(Le site de Sauvons la recherche étant ces derniers temps victime de son succès – c’est à dire souvent inaccessible – je republie ici une contribution postée là-bas.)
Nous sommes nombreux, enseignants-chercheurs, à faire
partie de commissions de spécialistes, ces mêmes commissions qui seront
supprimées dès cet été.
La rentrée universitaire 2008-2009 se fera, c’est désormais acté, et
c’est totalement et malheureusement inédit, sans aucune création de
poste d’enseignant-chercheur.
J’invite donc l’ensemble des collègues à lire et proposer des
corrections à la lettre de démission ci-dessous, avant de l’envoyer
(massivement ?), pour celles et ceux qui la trouveront pertinentes, à leur
président d’université et au président de la commission de spécialiste
dans laquelle ils siègent, avec "copie pour information" au président de leur section CNU.
Si cette démarche suscite suffisamment d’intérêt et de réactions, elle
pourrait avoir un impact médiatique et administratif relativement fort,
et notamment obliger les CNU à prendre clairement position sur cette
question, leur actuel assourdissant silence étant la source de bien des
(tristes) interrogations …
Cette lettre restera affichée en ligne pendant une semaine, après quoi, si aucun autre mouvement d’ampleur n’est décidé, je l’enverrai aux personnes mentionnées dans le courrier.
Monsieur le président de l’université de Nantes,
Monsieur le président de la commission de spécialistes 70-71ème section,
Pour information, copie adressée à Madame la présidente du Conseil national des universités en 71ème section (Sciences de l’information et de la communication)
Monsieur,
Je viens par la présente vous demander de prendre acte
de ma démission de mon poste de vice-président de la commission de spécialistes
de 70-71ème section de l’université de Nantes.
Dans le cadre de la nouvelle loi dite "d’autonomie des universités" ou loi LRU, les
commissions de spécialistes seront dissoutes. Parmi les raisons
invoquées, le localisme et le copinage sont autant de travers depuis
longtemps déjà dénoncés dans le cadre du fonctionnement de ces
commissions. Ces imperfections, si elles pouvaient donner lieu à
quelques inacceptables abus, restaient cependant largement
minoritaires. Et les remèdes et solutions alternatives étaient depuis
déjà longtemps connus. Mais la nouvelle loi
n’en tient aucun compte. Bien au contraire, elle érige en système et
rend malheureusement encore plus incontournables l’ensemble des travers
sus-cités, elle les aggrave de manière inédite en reléguant l’essentiel –
la confrontation scientifique avec ses pairs – au rang de l’accessoire, et elle introduit dans le système de recrutement un risque réel et dangereux de précarisation.
Au lieu de préserver ce qui fait l’essence même du postulat
d’excellence du recrutement universitaire, au lieu de proposer des
logiques d’évaluation permettant, toujours au travers du regard de ses
pairs, d’améliorer la qualité de l’enseignement et de la recherche ainsi que
de ceux qui la font, au lieu de prendre le problème du localisme et du
clientélisme en amont en interdisant par exemple aux universités de
recruter des candidats "locaux", la loi LRU préfère renforcer
l’arbitraire sans offrir aucune garantie d’indépendance ou de
lisibilité supplémentaire sur le processus de recrutement des
enseignants-chercheurs.
Par ailleurs, il semble désormais acquis qu’aucune création de poste ne
se fera lors de la rentrée universitaire 2008-2009.
En conséquence, prenant acte du sursis de quelques mois qui est accordé
aux commissions de spécialistes, prenant acte de la mascarade des
discours ministériels qui, tout en reconnaissant l’importance du taux
d’encadrement des étudiants pour la réussite de leurs études, s’obstine
à refuser les moyens humains nécessaires à une telle réussite, je vous
demande, Monsieur le président, de prendre acte de ma démission du poste de vice-président de la commission de spécialistes 70-71ème section à
compter de ce jour.
Souhaitant qu’une autre politique d’enseignement et de recherche soit
encore possible, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de
l’université de Nantes, mes salutations scientifiques et citoyennes.