Pourquoi je suis « ami » avec mes étudiants.

Parfois (souvent en fait) je réfléchis sur la notion de médiation, de pédagogie à distance. Souvent (parfois en fait) je conseille (collègues, journalistes, entreprises) sur les stratégies de dissémination, de présence sur les réseaux sociaux. Concrètement je tiens des blogs pour mes cours, cours qui trouvent également un écho, un prolongement, une dilatation, une dissémination numérique sur Facebook et peut-être demain sur Twitter. Pragmatiquement j'observe que les choses sont en train de changer dans notre ma manière de faire de l'enseignement, depuis l'arrivée des réseaux sociaux et autres machins 2.0. Empiriquement, j'observe qu'il y a des trucs qui ne marchent plus : par exemple je n'ai presque plus aucun de mes étudiants qui laisse des commentaires sur mes blogs de cours (ils n'en ont d'ailleurs jamais véritablement laissé). Empiriquement toujours, j'observe que mon temps de travail se déplace (sur le créneau 21h … minuit et au-delà). Heuristiquement, j'ai fait le choix – que je pourrai vous expliquer mais pas maintenant sinon ça va être un peu long – j'ai fait le choix d'être "ami" sur Facebook avec tous mes étudiants (enfin ceux qui acceptent …) Soit un peu plus de 250 amis-étudiants.

Et de plus en plus souvent, ma pratique de l'enseignement comme médiation, de l'enseignement comme capacité première de prescription, de plus en plus souvent, ma pratique ressemble à ça :

Mediationprof

Je leur signale en "live" les émissions télé ou radio intéressantes, je leur signale également des ressources ayant trait à leur formation ou plus générales sur l'insertion professionnelle, je réponds aussi (très souvent) à leurs questions, y compris longtemps après qu'ils aient quitté ladite formation … bref, j'utilise Facebook comme ce qu'il était à l'origine, un coin machine à café sur un campus virtuel étendu, permanent si on le souhaite, rémanent quoi qu'il en soit.

Accessoirement, j'en profite également pour les alerter et les former in situ à la
question de plus en plus pregnante de la gestion de leur identité
numérique et les meilleures manières de préserver leur espace
d'intimité numérique, de conserver des cloisonnements dans un open-space étouffant de transparence.

Enfin, c'est aussi le meilleur moyen de gérer l'annuaire des anciens. Rien d'étonnant à cela puisqu'à l'origine Facebook était précisément fait pour cela, mais définitivement mieux que toutes les procédures lourdes et coûteuses d'e-mailing ou de gestion d'une "base de donnée des anciens".

Et je peux vous assurer que ça marche 🙂 Parce que les/mes étudiants sont TOUS (ou presque) et TOUT LE TEMPS (ou presque) sur Facebook (y compris, hélas, pendant les cours). Parce que c'est sur Facebook qu'ils viennent me poser les questions qu'ils ne me posent plus en commentaires de mon "blog du cours". Parce que c'est sur Facebook qu'ils sont aussi de plus en plus "disponibles", "ouverts" et "réceptifs", parfois bien davantage que dans l'espace-temps d'un cours, d'un cours dont la capacité de médiation est largement dépendante de la forme de l'acteur qui l'anime. Bref, que ça marche donc.

L'impression aussi que la frontière de l'aléatoire et de l'obligatoire s'est déplacé.

Hier. L'aléatoire c'était – et ce demeure – la capacité de médiation sur un temps fixe (celui de l'heure de cours), pour un public littéralement captif (physiquement tout au moins). Ce même temps fixe qui offrait la garantie de pouvoir capter l'attention de son auditoire (plus ou moins efficacement, de manière plus ou moins contrainte). 

Demain. Aujourd'hui déjà. L'aléatoire c'est la capacité à fixer l'attention d'un public "affilié" mais "non-contraint", sans temps fixe, sur et dans les réseaux sociaux. D'un public dispersé. Accepter cette dispersion, cet éparpillement affinitaire et choisi comme l'avatar numérique de l'ancien rassemblement contraint du groupe classe. Mais finalement cette dispersion n'est-elle pas dans une certaine mesure l'incarnation – délicate à manier – d'une pédagogie différenciée que les contraintes du temps et lieu unique de la salle de classe rendent très difficilement applicable ? Voilà pour l'aléatoire. L'obligatoire ce sera la présence en-ligne. Agissante. Non plus uniquement celle des étudiants mais celle de l'enseignant. Y être pour mesurer les nouveaux enjeux d'une horizontalité dispersée, d'une attention fragmentée.

Il faut y être. Y être pour remonter sur l'estrade virtuelle, celle du "mur facebook", celle du "statut twitter", de la "vidéo YouTube", etc. Y être pour y réinstaller un peu de verticalité, pour y garantir, aussi, la présence d'une parole, d'une autorité quoi qu'on en dise. Y être pour éviter que ces nouveaux lieux ne soient pas que vecteurs de pulsionnel et d'échos médiatiques mais qu'ils permettent également l'établissement de nouvelles universités. Et de tous les savoirs.

Beaucoup plus qu'un bouleversement de la salle de classe et de la transmission des savoirs. Beaucoup plus qu'un risque, qu'un danger, qu'un effondrement post-cataclysmico-finkelkrautien. Un déplacement de la médiation. Une conviction pourtant : le bon enseignant, plus exactement, l'enseignement efficace sera celui qui restera un acteur, agissant et réagissant, s'efforçant toujours de garder ou de prendre l'initiative de la médiation. Ceci ne tuera pas cela. La transmission en ligne dépasse de loin les problématiques de la formation à distance et de l'ingénierie pédagogique. Elle les condamne même. Nous n'avons (enseignants et étudiants) que très peu besoin d'ingénierie pédagogique ; nous avons besoin d'interactions vivantes. Il y a entre Facebook et Moodle la même différence qu'entre la didactique et la pédagogie : la didactique s'enseigne, la pédagogie se pratique, se ressent et s'applique. La transmission en ligne demeurera complémentaire de la médiation physique de la salle de classe. Il n'est en revanche pas certain que la hiérarchie entre les deux, faisant de la première une simple délégation de service de la seconde, il n'est pas sûr que cette hiérarchie ait encore beaucoup d'avenir. Et l'on peut légitimement penser que, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, ceci surclassera cela.

Il n'est bien sûr pas davantage question de sombrer dans un irénisme bon teint. Nombre de zones de friction demeurent et se creusent. La sociabilité de la transmission est heureusement irréductible à la seule dimension numérique des outils qui la facilitent. Il serait par contre désolant qu'elle lui devienne hostile ou étrangère.

Et que cela pose tout un tas d'autres questions. Que là concrètement maintenant je n'ai pas le temps de creuser. Mais peut-être que plus tard … 🙂

18 commentaires pour “Pourquoi je suis « ami » avec mes étudiants.

  1. Bonsoir Olivier,
    je pense aussi depuis même avant l’arrivée des réseaux 2.0 que le lieu et la façon d’enseigner, de transmettre se sont déplacés, sans parler du fait que les monopoles du savoir appartiennent au passé et l’université n’est qu’un espace parmi d’autres pour accéder aux connaissances qu’on essaie de travaille et de transmettre.
    Je n’arrête pas de tester des approches différentes, même si l’idée d’accompagner les étudiants dans leur voyage n’est pas nouveau non plus (voir le maître ignorant).
    Si j’hésite d’adopter facebook ou twitter comme moyen d’échange et d’enseignement dans ce sens, c’est en principe pour deux raisons majeures
    1) d’étendre encore davantage ma journée de travail déjà assez remplie et longue
    2) de mélanger des liens que j’ai sur twitter et facebook avec les étudiants, au fond de partager des choses que je n’ai pas forcément envie de partager (cela vaut aussi pour l’en-face : entrer dans des relations entre étudiants sans vraiment le vouloir)
    Pourtant je partage tout à fait ton constat – disponibilité, accessibilité etc. Ça m’arrive aussi d’envoyer un message à un profile facebook, si je n’ai pas de réponse par mail, mais sans demander à être « ami » pour autant.
    De toute manière il y a matière à creuser, et je te remercie pour ce billet.
    Martin

  2. Quoi, tu utilises les schémas heuristiques ? C’est fantastique ! J’ai bêtement l’impression que ce que tu expliques, c’est que tu es un être humain ! Loin des conventions conventionnelles qui conventionnent. Foi de Grand Dadais, j’approuve ta démarche à 100 %.

  3. Bonjour Olivier
    je préfère l’utilisation de twitter à celle de facebook pour pas mal de raisons dont la principale est que facebook corresponds souvent pour les étudiants, à un espace de loisirs .j’ai testé le lien twitter et facebook mails cela devient vite incompréhensible pour tout le monde….L’utilisation de twitter permets en différenciant les comptes,http://twitter.com/atelier_veille, de faire une revue de liens à commenter, échanger en cours prolonger une discussion assurer le lien entre 2 groupes ou sur son compte « perso » d’étendre la discussion à des commentaires d’anciens élèves ou d’inclure un réseau professionnel.Il est souvent intéressant de revenir sur l’historique de l’information de prendre le temps d’échanger en présentiel sur des liens dont chacun à pris connaissance dans différents endroits et moment comme un retour à la « sacralisation » de la présence.Curieusement les étudiants ne sont pas lassés de cette relecture et bien souvent la croise avec leur propre expérience .Un phénomène de « contre zap ? »
    J’utilise aussi beaucoup le lien commenté sur un serveur commun de type scuttle http://library.lecolededesign.com/bookmarks.php/l.neyssensas.
    en lien
    http://laurentneyssensas.lecolededesign.com/2008/06/l-apprentissage-distance-courte/
    PS merci de prolonger cette capacité à écrire des choses qui font réagir 😉

  4. je suis content de lire ici que les étudiants ne postent pas de commentaires. j’ai fait un blog support à une activité de formation à destination d’étudiants. Mon objectif était d’annoncer le cours avant qu’il n’ait lieu en donnant les supports de formation et ensuite de l’enrichir après qu’il ait eu lieu par des compléments, avec en paralèle une veille sur twitter.
    Je m’attendais à ce que les étudiants interviennent par des commentaires. Je n’ai rien eu, mais alors rien de rien. J’ai trouvé ça assez frustrant. Et puis en évaluation de la formation, je leur ai demandé ce qu’ils avaient aimé et pas aimé et la première chose qu’ils ont apprécié c’était le blog et la démarche permise. Devant le reste (il y avait d’autres points positifs).
    Donc, il n’interagissent pas, mais ils adhèrent. On dit que ce genre d’activité est bouffe temps pour l’enseignant, mais les étudiants n’ont probablement pas envie, eux non plus de passer du temps après les cours. D’ailleurs ils lisaient souvent le blog pendant le cours.
    Expérience intéressante.

  5. Ma première remarque est d’ordre paranoiaque et anti-consumériste : Je ne souhaite pas que des contenus de l’ordre de la connaissance et qui pour moi relèvent du bien commun servent à enrichir l’offre d’un outil privateur dont je ne maîtrise pas l’appropriation des données (comme c’est le cas avec ce qui est déposé chez farcebook).
    Ensuite : l’activité en ligne est chronophage car même en tapant plus vite que son ombre on est plus lent que verbalement surtout en terme de réactivité de l’échange.
    Concernant les commentaires (ou leur absence), ceci relève parfois, de la soumission à l’autorité (ou la représentation que l’on s’en fait) qui persiste dans la médiation si elle existe hors d’elle, mais aussi des complexes rédactionnels : On ne contribue pas si les autres contributeurs ont un peu de classe ou de bagou stylistique et idéologique car on redoute de ne pas être à la hauteur de la comparaison. Mais il y a aussi des phénomènes de disséminations temporelles et « spatiales » qui éclatent le sens ou l’usage et surtout font perdre le sens de la comm-union nécessaire au débat : on ne sait pas qui participe, qui écoute, quand = sentiment de s’agiter pour personne, pour rien.
    Ceci étant je suis toujours pour l’utilisation de dispositifs de médiation interactifs: ils peuvent être enrichissants et performants du point de vue de la construction des connaissances et des compétences, ils sont très coûteux du point de vue de l’investissement cognitif de chacun. En d’autre terme la FOAD et autres médiations à distance sont des dispositifs qui sont pédagogiquement intéressants mais économiquement non-rentables par rapport à du présenciel (sauf quelques cas qui ne sont pas généralisables). Donc tant que la tentation hiérarchique est d’utiliser la médiation pour gagner du temps, de l’argent, de la présence en croyant à des économies d’échelle on se retrouvera dans une logique de disqualification de la médiation et des médiateurs en esquivant le débat social qui nécessiterait de trouver de nouvelles formes d’évaluation et de reconnaissance de l’efficience pédagogique des dispositifs.

  6. Bonjour Olivier,
    Merci pour ce post très intéressant et surtout cette approche novatrice du « problème facebook » en cours. Autant essayer de tirer avantage d’un outil utilisé par la majorité des étudiants avant, pendant et après les cours plutôt que de se plaindre de leur utilisation continuelle de ce réseau. Par contre, comment faites-vous pour qu’ils vous acceptent comme « ami » sur facebook ? Vous leur donnez votre profil en début d’année ? Vous leur montrez le mur des années précédentes en leur commentant les différents contenus qu’ils pourront y trouver ? Et enfin : comment faites-vous pour gérer votre mur facebook ? Avez-vous créer un compte Facebook dédié aux étudiants et un autre plus perso ? Ou vous contentez-vous de jouer avec les listes d’amis ?
    Merci beaucoup pour votre réponse

  7. Merci pour vos réflexions. Je suis également prof dans une Haute École de communication (HELHa en Belgique) et « ami FB » avec quelques étudiants mais de manière peu constructive. Vos expériences m’encouragent à créer un blog « cours » même si les étudiants y font peu de commentaires. Le but serait de préparer le cours de semaine en semaine et d’en laisser une trace écrite évolutive plus vivante qu’un syllabus. Certains de mes étudiants me suivent aussi sur Twitter et sur mon blog « d’humeurs ». Ils réagissent et font leur commentaires « en life » dans l’auditoire, ce qui, ma foi, n’est pas plus mal. C’est vrai que ça « bouffe » du temps mais comme disait l’autre, quand on aime on ne compte pas.

  8. Salut Olivier,
    Étonnant de te lire si critique sur Google et sans recul sur FaceBook. N’y a-t-il vraiment aucun danger pour l’université à laisser un acteur aussi envahissant gérer son réseau social ?
    Sous prétexte que les étudiants s’y trouvent (comme dans la rue, sur la pelouse des campus, les bistrots, les night-clubs..), faut-il obligatoirement que les professeurs fassent amis-amis ?

  9. @Vincent> « tant que la tentation hiérarchique est d’utiliser la médiation pour gagner du temps, de l’argent, de la présence en croyant à des économies d’échelle on se retrouvera dans une logique de disqualification de la médiation et des médiateurs en esquivant le débat social qui nécessiterait de trouver de nouvelles formes d’évaluation et de reconnaissance de l’efficience pédagogique des dispositifs. » PARFAITEMENT D’ACCORD 🙂
    @lilablue> Je me contente de jouer avec les listes d’amis (ce qui remplit parfaitement sa fonction une fois que le dispositif est « amorcé »
    @Jean-Michel> Si tu me relis avec davantage d’attention, tu remarqueras que mon billet traite surtout du problème du déplacement de la médiation et de l’attention. Par ailleurs, j’ai dans d’autres billets été très critique avec Facebook (moins de billets que sur Google certes, mais j’ai pas le temps de tout faire ;-). Bref je suis parfaitement conscient des dangers et risques de Facebook et garde toute ma distance critique par rapport à cet outil. Mais comme pour l’analyse d’autres outils (dont Google), je crois aux vertus de l’observation participante 🙂 Et je crois aussi qu’il faut s’appuyer sur ces outils pour observer et (tenter) d’articuler les nouveaux rapports à la médiation qu’ils inaugurent. D’autant que la redocumentarisation y tourne également à plein régime (cf mon diaporama au CNAM : http://www.slideshare.net/olivier/lhomme-est-un-document-come-les-autres, diapos 15 à 23 … qui te confirmeront que j’ai bien gardé la même distance critique).
    Et puis enfin, si j’avais fait un billet pour dire « Ne devenez pas amis avec vos étudiants sur Facebook », j’aurai eu l’air d’un vieux ringard et c’est totalement incompatible avec le standing d’Affordance ;-))

  10. @Jean-Michel encore> et aussi j’entends et observe trop de collègue Hadopistes, prônant purement et simplement la coupure comme seule modalité de traitement de la question facebook, sans même faire l’effort de s’y porter temporairement ou d’en faire un objet de débat. Et j’aime pas ça 😉

  11. Bonjour,
    J’avais rédigé un billet similaire en mars 2009, je vous le livre. (j’utilise FB avec mes étudiants)
    Cordialement
    Jean-Paul Moiraud
    Peut-on devenir ami avec ses élèves sur Facebook ?
    Le métier d’enseignant depuis l’introduction du numérique (certains parlent d’arrivée par effraction – Pierre Fonkoua ENS – Yaoundé) devient, contrairement à de nombreuses idées communément admises, très complexe.
    Heureux ( ?) Dans sa simplicité le temps du face à face pédagogique circonscrit en un lieu et à un temps normé. Une classe, des murs, un lieu d’interactions entre des acteurs bien identifiés. L’ère numérique entamée à la fin du 20ème siècle a bouleversé cet équilibre. Le temps et l’espace sont devenus poreux, l’espace éducatif est en expansion. Dans cet espace qui semble sans limite est apparu Facebook. Les enseignants et les apprenants (ou l’inverse) s’en sont emparés techniquement et ont construit des espaces de collaboration qui commencent à se mêler et ils suscitent des interrogations sur leur cohérence. Faut-il, peut –on devenir ami avec ses anciens élèves ? Simple à exprimer mais complexe à résoudre la question de la réunion du singulier et du pluriel est au centre du débat.
    · Sur la forme – Le registre du singulier
    La structure de Facebook correspond à un type particulier de culture numérique : celle ou le modèle dominant est caractérisé par l’immédiateté et l’empilement. J’écris, je publie sans soucis d’ordre, de classement, de priorisation de ses idées.
    La structure formelle de FB ne laisse pas de place à une réflexion a priori sur les possibilités ergonomiques de navigation. Se trouveront par conséquent empilés (si l’on y prend garde) : des strates de vie, des instants émotionnels, 140 mots de twitt, descriptifs d’instants de joie, de dépit ou des tranches de vie. Pour les images FB donne une nouvelle vie à l’expression pêle – mêle, la tentative artistique VS argentique côtoie l’instantané numérique d’une soirée arrosée. En résumé Face Book ne permet pas (ou peu) techniquement à l’auteur de scénariser sa mise en ligne. L’artefact ne se gère pas d’un point de vue formel. Je reprendrai la formule de Pierre Assouline dans son blog « la république des livres », FB est un « journal extime » à ciel ouvert. Extime parce que l’on se livre, extime parce qu’il n’est pas possible de passer par le stade du brouillon, la mise en ligne est immédiate. Je ne mets pas en ligne parce que la version Vn me satisfait enfin mais parce que l’instant me paraît propice, parce que l’émotion est trop forte, parce que l’action présente bien qu’insignifiante me paraît digne d’être diffusée. Impossible de sérier mes champs d’intérêts par une thématique, ou par un mot clé. Le commentaire sur la pause au distributeur de café le disputera forcément à la note de lecture sur « un monde sans limite essai pour une clinique psychanalytique du social » de Jean-Pierre Lebrun.
    · Sur le fond – L’expression du pluriel
    Comment par conséquent répondre à la question : « Peut – on devenir ami avec ses anciens élèves / étudiants ? » En l’absence de réflexion sur la forme et / ou en l’absence de possibilité d’organiser la forme ? Il faudra certainement se poser a priori cette question « A qui est destiné Mon facebook ? » Techniquement il s’adresse à tout le monde, concrètement ma sphère sociale est fractionnée. Comment avec un outil simple, souple, léger et ubiquitaire puis je tenter de résoudre des questions de relations sociales infiniment complexes ? Est-il possible de communiquer avec un outil unique aux fonctionnalités réduites pour dialoguer dans des champs hétérogènes ?
    Pour conclure si j’avais à donner un avis sur peut-on de venir ami avec ses élèves sur Face Book ? La réponse ne peut être tranchée par un oui ou un non. FB doit se conjuguer au pluriel et renvoie à la question de l’identité numérique. Devenir amis avec ses anciens élèves pourquoi pas mais … avec une page FB dédiée, un niveau de discussion adaptée, des sujets balisés, un niveau d’information sur soi filtré.

  12. Personnellement (je suis prof en prépa littéraire) j’accepte mes anciens élèves sur FB (s’ils m’en font la demande, ça permet de les suivre un peu dans leur orientation) mais devant la nécessité de conserver des liens entre blogs ou wikis, je viens d’ouvrir un compte Twitter dédié à mes élèves (@arnalgéo) qui vient compléter mon compte Twitter perso (@franz42). Sur les blogs ou wikis les étudiants laissent très peu de commentaires mais fréquentent les sites, je vais voir si avec Twitter ça décolle… Mais c’est vrai que FB est bcp plus personnel avec ses publications privées (et le risque de récupération des données signalé par quelqu’un) alors que Twitter va à l’essentiel : signaler un lien d’actualité ou la parution d’un article sur les sites personnels et professionnels.

  13. Bonjour
    Merci pour votre article.
    Comment échapper (ou non) à Facebook ? – ou comment attirer des grappes d’étudiants et les amener vers d’autres outils… ?
    Responsable d’un centre de langue (département Français Langue Etrangère) de l’Université de Lille1, je gère un réseau social de 1100 bloggueurs. (http://foreignerinlille.ning.com) financé par la cellule TIC.
    Ici, nous (l’équipe enseignante) avons utilisé l’outil gratuit Ning car il nous laisse maîtres de la ligne éditoriale et des intentions pédagogiques (qui sont avant tout l’apprentissage de la production écrite en langue étrangère). Facebook ne le permet pas.
    Nous questionnons souvent le rapport que nous avons avec Facebook, réseau plus populaire et plus utilisé par les étudiants.
    Malgré le succès de notre réseau social dédié, nous ne pouvons pas rivaliser avec l’impact de Facebook. Nous avons donc fait notre deuil d’outil centralisateur qui permettrait à la fois la production écrite tutorée (apprentissage formel) et de plus des objectifs de sociabilité (apprentissage informel).
    En revanche, nous restons présents sur Facebook (je gère même la page même de l’université de Lille1 en plus des groupes liées au réseau social Ning) pour communiquer notre actualité et créer des passerelles avec nos autres sites (Moodle, Elgg, Ning ou comptes officiels Twitter)
    Notre démarche consiste dorénavant à laisser le choix aux étudiants entre différents outils liés à différents usages.
    Nous souhaitons également capter des étudiants dans Facebook pour les attirer vers des outils que nous utilisons à buts pédagogiques : Ning et depuis un an maintenant Twitter en classe.
    (http://twitter.com/flelille1) avec l’usage de balises pour regrouper, concentrer, et utiliser l’outil en classe.

  14. Intéressant, très intéressant.
    Mais je relis Gauchet (Conditions de l’éducation) et Stiegler (qui nous a rendu visite l’autre jour à l’université) et je crois qu’ils ne sont pas « fans », et ont des bons arguments.
    En tant que chercheur, j’ai le sentiment qu’il n’y a rien de tel pour apprendre qu’un excellent livre, un bloc note et le calme. Fournit-on cela à nos étudiants ?
    En attendant, il m’arrive de leur dire d’écouter aussi « Place de la Toile » sur France Culture…. (les miens sont des informaticiens)

  15. allons, il ya a deux fautes de français dans cette phrase, pour un enseignant à l’université, tout demême… « aussi pas mal de temps à répondre à leurs questions, y compris longtemps après qu’ils aient quitté la formation dans laquelle je les avais croisé dans la vie réelle. »

  16. J’aime beaucoup ce qu’écrit Olivier depuis longtemps. J’avais décroché depuis quelques mois…
    Et là, je constate une chose c’est que la question de la publicité que les utilisateurs et les utilisatrices ingèrent à chaque consultation de Facebook et autre twitter, ne pose plus question. C’est comme ça… On accepte cette aliénation là,à tel point qu’on ne l’évoque même plus…
    Ils ont gagné !
    André

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