Facebook. Le livre des visages. Et des noms. Le trombinoscope de 2,8 milliards de personnes sur une planète qui compte près de 4 milliards de "connectés", le livre des noms va en changer, de nom.
Zuckerberg l'aurait annoncé, The Verge l'a révélé et depuis, toute la presse en parle, tout le monde joue aux devinettes. Quel sera le nouveau nom de Facebook ? L'hypothèse la pus probable voudrait que ce nouveau nom corresponde au nouveau virage stratégique de la firme, qui se veut aussi un nouveau visage : le "métavers". Et ce nouveau nom nous serait révélé, affirme The Verge, le 28 Octobre.
La dernière fois que Facebook à changé de nom, c'était pour supprimer l'article défini qui lui était accolé lors de sa création, quand il s'appelait encore "The Facebook".
Killing in the Name Of …
Sur Twitter on a beaucoup discuté et blagué sur le sujet. "Facebook" deviendra-t-il … "Métavers" ? "Life" ? "World" ? "Social" ? "Virtual" ? "People" ? "Horizon" comme le nouveau parti d'Edouard Philippe nom de son appli par encore sortie de réalité virtuelle ? Ou alors "Blue" (rapport au daltonisme du patron) ? Ou "42" parce que c'est le sens de la vie, de l'univers et de toute le reste ? Ou bien encore "Numbers" pour concurrencer "Alphabet" (le nouveau nom de Google). Ou peut-être même "Corinne" pour ne pas déplaire à l'égérie du noé-fascisme décomplexé ?
S'il faut prendre un pari alors je parie sur "Reality". Parce que c'est un élément de langage qui revient beaucoup dans les différents et récents posts de Zuckerberg, et que cela boucle avec ses ambitions de la "virtualiser" ou de "l'augmenter" (la réalité).
Mais au-delà du choix, pourquoi choisir de changer de nom ? D'abord précisons que le réseau social "Facebook.com" ne changera pas de nom. C'est la structure de l'entreprise qui porte à la fois Instagram, WhatsApp, Messenger et Facebook (et plein d'autres) qui va changer de nom. La maison mère donc. Exactement comme en 2015 Google (la société, pas le moteur) était devenue "Alphabet".
En termes de stratégie de marque, les raisons du changement sont les mêmes que pour Google il y a 6 ans : suite à de nombreux et récurrents scandales (parmi lesquels la fronde de ses anciens ingénieurs alimentant le mouvement Techlash, Cambridge Analytica bien sûr, le génocide des Rohingyas, les Facebook Files et les révélations de Frances Haugen, et hier encore un nouveau lanceur d'alerte …) cela permet d'adresser différemment les reproches et les poursuites sur une nouvelle entité et donc de disperser (un peu) la focale médiatique autour de la "marque" Facebook. Car la marque Facebook est depuis quelques années maintenant, en train de subir une forme récurrente de "defacing" politique, symbolique et commercial, il lui faut donc d'urgence montrer un nouveau visage, et cela passe par un nouveau nom.
Sur le coeur des activités de la firme, ce "naming" permettra aussi d'affirmer un nouveau "modèle d'affaire", tourné donc autour de ce qui n'est pour l'instant qu'une chimère étriquée baptisée "Métavers", mais qui semble structurer depuis plusieurs années la psyché un tantinet monomaniaque de Zuckerberg.
Sur le plan des poursuites juridiques, cela ne changera – heureusement – pas grand chose aux affaires en cours.
Sur le plan boursier enfin, cela devrait "rassurer les investisseurs" comme on dit dans les chroniques éco. et faire temporairement et légèrement sursauter le cours de l'action. C'est toujours bon à prendre.
Say My Name.
Si les noms disent toujours quelque chose des gens et des choses, dès lors qu'ils sont choisis, alors nous verrons ce que le nouveau nom choisi par Zuckerberg dira de son entreprise et probablement de lui-même, dans son imaginaire performatif autant que dans son argumentaire marketing. Ainsi la pomme croquée, initialement aux couleurs de l'arc-en-ciel, de la firme "Apple" fut un hommage au mathématicien Alan Turing, mais elle peut aussi être symboliquement interprétée comme une référence au fruit défendu de l'arbre de la connaissance. Ainsi le nom "Google" (initialement choisi en référence au nombre Gogol) devint donc en 2015 "Alphabet" comme en hommage et en dette envers cette ressource naturelle commune qu'est le langage, sur lequel le moteur bâtit son algorithme et son empire, et qu'il contribua à transformer en un marché spéculatif comme les autres. Notez que la maison mère de Google n'est d'ailleurs pas à l'adresse Alphabet.com mais à celle-ci : abc.xyz, l'extension .xyz ayant été créée à dessein.
Alors Facebook deviendra-t-il Reality ou autre chose ? Rendez-vous la semaine prochaine pour en reparler et vérifier toutes nos prédictions. Mais une chose est sûre, après le Social Network, Zuckerberg entend bien avancer dans sa quête du Social NetWorld.
Qui est « Corinne, l’égérie du néo-fascisme décomplexé »? Pas compris l’allusion.