mais en fait acte la frontière entre le citoyen et le non-citoyen à qui on se réserve de retirer même le droit d’entrer dans un bureau de vote.

  7. framer/interface ligne > Absolument, comme le prouvent les pays qui ont le plus vacciné avec les vaccins génétiques (précision indispensable à ma réserve): Angleterre et Israël qui constate que cette « immunité maximale » lui a tellement profité que les autorités israéliennes envisagent de s’injecter une 3e dose juste pour le plaisir.

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