Is it a bird ? Is it a plane ? No. It’s a monopolistic library-bookseller.

La dernière fois que je vous avais entretenu de l'un de mes sujets de prédilection, Google Books, c'était pour me faire l'écho (et tenter l'analyse) de la dernière bombe lancée par Google sur les pauvres casques bleus du commerce du livre :

Nous étions alors en Novembre 2008, et le désormais célèbre Google Book Settlement venait de paraître. Que s'est-il passé depuis ?

Planète Opt-Out.

Le grand numérisateur a tout pris. Livres libres de droits, livres sous droits, livres dans la zone grise et oeuvres orphelines. Tout y est, ou presque. Et même s'il est toujours quasi-impossible d'estimer réellement le nombre d'ouvrage réellement numérisés et disponibles dans Google Books, la fourchette raisonnable se situe entre 7 et 10 millions d'ouvrages numérisés, pas mal pour un projet lancé en 2005.
Et l'heure est désormais aux ultimatums. Soit vous souhaitez jouer le jeu de Google et entrer dans le modèle qu'il propose et qui vous permettra d'être indemnisé pour vos oeuvres (vous avez alors jusqu'au 5 janvier 2010 pour vous déclarer), soit vous décidez de bouder, vous vous réservez le droit d'attaquer Google en justice, et là vous avez le droit de continuer à ne pas toucher d'argent ou si peu, d'entrer en résistance, et là vous avez jusqu'au 4 septembre 2009 pour le faire (la date était initialement celle du 5 mai, mais elle a été prolongée à la demande des associations d'auteurs). Comme le rappelait ActuaLitté le 21 Avril 2009, "éditeurs allemands, autrichiens et Suisses germanophones ont choisi
d'accepter le contrat proposé par Google plutôt que d'entrer dans un
conflit juridique
". D'autres suivront. A n'en pas douter. Il n'y a guère qu'en France (et aussi un peu au Québec), que le SNE et La Martinière décident de se payer le luxe d'un affrontement juridique qui pour en être très noble n'en est pas moins voué à l'échec. Mais au pays de Cyrano, on mise beaucoup sur le panache. La prise de position du SNE est d'ailleurs assez largement ambigüe (pour ne pas dire illisible) dans la mesure ou il recommande tout à la fois aux éditeurs de participer au réglement (settlement) tout en dénonçant le fait que celui-ci est contraire aux principes du droit d'auteur en France (mais cette territorialisation du débat est-elle réellement viable, y compris juridiquement …) et en maintenant donc une ligne d'affrontement juridique déclaré (tribune détaillée du SNE à lire en .pdf chez Légipresse).

Masse critique.
Alors que les usages de E-books émergent massivement et rencontrent un marché qui dépasse largement les seules "niches" ou certains experts voulaient le cantonner, la question de l'offre, et plus précisément du volume de l'offre s'affirme chaque jour davantage comme absolument cruciale. Et là encore, quand Google décide de faire feu, ce n'est pas quelques dizaines, ce ne sont pas 1000, quelques milliers ou quelques dizaines de milliers d'ouvrages qu'il verse au pot commun, mais bien 500 000 ouvrages libres de droits, lisibles au format E-pub pour la liseuse Sony. Et oui. Car on parle aussi désormais de plateforme technologique. A ma gauche, Amazon, son Kindle et son format. A ma droite, Google, son thesaurus (qui est aussi un trésor) de guerre, et ses partenariats avec la liseuse Sony dans un format (E-pub) non supporté nativement par le Kindle. Le combat des chefs.
Mi-mars 2009, l'e-Book Store de Sony affichait plus de 600 000 livres suite au dernier "versement" de Google. Amazon affiche de son côté plus de 230 000 titres. Il va sans dire que la granularité des deux offres est sans commune mesure, les 500 000 ouvrages de Google étant pour l'essentiel (la totalité ?) libres de droit quand ceux d'Amazon sont pour l'essentiel des ouvrages sous droits. Ceci étant dit, c'est là un bien beau produit d'appel dont on Lionel Maurel ne sait quoi penser :

  • "D’un côté, on peut y voir pour l’instant un progrès dans l’accessibilité aux œuvres du domaine public, qui vont trouver une nouvelle vie par le biais du Reader. Mais plusieurs commentaires envisagent déjà le risques qu’à moyen terme l’accès à ces e-books ne devienne payant, une fois que les liseuses auront trouvé leur public. Et dans ce cas, il y aurait une forme de “privatisation” du domaine public, préjudiciable et d‘autant plus contestable que les originaux papier de ces livres ont été fournis par les bibliothèques partenaires de Google.Notons par ailleurs que visiblement, lesdites bibliothèques partenaires n’ont absolument pas eu leur mot à dire lors de cette transaction avec Sony … une des conséquences directes de l’exclusivité exigée par Google en contrepartie de ses largesses …"

(Voir aussi le mode d'emploi pour la récupération desdits titres, mode d'emploi qui rappelle très justement l'occasion ainsi donnée à Sony d'étoffer un peu son fichier client …)

Google'Zon & Amaz'oog : l'infanterie et l'artillerie.
L'erreur serait de penser l'opposition frontale entre Google et Amazon comme un affrontement se jouant à armes égales. Cet apparent duopole n'en est pas un. Amazon est dans une logique d'artillerie : il est à la fois son alpha et son oméga, fixant les prix d'une offre qu'il maîtrise de bout en bout pour une tablette qu'il fabrique. Soit une artillerie pensée comme une architecture en vase clôt mais à la puissance de tir phénoménale. Google est dans une logique d'infanterie. Même s'il dispose d'autant de verrous que nécessaire, il laisse les éditeurs monter au créneau et défendre ses positions en leur permettant d'établir une liste indicative de prix de vente dont il déterminera seul lequel doit être in fine retenu. Amazon contrôle son stock, son flux de marché, et fait du prosélytisme autour de sa tablette et de ses formats. Google contrôle "un" stock (qui n'est pas encore "le" stock mais pourrait bientôt le devenir), et avec le Google Book Settlement se met en position de contrôler le marché et ses flux. Sur ce terrain, c'est Google qui a l'avantage sur le long terme, car il dispose des moyens de piloter (au sens cybernétique du terme) l'ensemble de l'offre d'ouvrages sous droits en laissant l'infanterie (auteurs, libraires et éditeurs) essuyer le feu nourri et les pertes qui ne manqueront pas de subvenir dans cette période d'engagement.

Un flux de marché multi-canaux. Autre avantage de poids pour Google, son flux de marché ne se limite pas aux seules tablettes électroniques, c'est toute la chaîne des périphériques (informatiques) et des services (numériques) dont il est en capacité de se servir pour déployer son offre. Google annonce (à l'occasion de la Book Expo America) qu'il se positionnera sur ce marché (celui de la lecture et non du "livre" numérique) d'ici à la fin de l'année 2009. Mais il ne parle pas d'e-books mais bien plutôt de terminaux orientés Web ("web-enabled devices"). Plus d'un million et demi d'ouvrages libres de droits sont ainsi dès maintenant lisibles sur votre téléphone portable (et si vous n'avez pas d'IPhone, vous pouvez quand même "faire comme si" … ici) Quand Amazon pense "structuration du marché et de l'offre", Google, selon un gimmick bien ancré dans la culture de la firme, raisonne en termes d'offre de service. Ce qui, jusqu'ici, ne lui a pas trop mal réussi …

Éditeur dans les nuages. Quand Amazon conditionne (une partie de) son marché à l'adoption des Ebooks, Google se moque de savoir si lesdits ebooks constitueront un jour ou non un marché de masse (ou de niche suffisamment rentable). Google s'en moque parce que ce que vise Google ce n'est pas un marché, c'est un écosystème, celui du Cloud Publishing, de l'édition dans les nuages. Et faut-il rappeler qu'il est déjà leader dans le domaine du "cloud computing" …

BVL. Bureau de vérification de la littérature. Le commandement général de cette infanterie sera assuré par l'algorithmie et l'écosystème de services de la planète Google, mais plus précisément incarné par Michael Healy, récemment nommé à la tête du BRR (Book Rights Registry), cet organisme créé de toutes pièces par Google (et financé par Google … tant qu'à faire hein …), et chargé de créer et
d’administrer LA base de données des ayants-droits de la totalité des
livres concernés par le Google Settlement. 

Le monde se réveille. Avec la gueule de bois.
Ce qui depuis 3 ans paraît évident et nécessaire aux yeux des analystes (dont très modestement votre serviteur) à savoir l'affrontement entre les deux géants Amazon et Google autour d'une offre marchande d'ouvrages n'existant qu'en leur flux numérique, apparaît aujourd'hui subitement dévoilé. Et c'est le New-York Times qui ouvre le bal dans un article daté de son édition du 31 Mai : "Preparing to Sell E-Books, Google Takes on Amazon."

J'ai mal à ma poldoc. ("poldoc" : en jargon bibliothéconomique, désigne la "politique documentaire", c'est à dire le choix des fonds accessibles) Il est un point qui est moins discuté – parce que moins "vendeur" – dans le cadre du Google Book Settlement, c'est la manière dont les ouvrages pourront être mis à disposition des bibliothèques. Et là aussi, fort heureusement, mais peut-être un peu tardivement, on commence à appeler un chat un chat. Il y eut bien sûr le lumineux papier de Robert Darnton (version originale ici) qui dit avec une profondeur d'analyse séduisante, tout le danger potentiel que représente la main mise de Google sur la prescription documentaire :

  • "Après avoir lu l'accord passé entre Google, les auteurs et les éditeurs, et s'être imprégné de sa philosophie – ce qui n'est pas une tâche facile puisque le document s'étire sur 134 pages et 15 appendices-, on en reste bouche bée : voici posées les fondations de qui pourrait devenir la plus grande bibliothèque du monde. Une bibliothèque numérique, certes, mais qui battrait à plate couture les établissements les plus prestigieux d'Europe et des Etats-Unis. De surcroît, Google se hisserait au rand de plus grand libraire commercial de la planète – son empire numérique relèguerait Amazon au rang de boutique de quartier. (…) Google Book Search est sur le point d'inaugurer la plus grande bibliothèque et le plus important magasin de livres de l'histoire. Quelle que soit la manière d'interpréter cet accord, ses dispositions s'imbriquent de manière si inextricable qu'elles s'imposent en bloc. Aujourd'hui, ni Google, ni les auteurs, ni les éditeurs, ni la cour de district de New York ne sont en mesure d'y apporter des changements notables. C'est un tournant majeur dans le développement de ce que nous appelons la société de l'information. Si nous ne rééquilibrons pas la balance, les intérêts privés pourraient bientôt l'emporter pour de bon sur l'intérêt public. Le rêve des Lumières serait alors plus inaccessible que jamais".

Il y a désormais le débat posé en termes clairs, celui de savoir si la partie "bibliothèque" du Google Book Settlement représente ou non une privatisation des "ressources" tout autant que des "fonctions" de la bibliothèque. De mon côté j'avais déjà largement insisté (et je maintiens) sur le risque réel d'un eugénisme documentaire, qui dépasse – à mon avis toujours – et de loin, le seul risque d'une privatisation (au sens anglo-saxon du terme) des fonds documentaires planétaires.

Le plus rageant dans cette affaire c'est qu'en en restant au sein de notre hexagone, on compte, ces 10 dernières années, au moins 3 ou 4 rapports pointant la nécessité stratégique de régler le problème des oeuvres orphelines (via une gestion centralisée), cette fameuse "zone grise" de la littérature, qui constitue le coeur de nombre de collections bibliothéconomiques, zone grise sur laquelle Google a irrémédiablement fait main-basse et dont nous ne commençons qu'à peine à entrevoir les potentialités économiques. C'est ce que rappelle (entre autres choses) cet article du New York Times daté du 4 Avril :

  • "While the registry’s agreement with Google is not exclusive, the registry will be allowed to license to others only the books whose authors and publishers have explicitly authorized it. Since no such authorization is possible for orphan works, only Google would have access to them, so only Google could assemble a truly comprehensive book database.
    “No other company can realistically get an equivalent license,” said Pamela Samuelson, a professor at the University of California, Berkeley, and co-director of the Berkeley Center for Law and Technology.
    "

Le lobbying comme dernière arme ? Nul ne semble aujourd'hui réellement en mesure de rivaliser avec Google sur le marché de la capitalisation (au sens propre) des savoirs et des connaissances. Et ce n'est pas, loin s'en faut une question d'argent. La meilleure preuve est le simple abandon par Microsoft de son outil de recherche de livres. Le même Microsoft qui trouve actuellement bien plus stratégique de financer une chaire de recherche "sur" le Google Book Settlement à la New York Law School institute.

Google Books, volet bibliothèques. Comme je l'écrivais plus haut, si l'actualité se concentre sur le réglement Google, lequel concerne les oeuvres orphelines et les oeuvres sous droit, cela ne doit pas faire oublier que le troisième – et historiquement premier – volet de l'entreprise de numérisation continue d'avancer à grands pas. Ainsi, le 26 Mars, Google a annoncé sur son blog être arrivé au terme du contrat de numérisation "historique" l'unissant à la bibliothèque d'Harvard. Il aura mis 5 ans. Je bloguais alors sur Urfist Infos et j'avais relayé ce qui s'annonçait déjà comme un projet "historique". 5 ans plus tard, sur les 15,8 millions de volumes libres de droit de la bibliothèque, on ne sait toujours pas, ni sur la FAQ d'Harvard, ni dans le billet du blog de Google, combien de volumes sont aujourd'hui rendus disponibles. Il nous faudra nous contenter de ceci "we have digitized and made available (…) many hundreds of thousands of public domain books". Plusieurs centaines de milliers … On ignore combien mais on mesure l'échelle. On connaît aussi la loi de Moore et l'on observe les mutations en cours de l'objet autant que du marché-livre. Et l'on est comme groggy devant l'enjeu.

Nous y voilà. En novembre 2006, dans un article paru dans la revue Les cahiers du SLF, j'écrivais :

  • "les « moteurs de recherche » ne le sont plus qu’à la marge. Leur véritable activité, la seule génératrice de chiffre d’affaire, est celle de la monétisation publicitaire de l’ensemble du bouquet de services qu’ils offrent : de la découverte ou de la création du besoin jusqu’à sa transformation en acte d’achat, l’ensemble du circuit de consommation est ainsi réalisé en cercle fermé.  La bataille de l’information étant gagnée à leur entier bénéfice – la crise de la presse en ligne en témoigne – les moteurs entrent dans une autre guerre commerciale dont le livre n’est que l’un des premiers retranchements (…)."

Et plus loin dans le même article :

  • "la « monétisation » de l’ensemble des services offerts est inéluctable. Le lancement du tout récent Google Checkout , équivalent du site de paiement sécurisé PayPal, confirme qu’un droit d’entrée sera tôt ou tard prélevé par Google sur l'ensemble de sa panoplie de service, livres y compris. Le seule question est : à quelle hauteur ?"

De colloques en conférences, de grands cénacles en petits comités d'initiés, j'ai répété (avec d'autres …) depuis plus de 3 ans révolus que Google serait nécessairement libraire, bibliothécaire et éditeur. Et que, nécessairement, cela se ferait beaucoup plus vite qu'on ne pouvait le penser (avant l'obtention de leur diplôme de DUT ai-je encore pris le pari avec mes étudiants de l'IUT de la Roche sur Yon … pari gagné ;-). Avec d'autres j'ai essayé de convaincre de la nécessité absolue d'une contre-offensive "de poids", sur trois axes :

  1. un portail de recherche fédérée regroupant l'essentiel de l'offre des libraires dits "indépendants",
  2. une réflexion de fond sur les usages, avec la mise en place d'expérimentations à couverture ou à portée nationale.
  3. une bibliothèque numérique qui ne soit pas seulement interface mais d'abord et avant tout contenus, contenus moissonnés pour être d'abord rassemblés, et pour être, ensuite seulement, distribués dans le cadre d'un bouquet de services et d'applications.

3 ans plus tard :

  • le portail de la librairie française "indépendante" n'a jamais vu le jour, et ne le verra probablement jamais. Ou alors – ce qui est pire à mon sens – il finira par voir le jour mais ne sera plus piloté par les acteurs (libraires et idéalement auteurs) mais par les fournisseurs (Hachette et d'autres …)
  • les études de terrain portant sur les usages s'exhibent dans quelques
    cénacles et dîners mondains sans qu'aucune dimension stratégique réelle
    ne leur soit dévolue
  • Gallica intègre depuis quelques mois à peine une offre légale d'ouvrages sous droits dont l'indigence du fonds le dispute à l'inadéquation au public
  • les différents projets de bibliothèque mondiale, universelle ou interplanétaire hésitent toujours entre interface et contenus (et font hélas le plus souvent le choix de la seule interface "à rebond", laquelle vous renvoie vers les contenus … via d'autres interfaces …)

La proie et l'ombre. Pendant ce temps, Google avance. Pendant ce temps les dispositifs de lecture électronique, Kindle en tête, s'étendent bien au-delà de leur seul supposé "marché de niche", pendant ce temps, l'ombre tutellaire d'un omnipotent GoogleZon a remplacé la proie que constitua pour lui (et pour d'autres) une politique publique du livre et de la lecture. La récente démission de Benoît Yvert et la nomination d'un remplaçant "par interim" à la tête de la DLL et du CNL atteste du niveau de sanctuarisation à rebours de la réflexion et de l'action culturelle de ce gouvernement.

A l'horizon …

Reste à Google au moins un épineux problème : celui de la valeur juridique de son "accord" au regard de la législation anti-trust d'une part et au regard de la législation européenne d'autre part. La commission européenne va d'ailleurs bientôt se pencher sur la chose. <Message subliminal> une bonne raison de plus pour aller voter dimanche 🙂 </message subliminal>

Google libraire. Google bibliothécaire. Amazon éditeur. Amis admirateurs de l'ancienne (antienne ?) chaîne-du-livre-en-un-seul-mot, vous voilà désormais affranchis. La messe est pourtant loin d'être dite. L'avenir donnera lieu a de bien beaux débats, a de bien belles analyses délicieusement partisanes, soulèvera de nouvelles questions essentielles pour ce que l'on appelle – par le tout petit bout de la lorgnette – l'avenir de la prescription documentaire, et qui n'est rien moins – sans lyrisme déplacé – que le simple avenir de la transmission des savoirs et de la culture à l'échelle de la planète. 

Compléments …

A lire également :

(Temps de maturation de ce billet : 2 mois // Temps de rédaction de ce billet : 8 heures … soit deux – grosses – soirées …  // Sources : sous les liens avec une mention et un merci particulier à Virginie et Hervé pour leur veille attentive)

2 commentaires pour “Is it a bird ? Is it a plane ? No. It’s a monopolistic library-bookseller.

  1. Elle me semble un peu étrange ta position Olivier. D’un côté tu dénonces la mainmise de Google et de l’autre tu dis que c’est perdu d’avance (alors que tu pointes à la fin que la législation anti-trust pourrait peut-être encore nous sauver de l’emprise du monstre de Mountain View).
    Je comprends en fait. Je suis moi-même partagé. D’un côté, j’ai tendance à croire que cette offre est une formidable avancée pour la culture. De l’autre, je me dis qu’elle va participer à la chute d’un secteur et à la création d’un cauchemar industriel culturel.
    L’ultimatum de Google fait surtout ressortir que les éditeurs (comme la presse dans un autre domaine), n’ont pas su faire de contres propositions ni s’entendre. Tant et si bien qu’aujourd’hui, chacun doit prendre la décision dans son coin, autour d’un accord dont les termes ne sont pas mêmes accessibles dans la plupart des langues nationales des éditeurs auxquels ils s’adressent. Le problème c’est que le refus de l’accord ne se fait sur aucune contre proposition : et ce ne sont pas les petites initiatives disséminées ça et là (Gallica, le portail des libraires…) qui peuvent être considérées comme des réponses, oui.
    En fait, la seule réponse massive et capable de changer la donne est celle du libre, de l’open source, celle de l’accès ouvert et des standards… On comprend que ni institutions, ni éditeurs privés ne voient ici une solution à leur problème. Il me semble pourtant, que c’est la seule issue à terme…
    Je serais plus critique que toi sur le marché émergent des liseuses. Encore une fois, pour l’instant, je ne vois pas d’indicateur qui me dise que les gens l’utilisent ou que cela peut transformer l’économie du système. Le téléchargement d’appli sur iPhone et la vente de livres libres de droits sur Kindle ne font pas des usages massifs.
    Tu as tout à fait raison sur le faux duopole Amazon/Google et sur l’avantage et la force de l’approche web de Google, c’est un point que je partage totalement.

  2. Bravo pour cette analyse, hélas il faut confirmer que la réaction est bien tardive si ce n’est inexistante.
    Lors des conférences « Read Digital » du 4 et 5 juin dernier, on continue de parler des formats de fichiers, du changement d’écosystème, de la difficulté de relier la culture aux impératifs économiques… Bref, on regarde passer le train.
    Mais, comme le dit Edwy Plenel, ce ne sont pas les conducteurs de diligences qui ont inventé les locomotives.

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