<Je suis super énervé>
Cher Bernard Arnault, dans une entrevue à BFM TV j'apprends que tu viens de déclarer :
"On crée des emplois publics, mais ce ne sont pas de vrais emplois. Les vrais emplois, ce sont des emplois marchands du secteur des entreprises."
Tout homme censé ne peut déduire qu'une seule chose de cette déclaration : la distance séparant ton scrotum de ta bouche est égale à zéro. Et du coup même lorsque tu essaies de tourner 7 fois la langue dans ta bouche avant de parler, y'a quand même une vieille odeur qui ressort …
Plus sérieusement cher Bernard, l'époque récente est aux déclarations à l'emporte pièce : entre ceux qui "aiment l'entreprise", suivis de ceux qui rêvent que tous les petits français souhaitent devenir milliardaires et les autres qui réfléchissent à la dégressivité des allocations chômages, tous membres d'un gouvernement dit "de gauche", je peux comprendre que la vie du patron du Medef et les éditos de Christophe Barbier soient traversés d'orgasmes récurrents comme je peux entendre qu'on se laisse réduire la distance bucco-anale afin de déverser plus aisément un flot ininterrompu de pensées qui ne cherchent même plus à emprunter les sinueux méandres d'un improbable surmoi. En plus forcément fallait que ça tombe le jour où plein de gens manifestent contre la condamnation à de la prison ferme d'ouvriers licenciés par une boîte faisant des bénéfices, lesquels ouvriers avaient séquestré pendant 15 heures quelques cadres. Faut que je te dise Bernard, moi perso je suis au bout du rouleau. L'étincelle, le feu, la poudre, la goutte d'eau, le vase, tout ça.
Alors voilà ce qu'on va faire. Si un jour l'un de tes enfants débarque à l'hôpital je le regarderai souffrir avec les infirmières et médecins qui ne sont pas de vrais emplois. Si une de tes résidences secondaires crame, j'irai me réchauffer à son feu avec les pompiers qui ne sont pas de vrais emplois. Lorsque toi ou un de tes proches se fera agresser dans la rue, je sortirai mon smartphone pour filmer ça avec les policiers qui ne sont pas de vrais emplois. Et on rigolera bien Bernard. Avec les médecins, les urgentistes, les infirmières, les policiers, les pompiers, les profs et tous les autres qui n'occupent pas de vrais emplois. En fait non, parce que le problème c'est que tous ceux-là, médecins, infirmières, profs, pompiers, policiers seront toujours là pour toi Bernard. Comme ils s'efforcent de l'être tous les jours pour tout le monde, sans condition de naissance ou de fortune.
Le problème Bernard, ce n'est pas que tu "penses" ça. D'autres amateurs de caviar et d'ortolans (également délicieux par voie anale) partagent certainement ce point de vue. Le problème Bernard c'est que tu le dises. Et qu'en le disant tu installes cette réalité. Toi le capitaine d'industrie, toi le serial entrepreneur, toi le VRP du luxe à la française. Le problème Bernard c'est que les gens comme toi devraient être les premiers à défendre les services et l'emploi public parce qu'ils sont les premiers à en bénéficier. Parce que toi et les 3000 emplois par an, en France, que tu prévoies de créer, a priori tu as plutôt besoin d'avoir des gens qui savent lire, écrire et compter, voire qui sont formés sur les métiers sur lesquels tu les recrute (merci les faux emplois de l'éducation nationale et de l'université), a priori tu as aussi besoin de gens qui se feront rapidement soigner pour revenir plus rapidement au boulot (merci les faux emplois de l'hôpital public et de la sécurité sociale), a priori tu as plutôt besoin que ces gens n'aient pas la peur au ventre le matin quand ils se rendent au travail (merci les faux emplois de la police nationale), note bien que je dis "a priori" parce que je n'en suis même plus sûr. Le problème n'est même pas celui de la "décence" ou de la punchline artificiellement gonflée par les médias. Le problème c'est que tu as osé. Et qu'on t'a reconnu.
Le luxe Bernard, le vrai, c'est celui de l'élégance. Au nom de ceux d'entre nous Bernard, dont les faux salaires des faux emplois que nous occupons ne nous permettrons jamais de profiter des produits de luxe de la maison LVMH, je te prie instamment de nous accorder un luxe qui sera également notre immense privilège : celui de ton silence.
<Je suis toujours super énervé mais ça va un peu mieux>
Cher Olivier (vous permettez?),
comme j’ai l’habitude de vous lire, je sais que vous êtes intelligent, si si ne faites pas le modeste.
Aussi, je me demande si vous ne faites pas un peu exprès de grossir le trait. Car ce que je comprends moi ,serviteur de l’Etat comme vous, de ce qu’a (maladroitement) dit monsieur Arnaud, c’est qu’on ne peut pas s’en remettre à l’Etat pour employer tout un pays. Il faut des infrastructures publiques et donc des emplois publics, mais l’Etat ne peut pas employer tout le monde, c’est une évidence. Le traitement social du travail par des emplois aidés n’est pas la solution même s’il aide les moins employables des travailleurs.
Pourtant, bien des emplois publics servent à quelque chose, alors que de nombreux emplois privés sont dénués de sens et surtout n’oeuvrent pas à rendre ce monde meilleur. Il faut de l’emploi public, bien payé et efficace, mais ce sont bien les entreprises qui doivent fournir du travail à la majorité des travailleurs.
Cher Diogène, vous permettez (?), ce n’est pas parce qu’un raccourci (dit sciemment… et c’est cela le plus grave) est avancé par Bernard Arnaud, et que ce raccourci fait preuve du degré 0 de la réflexion… qu’il faut l’excuser au motif d’une prétendue « complexité »… WTF (= What The Fuck) ?
En prononçant ses mots, sciemment choisis, Bernard Arnault ne fait qu’alimenter un discours anti-service public ou réactionnaire qu’on entend régulièrement dans la bouche d’un.e oncle, d’une tante, d’un.e cousin.e, d’un parent (rayer les mentions inutiles) lors des « repas de famille » !
Non seulement Bernard Arnaud SAIT parfaitement de quoi il en retourne MAIS en plus ce discours parfaitement ERRONÉ et COMPLÈTEMENT RÉAC est dispensé est servi pour défendre ses intérêts… et accessoirement ceux des plus puissants patrons (rapaces) du CAC 40.
« Il faut de l’emploi public, bien payé et efficace, mais ce sont bien les entreprises qui doivent fournir du travail à la majorité des travailleurs »… oui, çà c’est des phrases sorties tous droit de BFMTV ou des échos ou d’un édiro de LCi, I-télé, des JT, de la PQR etc etc etc mais QUID de la réalité ?
Vous avez des données chiffrées, qu’on puisse juger sur pièces ? Non parce que les propos d’Olivier justement sont assez censés. Quid des professeurs, des soignant.e.s, pour ne prendre qu’eux ? Ils ne créent pas de la richesse ? Sérieusement ? Et des employé.e.s de bibliothèque ? Non seulement les employé.e.s des services publics rendent des services inestimables à la société mais ils contribuent réellement au mieux vivre, à l’épanouissement général et à la diffusion du savoir (l’éducation nationale libre, gratuite et obligatoire par exemple… même si je peux admettre de nombreux problèmes tels ceux soulevés par Bourdieu et Passeron, les Piçon-charlot, Noam Chomsky… i.e une certaine reproduction des élites et une école à plusieurs vitesse). Mais tout comme il existe une justice à plusieurs vitesses, une santé également et il n’est absolument pas certains que des entreprises privées fassent mieux. En fait c’est même techniquement l’inverse… une entreprise privée coûte généralement plus cher qu’une administration tout simplement parce que l’une a pour mission un service public alors qu’une entreprise vise avant tout des intérêts financiers. Pour un même service (entretenir le paysage, instruire, soigner, transporter etc etc etc) le service public – théoriquement – assure des missions bénéficiant à tous et toutes, alors qu’une entreprise privée vise en sus « une plus-value ». De fait une entreprise privée est toujours plus coûteuse/rapace pour la société qu’une entreprise publique.
Dans le domaine de la santé par exemple, mes citoyens américains dépensent davantage que les citoyens européens pour une efficience bien moindre.
Le premier des postes dans la fonction publique est occupé par des personnels de l’éducation nationale, vous voudriez moins d’adultes (professeurs, proviseurs, pion.ne.s) pour encadrer les élèves ? Bah… pas moi ? La deuxième catégorie des postes occupés par les personnels de l’état sont les postes dédiés à la santé (infirmières, soignant.e.s, médecins…) Vous souhaiteriez moins de personnels à l’hôpital ? (sources, les émissions, « Vive l’impôt », Là-bas.org).
Les fonctionnaires CRÉENT l’argent, ils sont bel et bien éminemment rentables.
Cf. bernard friot
https://vimeo.com/113375817
“Une autre lecture de la sécurité sociale et de la fonction publique.”
Pour conclure, ce gloubi boulga permanent qui inonde les ondes (télés, radios, presse écrite) est nuisible à la pensée… et accorder une seule seconde du crédit à cette diarrhée verbale… est au mieux risible …
Un petit lien vers un film qui sort fin février,
« MERCI PATRON », par l’équipe de FAKIR.
http://www.fakirpresse.info/Merci-patron-en-tournee.html