Le petit monde des moteurs de recherche et de ceux qui en causent n’ont parlé que de cela au réveillon. Le nouveau-futur-potentiel-tombeur-de-Google. Depuis le temps que l’on l’annonce … Et vu l’état de Quaero 🙁 …
Faut dire que le dernier candidat sur les rangs à de la prestance : rien moins que celle de Wikipedia, le plus jeune mais aussi le plus emblématique des 3 piliers d’une révélation cognitive. Bien. Passons aux faits : Un moteur de recherche baptisé Wikiasari, annoncé pour début 2007 par Jimmy Wales (cofondateur de Wikipedia). Le site (wiki) officiel est là. Site officiel qui revendique dès l’entame une filiation avec d’autres projets tels Nutch et Lucene et lance un appel aux bonnes volontés :
- pour développer "une alternative open-source pour la recherche sur le web"
- pour contribuer à alimenter des "people-powered search results"
Un rapide détour sur … Wikipedia, nous apprend que "Wikiasari (previously called Wikia) was an earlier project run by Wales that attempted to create a copyleft search engine . The idea was revisited in late 2006, for a possible re-launch in 2007."
Le Times
indique que ce projet réunit les forces de Wikipedia et d’Amazon
(société décidemment très active et innovante en cette année 2006). Un partenariat qu’Olivier Andrieu indique relever de la rumeur, ce dont je doute au vu des éléments indiqués dans le Times (voir plus bas dans ce billet). Dans l’entretien accordé au même Times, Jimmy Wales indique que son objectif est de permettre à une "communauté de croyance" ("community of trust") d’indiquer si une page est intéressante ou non, ce que, toujours selon lui, les logiques algorithmiques des moteurs de recherche sont de facto incapables de faire : “We just look at the page. It usually only takes a second to
figure out if the page is good, so the key here is building a community
of trust that can do that.”
L’info la plus complète sur ce projet se trouve dans l’entrevue accordée par Jimmy Wales à Danny Sullivan sur son nouveau SearchEngineLand. Où l’on apprend :
- qu’Amazon à bien donné de l’argent (beaucoup) à Wikia (société commerciale de Jimmy Wales, porteuse du projet), mais n’a rien à voir avec le projet de moteur de recherche.
- que le projet en est à la version "pre-pre-alpha", et qu’il faudra bien un an ou deux pour étudier le lancement d’un outil de recherche viable.
- que ce sera complètement indépendant de Wikipedia
- que sur le fonctionnement exact de ce projet, son initiateur lui-même en est encore aux spéculations : "a human type process
that we can empower people to guide the spider" - que tant que l’on ne sera pas capable de lire dans les pensées, les moteurs quels qu’ils soient seront toujours confrontés à leur problème numéro 1 : la désambiguïsation.
- le reste de l’entrevue est à l’avenant : globalement décevant, tant il ne semble y avoir pour l’instant aucune réflexion sur le modèle économique, la puissance machine nécessaire et autres babioles pouvant conditionner la sortie d’un concurrent à Google (ou à d’autres)
Au final (et si j’ai tout bien compris …), Wikiasari pourrait être le nouvel avatar, la nouvelle incarnation (réincarnation ?) de feu les "annuaires de recherche". La puissance collaborative de wikipedia et ses wikipédiens (wikisariens ?) étant en la matière un atout décisif lui permettant de passer l’effet de seuil qui bloque si souvent les sites de recherche à vocation collaborative/communautaire. Pour cela il faut encore que l’effet vortex joue à plein, ce qui n’est pas acquis. A moins que, comme indiqué par Danny Sullivan : "Maybe the mere concept of the Search Wikia project
will encourage the major search engines to do more in this area".
Autre piste intéressante dans ce vaporware project, celle d’un annuaire non plus pré-édité à la manière du glorieux mais de plus en plus mal en point Dmoz, mais un annuaire post-édité, interrogeant sous un nouvel angle les processus éditoriaux ayant cours sur le web dans ces documents générés que sont les résultats des moteurs de recherche.
Où si l’on préfère, une version "search" de la communauté de l’anneau (de croyance) 😉
Et pendant ce temps, tout le monde cherche le phare de Thésée 🙂
(Via Francis Pisani. Voir aussi : Olivier Andrieu y croit, la génèse du projet sur la liste de discussion officielle du même projet.)
le mot trust est en effet bien curieux dans ce contexte!
content de retrouver affordance sur le pont!
« Communauté de confiance » traduirait-il pas « community of trust » de façon plus banale mais plus exacte, non?
Où as-tu trouvé cette ésotérique « communauté de croyance »?
Michel> Oups … 🙁 Dans mon esprit fatigué, probablement d’une inconscient association sémantique avec les « réseaux de croyance ». Merci d’avoir rectifié 🙂