En écho au dernier billet d’Hubert Guillaud ("Des agrégateurs aux disséminateurs") …
Et alors que François Bon, m’envoie un mail à propos du dernier petit jeu auquel je me suis fort complaisamment plié, en appelant à une "cartographie de la dispersion".
La dissémination d’Hubert et la dispersion de François me semblent 2 notions complémentaires et caractéristiques de ce nouveau visage du web, appelé "2.0". Je renvoie au billet d’Hubert pour la description des logiques de dissémination (di-"séminales" ?). Pour la dispersion, celle-ci semble assez simple à embrasser. Il n’est qu’à regarder les interfaces proposées par les moteurs de recherche cartographiques, qu’à regarder également la manière dont d’autres moteurs permettent de retracer le parcours d’une idée, d’un concept, d’un mot, d’une conversation. Qu’à regarder encore les outils citoyens conçus pour donner un sens à cette dispersion discursive (ici ou là). Qu’à regarder enfin la blogosphère autoréférentielle se regarder se disperser.
Dissémination donc. Et dispersion ensuite. Reste la diversion. Diversion dans les deux sens du terme. Des usages "divertissants" qui dominent outrageusement l’ensemble des services 2.0 plébiscités (Le vidéos "drôles" sur YouTube, les photos amusantes sur FlickR et j’en passe …). Et des usages qui "font diversion" et nous détournent de notre quotidienne banalité en donnant à celle des autres le lustre illusoire de notre regard, pour un temps, distancié.
Dissémination, dispersion et diversion. Trois des fondements de ce web 2.0, avec en point de mire un autre éclairage, inspiré cette fois de l’ouvrage éponyme de Paul Virilio, celui d’une "esthétique de la disparition", qui là encore va comme un gant au nouveau visage, et aux nouveaux usages du web. Esthétique "2.0" d’abord, parce que tout le monde vous le dira, un site 2.0, c’est d’abord un B-E-A-U site 2.0, avec plein de boutons arrondis et de belles couleurs vives. Esthétique oui, mais de la disparition, car derrière ces interfaces léchées, le contenu, lui, disparaît. Une disparition dont le prestidigitateur s’appelle un agrégateur(1), qui deviendra … disséminateur.
Et la boucle est bouclée 😉
(1) cf ce que je racontais dans ce billet : "avec ce parangon que constituent les pages d’accueil personnalisables du type de celle de Netvibes. Dans ces pages d’accueil, il n’est plus de contenu "interne" mais simplement une architecture informationnelle entièrement générée (et
temporairement stabilisée, fixée numériquement) à partir de contenus informationnels tous externalisés (la météo de ma région piochée sur Yahoo, mon courrier électronique capté dans Gmail, les fils de presse
extraits de mon aggrégateur, etc …). Le contenu s’efface derrière l’architecture. Le discours n’est plus ancré dans un dispositif (technologique) mais le dispositif ancre le discours."
« Le discours n’est plus ancré dans un dispositif (technologique) mais le dispositif ancre le discours. » j’aime bien cette phrase! L’avantage sur Netvibes est bien d’ancrer les discours pour les mettre sur un plan « graphiquement identiques ». En plus d’être reposant pour les yeux (ça évite la fatigue oculaire ds changements brutaux de sites) c’est vrai que ça à tendance à gommer la sorte de hiérarchie visuelle qui existe entre les beaux sites, et les autres.
voilà juste pour dire que cette observation me semble juste.