Le “like” tuera le lien.

L'économétrie de l'attirance contre l'économie du lien. Ou comment le "like" pourrait bien tuer le "lien".

PROLOGUE. Le web de demain au (haut) risque du paratexte.

Du paratexte, Wikipédia donne la définition suivante :

  • "Le paratexte est l'ensemble des discours de commentaire ou de présentation qui accompagnent une œuvre. (…) Il peut être donné soit par l'auteur de l'œuvre, soit par d'autres écrivains ou non-écrivains. Le paratexte contient aussi le « péritexte » qui est constitué du titre, du sous-titre, de la préface, des épigraphes, des notes en bas de page, des phrases en marge, des informations périphériques, de la dédicace, des renvois et de la quatrième de couverture."

Le web, en sa totalité comme en chacune de ses parties, émergées ou immergées est une immense oeuvre collective. Une oeuvre à tout le moins "ouverte" comme dirait Umberto Eco, mais incontestablement une oeuvre.

La paratexte est radicalement différent de l'intertextualité. L'intertextualité qui est définie par Gérard Genette comme : "un processus indéfini, une dynamique textuelle : le texte ne se réfère pas seulement à l'ensemble des écrits, mais aussi à la totalité des discours qui l'environnent."

Donc : Les "oeuvres", les textes – à prendre ici au sens large, c'est à dire les documents quelle que soit leur nature, multimédia ou non – les textes qui composent le web sont en relation d'intertextualité. Ils sont inclus dans un environnement vaste, très largement distribué (réticulé), profondément rhizomatique.

L'appel du trou noir.

Et deux prémisses pour situer les enjeux. L'une sous forme de question, l'autre résolument affirmative.

  • La masse des contenus générés (= le web comme oeuvre ouverte) est-elle soluble dans le paratexte aujourd'hui dominant ?
  • Ce que nous appelions le web comme co-construction de liens, est en passe de céder.

Plus précisément. La question ici posée est de savoir si l'ensemble des fonctionnalités collaboratives de partage, de signalement, d'indexation, de commentaire, de vote, de recommandation et – plus largement – les nouveaux "liens" censés rendre le web "social par défaut", de savoir si cet ensemble de fonctionnalités n'alourdit pas considérablement le seul "paratexte" du web, au détriment et à l'envers d'une intertextualité supposée plus féconde. Avec le risque de voir le premier (le paratexte) absorber la seconde (l'intertextualité) en se nourrissant de sa matière. Avec le risque, enfin, de voir cette oeuvre ouverte, à la manière d'un trou noir, s'effondrer sous son propre poids ou sous celui des logiques marchandes qui en épuisent systématiquement toute substance.

ARGUMENTAIRE.

DANS UN PREMIER TEMPS, la logique du web contributif, depuis les commentaires des blogs jusqu'aux procédures d'indexation collaboratives (folksonomies) insuffle au web ce qui lui avait jusqu'ici manqué : un apparat critique adéquat, en phase avec les modes d'écriture et de lecture y ayant cours : dynamiques, synchrones par défaut, a-centrées, largement et massivement distribuées.

DANS UN SECOND TEMPS, les "lectures industrielles" (celles des moteurs de recherche) inventent et inaugurent des systèmes d'écriture là encore dédiés. Ces écritures industrielles vont intégrer la dimension du paratexte au sein d'un écosystème non plus ouvert mais fermé, propriétaire et marchand. L'exemple choisi peut être celui de Google Sidewiki, emblématique de ce nouvel écosystème industriel du (des) paratexte(s).

  • Pour approfondir les implications de l'exemple choisi, relire "I'm an indexed man living in an indexed world" notamment le passage suivant : "grâce à
    SideWiki, grâce à la possibilité offerte à "tout le monde" de commenter
    "n'importe quoi", le web change de nature "sémiotique". Plus
    précisément nous sommes conviés à assister à un nouvel effondrement sémiotique
    : l'espace des signifiants directement liés à une énonciation affirmée
    ou revendiquée comme telle (c'est à dire les contenus produits par "un"
    auteur identifié comme tel et "s'engageant" éditorialement en son nom
    propre ou en celui de la collectivité au sein de laquelle il
    s'exprime), cet espace des signifiants se densifie, se déplace, change
    de nature. L'exception (qui était jusqu'alors celle de Wikipédia et des
    Wikis en général) deviendrait possiblement la règle. Non pas que ces
    nouvelles "
    marginalia" ne soient amenés à écraser
    quantitativement les contenus "centraux", mais elles instituent un
    déplacement significatif du positionnement de toute énonciation située.
    "

Avec Google Sidewiki, le paratexte, la fabrique du paratexte, entre dans un écosystème industriel dont il ne sortira plus.

DANS UN TROISIEME TEMPS, et sur la base des acquis des deux premiers, un bascule radicale s'opérera entre une intériorité et une extériorité des contenus. Le web se retourne littéralement. Ces derniers  – les contenus – n'existent plus sous la forme d'un adressage, d'un lieu d'inscription, mais ils sont générés sur la base de l'agrégation de flux très temporairement stabilisés dans le temps – et non plus l'espace – d'affichage d'une architecture informationnelle elle-même entièrement générée. C'est la naissance de la souscription (sub-scribere = écriture "en-dessous") comme modalité première de l'écriture individuelle, au sein de l'écosystèmes des lectures industrielles. L'exemple emblématique est celui des pages Netvibes.

  • pour approfondir les implications de l'exemple choisi, relire le billet "Möbius, le web 2.0 et Darwin : chapitre 1", notamment le passage : "L'explosion dont il est question concerne la bascule des
    contenus d'un site web d'une internalité à une externalité. Au lieu
    qu'un site web ne soit un "lieu" dans lequel les données "sont" et vers
    lequel d'autres sites "renvoient", un site web sera une source de
    données qui seront elles-mêmes dans de nombreuses bases de données
    externes, dont celle de Google (GoogleBase). Pourquoi alors "aller" sur
    un site web quand tout son contenu a déjà été absorbé et remixé dans un
    flux de données collectif ('collective datastream')."Dans les pages d'accueil de type
    Netvibes, il n'est plus de contenu "interne" mais
    simplement une architecture informationnelle entièrement générée (et
    temporairement stabilisée, fixée numériquement) à partir de contenus
    informationnels tous externalisés (la météo de ma région piochée sur
    Yahoo, mon courrier électronique capté dans Gmail, les fils de presse
    extraits de mon aggrégateur, etc …). Le contenu s'efface derrière
    l'architecture. Le discours n'est plus ancré dans un dispositif
    (technologique) mais le dispositif ancre le discours. Il n'est plus "au
    service" mais "à l'origine" du discours. Il en devient la condition. Ce
    changement de nature dans (…) l'instanciation des contenus sur le web (…) nous emmène vers un "troisième âge" de la navigation : après
    le browsing et le searching voici venu le temps du "subscribing". On ne
    navigue plus, on ne recherche plus, on s'abonne, on "souscrit" (…), "sub-scribere", littéralement "écrire en dessous" : (…) en agrégeant les
    discours écrits ou postés par d'autres, on est, de facto, placé "sous"
    une "autorité" qui n'est plus notre. Car comment faire autrement que
    de "souscrire" à ces contenus qui ne sont plus "inscrits" ?"

DANS UN QUATRIÈME TEMPS, le dernier point de rassemblement entre les écritures industrielles et les lectures industrielles, les écritures de la souscription et leur apparat critique, ce dernier point est en passe de céder. Il s'agit du lien hypertexte. Ce lien qu'auscultent les moteurs pour bâtir leurs lectures industrielles, ce lien qui sert du support aux discours critiques d'un paratexte industrialisé, ce lien qui est la pierre de voûte autour de laquelle s'opère le basculement des contenus d'une intériorité vers une extériorité, ce lien comme principe irréductible de ce que nous appelons encore le web, ce lien est en passe de céder. De céder devant le "like". Ce bouton-lien, ce bouton-poussoir appréciatif lancé par Facebook comme clé de voûte de son écosystème. Et qui pourrait bien tuer le lien.

  • L'incontournable éditorial sur le sujet est celui-ci : "Google's nightmare: Facebook 'Like' replaces links". Qui repose sur l'argumentaire suivant : "Facebook announced Likes as a form of "social links" — better than
    a link because it's related to a specific user. If Like buttons take
    off, that's really bad news for Google, since its algorithm uses links
    between sites to determine their order in search results. Facebook
    seeks to replace this open system of links between pages with the
    "social links" (or Likes) that it controls. Google and other search
    engines won't have full access to all these Likes, so the company best
    positioned to rank the Web will be Facebook.
    "
  • L'autre incontournable est le billet de Navic sur Novovision, qui
    est à lui seul une synthèse (complète), une analyse (éclairante) et une
    revue de presse (presqu'exhaustive) : "On attendait le web social … mais pas celui-là".
  • Enfin pour mesurer toute la portée de ce que je qualifie de paratexte industrialisé, il faut lire l'article "La petite révolution intérieure de Facebook"
    qui explique en détail le fonctionnement (et l'objectif) des "pages
    communautaires", parfaits exemples de paratextes artificiels et
    auto-entretenu qui "contraignent" littéralement les différentes
    documentations attachées à un profil pour produire un "discours"
    entièrement au service d'un dispositif auquel il sert en même temps
    d'alibi. 

AU FINAL : DEUX MONDES ANTAGONISTES.

To LINK. Lier ou ne pas lier. Tel est le principe des liens hypertextes. Des liens qui restent consubstantiels aux contenus dans lesquels ils s'inscrivent pour mieux les décrire, pour mieux les qualifier, pour mieux les "orienter". Les liens n'appartiennent à personne. Leur agglomérat forme une masse aux densités et aux orientations indéchiffrables pour un navigateur isolé, mais presque parfaitement lisibles pour le crawler d'un moteur de recherche. La suprématie de Google s'est construite tout entière sur cette capacité de lecture et de déchiffrement d'une stochastique en perpétuelle renégociation. Là résident les lectures industrielles théorisées par Alain Giffard. Mais avant que d'être lu, le lien reste avant tout le stigmate d'une écriture. De cette écriture, nul ne peut prétendre mesurer ou épuiser l'étendue des possibles.

  • Tel était d'ailleurs l'un des objectifs (que j'espère atteint) de la thèse que j'avais consacrée au sujet
    : monter que l'étendue des possibles inaugurée par l'organisation
    hypertextuelle en général et par les liens hypertextes en particulier
    est … inépuisable

Ilike

To LIKE. "J'aime" au lieu de "Je lie". J'aime ou je n'aime pas. Un monde binaire. Entièrement binaire. Un monde sous-cloche. Un bouton-poussoir propriétaire, centré, exclusif, sans réciprocité, sans partage, ou avec la centralisation comme préalable non-négociable au partage, avec la centralisation comme condition du partage. L'appréciation ou la dépréciation ; le degré zéro du lien. Une logique de prime, de gratification, une logique "assurancielle" dans le plus mauvais sens du terme mais dont la faute n'incombe pas entièrement à Facebook, à son écosystème et à son bouton "like". Cette logique était en effet déjà très largement perceptible dans ce qui consacra l'avènement des lectures industrielles : des liens dont on ne mesurait plus que la capacité de prescription marchande, de liens que l'on ne s'essayait à lire qu'à l'aune des traçabilités à rebours qu'ils autorisent, des liens transmués en autant de baromètres attentionnels, des liens appauvris de leur substance même : leur valeur d'échange. Le mouvement est aujourd'hui presque à son terme. Le résultat est là. Sous la forme d'un choix à faire. Binaire.

To link or to like. 

L'économétrie de l'attirance comme déconstruction systématique de l'économie du lien.

DU MASSIF AU PARALLÈLE : JUSTE UNE QUESTION D'INDEX.

MASSIF. Beaucoup d'analystes soulignent (à raison et chiffres à l'appui) la place de plus en plus centrale occupée par Facebook dans l'écosystème du web et les craintes que cela suscite sur la nature même du réseau, au-delà des seules questions de confidentialité. J'y ajoute la crainte d'un second retournement : après celui d'une internalité à une externalité des contenus, celui qui se profile à l'horizon est celui d'une polarisation du web, de l'affirmation d'un point focal constitué par Facebook. Il s'agit bien d'un danger car dans l'ADN du web (relire les textes de Pierre Lévy sur le sujet – 6 principes de l'hypertexte -  ou les premiers textes de Tim Berners Lee), on trouve 2 composantes essentielles : son extériorité (le web de possède pas obligatoirement d'unité organique ou de moteur interne même s'il peut dépendre d'un moteur externe) et sa topologie systématiquement a-centrée (ce que lévy traduit ainsi : "le réseau n'est pas dans l'espace, il est l'espace"). Google fut le premier à pourvoir mettre en place une "mise à l'index" du web qui en respecte ou qui en restitue l'échelle, qui en reflète la masse. Un index qui ne dénature en rien la topologie même du réseau. Qui n'en est que le reflet. Qui la restitue et la re-situe. Qui est l'inverse d'une saturation.

PARALLÈLE. Il en va tout autrement de l'index parallèle que Facebook est en train de créer avec son Open Graph, son bouton "like" et ses applications tierces. Son point commun avec l'index de Google est qu'il repose également et presque entièrement sur le travail effectué par les internautes au moyen des liens hypertextes pour l'un et de l'activation du bouton Like pour l'autre. Google et Facebook se "contentant" de fournir à ces index un point central d'hébergement et de les hiérarchiser (et bien sût de les monétiser). En établissant un lien, en créant le contenu qui entoure ce lien, les internautes participent à l'élaboration de l'index de Google en "qualifiant" – aspect sémantique – et en orientant – aspect topologique – cet immense graphe de contenus qu'est le web. En cela ils permettent à Google mais aussi à l'ensemble des autres acteurs (des moteurs concurrents commerciaux jusqu'aux crawlers de bibliothèques ou d'archives ouvertes) de se constituer comme autant de points d'accès nécessaires mais non-exclusifs et contournables. En cliquant sur le bouton Like et/ou en fournissant – sans en avoir toujours conscience – des données aux applications tierces de Facebook, les utilisateurs bâtissent un index parallèle également qualifié mais nécessairement propriétaire. Pour le dire autrement, le coup de force du nouvel écosystème proposé par Facebook est de pouvoir s'étendre au-delà de la seule communauté – déjà considérable mais cependant restreinte – des utilisateurs du site, tout en rattachant et en centralisant les informations navigationnelles recueillies (c'est à dire non seulement les liens mais les trajets eux-mêmes), au-dedans et à la disposition du seul site hôte : Facebook lui-même. 

  • Sur le sujet, on lira avec intérêt le billet de Jean-Michel Salaun, "(dés)ordre documentaire et (dés)ordre social", notamment l'extrait suivant : "Facebook, en voulant utiliser sa maîtrise du graphe social
    comme un avantage concurrentiel décisif pour valoriser la vente
    d'attention, polarise l'ordre documentaire sur sa troisième dimension,
    le medium. Il radicalise alors l'homologie individu-document, autrement
    dit l'ordre documentaire est soumis à celui des individus.
    "

Au-delà du social : le retour en force de l'applicatif. Les "anciens" écosystèmes informationnels, nos "operating systems", reposaient sur un biotope propriétaire et ne nature applicative (= composés d'applications logicielles). L'arrivée du web, de ses contenus et de leur éparpillement en un graphe autant imprescriptible qu'imprévisible vint rompre ce cycle. L'actuelle dérive et déportation massive des contenus (publics comme intimes) vers les nuages du cloud computing rend tangible la transformation du web en un gigantesque Operating System dont le navigateur (browser) serait l'interface. Tel est en tout cas le possible qu'ouvre le navigateur Chrome de Google ainsi que le déplacement des instances logicielles applicatives dans les nuages. Facebook, avec son nouvel écosystème, se positionne à son tour clairement comme l'un des prétendants au déploiement d'un webOS. Mais là où tous les autres s'inscrivent dans une logique ascendante (bottom-up), centrée sur l'usager, Facebook reterritorialise à outrance, il procède de manière descendante (top-down) et "applicativo-centrée".

Moralité. Le coeur du webOS envisagé par Google ou Microsoft est une fenêtre de navigation ouverte sur/dans le graphe du net, un graphe pavé de liens, cartographié au moyen d'algorithmes et dans lequel les couches logicielles applicatives sont autant de "noeuds" du réseau que l'on vous incite à emprunter mais qui ne constituent pas – pour l'instant – des passages obligés et/ou qui autorisent en tout cas un certain nombre de points de fuite. Le coeur du webOS envisagé par Facebook en est l'exact inverse, dans la philosophie comme dans les moyens.
Facebook
propose de re-territorialiser à outrance et à son seul profit, un espace
appartenant à tous. Facebook propose qu’une application propriétaire (la
sienne) remplace, pour mieux l’effacer plus tard, une multiplicité
d’algorithmes qui offrent une cartographie concurrentielle du web.

Après avoir été longtemps prisonniers du "système" Microsoft, puis aujourd'hui empêtrés dans "l’écosystème" dominant de Google, n’avons nous fait tout ce chemin que pour nous retrouver, demain, dépendants d’une et une seule « application », d’une société qui a fait du « web social » son arme de distraction massive ?

<Update> Trouvée ici, une traduction partielle de ce billet (merci à l'auteur de la traduction) :

"Beyond the social: the application is back in spades. 
The "old" information ecosystems, our "operating systems", inhabited a
proprietary applicative niche–one based on software applications. 
This cycle was broken by the arrival of the web, its content, and that
content's dispersal over an uncontrollable, unpredictable graph.  The
current massive drift and deportation of content (public and private)
into the Cloud embodies the transformation of the web into a giant Operating System whose interface is the browser.  That anyhow is the possibility held out by Google's Chrome browser
and the migration of software applications into the Cloud.  Facebook,
with its new ecosystem, is positioning itself in turn as a clear claimant to deploy a WebOS
But while all the others situate themselves in a bottom-up logic,
centered on the user, Facebook reterritorialises with a vengeance,
working top-down and centering on the application.

Moral.  The heart of the WebOS envisaged by Google
or Microsoft is a navigation window open onto the graph of the net, a
graph paved by links, mapped algorithmically, in software application
layers–network "nodes"–that you're encouraged to adopt but which are
not, for now, compulsory paths, or which at least permit various points
of flight.  The heart of the WebOS which Facebook envisages is the
exact opposite, in concept and execution.  Facebook proposes to
re-territorialise to the nth degree, and to its exclusive profit, a
space which belongs to everybody.  Facebook proposes that a proprietary
application (its own) should replace, the easier later to extinguish,
the multiplicity of algorithms which provide competing cartographies of
the web.

After our long emprisonment in the Microsoft "system", followed by
today's entanglement in Google's dominant "ecosystem", have we come all
this way only to find ourselves, tomorrow, dependent on one single
application, from a company which makes the social web its weapon of
mass distraction?"

</Update>

16 commentaires pour “Le “like” tuera le lien.

  1. C’est un sujet passionnant. Je viens tout juste de lire dans le New York Times de ce matin un article sur le même «péril»:
    World’s Largest Social Network: The Open Web
    Par contre, Randall Stross est plus expéditif et plus catégorique sur le l’avnir de FB: il ne réussira pas à être plus «social» que le web lui-même. Le web est par définition ouvert à tous et très bien connecté. Dans ce contexte, le web est donc plus «social» que FB, dit-il!
    Il a bien sûr raison techniquement. Mais FB possède le pouvoir de donner du «trust» à un lien simplement pcq il provient de ma sphère de relations. La confiance, de tout temps, a un faible pour la proximité…
    Je n’irai pas jusqu’à affirmer ce que tu dis dans ton titre, mais je suis prêt à accepter que le besoin de liens «trustables» dans mon réseau sera suffisamment fort pour balancer l’empire Google.
    Mais il existera tout de même beaucoup (beaucoup) beaucoup de domaines où ma sphère sera incompétente. Je devrai bien un jour ou l’autre me retourné vers le lien…

  2. Felicitations pour le profondeur de cet article (en comparaison, le mien tendait vraiment à l’amateurisme…) et de la ré&flexion menée.
    Ce qui, à mon avis, est indispensable au web et à nos pratiques de commentaires, est la possibilité (hormis celle de “créer du lien” au sens SEO) de polémiquer, d’exprimer son désaccord : il n’y a pas de possibilité d'”unlike” un article. Il est, à mon avis, nécessaire de pouvoir aussi dire que l’on n’aime pas, ou qu’on désapprouve. Ce qui, à mon avis, pourrait “sauver le lien” !

  3. Facebook est aussi une économie de liens vers des contenus externes. Et à côté de FB, on observe également la montée en puissance considérable de Twitter où le lien, raccourci ou non, est bien plus important que sur FB (à côté du RT qui fonctionne comme un like mais qui propage aussi les liens).
    Le like est juste une technique de ranking qui ne se substitue pas à l’espace d’adresses et ne risque pas de détrôner le lien. Autrement dit, son importance en dehors de Facebook reste sous le contrôle de Google.

  4. tout à fait intéressant, mais un autre aspect reside dans l'”intelligence”, le like ne se substitue pas au lien, par contre sa machine se substitue à la centralisation des calculs de pertinence de Google, d’une certaine manière après le contenu généré par les utilisateurs, c’est l’indexation générée par les utilisateurs, sur un modèle très simple celui des fourmis!
    http://i-marketing.blogspot.com/2010/05/les-fourmis-de-facebook-i-like-buttons.html

  5. @tous> pardon de ne répondre que très brièvement …
    @Martin> Vu aussi l’article du NYTimes mais pas eu le temps de le lire en détail. En attendant de le faire, je maintiens que le risque existe … et que cette existence suffit à tirer le signal d’alarme. Enfin concernant mon titre, c’est juste une accroche 😉
    @Vince> je ne serai pas étonné que le “unlike” soit déjà dans les tuyaux …
    @Patrick> Tu as parfaitement raison sur les RT et les raccourcisseurs d’URL. Je comptais les évoquer dans ce billet mais j’ai supprimé le passage après relecture, estimant le billet déjà suffisamment dense 😉 En revanche pas d’accord sur ton second point dont je ne comprends pas la démonstration : le like est effectivement une technique de ranking au sens premier (classement) mais il se substitue bien à l’espace d’adressage. Non pas parce qu’il le supprime (pour linker on a et on aura toujours besoin d’adresses) mais parce qu’il “l’épuise” en conférant à Facebook les droits exclusifs de cartographie de cet espace.
    @Christophe>j’aime bien la métaphore des fourmis. Mais l’indexation générée par les fourmis-utilisateurs existe depuis Google. De ce point de vue, Facebook ne fait qu’aligner un monopole contre un autre monopole.

  6. Aimer pour voir

    Rapide illustration de mon billet d’hier soir sur l’économétrie du Like versus l’économie du lien, ou sur la manière dont le bouton “Like” pervertit la logique même du lien hypertextuel. “Cliquer sur ‘J’aime’ pour voir de quoi il s’agit.” ……

  7. Vous critiquez facebook avec son “i like” et vous utilisez le service de Linkwhithin “Vous aimerez peut-être” en bas de vos messages, service assez pertinent par ailleurs…à quand un “Vous n’aimerez surement pas…” ;-))

  8. Billet très intéressant.
    Je clique sur mon bouton “Like” à moi : “s’abonner à ce flux RSS…” (je n’ai pas de compte Facebook de toute façon)

  9. Salut,
    Je trouve ce billet bien compliqué pour quelque chose de plutôt simple: un bouton like.
    Et titrer que le like tuera le lien, je trouve ça osé sachant que l’OGP crée justement plus de liens entre les gens et les choses.
    +
    N.

  10. Il me semble que la vogue (relative) du bouton like de FB est de même nature que les RT de Twitter qui apparaissent comme des “commentaires” sur un nombre croissant de blogs. Signaler ce qu’on aime, par le “like” ou par le RT suffit à manifester l’intérêt, mais ne remplace en aucun cas la conversation et l’élaboration collective. Les commentaires (paratexte) disparaissent et c’est dommage, car ils élargissent le texte de base. Souhaitons qu’ils continuent d’exister sur votre blog !

  11. “Un bouton-poussoir propriétaire, centré, exclusif, sans réciprocité, sans partage, ou avec la centralisation comme préalable non-négociable au partage, avec la centralisation comme condition du partage. L’appréciation ou la dépréciation ”
    C’est une vision tronquée d’analyste et pas d’usager.
    Car moi je trouve au contraire que le Like crée du lien ! Il crée un lien supplémentaire avec le lien posté et envers la personne qui l’a posté. Et unlike serait tout aussi apprécié que like d’ailleurs.
    Et 99 fois sur 100 quand je like je clique sur le lien – et beaucoup de liens finissent dans mes bookmarks et je peux en repartager (share) certains etc
    Le like crée également une intimité, c’est une proximité, ça crée un sentiment de lien plus fort – de connivence – qui dépasse le simple fait d’être “ami”.
    La personne qui like communique déjà qq chose. Elle adhère et donc cette adhésion peut se passer souvent de commentaires. Manifester son adhésion, être complice, c’est qq chose qui a du sens et du poids en soi.
    Un lien donne l’accès à qq chose, le like donne accès a un sentiment – c’est important quand on communique de savoir qui adhère ou n’adhère pas. C’est une information importante.

  12. Facebook : le web social comme nouvelle arme de distraction massive

    A lire sur Ecrans, une version plus courte / remaniée / grand public de mon billet “Le like tuera le lien”. J’en profite pour signaler qu’Ecrans a fait le choix – à mon avis judicieux – de retirer le fameux…

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