L’Atelier relève que Google vient d’offrir 3 millions de dollars à la bibliothèque du Congrès pour son projet (à la bibliothèque du Congrès, faut suivre 😉 de World Digital Library. Le descriptif du projet en revient aux authentiques utopies documentaires rassemblant des matériaux de différentes cultures sur différents continents (il était temps diront les cyniques, avec tous ces vrais-faux projets de bibliothèque universelle on commençait à avoir l’impression que la culture patrimoniale livresque de l’humanité s’arrêtait aux fonds des bibliothèques européano-américaines). Or donc Google est ici philantrope. Rappel des faits. Primo : Google avec un projet baptisé "océan" (débusqué par quelques internautes fouineurs) annonce sans vraiment l’annoncer un projet de bibliothèque mondiale. L’idée est simple : numériser le texte intégral de tous les ouvrages dans le domaine public en s’appuyant (pour commencer) sur les fonds de prestigieuses bibliothèques. Deuxio : lancement en parallèle de GooglePrint, et confusion des sentiments, des ambitions et (surtout) des intérêts commerciaux autour des droits d’auteur pour les ouvrages n’étant pas dans le domaine public. Grosse chute du capital sympathie de Google dans le petit monde de l’édition (les concurrents "naturels") et dans celui des bibliothèques (les partenaires "naturels"). Chute qui n’empêche pas l’ascension du titre à Wall Street. Tertio : sous la pression des éditeurs (et sous le coup de quelques retentissantes plaintes en justice, associées aux projets concurrents de l’Open Content Alliance) Google met de l’eau dans son vin, stoppe puis relance à pas feutrés sa numérisation, renommant du même coup "Google Print" en "Google Books". Et se livre à un intéressant exercice de glissement sémantique sur la page dédiée au "projet bibliothèque". En quelques lignes, il s’agit non plus de numériser la planète mais de "créer un catalogue virtuel complet et accessible de tous les livres et dans toutes les langues". Le "projet bibliothèque" devient donc le "projet catalogue". Beaucoup moins irritant (même si les objectifs initiaux restent inchangés). Il s’agit bien de regagner la confiance des bibliothèques et de repasser du bon côté de la Force. Quarto : nouvelle étape aujourd’hui donc avec cette donation philantropique pour un projet dans lequel Google n’est (pour l’instant) en rien impliqué. Un catalogue … Une classification à facette … il ne leur manque que quelques livres. L’utopie. Plus que jamais à portée de main.