14 ans
Le 27 Septembre 2012, Google se souhaitait à lui-même un joyeux anniversaire, au travers d'un petit Doodle en forme de gâteau (d'anniversaire). 14 ans d'existence. Une éternité numérique. La nôtre.
12 ans
Il y a 12 ans de cela, 2 ans donc après son lancement, Google mentionne
pour la première fois sur sa page d'accueil (en juillet 2000) le nombre
de pages indexées qui est alors de 1 milliard et des broutilles (vous pouvez vérifier sur Internet Archive). Le grand concours d'un web testostéroné peut alors commencer, sur le mode : qui a la plus grosse (base de donnée de pages indexées) ? Pendant des années, Google et ses rivaux de l'époque, vont tous sans exception afficher ce compteur de cour de récréation, cette volumétrie de pages ingurgitées, au prix d'ailleurs de nombre d'inexactitudes ou d'erreurs guidées par une stratégie de communication vérouillée (il faut avoir la plus grosse, ou à tout le moins avoir l'air de l'avoir). Et puis plus rien. Et puis on passe à autre chose.
7 ans
Pour son septième anniversaire, le 27 septembre 2005, Google cesse définitivement d'afficher le nombre de pages indexées au frontispice numérique de la page la plus visitée de la planète.
14 ans
<HDR> Pour fêter son quatorizième anniversaire, une nouvelle punchline vient souiller la virginale blancheur de notre familier :
"Fêtons le cap des 25 milliards d'applis Android téléchargées sur Google Play"Indiciairement, sémiotiquement, Google nous dit et nous montre qu'il n'est plus simplement un moteur. Qu'il a depuis longtemps cessé de l'être. Google est une communion ("fêtons"), Google est un phare ("le cap"), Google est un géant ("25 milliards"), mais Google reste cool ("applis"), Google est un Operating System – OS - ("Android"), Google s'amuse, Google nous amuse ("Play"), nous amuse pour que nous puissions mieux entrer en communion avec son OS et suivre aveuglément le cap qu'il nous aura fixé, à nous autres amusés. Amusant non ?
25 milliards
25 milliards d'applications téléchargées. Soit presqu'autant que le seuil franchi il y a déjà quelques temps par le rival, Apple. 25 milliards de signaux que le web est en train de muter, suscitant de bien légitimes craintes chez son inventeur. </HDR>
"The iTunes world is centralized and walled off. You are trapped in a
single store, rather than being on the open marketplace. For all the
store’s wonderful features, its evolution is limited to what one company
thinks up." (…) "If a walled garden has too tight a hold on a market, however, it
can delay that outside growth."
Et de conclure en rappelant que le web est lui aussi une application. Mais qui autorise et rend possible.
"The Web is an application that runs on the Internet,
which is an electronic network that transmits packets of information
among millions of computers according to a few open protocols. (…) The two
layers of technology work together but can advance independently. The
same is true for the Web and the Internet. The separation of layers is
crucial for innovation. In 1990 the Web rolled out over the Internet
without any changes to the Internet itself, as have all improvements
since. And in that time, Internet connections have sped up from 300 bits
per second to 300 million bits per second (Mbps) without the Web having
to be redesigned to take advantage of the upgrades."
Google Play. Apple store. Facebook qui ne peut se permettre de rater ce train et s'applique à son tour. L'avènement déjà commenté ici et ailleurs d'un web applicatif et de ses écritures applicatives, de ses usages dépareillés à force d'être appareillés. Et derrière la course au jackpot : que valent un milliard de profils facebook en face des 400 000 millions de comptes bancaires actifs sur l'apple store, numéros de cartes de crédit déjà entrés, code secrets déjà saisis, qui n'attendent que l'envie, le désir ou la pulsion pour l'assouvir d'un clic ? Car c'est cette même grammaire du désir et du pulsionnel que visent les 3 larrons.
Apps are content.
Pour Google, Omid Kordestami déclarait : "Ads are content". Le contenu, c'est la publicité. Pour Microsoft, Don Dodge indiquait : "Search is a commodity. Ad serving is the business." Et autres "temps de cerveau disponible". Et maintenant, de Google à Facebook en passant par Apple : Apps are content. Et tout le monde devrait l'être. Content.
Loin du compte.
Fort à parier que la comptabilité des applications sera soumise aux même errements que celle des pages du temps jadis.
675 000
D'ailleurs je rappelle qu'il s'agit bien de 25 milliards d'applications intallées. Et que Google Play indique en compter 675 000 applications. Lors des dernières keynotes de Steve Jobs on était également aux alentour de 650 000 applciations dans l'Apple Store. Reste à connaître (et à vérifier) le ratio entre ces deux nombres pour voir si la longue traîne est opérante.
1 milliard.
Dans quelques temps peut-être sera donc franchie la barre du milliard d'applications disponibles dans les deux plus grands supermarchés de la planète connectée. Dans le même temps d'ailleurs, sera peut-être également franchie la barre du milliard de gens dévisagés dans le livre des visages. Comme il y a 12 ans fut franchi le seuil du milliard de pages indexées. Franchi puis dépassé. Puis oublié. A moins que nous ne nous en soyons nous mêmes finalement affranchis.
400 000
"Et par un prompt renfort …" Oui mais des 650 000 ou environ de l'Apple Store on sait également que 400 000 ne seraient en fait jamais téléchargées. Si le chiffre est transposable à Google Play (pourquoi ne le serait-il pas, les applications étant sensiblement les mêmes), on aurait alors 25 milliards d'applications téléchargées et installées qui ne porteraient que sur 60% du catalogue effectivement disponible. Pas de longue traîne ici. Juste l'oubli. Juste l'enfer comme celui des premiers temps documentaires. Rappelant une fois de plus la nature documentaire de ces magasins d'un nouvel ordre (documentaire).
250 000
250 000 applications qui ne sont jamais téléchargées. Peut-être plus. Pour 250 000 applications jamais téléchargées dans ce magasin ou dans cet autre, combien de pages web ne sont jamais lues, jamais vues parce que jamais visibles depuis ces mêmes vitrines ?
Reste à savoir pourquoi. De cette compréhension dépendra en partie notre capacité à nous affranchir des limites imposées par cet imaginaire entretenu du numérique. Et à faire que le web continue d'être une application. Notre application. Pas simplement la route la plus commode pour nous emmener jusqu'à la zone commerciale la plus proche. D'autant qu'à bien y regarder dans ces vitrines, on ne voit que nous.
<HDR>Dans le web applicatif et dans ses écritures, une application ne vaut que par l'application que nous y mettons à documenter notre présence au numérique y compris jusqu'au plus profond de l'absence attentionnelle au monde que nécessite le jeu. De celle que postule tout divertissement.</HDR>
Un internaute appverti en vaut deux.
Google / Apple / Facebook Play.
Attention à ne pas se faire emporter par l’avalanche de chiffres : si c’est 400 000 applications qui n’auraient jamais été téléchargées comme l’affirme Adeven (dans le lien), alors les 25 milliards d’installations ne portent que sur 40% du catalogue. C’est pire. On peut toujours faire pire…
(les 60% concernent les 250 000 de la dernière partie, mais on ne sait pas d’où sort ce chiffre.)
(désolé de pinailler, le fond du billet est par ailleurs fort intéressant, et la multiplication des balises constitue un teaser d’un genre nouveau, lancinant et « prosécogénique » sur le (long ?) terme.)