Le titre de ce billet ne sera pas une surprise pour les lecteurs de ce blog. En cette veille de journée de grève, je voulais simplement attirer votre attention sur – parmi tant d’autres – un article qui me paraît éclairant :
Et vous offrir un tableau de synthèse qui m’a été transmis par une collègue (merci Françoise) et qui est extrait de "Courrier Cadres" Septembre 2007 :
Le second tableau (sur les droits d’inscription) me semble particulièrement éloq uent, tout comme l’ensemble de l’article : Téléchargement autonomieuniv-1.pdf
A vous de juger et à demain. Dans les cortèges 🙂 Vous me reconnaîtrez facilement, je suis avocat, cheminot, electricien, interne en médecine, sans-papier, gazier, sans-domicile, enseignant du secondaire, pêcheur breton, étudiant, enseignant-chercheur.
(et puis aussi, pour se détendre et repréciser une terminologie actuellement pour le moins dilettante)
Intéressant… D’autant plus que Emanuel Saint-James est l’un des mes anciens professeurs. 🙂
Je crois que la méconnaissance du système américain en particulier est à l’origine de cette loi à la c… C’est une vision purement idéologique qui voudrait qu’il existe une chose appelés science appliquée, dont on ne retient que le terme « appliquée » en oubliant le mot science. Les E.U. offrent des programmes qui couvrent l’ensemble du champ académique et qui laissent une place très importante à la recherche théorique. C’est là qu’est la force de la recherche américaine. Il ne viendrait à personne là-bas l’idée saugrenue d’axer l’ensemble de la recherche sur des applications, car avant de dévelelopper ces applications, il faut avoir défricher des zones théoriques nouvelles qui conduisent à leur développement.
Mais il y a là une focalisation de la part de la Droite (car il s’agit d’une véritable obsession chez les gens de l’UMP) de donner une leçon à ces gauchistes, fainéants et inutiles, que sont les chercheurs, le CNRS étant la cible particulière de leur fantasme.
La carte politique est une carte que je n’aime guère jouer, sauf quand elle est aussi évidente qu’ici… Je suis chercheur depuis quinze ans, dans une grande entreprise, je sais par expérience qu’il faut dix ans entre une idée nouvelle et sa première application industrielle. Ne pas comprendre cette donnée fondamentale, c’est ne rien comprendre à l’activité scientifique.
Si on veut comparer le système universitaire français à celui des EU, il ne suffit pas de lister les frais d’inscription (L’implication de l’état par étudiant me semble beaucoup plus révélateur). Parce que presque la moitié des étudiants américains reçoivent une bourse et les intérêts des crédits étudiants sont très bas, grâce au soutien du gouvernement fédéral (modèle similaire au BAFÖG allemand). La qualité des universités américaines (qui a un prix élevé, certes) est quand même très largement financée par l’état, la société civile (comme deuxième source de bourses) et les étudiants issues des familles riches. Mais je sais, faut pas dire une chose pareille en France, ça pourrait nuire à la supériorité morale…
Bernhard> Bonjour, si ce n’est déjà fait, je vous invite à lire l’article complet (disponible en lien dans le billet) de courrier cadres d’où est extrait le tableau. Cet article pointe bien les fragilités du modèle anglo-saxon, fragilités qui risquent d’être d’autant plus grandes en France que, comme vous le signalez à juste titre, la France ne dispose pas des garde-fous disponibles dans le modèle anglo-saxon (au premier rang desquels l’implication de l’état par étudiant). Cette dernière donnée (implication de l’état) me semble également être l’élément important de l’analyse, d’où la présence du tableau dans mon billet. Ceci étant, on a aussi le droit de penser sans pour autant être taxé d’idéologue ou de « supériorité morale », que la garantie d’un seuil « raisonnable » pour les frais d’inscription est l’un des ciments de ce que l’on pourrait appeler un projet politique garantissant l’accès de tous à un service public d’enseignement et de recherche. Et d’être attaché à la préservation de ce modèle, sans pour autant chercher à masquer ses réelles imperfections ou ses problématiques dysfonctionnements.
Mais je croiyais que l’Etat avait été clair dans le fait que la gratuité à l’enseignement demeure un principe irrévocable…
Pourquoi s’acharner à nous manipuler avec des sujets qui n’ont donc pas lieu d’être dans le débat ? Fantasmez seuls !
Par ailleurs, je fais mes études par alternance, où l’apport de fonds privés est important grace aux entreprises dans lesquels nous effectuons nos apprentissages. Hé bien il n’y a pas photo sur le nombre d’élèves allant au bout de leur cursus entre ceux issus de formation ‘classique’ et ceux issus de formation par apprentissage…(du M1 au M2 passage de 24élèves /24 en apprentissage, 50% de ‘filtrage’ enformation classique) et il faut également noter que nous avons une secrétaire dédiée, plus de flexibilité dans les horaires, et de bien meilleures chances d’insertion rapide et avec travail valorisant dans le monde professionnel… Après c’est sur qu’avec cestte ouverture d’esprit, aucun d’entre nous n’a pour objectif de devenir enseignant chercheur…. c’est peut être là que se situe le problème…
Gemini> Primo la gratuité d’accès à l’enseignement supérieur n’existe pas. Il est vrai que si vous considérez que c’est déjà un principe irrévocable, vous partez sur de bien mauvaises bases. C’est donc bien l’un des coeurs du débat. Si vous avez lu la loi pécresse (ce dont je doute), alors expliquez moi comment ce coût raisonnable d’accès à l’enseignement supérieur pourrait être maintenu … je doute que vous y arriviez. Mais si l’état l’a dit, alors là bien sur, c’est même plus la peine de discuter. L’état (de deoirte comme de gauche d’ailleurs) à déjà dit tellement de choses … et il en a fait tellement d’autres …
Non, bien sur, c’est raisonnable. Je voulais avant tout m’exprimer contre le réflexe de peindre une image élitiste de l’éducation américain (ce qui, par rapport à la France, est tout simplement pas vrai si on compare, par exemple, la composition sociale des grandes écoles avec celle de l’Ivy League) qui amène quand même un plus grand pourcentage d’une classe d’age à l’éducation supérieur. Certes, tout n’est pas rose outre-atlantique mais ce n’est certainement pas un modèle à fuir non plus. Etant moi-même issu du système germanique – qui vient de traverser une longue période de restructuration beaucoup plus profonde que celle qui commence à peine en France – je m’étonne tout simplement du manque de pragmatisme et de capacité d’autocritique dans une situation actuelle qui est, même en excluant la question de ressource financière, franchement préoccupante. Nous nous devons un regard froid et analytique sur ce qui marche bien chez les autres.
Je suis bien d’accord qu’il y a des choses à modifier dans cette loi, mais rien qu’en lisant « désengagement de l’état » ça laisse un goût amer dans la bouche.. et enlève tout le sérieux de son argumentaire..
Les coûts d’inscriptions et les contenus des diplômes ne sont pas laissés au bon vouloir des établissement, ça ne bouge pas, seul l’Etat est agréé à les modifier, pas de changements par rapport à avant de ce coté-là..
De plus le budget alloué par l’Etat est chaque année plus important.. (augmentation de budget de cette année qui s’envolera bêtement quasiment dans sa totalité dans ce mois de grève par ailleurs).
L’université redistribue comme bon lui semble à travers les différentes sections l’argent acquis par le mécénat. L’argent est déposé dans une fondation, et non spécialement dans une filière en particulier. A savoir que ce fonctionnement était déjà en vigueur avant cette loi, à la différence que cette fondation n’existait pas, et donc l’argent était distribué à la filière qui devait en bénéficier et seulement à elle.
Concernant les chiffres dans les tableaux, on peut faire dire tout ce qu’on veut avec, c’est tellement simple de jouer avec.. Plutôt que de comparer des chiffres qui ne signifient rien, comparez en profondeur les systèmes de ces différents pays, et alors à ce moment là on peut en sortir des choses.. mais ce n’est pas ce qu’on pourrait croire en lisant ce genre de chiffres sans aucun contextes.