Vous l’aurez remarqué, le rythme de publication d’Affordance est en baisse depuis au moins deux mois. La faute :
- aux journées remplies de jurys et de soutenances
- aux journées passées à tester les nouveaux équipements de la SNCF pour aller causer dans différents colloques (de préférence situés à plus de 10 heures de train de mon lieu de résidence)
- aux journées remplies de corrections de copies diverses
- aux journées remplies de coups de fil à passer pour voir comment se passent les stages de nos gentil(le)s étudiant(e)s
- aux journées remplies de la lecture des rapports (pour arriver aux jurys et soutenances en les ayant lus, ce dont les étudiant(e)s nous sont généralement assez reconnaissants)
- aux nuits remplies d’articles et de chapitres d’ouvrages à écrire …
- aux journées permettant de se remettre des nuits passées à écrire des chapitres d’ouvrages en sommeillant légèrement lors des soutenances et autres jurys (mais nooooooon !)
Je viens ainsi de boucler un 75 000 signes qui sera l’un des chapitres du bouquin consacré au prochain séminaire INRIA "IST 2008". Article de "prospective sur les moteurs de recherche" dont voici (petit cadeau), la conclusion :
- "Implicite, sémantique, sémantisé, synchrone, mixé et remixé (mashups), applicatif, ubiquitaire, granulaire, collaboratif … les adjectifs ne manquent pas pour dresser l’inventaire des progrès actuels et des ambitions futures des outils d’accès et de recherche d’information. Mais l’évolution des moteurs de recherche ne peut être observée ou même pensée en dehors d’une approche plus globale sur la nature des contenus et des usages sur le Net. Elle ne peut pas davantage l’être sans prendre en compte les paramètres économiques qui bouleversent actuellement des pans entiers des industries culturelles. A ce titre, les moteurs de recherche sont de formidables catalyseurs d’un ensemble beaucoup plus vaste de problématiques ; ils font figure d’objets d’étude à part entière et ce bien au-delà de leur simple dimension algorithmique. Ils interrogent, au double sens du terme, des pans entiers de nos vies numériques.
Qu’il s’agisse de vie publique, de vie privée, mais également de l’offre de substitution qu’ils proposent déjà sur des secteurs et des enjeux de premier plan comme la médecine ou la génomique, l’urgence est de poser la question de l’opacité des algorithmes conjuguée à celle de leur omniprésence. Il est aujourd’hui absolument nécessaire d’ouvrir un débat autour de l’écosystème non plus simplement documentaire mais politique qu’ils représentent. Faute de quoi, devant des usages de plus en plus conditionnés à des logiques marchandes instrumentalisant les données collectées au cours même du processus de recherche, c’est l’usager et lui seul qui, dans l’ignorance de ces logiques, se trouvera totalement instrumentalisé, devenant dans un mouvement réflexif paradoxal, le seul et unique objet de sa recherche.
Pour ne prendre qu’un seul exemple lié à l’explosion du phénomène des réseaux sociaux qui « ouvrent » désormais l’immense catalogue des individualités humaines qui les composent à l’indexation par les moteurs de recherche, et qui proposent par ailleurs des options de sémantisation déjà efficientes, c’est la question de la pertinence des profils humains qui se trouve posée, celle de savoir si l’Homme est ou non, un document comme les autres .
Avec leur perpétuel effet miroir, dans le panoptique sans cesse actualisé qu’ils mettent à notre disposition mais dans lequel ne se donnent à lire que leurs propres dispositions, les moteurs font basculer la question de la politique documentaire dans une dimension et à une échelle inédite, celle d’une macro-documentation du monde, aujourd’hui nécessairement politique." La suite lors de la parution de l’ouvrage du séminaire (fin Septembre 2008)
Auparavant, je m’étais acquitté d’un petit exercice de style qui m’avait gentiment été demandé pour le prochain numéro de la revue "Documentaliste/sciences de l’information", avec comme seule consigne : "un texte d’une page sur la gestion de contenus en 2038". Voila voila voila … Et donc hop, deuxième petit cadeau, la conclusion dudit exercice :
- "Vers 18h en sortant du travail, Bob jette un œil distrait au fronton du bâtiment d’Amazoog où scintille la devise de la firme. « Your Lifes. Our Memory. » Vos vies. Notre mémoire." La suite lors de la parution de la revue (septembre 2008 ?)
Auparavant également, je m’étais encore acquitté d’un article reprenant pour l’essentiel le contenu de mon intervention au séminaire du GDR-Tics sur le thème : "L’homme est un document comme les autres". Je ne sais pas encore où l’article paraîtra (peut-être dans le revue Hermès), ni quand … mais il paraîtra 🙂 Troisième petit cadeau, la conclusion de l’article :
- "L’industrialisation de l’indexation rejoint donc inexorablement celle de l’intime. Elle sera complète et réalisée quand un continuum stable sera établi entre nos identités, nos documents et nos comportements en ligne d’une part, et hors-ligne d’autre part. Or c’est précisément ce mouvement qui est en cours avec la mise en place d’applications effaçant cette dernière frontière entre un monde connecté et un autre déconnecté. Quand cette ultime dichotomie n’aura plus lieu d’être, tout sera en permanence indexé, mémorisé, stocké, documenté. Ce nouveau continuum numérique sera d’abord le reflet de cette rémanence des flux informationnels, documentaires et identitaires qu’imprègnent de manière de plus en plus indélébile nos sociabilités numériques, nos documentations électroniques ; ou si l’on préfère : l’ensemble des documentations numériques attachées à nos sociabilités virtuelles.
Après avoir réglé la question de l’adressage des documents (World Wide Web), après s’être donné les moyens d’une indexation en temps réel des flux informationnels (World Live Web), nous sommes aujourd’hui entrés dans un troisième âge documentaire qui systématise l’instrumentalisation de nos sociabilités numériques ainsi que le caractère indexable d’une identité constituée de nos traces sur le réseau, indistinctement publiques, privées ou intimes. Documents et les mots-clés ont acquis une dimension marchande. Ils se vendent et s’achètent sur la grande place de marché d’Internet que régule pour une large part le seul moteur Google. Nos traces identitaires numériques sont dès à présent également marchandisables. A quelle échelle le seront-elles demain et de quel niveau de contrôle disposerons-nous encore sur leur dissémination ? Bienvenue dans le World Life Web." (la suite à paraître je sais pas quand et je sais pas où mais je vous tiens au courant 🙂
J’en profite aussi pour vous signaler que sauf contrordre de dernière minute, je serai la rubrique "portrait" du numéro d’été du magazine Archimag.
Voilà, voilà, encore quelques petits billets avant de vous souhaiter de bonnes vacances 🙂
Bonnes vacances à toi aussi Olivier et merci pour ces réflexions qui donnent à penser…mais penser ne va pas suffire !
Waaa c’est ce qui s’appelle de l’autobuzzz!
🙂