Ben voilà. Le décret instituant et cadrant la mise en place des comités de sélection est paru au Journal Officiel du 10 Avril 2008.
Après relecture attentive, celui-ci confirme l’essentiel de mes craintes. Ainsi au bout de 3 mois d’atermoiements, voici copie de la lettre que j’ai adressé il y a 15 jours au président de mon université, au président de la commission de spécialiste à laquelle j’appartiens j’appartenais, avec copie au président de ma section CNU.
<Update> Cette lettre a également été publiée (sans les noms des destinataires) sur le site de Sauvons la Recherche </Update>
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Monsieur Yves Lecointe, président de l’université de Nantes,
Monsieur Christian Orange, président de la CS 70-71ème section,
Copie pour information à :
Monsieur Jean Davallon, président du Conseil national des universités en 71ème section.
Monsieur le président,
Je viens par la présente vous demander de prendre acte de ma démission de mon poste de vice-président de la commission de spécialistes de 70-71ème section de l’université de Nantes. Dans le cadre de la nouvelle loi dite "d’autonomie des universités" ou loi LRU, les commissions de spécialistes seront dissoutes et remplacées par les comités de sélection tels que décrits dans le décret n°2008-333 paru au Journal Officiel du 10 Avril 2008. Ces comités de sélection constituent de mon point de vue un recul démocratique inacceptable, notamment en supprimant le processus électif jusqu’ici en vigueur, pour le remplacer par de simples « nominations ». Ces nouveaux comités de sélection relèguent l’essentiel – la confrontation scientifique avec ses pairs – au rang de l’accessoire, et ils avalisent le risque réel et dangereux de précarisation auquel doit aujourd’hui faire face le système de recrutement universitaire.
Au lieu de proposer des logiques d’évaluation permettant, toujours au travers du regard de ses pairs, d’améliorer la qualité de l’enseignement et de la recherche ainsi que de ceux qui la font, au lieu de prendre le problème du localisme et du clientélisme en amont en interdisant par exemple aux universités de recruter des candidats "locaux", la loi LRU préfère renforcer l’arbitraire sans offrir aucune garantie d’indépendance ou de lisibilité supplémentaire sur le processus de recrutement des enseignants-chercheurs.
Par ailleurs, il semble désormais acquis qu’aucune création de poste ne se fera lors de la rentrée universitaire 2008-2009, seuls étant remplacés une minorité des nombreux départs à la retraite.
En conséquence, prenant acte du sursis de quelques mois qui est accordé aux commissions de spécialistes, prenant acte de l’actuelle hypocrisie qui, tout en reconnaissant l’importance du taux d’encadrement des étudiants pour la réussite de leurs études, s’obstine à refuser les moyens humains nécessaires à une telle réussite, prenant acte du recul de la démocratie élective à l’université, je vous demande, Monsieur le président, de prendre acte de ma démission du poste de vice-président de la commission de spécialistes 70-71ème section à compter de ce jour.
Souhaitant qu’une autre politique d’enseignement et de recherche soit encore possible, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de l’université de Nantes, mes salutations scientifiques et citoyennes.
Olivier Ertzscheid.
Maître de conférences en sciences de l’information et de la communication.