Dans le cyberespace, il est quelques textes "fondateurs".
- 1984 : William Gibson publie Neuromancien. Roman d'anticipation, fondateur du mouvement dit "cyberpunk".
- 8 Janvier 1986 : sous le pseudonyme "the mentor" est publié le "Hacker Manifesto" (traduction française).
- Mai 1990 : Tim Berners Lee envoie dans les tuyaux du CERN le texte "Information management : a proposal".
- 1994 : Pierre Lévy publie chez Maspéro L’intelligence collective. Pour une anthropologie du cyberspace.
- 8 Février 1996 : John Perry Barlow publie la "Déclaration d'indépendance du cyberespace". Un traduction française et quelques éléments de contexte sont disponibles ici.
- Janvier 2000 : Lawrence Lessig publie "Code is Law" dans le Harvard Magazine. (traduction française très récente grâce au travail de l'équipe de Framablog).
Texte essentiel parce qu'il montre en quoi l'enjeu de la "régulation" se déplace au coeur même (le code) des systèmes à réguler et, ce faisant, oblige à renégocier toutes les territorialités mais également les "autorités" qui président habituellement à cette régulation (ou dérégulation).
Si l'on doit un jour exhumer quelques rares textes permettant de dresser le portrait impressionniste "du" numérique et du cyberespace, ceux-là me semblent pouvoir y suffire.
Le cyberespace, une "hallucination consensuelle vécue quotidiennement en toute légalité par des dizaines de millions d’opérateurs. Une représentation graphique de données extraites des mémoires de tous les ordinateurs du système humain. Une complexité impensable." écrivait Gibson.
"Le projet architectural majeur du vingt-et-unième siècle sera d’imaginer, de construire et d’aménager l’espace interactif du cyberespace." écrivait Pierre Lévy en 1994. Nous y sommes.
Et vous, qu'y-a-t-il comme textes fondateurs dans votre très petite bibliothèque du cyberespace ?
Quelques références en passant…
* La revue « Mondo 2000 » est assez incontournable, elle mélangeait Cybersexe, musique techno, « smart » drugs et intelligence collective, notamment.
* Le roman « Sur l’onde de choc » de John Brunner (1975 !) est fondateur des fondateurs du cyberpunk, avec une description de réseau mondial et de virus informatiques.
* Le roman « Simulacron 3 » par Daniel Galouye (1964) est extrêmement étonnant : des gens construisent un simulateur de comportement et d’environnement, façon The Sims, et comprennent avec effroi qu’ils sont eux-mêmes des simulations.
« Ghost in the Shell » de Masamune Shirow avec ses tentacules vers la métaphysique, lu à 20 ans à sa sortie en France, une révélation pour moi… « fondateur » pour moi seulement car il s’inspirait de bien d’autres romans avant lui, mais à l’époque je passais devant le rayon science fiction sans me douter de de qu’il y avait dedans en bonne ex-khâgneuse disciplinée 😉 C’est toujours un de mes livres fétiches d’ailleurs 😉
En le domaine de la SF: Snow Crash de Neal Stephenson, 1992 (http://en.wikipedia.org/wiki/Snow_Crash). En y repensant avec le recul, ce roman évoque les réseaux sociaux, le lifestream, l’open access, le contenu généré par les utilisateurs
Puisque je sors justement de cette lecture, la saga space-opéra Hypérion (http://fr.wikipedia.org/wiki/Hyp%C3%A9rion_%28roman%29) de D. Simmons fait énormément référence à l’ « infosphère », à laquelle tout être humain est connecté en permanence (par le biais de « persoc » ou par implant – un peu l’idée que je me fais de l’internet futur), et à l’ « infoplan », second niveau du réseau de communication, où évoluent les consciences des Intelligences Artificielles.
« Dans la dèche au royaume enchanté », par Cory Doctorow (fondateur de Boingboing), est assez intéressant non tant pour le cyberspace que pour les réseaux sociaux : dans le futur qu’il raconte, l’unique monnaie, c’est le nombre de membres qu’on a dans son réseau social.
Dans La Cité des permutants de Greg Egan, les personnalités des protagonistes sont numérisées et placées dans un modèle mathématique d’univers conçu pour continuer à se calculer même sans support informatique.
Dans la série des Futurs Mystères de Paris de Roland C. Wagner le monde s’est réorganisé grâce à Internet après un cataclysme et disposer d’une connexion gratuite au réseau est un droit pour chaque individu. La société tribalisée s’accorde bien avec les réseaux sociaux. On a aussi créé une intelligence artificielle douée de conscience et capable de se reproduire.
Hunter, D. 2003. « Cyberspace as Place, and the Tragedy of the Digital Anticommons.. » California Law Review 91 : 439-521
Mueller, M. 2002. Ruling the Root, Cambridge, MA : MIT Press
Wertheim, Margaret. The Pearly Gates of Cyberspace: A History of Space from Dante to the Internet. 1er éd. W. W. Norton & Company, 1999.
et plus récemment, pas « fondateur » mais éclairant
Leroux, Yann. “Habiter le web.” Psy et geek, Mai 23, 2010. http://www.psyetgeek.com/habiter-le-web.
Je ne sais pas si tu voulais remonter aussi loin, mais je crois que l’on ne peut passer sous silence le célèbre As we may think de Vannevar Bush http://www.theatlantic.com/magazine/archive/1969/12/as-we-may-think/3881/
Et pour remonter un peu plus loin, la « Bibliothèque de Babel » de Jorge Luis Borges (Fictions, 1957) comme prélude à Google,et « L’aleph » le lieu ou tout se retrouve, comme métaphore du web (L’aleph, 1967).
Quelques jalons cinématographiques tout de même, non ? Tron, Total Recall, Existenz, Matrix…
bon alors Johnny Mnemonic aussi (94)
Beaucoup de récits “sci-fi” dans ce qui précède, auxquels rajouter quelques textes scientifiques d’auteurs aujourd’hui moins cités : John Von Neumann, Norbert Wiener, et mon fétiche personnel Douglas Englebart.
Des références à retrouver dans http://www.boson2x.org/spip.php?article82
(d’accord, c’est de l’auto-promo, mais justifiée !).
Oups ! Dans la galerie des noms oubliés, et présents dans la bibliographie du lien précédent, Theodor Nelson, inventeur du terme et du concept d’hypertexte.
L’excellent « Web of angels » (Les fileurs d’anges) de John M. Ford publié en 1980 !
Voir la 4e de couverture :
http://pan.priceminister.com/photo/920448_L.jpg