J'avoue n'avoir plus de mots pour qualifier la ministre de l'enseignement supérieur. Incarnation du cynisme le plus dégueulasse avec le plan Bienvenue en France, elle fut aussi l'immonde connasse qui osa mettre en place un numéro payant pour lutter contre la misère étudiante après l'immolation par le feu de l'un d'entre eux.
Et voici qu'alors que la rentrée dans l'enseignement supérieur (son ministère donc) s'enclenche, elle s'alarme d'une dizaine de clusters dans les universités (il y en a en réalité déjà beaucoup plus) et elle en appelle … à la responsabilité individuelle des étudiant.e.s. Osant même titrer : "l'enseignement supérieur mobilisé". Mange tes morts madame la ministre. Mange bien tes morts.
C'est donc l'histoire d'une meuf, qui rappelons-le a bossé à l'université et qui en a même présidé une, qui croit que l'arrivée de trois millions d'étudiant.e.s, je dis bien trois millions, en pleine remontée épidémique, va se faire tranquillement alors même :
- qu'elle se refuse à offrir des masques à cette population souvent fragile financièrement,
- qu'elle n'a mis en place absolument aucune procédure de tests ciblés, récurrents et "in situ" (sur les campus) pour anticiper et réguler les remontées épidémiques
- qu'elle n'a engagé aucune réflexion sur la question centrale de la filtration et de l'aération des amphis (où continuent de s'entasser des étudiant.e.s masqué.e.s)
- qu'elle a annoncé avoir créé 30 000 places d'ici 2022 et uniquement dans certaines très rares filières alors qu'il y aura 100 000 bacheliers de plus rien que cette année et que voilà plus de 15 ans que l'université n'est déjà plus en capacité de moyens, de postes et de places pour accueillir dignement le nombre d'étudiant.e.s qui y arrivent chaque année toujours plus nombreux et nombreuses.
Donc les conditions sanitaires d'enseignement dans un contexte de reprise épidémique et pour un virus dont la diffusion par aérosol est désormais actée et documentée par toute la communauté scientifique, les conditions sanitaires d'enseignement sont a minima indigne et même parfois clairement risquées (la fameuse "Danger Zone" qui est peu ou prou la description des conditions d'un cours en amphi). Est-ce un motif suffisant pour engager une mise aux normes des équipements d'aération et de filtration des équipements universitaires ? Ou au moins un putain d'audit sur ces questions ? Ou au moins pour communiquer de manière transparente auprès des personnels concernés ? Pas pour Frédérique Vidal.
Donc 3 millions d'étudiant.e.s débarquent le 15 septembre sur les campus alors que le délai des tests (pour en avoir un et pour avoir les résultats) est déjà de plus d'une semaine dans la plupart des villes universitaires. Est-ce un motif suffisant pour mettre des moyens dédiés et disposer d'outils prophylaxiques autres que ceux consistant à coller des autocollants de distanciation dans des couloirs de toute façon trop étroits ? Pas pour Frédérique Vidal.
Pour Frédérique Vidal comme pour l'ARS, le seul problème c'est celui de la responsabilité individuelle des étudiants, du relâchement des consignes et des soirées étudiantes. Autant expliquer que le problème de la faim dans le monde c'est d'abord la responsabilité de ceux qui reprennent deux fois des frites à la cantine.
Au rythme actuel, dans 15 jours ou 3 semaines au mieux, la plupart des sites universitaires seront partiellement ou totalement reconfinés pour une durée … inconnue. Et cette année sera encore plus chaotique que l'année précédente, ce qui n'est vraiment pas peu dire.
La rentrée à l'université dans ce contexte sanitaire n'a pas été anticipée par Frédérique Vidal ni par la Conférence des Présidents d'Université (CPU) : tout le monde s'est contenté de miser sur une potentielle amélioration de la situation sanitaire, sur le fait que le masque serait devenu "une fourniture scolaire comme les autres", et surtout sur le supposé pouvoir prophylaxique des autocollants matérialisant des distances simplement impossibles à respecter ou à appliquer. C'est plus que maigre. C'est totalement irresponsable.
Au-delà de l'université mais aussi en premier lieu pour cette population étudiante que l'on savait parfaitement contaminée (mais la plupart du temps "porteuse saine") et contaminante, absolument rien n'a été fait pour prendre en compte les particularités de sa socialisation et de sa localisation et pour y remédier ou à tout le moins pour l'intégrer dans les paramètres d'une politique volontariste de testing préventif. Préventif. Pré. Ven. Tif. Au lieu de cela on a sagement attendu que 3 millions de jeunes adultes débarquent sur les campus. Rien. De. Plus. C'est irresponsable. C'est irresponsable mais c'est surtout super con. Et super révoltant.
Parce qu'aujourd'hui chacun des enseignants présents sur les campus a acquis la certitude que nous allons repartir vers un reconfinement massif par région. Et que ce n'est pas la faute "des étudiant.e.s.". Et que cela ne relève pas "de la responsabilité individuelle". Et que ce n'est pas un problème de "soirées festives clandestines". Si faute il y a, et faute il y a, cette faute revient à Frédérique Vidal et à Olivier Véran, ministres de l'enseignement supérieur et de la santé, comptables et coupables d'une politique de testing mise en place à l'échelle du pays qui est totalement saturée et donc totalement inefficace sur le plan de la prévention et de la régulation sanitaire, et ce tout particulièrement dans les universités et pour les populations concernées.
Cet absolu scandale sanitaire, car c'en est un, cette dramatique incurie politique, car c'en est une, sont d'autant plus inacceptables, révoltants et coupables que tous ces points pouvaient parfaitement être anticipés dès la fin de l'année universitaire précédente.
Chacun savait que 3 millions d'étudiants allaient revenir dans des conditions qui, même en respectant les règles d'hygiène qui pouvaient l'être, allaient déclencher en masse un envol des contaminations.
Chacun savait également que 15 jours avant cette arrivée massive de 3 millions d'étudiant.e.s concentrés dans des espaces de socialisation contraints dans l'espace et dans le temps, il était impératif de dimensionner une politique ciblée de tests de manière préventive. Et personne ne l'a fait. Ni la ministre de l'enseignement supérieur. Ni le ministre de la santé. Ni la Conférence des présidents d'université.
Alors la prochaine fois que Frédérique Vidal et d'autres en appelleront à la responsabilité individuelle, n'oublions pas de leur rappeler la leur, qui est première, coupable et totalement irresponsable.
La technique Vidal est parfaitement raccord avec celle du Chef, non ? Un Grenelle de l’enseignement semble s’imposer, le bruit ambiant ne suffisant plus pour dissimuler le vide.
Cher collègue
Je suis tombé sur votre blog et suis assez gene par les propos que vous tenez. Si le désaccord avec les choix de notre ministre peuvent être débattus et critiqués, l’impolitesse et l’incorrection ne sont pas du tout tolérables. Rappeler que le respect de chacun(e) d’entre nous est un des piliers de notre démocratie demble utile en ces temps troubles et en tant qu’enseignant il me semble que cela doit être notre priorité.
Bien a vous
Nicolas
Cher collègue je crois hélas qu’il faut appeler les choses par leur nom et les gens par leurs qualités. En l’occurence la ministre Vidal, s’illustrant notamment par l’ouverture d’un numéro payant pour lutter contre la misère étudiants mérite amplement et le nom et l’épithète.
Ca s’appelle de la diffamation.
Quel gâchis, à quoi bon avoir quelques bons arguments si c’est pour les voirs sombrer sous vos insultes primitives…