Le temps de "penser" ce que recouvrent l’avènement et les mutations de notions comme "l’écologie cognitive", les "écritures hypertextuelles", les "mémoires collectives", les "technologies intellectuelles", et d’autres. Car elles encadrent et éclairent les enjeux sociétaux qui sont en train de se nouer autour d’éléments technologiques aussi divers que les blogs, les bibliothèques numériques, les technologies de recherche et d’appropriation, les logiciels sociaux. Prendre le temps d’y "penser" donc et non plus simplement de les "signaler" au détour d’un billet. C’est ce temps qui nous est donné à lire dans les remarquables textes de Jean-Max Noyer et d’Alain Giffard.
De ces textes je retiens (pour vous donner envie) :
- la notion de "communauté d’oeuvre" qui dépasse celles de "communautés de pratique" et de "communauté d’intérêt" et ma paraît plus apte à rendre compte avec justesse de ce qui se noue aujourd’hui à la confluence de pratiques d’écriture et d’appropriation des savoirs.
- que "les champs disciplinaires sont traversés par des hétérogénèses de plus en plus puissantes"
- que "les dimensions collectives de la production, circulation, consommation des savoirs sont en voie de différenciation accélérée."
- que "le projet de Google nous conduit à penser à nouveau la question des rapports entre une conception universelle et générale voire totalisante de la mémoire, à travers la Bibliothèque, comme instance centrale et dominante, alors même que la mémoire du monde numérique apparâit comme un agrégat vivant de mémoires de plus en plus différenciées, elles-mêmes dynamiques et mettant en oeuvre des pratiques d’exploration et d’exploitation de ces mémoires très variées."
- "la question du texte ne se pose pas isolément : la signification de chaque texte est spécifiée par sa place au sein de la collection." (…) "autrement dit, le projeet de bibliothèque numérique doit dire en quoi ces textes numériques se distinguent des autres, en quoi ils forment une collection."
- "(…) sur Google Print, il semble bien que le classement sera strictement le produit du nombre de demandes (…) Google Print s’éloignerait ainsi de l’hypertexte, de la philosophie du web, des idées même de Google."
- "le financement de Google par la publicité (…) s’appuie aussi sur le métier de Google, sur une activité de quasi-bibliothécaire : la création puis la vente de mots-clés. Son thesaurus est un thesaurus".
Prendre le temps d’entrer en ces textes c’est se donner les moyens d’en ressortir plus riche, c’est aussi entrer dans une pensée "entropologique" de l’hybridation des savoirs, des écritures, des dispositifs et de ceux qui les "font".
Source : le texte d’Alain Giffard et celui de Jean-Max Noyer.
Bonjour,
Ce post (et bien d’autres) de votre excellent blog m’inspire plusieurs réflexions.
Depuis plusieurs années, Internet met à notre disposition une masse d’information considérable que les systèmes de recherche d’informations (moteurs, bases de données…) ne réussissent guère à maîtriser en délivrant des résultats toujours plus nombreux. Cette chasse au gigantisme entre Google, Yahoo et Microsoft ne fait que commencer, même si ces trois « monstres » proposent désormais un web plus structuré et personnalisé (Yahoo Actu, Google Base, Mon Yahoo…).
Parallèlement à ces firmes à finalité commerciale, le monde des blogs et fils RSS ne cesse de se développer pour devenir un nouveau mode de consommation de l’information. Ils vont jusqu’à transformer le « chercheur » en « trouveur » selon votre expression.
Toutefois, chercher de l’information nécessitera toujours un effort intellectuel important. Trop souvent nous grappillons de l’information ici et là en zappant d’un média à un autre. Il ne reste souvent que le sentiment superficiel de savoir. Au risque de conduire à un état de « malbouffe » comme l’a parfaitement souligné une étude de l’Observatoire du débat public.
Qui accusé ? Des médias de plus en plus racoleurs ? La multiplication des dépêches AFP sans saveur ? Nous ? Probablement, tant notre relation au temps a changé. Dans un monde qui va de plus en plus vite, nous nous réfugions dans l’instant. Les informations se succèdent les unes aux autres sans création de valeur. C’est peut-être là que se trouve une partie du problème. A nous de (re)créer notre univers informationnel. Le véritable défi de notre société de l’information est finalement dans la capacité de chacun à prendre le temps de l’analyse. Nous pourrons alors tirer profit de l’information disponible et mieux échanger grâce aux fabuleux outils offerts par le web.