Episode 1 / Hypertexte : 1945-1985
Au départ, il y a l’idée de pouvoir contruire des machines qui puissent fonctionner comme nous raisonnons. C’est à dire de manière associative. C’était en 1945, et le premier à avancer cette idée s’appelait Vannevar Bush. Cette idée d’association est au coeur même de l’hypertexte. Et si l’on se place du point de vue des usages du Net c’est une révolution majeure. Il fallut à peu près 40 ans pour que le rêve de Bush se réalise et que le lien hypertexte existe.
Episode 2 / Hypermonde : 1989-2004
En moins de 20 ans (1989 : les débuts du web => 2004 : sortie de Google Earth), notre rapport à la géographie réelle fut bouleversé. De manière parfois ludique, et plus sûrement essentielle car le frontière entre la carte et le territoire s’efface. De n’importe où, chacun d’entre nous, peut aller (virtuellement d’accord …) où il le désire, visualiser avec d’hallucinants effets de zoom le moindre détail d’une ville, d’un désert à des milliers de kilomètres. Aucune frontière ne résiste à la carte. La carte-monde, le monde-document, que l’on peut "géotagguer". L’hypermonde donc.
Episode 3 / Hyperréel : 2005- ????
La suite de l’hypermonde, de ce monde que l’on peut manipuler, baliser, étirer à ses dimensions propres ou réduire à notre propre échelle, c’est peut-être l’application des principes de l’hypertexte à notre rapport au réel. Comme on "attache" un document (fichier) à un flux (mail), on peut aujourd’hui "attacher" tout ou partie du monde réel (physique) à sa description virtuelle (numérique). Je sens que c’est pas clair pour tout le monde. Bon, je reprends :
- Avec l’hypertexte vous affichiez dans un "objet" (un texte) une information (la destination du lien) destinée à être activée (lue) par une interaction avec quelqu’un (qui clique sur le lien).
- Et bien maintenant, avec Semapedia vous affichez sur un objet réel (un livre, la tour eiffel, la porte de votre studio, un réverbère, etc …) une information (un "semacode") destinée à être activée ("lue" et "reconnue") par une interaction avec un téléphone portable qui affichera les pages "liées" dans wikipedia. Une image valant mieux qu’un long discours : image & source.
Dans la même veine il y a aussi Grafedia.
Ces deux "dispositifs" (Grafedia et Semapedia) font "tomber" la dernière barrière de l’hypertexte qui est celle du support, de l’in-scription numérique. Et du coup la documentarisation du monde prend un (nouvel ?) essor. Peut-être à l’inverse, ces deux dispositifs indiquent-ils que nous en avons déjà épuisé les possibilités. Et peut-être sommes-nous, à l’instar du post-modernisme, entré dans l’ère post-documentaire. Mais ça c’est encore un autre débat 😉
(Déclic : le passionnant Infosthetic.)