J’ai reçu une lettre de Christelle Morançais. Enfin pas moi. Pas directement. C’est l’épicerie solidaire du Campus de l’université de Nantes à La Roche sur Yon qu’on a créé et qui depuis 4 ans et désormais tous les jeudis organise des distributions alimentaires pour éviter (un peu) aux étudiantes et aux étudiants de crever de faim et de misère, c’est cette épicerie solidaire qui a reçu une lettre. Cette lettre de Christelle Morançais elle dit ceci :
Des lettres comme ça il y a des centaines d’acteurs, de structures, d’associations, dans le domaine de la culture mais aussi des solidarités, du sport, de l’égalité homme-femme, de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, qui ont reçu les mêmes. Nous on a de la chance parce qu’on a une lettre. D’autres n’ont eu qu’un SMS. Je vous jure que c’est vrai.
Cette lettre moi elle me fout dans une rogne qui va m’amener à qualifier Christelle Morançais pour ce qu’elle est ou en tout cas pour ce qu’elle représente politiquement dans le cas d’espèce, c’est à dire une saloperie de vérole qui me prend, qui nous prend, pas simplement pour des cons mais pour autant de torcheculs au service de la merde politique et idéologique qu’elle agite et qu’elle brasse.
C’est la troisième fois en quelques jours que je vous parle d’elle.
- Episode 1 : « Christelle (mange tes) Morançais : culture killeuse en pays de la loire«
- Episode 2 : « Christelle (Volde)Morançais : heureuse qui communique.«
Il faut mesurer, mais vraiment, l’immense saloperie que constitue cette lettre et la politique qui la sous-tend. Tous les jeudis de toute l’année universitaire, avec quelques collègues et surtout avec tout un groupe d’étudiantes et d’étudiants formidables on décharge des putains de camions de la banque alimentaire, on les range dans notre épicerie, et on est là, jusqu’à 19 ou 20h pour permettre, toutes les semaines, à près de 160 étudiantes et étudiants de sentir un peu moins la vie chère et la misère. Toutes les putains de semaines. Entre deux cours, par tous les temps, comme on peut, avec des bénévoles quand ils et elles le peuvent. Toutes les putains de semaines. C’est pas toujours folichon ce qu’on leur propose aux étudiantes et aux étudiants, parce que comme tous les partenaires avec qui on bosse (banque alimentaire, restos du coeur, féminité sans abri, planning familial, etc) c’est super tendu. Tout le monde manque de tout. On aimerait pouvoir leur filer davantage, davantage de pâtes, de riz, de viande, de légumes, de produits d’hygiène. Mais on est là. Et on y reste. Et on tiendra. Parce que la misère qu’on observe, elle va avec la colère. Et la colère, Christelle Morançais, c’est un moteur d’action dont tu n’imagines même pas la force et l’inertie qu’elle permet de déployer. Et comme chacune de tes putains de décision fait monter notre colère, tu vas encore patauger dans la merde pendant longtemps.
Pour le reste on a compris et je l’ai déjà écrit dans les épisodes précédents. Tu mènes, Christelle Morançais, une putain de guerre idéologique, et tu es, Christelle Morançais, le poste avancé d’un projet civilisationnel d’extrême droite.
Mais ta lettre Christelle, cette lettre. Oh putain de bordel de merde. Ecrire à une épicerie solidaire d’un campus universitaire pour lui expliquer que tu vas cesser de lui donner de l’argent (tu n’en donnais déjà pas beaucoup d’ailleurs) bah à la rigueur pourquoi pas, t’es de droite, c’est la crise, tu préfère taper ici plutôt qu’ailleurs, pourquoi pas, c’est de la politique. Mais écrire cela au prétexte et au motif que tu dois te recentrer sur tes « priorités stratégiques » et que l’argent que tu nous enlèves, que tu enlèves à une association qui aide les étudiantes et les étudiants à bouffer chaque semaine, écrire que cet argent va te permettre de préserver tes « capacités d’investissement, notamment en direction de nos politiques en faveur (…) de notre jeunesse » … mais bordel Christelle, il faut vraiment avoir une capacité à prendre les gens pour des cons qui transcende ta propre capacité à l’être. La prochaine fois demande à ChatGPT de rédiger les courriers que tu envoies, il devrait être en capacité de faire preuve de davantage d’humanité ou d’en tout cas moins de cynisme ou de bêtise que toi.
« Comptant sur votre compréhension ». Ah bah là par contre non hein. Notre compréhension c’est mieux que tu ne comptes pas dessus et que tu ailles bien te faire cuire le cul. Va bien te faire cuire le cul sur le brasier de nos colères. Et chaque fois que tu sentiras la chaleur qui monte qui monte qui monte, imagine-moi, imagine-nous en train de souffler sur les braises.
L’argent de la Région, on va s’en passer. Tu ne nous laisses pas d’autre choix que ce qui est ton choix. Mais la catastrophe qui arrive, les étudiantes et les étudiants vont la prendre en pleine gueule et nous aussi. Cette catastrophe, en plus de celle qui touche les acteurs des solidarités avec qui on bosse, c’est ce qui est en train de se passer, pour les mêmes motifs (la crise, la dette, la baisse du budget, le gouvernement de tartignolles qui pilote tout ça), dans toutes les universités. Le compte X de France Universités (les présidents et présidentes d’universités qui sont pourtant bien à l’abri d’être des radicaux et des gauchistes) ressemble actuellement à un mix entre un rituel funéraire de l’université publique et un congrès de la CNT.
Morceaux choisis :
- L’université de Tours tire le signal d’alarme.
- Le président de l’université de Clermont Auvergne demande un plan de refinancement massif.
- Les mesures drastiques de l’université de Reims pour trouver 3 millions.
- Le président de l’université de Lille s’alarme : une autonomie sans moyen cela ne sert à rien.
- Si on était une entreprise, on serait en faillite. La présidente de l’université de Montpellier déplore le manque de moyens.
Et cela continue. C’est sans fin. Ici il manque 3 millions, là-bas il en manque 9. Derrière ces millions qui manquent il y a des contrats (déjà précaires) qui vont s’arrêter, il y a des formations qui vont fermer, il y a des services aux étudiantes et aux étudiants qui vont totalement disparaître, il y a l’offre des BU qui va encore diminuer.
Je joue souvent le rôle de Cassandre depuis près de 25 ans que je chronique (aussi) ma vie universitaire, mais cette fois-ci je vous promets que le mur, on a déjà commencé à le percuter. L’onde de choc elle arrive et tout le monde va la prendre dans la gueule à la rentrée de Septembre 2025 au plus tôt et de l’année suivante au plus tard. Parce que le peu de « fonds propres » que les universités récupèrent via l’apprentissage, ce modèle là est en cours d’explosion aussi : toutes les tendances sont à la baisse. Les milieux professionnels annoncent déjà dans plein de secteurs qu’ils arrêtent de recruter des alternants. Et il ne reste qu’une et une seule solution. Que jusqu’à présent les présidentes et présidents d’université se sont refusés à appliquer. Et cette solution c’est l’explosion des frais d’inscription à l’université publique. Toutes les universités sont concernées. Toutes. Et toutes sont dans l’urgence d’arbitrer ce choix mortifère : soit laisser exploser les frais d’inscription, soit laisser laisser détruire et fermer des pans entiers de formations et de services universitaires (et virer, laisser partir, ne pas renouveller tout un tas de collègues).
Et derrière, celles et ceux qui vont morfler le plus, ce sont nos étudiantes et nos étudiants. Qui continueront donc d’affluer encore plus nombreuses et nombreux dans les distributions alimentaires qu’organisent aujourd’hui, sous des modalités différentes, la plupart des universités. Et que cette céleste quiche vérolée de Christelle Morançais va arrêter de financer parce que sa priorité c’est d’investir notamment en direction de la jeunesse.
Alors une dernière fois, pour cette lettre que tu nous a adressé, et pour l’ensemble de ton oeuvre, VA BIEN TE FAIRE CUIRE LE CUL Christelle Morançais (et n’oublie pas de prendre avec toi Patrick Hetzel comme compagnon de Brasero fessier). Et compte sur moi pour continuer de souffler sur les braises.