C'est une histoire qui commence en Juin 2009. Ici. Et qui connaît une nouvelle tonitruante renaissance le 1er Octobre 2012. Ici. Une histoire à épisodes, riche en rebondissements, heureusement retracés ici. Une histoire qui mobilisa chercheurs, universitaires, députés, ministres, prix nobels. Et puis le 1er Janvier 2013, aux heures embrumées où la France s'éveille, sur le site de l'Inist paraît une brève. Sous le titre "Evolutions de Refdoc", on peut y lire ceci :
"Le virage de RefDoc vers le Libre Accès. Dès le 7 janvier 2013, Refdoc évolue et donne la possibilité de vérifier la disponibilité de tout document dans des réservoirs d’archives ouvertes. Chaque utilisateur a la possibilité d’effectuer par un simple clic une recherche en parallèle dans Hal (plus de 200 000 références) et Base Lab (40 millions de références). Cette nouvelle possibilité de recherche va s’étendre rapidement à d’autres réservoirs d’archives ouvertes.
Vers un service intégré !. Courant 2013, Refdoc intégrera les références de plusieurs réservoirs d’archives ouvertes. Pour toute requête, une recherche automatique sera effectuée dans ces réservoirs et lorsqu’un document sera présent dans ces archives, un lien vers le texte intégral sera affiché directement dans la liste des résultats."
Tout ça pour ça diront certains. Il était temps diront d'autres. Prenons acte des paroles et attendons les actes. Moi je veux juste remercier l'Inist et le CNRS pour ce joli cadeau d'anniversaire. Parce que oui, le 7 Janvier c'est mon anniversaire 🙂
Et blague à part, remercier toutes celles et ceux qui se sont mobilisés autour de cette affaire, au premier rang desquels le collectif SavoirsCom1. Dire aussi que cette décision continuera d'appeler notre vigilance citoyenne. Dire que ce revirement est probablement le résultat d'une injonction venue d'en haut devant une situation qui avait déjà été pointée par l'ensemble des acteurs décisionnaires de l'IST comme intenable. Dire que nous sommes toujours en attente du résultat du pourvoi en cassation de l'Inist. Dire, pour citer mon juriste préféré (@calimaq), que tout reste à faire sur "le cadre juridique déficient de la fourniture de documents à distance". Dire que rien dans ce communiqué ne permet d'envisager une levée de l'opacité totale qui continue d'entourer la couverture documentaire de la base Refdoc (y compris depuis le médiatisation de l'affaire : certains auteurs n'ayant pourtant pas demandé à en sortir n'y sont plus référencés du tout, à commencer par … moi ;-). Dire surtout, que ce revirement était le minimum nécessaire au maintien d'une légitimité de l'Inist et du CNRS dans le cadre du programme BSN (bibliothèque scientifique numérique), l'axe BSN 8, chapeauté par l'Inist ayant précisément pour titre la "fourniture de documents" et Refdoc étant appelé à en devenir l'un des services cadres.
Dire donc que pour toutes celles et ceux qui se sont mobilisés sur le sujet, la colère est mère de la vigilance, et que comme leur colère fut féconde, leur vigilance sera sans faille.
Mais quand même savoir aussi savourer et le redire : avoir réussi, collectivement, à obliger l'Inist et le CNRS à choisir un mode de fonctionnement pour le service Refdoc qui relève davantage de la normalité que de l'escroquerie restera un très beau cadeau d'anniversaire.
<Mise à jour> Je viens donc de tester l'évolution de Refdoc. Exemple. Et je dois dire que je suis très très très déçu. C'est vraiment navrant. Au lieu de faire ce qui semblerait normal, c'est à dire, d'inclure, DANS la référence de l'article sur Refdoc, le lien vers LA VERSION du document accessible en archive ouverte, Refdoc se contente de mettre à côté des articles, hors leur référence bibliographique, un lien générique qui permet de faire une recherche dans HAL sur la base du titre de l'article, sans savoir si celui-ci sera ou non effectivement disponible. J'y voie une nouvelle preuve par l'exemple de l'incapacité de travailler proprement sur l'anachronisme documentaire que représente Refdoc en terme de respect des standards d'interopérabilité. Si la base Refdoc avait été conçue de manière propre, il aurait été facile d'y inclure, juste quand cela se justifiait et chaque fois que cela se justifiait, le lien vers une version "ouverte" de l'article. Au lieu de quoi on se contente de coller l'autocollant HAL dans une colonne, à charge pour le chercheur de faire une nouvelle fois tout le boulot. C'est d'autant plus notoirement insuffisant et trompeur qu'il est toujours impossible de savoir combien de documents sur les 53 millions
annoncés sont disponibles en open access. Et surtout, cette évolution qui n'en est pas une, permet à l'Inist de continuer à vendre très cher des articles effectivement disponibles gratuitement. Bref, contrairement à la tonalité initiale de mon billet, c'est une nouvelle fois du moquage de face (= version soft du foutage de gueule). Seul motif de réjouissance, voir de la pub pour Hal au milieu de Refdoc. <Mise à jour>
D'autant que comme un bonheur n'arrive jamais seul, j'apprends également le décès de l'AERES. Dansons la carmagnole. Vive le son.
Du canon.
**maintien**
(suppression de ce commentaire souhaitable, après correction :-))
Heureuse année 2013!
Le T encadre, d’après S.Dehaene 😉 donc ce n’était pas vraiment une faute..
Merci pour ce dernier billet, exquis.
Je ne dors pas (ou si peu) à cause de l’affordance de l’objet CAPES. Avez-vous un remède Docteur Ertzscheid ?
Je ne suis pas un fan de l’INIST ni de RefDoc. Mais, l’annonce précise que :
« Courant 2013, Refdoc intégrera les références de plusieurs réservoirs d’archives ouvertes. Pour toute requête, une recherche automatique sera effectuée dans ces réservoirs et lorsqu’un document sera présent dans ces archives, un lien vers le texte intégral sera affiché directement dans la liste des résultats. »
Autrement dit ce sera intégré en 2013, dans les mois à venir. Donc si vous essayez aujourd’hui, vous avez le lien vers HAL à côté, comme précisé. Ce n’est pas génial, mais c’est ce qu’annonce l’INIST.
Quant à l’interopérabilité des bases, soit vous êtes de mauvaise foi, soit… Pour vous, ça se fait en un clic ? Surtout avec une base remplie directement par des chercheurs (avec des informations variables, sujettes à erreur, non systématique ?). Vous êtes fort ! L’interopérabilité est un problème général, ouvert, pour lesquels de nombreux standards sont définis chaque jour qui ne font que repousser le problème !