La bibliothèque du congrès et FlickR : des accès desaxés

3000. C’est le nombre de photos que la bibliothèque du Congrès vient de mettre en ligne sur … FlickR. Oui, oui. Vous avez bien lu. Sur FlickR. Après les ouvrages dans Google Books, les fonds iconographiques des bibliothèques (et non des moindres …) sur FlickR. A méditer d’urgence.
Non, la LC (Library of Congress) n’a pas réalisé un site en flash hébergé sur ses serveurs et accessible depuis son propre site. Non elle n’a pas monté son exposition virtuelle. Elle est pourtant des quelques bibliothèques de la planète qui peuvent se permettre ce genre de fantaisie sans rencontrer de blocages financiers majeurs. Mais elle ne l’a pas fait. A la place, elle est allée mettre ses donnés, là ou sont les usagers. Ces mêmes usagers qui quand ils cherchent de l’information … vont sur Google, qui quand ils cherchent des bouquins … vont sur Amazon … et qui quand il veulent voir des photos … vont sur FlickR.
Ce que traduit cette (heureuse) initiative c’est la simple reconnaissance par le monde des bibliothèques de la logique de l’accès qui prévaut aujourd’hui pour l’ensemble des industries culturelles, dont elles – les bibliothèques – font partie (même si c’est le plus souvent à leur corps défendant).

A la question : "pourquoi la LC met-elle ses photos sur FlickR ?", la réponse de la FAQ du projet est limpide :

  • "Pour partager ces collections photographiques avec ceux qui ne visitent pas notre site"
  • "Pour mieux comprendre en quoi l’indexation sociale pour nous apporter des idées d’amélioration de nos services et de nos fonds"
  • "Pour accroître notre expérience et notre implication dans des communautés web partageant des centres d’intérêts communs avec les collections de bibliothèques."

C’est à mon avis incontestablement la bonne direction à suivre. Il faut aller chercher les usagers là où ils sont. Et si l’on peut être sûr d’une chose, c’est que les usagers ne sont pas sur les sites des bibliothèques. En tout cas certainement pas de prime abord, certainement pas de "prime accès". Mettre à disposition des fonds documentaires professionnellement construits et administrés, sur des services privés mais publiquement accessibles et massivement accédés, autoriser les publics, TOUS les publics, à indexer à leur tour ces fonds documentaires quelle que soit leur nature, laisser les publics se les approprier (l’un des objectifs du projet est de permettre aux usagers d’indexer, de tagguer ces images), c’est probablement le meilleur moyen de recréer le désir … d’aller en bibliothèque.
De son côté le service FlickR a compris tout l’intérêt stratégique de tels partenariat, et il vient en conséquence d’ouvrir un espace "FlickR Commons", destiné précisément aux organismes publics.

Rendons-donc grâce au maître Yoda de la Force bibliothéconomique et méditons, jeunes padawans que nous sommes, son lumineux enseignement :

  • "ce qu’on a de plus intéressant ce ne sont pas nécessairement des
    interfaces, mais des données; et il faut aller mettre nos données là où
    sont les usagers, en leur permettant de se les approprier.
    "

CQFD.

(Source : le blog de la LC & Maître Yoda Morin. Autres points de vue : Descripteurs – qui insiste sur l’aspect animation et valorisation patromoniale du projet – Ecrans)

9 commentaires pour “La bibliothèque du congrès et FlickR : des accès desaxés

  1. Bonjour,
    A propos, ça bouge un peu en Europe… Le démarrage de CACAO a eu lieu la semaine dernière. Il s’agit d’un projet européen de requêtes multilingues qui regroupe des bilbiothèques allemandes, polonaises, italiennes, françaises et hongroises ainsi que des sociétés spécialisées dans le traitement linguistique.
    La liste des bibliothèques impliquées est la suivante:
    France: Cité des sciences
    Italie: Bolsano
    Allemagne: Goettingen
    Pologne: Kornik
    Hongrie: Budapest
    Je sais que faisant partie du consortium, je nous fais un peu de pub, mais il me semble que c’est une initiative intéressante, dont le départ est l’université de Bolsano, rare exemple d’une université bilingue allemand/italien (trilingue même car certains cours sont donnés en anglais)…
    Voilà…

  2. Quelques observations:
    > la notion de bien public sur un espace privé
    Cela ne semble pas plus choquant que de publier ce genre de photos dans un livre vendu en librairie (privée) et publié chez un éditeur (souvent privé lui aussi).
    On peut aussi comparer la démarche de la LoC avec celle de la BnF qui vend ses images comme une Agence:
    http://www.pixpalace.com/
    En plus, c’est réservé aux professionnels des médias.
    > Petite opération de communication intelligente pour la plus grande bibliothèque du monde ; c’est du référencement
    S’ils font ce qu’il disent vouloir faire, c’est certainement une assez grosse opération, et sûrement pas (en tout cas pas uniquement) du référencement.
    Je m’occupe d’un projet un peu similaire, PhotosNormandie, actif depuis un an environ sur Flickr également:
    http://www.flickr.com/people/photosnormandie/
    C’est déjà un gros travail de préparation, de recherche, d’animation, de rédaction, de gestion, etc.
    Je n’ose imaginer le travail que devra accomplir la LoC pour trier, vérifier, exploiter en bref le flot de commentaires et propositions de tags qui leur tombe dessus.

  3. D.VDA> Je crois que le référencement sera davantage une conséquence qu’une cause. La LoC disposant déjà d’un excellent référencement et d’une visibilité optimale.
    Mercure> Les « droits » restent inchangés. Et sur le second point (public/privé), je te renvoie à ce billet de Nicolas Morin (http://www.nicolasmorin.com/blog/?p=494) Par ailleurs la démarche est ici radicalement différente de celle (par exemple) de Google Books : FlickR ne fournit QUE l’hébergement et le service. La LoC reste entièrement maître de l’organisation de sa collection, je la mise en ligne, de la numérisation, etc, etc. Je ne crois donc pas (toujours à la différence de Google Books) qu’il y ait péril en la demeure.
    Claude> un peu plus d’infos sur CACAO ? (site web ?)
    Patrick> OK sur tout 🙂

  4. Il y aura un site web officiel d’ici la fin du mois de février…
    Ça fait partie des obligations désormais des projets européens…
    L’idée de base est d’offrir un mécanisme de traduction des requêtes dans les catalogues des bibliothèques qui permet à des utilisateurs d’obtenir des documents dans plusieurs en langue à partir d’une requête.

  5. Heu… heureusement pour le livre et les libraires, quand je cherche un bouquin je ne vais pas sur Amazon mais dans ma bonne librairie de quartier !!

  6. Archives en ligne : 5 points à garder en tête

    Le 25 janvier dernier, table ronde organisée dans le cadre des Rencontres 2008 du cinéma de patrimoine et des films restaurés et prix Henri Langlois (c’est peut-être un peu long, comme intitulé de manifestation, non ?). Trop d’intervenants, qui ont pré…

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