On parle beaucoup outre-atlantique des universitaires qui blogguent (en même temps ici aussi même si j’ai un peu délaissé Francoblogsciences mais je vais m’y remettre). On s’y demande s’il est bon poour un universitaire (ou pour les prétendants au titre) de se lancer dans la blogosphère. On y remarque qu’il n’est plus rare que les jurys jettent un oeil sur les blogs des candidats qu’ils auditionnent et que cela puisse interférer avec leur décision de co-opter ou non lesdits impétrants. On commence également à y voir les premiers cas d’universitaires remerciés pour avoir blogué trop vite ou mal à propos. Cet article (signalé par Nicolas) ouvre une perspective intéressante qui met en parallèle les contenus de blogs tenus par des universitaires et les modes de publication "ouverts" (Open access). Extrait :
- "And if a blogger does have something serious to say, why is he
presenting it in a superficial medium, rather than a peer-reviewed
journal? At the same time, it is hardly a secret that lots of
peer-reviewed material and articles in prestigious academic reviews are
neither very good nor widely read."
Michael B. Eisen, enseignant la biologie à Berkeley et co-fondateur de la Public Library of Science, indique que (je traduis) "les bloggueurs universitaires font face aux mêmes défis que les scientifiques qui publient dans les journaux open source." Et l’article de poursuivre en posant la question des modèles éditoriaux de type "peer-review" (revue par les pairs) qui pourraient s’appliquer aux blogs universitaires : "So, how might a blog be peer-reviewed ?"
Sans prendre position, il me semble qu’il n’est aucun blog "scientifique" individuel (celui que vous lisez affiche en la matière quelques -très- modestes prétentions) qui ne s’autorise quelques écarts éditoriaux. La plupart auraient même tendance à faire part égale aux photos du petit dernier et aux réflexions sur la science ou la discipline concernée. Seule exception, les blogs scientifiques collaboratifs tenus par plusieurs auteurs (un exemple) quoi que même pour ce dernier, en cherchant bien …
Pour autant, je demeure convaincu que les blogs peuvent apporter à la renégociation en cours des processus de validation scientifiques une nouvelle "facette". Sinon un nouveau modèle, à tout le moins une nouvelle "ligne de fuite". Mais pour cela, il faudrait que nous soyons plus de 19 🙁
Addendum : à lire aussi : "Can (should) academics be bloggers ?"
Je pense que cela participe d’un phénomène plutôt intéressant qui consiste à étendre le spectre des moyens d’expression pour les chercheurs: la sacro-sainte thése ou même le journal paper s’efface parfois (selon les disciplines et la paradigmes on s’entend) devant: d’abord les conference papers, les workshop paper, les technical reports et autres pre-prints et… les blogs.
Il me semble également que le poids de l’informel devient de plus en plus important: workshop papers, idées de recherche transmies dans les blogs, rencontre intra-labo (séminaire interne) dans lesquels la recherche est mélée à d’autres sujets.
Cet informel permettant un retour d’un multitude de points de vues, une confrontation au réel (à la fois à la réalité académique vue dans le prisme des rencontres informelles ou des blogposts ainsi qu’à l’avis des entreprises ou des journalists parfois)
(pardon pour les angliscismes)
Assez d’accord avec Nicolas mais je pense qu’un blog est aussi susceptible d’être un moyen de publication scientifique si les billets prétendant à ce statut sont bien identifiés / différenciés des autres et si la légitimité de l’auteur est réelle sur le champ traité. Surtout, j’attends avec impatience de voir si l’utilisation des commentaires peut aboutir à une sorte de « peer-review » informelle. Dans ce cas, la légitimité d’un blog « scientifique » pourrait venir en partie de la qualité des commentateurs. Le problème est bien sûr que le blog suppose des commentaires libres et, donc, inévitablement hétérogènes. A moins que se mette en place une sorte d’auto-régulation du fait, justement, de l’autorité de l’auteur de blog sur son champ. A voir…