La théorie de la tartine c'est un roman d'apprentissage. Trois personnages en quête de hauteur vont découvrir que leur internet, celui de l'anonymat, du porno amateur, de la fraternité inconnue sans soldat nécessaire, 3 personnages en quête de hauteur vont découvrir que leur internet a changé. En mal.
La théorie de la tartine c'est un chien. Parce que quand le roman commence, en 2006, sur internet, personne ne savait que tu étais un chien.
La théorie de la tartine c'est l'histoire d'une nana dont l'ex petit ami balance sur un Youporn naissant ce qui deviendra la 1ère sextape de revenge porn de l'histoire.
La théorie de la tartine c'est l'histoire d'une éducation. L'histoire de l'enfance. L'un des personnages est l'enfant, ou plus exactement l'adolescent incapable de grandir. Les 2 autres personnages ont des enfants. L'auteur nous raconte l'attachante fascination détachée de ces parents qui parent. Au plus pressé.
La théorie de la tartine c'est "une appartenance commune qui passait par la capacité à créer des relations sociales hors de tout cadre social, dégagées de toute convention. Pas des relations virtuelles comme le prétendait la plupart des gens." Et s'il est bien une grande jubilation dans la lecture de cette théorie de la tartine c'est celle-ci : jamais on n'avait réussi à décrire aussi bien cette "appartenance commune", ce lien au plus près du texte sans qu'il soit besoin d'hypertexte. A en être si près.
La théorie de la tartine ce sont trois personnages. L'évident triangle amoureux. Deux hommes et une femme. Mais le triangle amoureux de ces deux hommes et de cette femme est un triangle internet. C'est à dire qu'il se sublime dans la distance, se vit dans le sarcasme, et s'épanouit dans l'inachèvement de l'attente toujours recommencée.
La théorie de la tartine elle te souhaite "bienvenue dans le nouvel internet". Et elle ajoute : "Est-ce que je ne t'ai pas toujours dit que le jour où tout le monde serait connecté, ce serait la fin du web ?" La théorie de la tartine est visionnaire.
La théorie de la tartine c'est un album d'images panini.
La théorie de la tartine c'est un auteur : elle s'appelle Titou Lecoq, elle sévit ici côté face, et par-ci par-là côté pile.
La théorie de la tartine c'est surtout un roman. Un beau. Au Diable Vauvert. En plus.
<Disclaimer de la franche honnêteté>
C'est je crois la 1ère fois que je chronique ici un ouvrage. Trois raisons à cela.
Primo je suis fan de son blog, de son style, improbable hybride de la vacherie de Desproges et de la grossièreté de Coluche broyés à grands coups de lolcats et de trash et revampés en mode girly. Primo disais-je, je suis fan. Du style de Titiou. Et du coup fan aussi de sa théorie de la tartine. Et de ses précédentes Morues. Même si une tartine de morue, a minima ça se discute.
Deuxio quand vous aurez lu ce roman (parce que vous allez le lire sinon je vous met un lien avec une photo de petit chat visitant un mixeur), vous verrez que j'y apparais très fugitivement. Et oui. Et que quand même ça fait un peu tout drôle. En plus de permettre de faire son faraud aux yeux du monde. Surtout que bon, enfin non je vous dis rien, vous verrez bien.
Et tertio je fais ce que je veux. D'ailleurs c'est ça aussi la théorie de la tartine. C'est l'histoire de trois personnages qui font ce qu'ils veulent. Enfin en tout cas qui essaient. Enfin dont on ne pourra pas dire qu'ils n'ont pas essayé. Enfin dont on ne pourra pas dire qu'à un moment ils n'ont pas pensé sincèrement qu'ils allaient pouvoir essayer de faire ce qu'ils voulaient. Juste essayer. Pour voir. La théorie de la tartine c'est aussi trois histoires de renoncements. Mais des belles. D'histoires.
</Disclaimer>