999 $. C’est le prix que vous coûtera donc une analyse complète de votre ADN par la société de la femme de Serguei Brin, "23 and Me", société dans laquelle les investissements (financiers notamment) de Google sont très importants. Résultat : ce séquençage personnalisé vous permettra de connaître votre "histoire génétique" (pourquoi pas) ainsi que les risques soi-disant encourus de contracter telle ou telle maladie génétique ou cardio-vasculaire (houlà …). Les billets de Techcrunch et la dépêche de Reuters sont suffisamment éloquents comme le montre cet extrait de la dernière :
- "La mission de 23andMe est de porter la révolution de la génétique sur un nouveau terrain en proposant
un service sur internet sûr, grâce auquel les gens peuvent explorer, partager et mieux comprendre leur
données génétiques", a déclaré Linda Avey, l’une des fondatrices de 23andMe. Les personnes sollicitant un test peuvent choisir d’en savoir plus sur leurs risques de développer
certains types de cancers, la maladie d’Alzheimer, des diabètes ou autres types d’affections et peuvent
être mis en relation par la société avec un conseiller en génétique."
Voilà voilà … J’avais moi-même largement exprimé mes craintes à propos d’un tel "service" (ici ou là). Voyons donc un peu au-delà, maintenant que le service est lancé et qu’il dispose de ses premiers clients, de quoi il retourne …
L’intérêt de l’alliance avec Google pour la firme 23andMe est double et à double sens : pour 23andMe, et même si tout cela n’est pas clairement indiqué, c’est la possibilité offerte de s’appuyer sur la puissance de calcul la plus puissante de la planète et d’enterrer la concurrence sur ce genre de services (très gourmand en capacité de calcul). Mais c’est pour Google que l’intérêt est probablement le plus stratégique.
- Inutile de vous resservir le couplet sur la maîtrise totale que cette firme est en train d’opérer sur des pans entiers de nos vies. Ajoutez-y simplement désormais la possibilité de connaître, en plus de tout le reste, rien moins que votre code génétique. Il est désormais facile d’imaginer qu’un client de 23andMe "génétiquement indexé" pourra voir s’afficher dans Google des publicités personnalisées pour des médicaments permettant de lutter contre la maladie d’Alzheimer s’il est supposé avoir des facteurs de risques, ou sur toute autre chose encore.
- l’autre intérêt c’est l’inscription de ce partenariat "génétique" dans le cadre de l’ambitieux projet Google Health. Un projet auquel les deux fondateurs sont très maritalement sensibilisés (Serguei Brin ayant donc épousé Anne Wojcicki – fondatrice de 23andMe- et Larry Page venant de convoler en justes noces avec une étudiante … en médecine). Si Google peut sur ce créneau apparaître légèrement en retard vis à vis de son concurrent direct Microsoft (qui a déjà lancé son service HealthVault), le lancement de Google Health est désormais annoncé pour le premier trimestre 2008 et les copies d’écran sont déjà disponibles (voir aussi cet article d’InformationWeek). Est-il bien nécessaire de rappeler que le marché de la santé est gigantesque …
Donc ?
Donc les risques de dérives sont tout simplement à la hauteur des enjeux financiers : colossaux.
Donc plus que jamais l’homme est un document comme les autres. Sa dimension sociale était déjà largement transparente pour les moteurs, c’est désormais son code (génétique) même qui le devient.
(Source complète, initiale et absolument incontournable : l’article de Wired et la vidéo d’entretien avec les deux PDG de 23andMe.)
olivier, déjà que ton powerpoint Google nous fichait le bourdon, maintenant c’est une armée de frelons pour un fichu pot de miel…
Là, je panique complet… J’imagine désormais les possibilités sans limite d’un tel système. Vous participez à un entretien d’embauche et le gars vous passe littéralement la brosse dans le dos… Pour récupérer des cheveux, des poils et de la peau et se dépêcher dare-dare de faire analyser votre génome pour voir si par hasard vous ne seriez pas une personne à risque…
Hum… 80% de sang nordique, gars sûrement calme et modéré…
Hum… La grande blonde, elle a du sang arabe… Bon, dieu, je l’ai échappé belle.
Ah… Forte disposition au diabète… ça va coûter cher en jours de congé potentiels..
Et ainsi de suite… Finalement le vêtement du futur, style combi d’astronaute à un avenir…
Bonjour,
hypothèse très noire : l’humain est entièrement déchiffré et indexé à partir de son “code source”… l’individu est réduit à la somme de ses parties… le tout n’est de fait plus supérieur à la somme des parties et cela repose mes problèmes d’identité (décidément, aujourd’hui)… et renvoie à un article passé de ce même blog :
http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2007/01/la_communaut_ne.html
Je ne peux m’empêcher de penser aux développements de B. Stiegler et à la perte d’identité collective et individuelle liée au(x) contrôle(s) des mémoires et des données : le pire est que ce ne serait pas une perte liée à des usages passifs (type affalé dans un canapé devant une émission de télé idiote) mais une perte d’identité liée à ce que d’autres feraient de nous au moyen d’outils déshumanisant, éclatant les êtres humains en propriétés multiples, objectivées… qui permettraient même de constituer des ensembles à partir de critères choisis et réputés utiles/productifs/rentables… au choix !
Merci pour ce beau rêve d’avenir 😉
Pascal
«Bienvenue à Gattaca»
Andrew Nichol, 1997
C’est en vente sur Amazon, mais pour le recevoir sur Kindle, il faudra attendre que e-Ink industrialise ce qu’annonce Hubert Guillaud…
http://www.internetactu.net/?p=7428
En attendant continuons à lire de la science-fiction de bonne qualité.
Je recommande, pour les thèmes optimistes, la série sur le réchauffement climatique de Kim Stanley Robinson :
# 2004 : Forty signs of rain
# 2005 : Fifty degrees below
# 2007 : Sixty days and Counting
Et de ne pas oublier le Bengla Desh et l’archipel des Sundarbans.
Finalement, pour rester dans le domaine médicale, cette utilisation de Google signalée ici http://www.zorgloob.com/2006/01/google-mdecine.asp
c’était vraiment… rien du tout !
Merci pour ce billet instructif, et qui donne à réfléchir.
Mael
23 and me, et moi, et moi, moi
Nous allons pouvoir connaître notre avenir. Notre avenir médical en tous cas. C’était un rêve -ou un cauchemar -. C’est maintenant possible avec “23 and me”, 23 étant notre nombre de chromosomes. Et moi, et vous, qui avons maintenant la pos…