Trois millions de pages vues. Très exactement ce soir 3 048 596 selon le comptage "Typepad" (qui héberge ce carnet depuis Août 2005) et 2 994 648 selon Google Analytics (qui accompagne et sert de mouchard mais avec quelques mois de retard – début 2006). Disons donc 3 millions le 1er Février 2021. A la louche.
Et 1. Le premier million de pages vues sur Affordance a été franchi en Mars 2012. 7 ans pour faire un million.
Et 2. Le deuxième million fut franchi en Janvier 2017. 5 ans pour en faire un deuxième.
Et 3. Et donc en Février 2021, voici le troisième million. 4 ans pour le troisième.
3 millions de pages vues en 16 ans. Rien ne sert de compter. Comptez comme il vous plaira. Ce ne sont que des chiffres.
En tout cas merci. Même si les "pages vues" ne disent que très peu de qui les voit, et pour en faire ou en penser quoi, merci à tous et toutes car quelque chose s'est installé. Comme un pacte de lecture à l'échelle de la stochastique du web, de ses liens forts ou faibles. Juste créer des liens tiens. Et en suivre certains. Rien que cela. J'ai redonné il y a peu un cours d'initiation à HTML que je n'avais plus donné depuis des lustres. Et retrouvé dans le sourire de mes étudiant.e.s (pas tou.te.s mais bon …), celui qui avait été le mien lorsque j'avais compris la puissance infinie que ce langage simple mettait entre nos mains.
3 millions de pages vues et toujours (de mon côté) le même plaisir. Celui du gueuloir souvent – en ce moment particulièrement – celui d'une analyse à chaud souvent aussi, celui d'une réflexion, d'un compagnonnage avec les faits numériques et leurs affordances, une observation participante, une auto-ethnographie aussi.
"Réflexions, analyses, signalements", c'est ce qui orna longtemps le frontispice de ce blog avant d'y être remplacé par un simple numéro ISSN. Comme pour dire la durée, la reconnaissance aussi, elle compte bien sûr, même si elle n'est pas l'essentiel. L'essentiel c'est d'écrire. D'articuler la pensée. Avec le luxe infini d'avoir le temps d'y consacrer … du temps.
3 millions de pages vues en 16 ans. 187 500 pages vues par an. 15 625 pages vues par mois. En moyenne.
Sans surprise ce sont mes billets disons … éruptifs, qui se lisent le plus et se partagent le mieux. Frédérique Vidal squatte à elle toute seule beaucoup de marches du podium. Parce qu'elle le vaut bien. Viennent ensuite beaucoup de billets rédigés sur le mouvement des Gilets Jaunes qui avaient donné lieu a beaucoup d'entrevues et de reprise dans la presse ou à la radio, et qui ont donc bénéficié de cet effet d'écho. Puis des articles de la série sur le Coronavirus, et d'autres, singuliers comme l'histoire de Gillian Brockell. Et toujours l'histoire d'Anne Franck qui fut le pic d'audience indépassable un jour de janvier 2016 et me valut aussi ma première menace concrète de procès 🙂
Et puis il y a surtout tout le reste. C'est à dire très exactement les 2775 articles qui viennent après les 15 rassemblant le plus de "pages vues". C'est cette sédimentation, ce sont ces strates qui comptent. Ces pages lues loin de celles les plus vues. Ce travail patient et le plus souvent joyeux. Cette recherche qui se tisse et se trame dans le texte tissu de liens.
Alors au bout de 16 ans bien sûr il y a l'impression aussi narcissique que réconfortante que tout cela peut aussi peser un peu, être utile parfois. L'affaire Refdoc à l'Inist, l'affaire Anne Franck, le refus définitif de publier dans des revues scientifiques (si elles ne sont pas en Open Access immédiat et intégral), les articles sur l'état de l'université et de nos métiers, le sentiment qu'en parlant en son nom on en engage d'autres qui ne l'avaient pas nécessairement demandé ni même attendu mais qui ne sont pas mécontents que cela soit dit, versé au débat, explicité, déplié ; d'autres que cela aide parfois aussi. Et qui vous le disent en retour. De moins en moins en commentaires et de plus en plus par d'autres canaux. Sur tous ces points, indépendamment de mes convictions personnelles et militantes, c'est ce blog et son audience qui furent utiles, déclencheurs, relai, porte-voix ou porte-flingue. Et que des choses changèrent. Ou bien impliquèrent … que ce soit moi qui change, parce qu'on ne gagne pas toujours à la fin 🙂
"Le système nous veut triste et il nous faut arriver à être joyeux pour lui résister" expliquait Gilles Deleuze.
Ne comptez pas sur ma tristesse 😉
3 millions de pages vues. 16 ans. 2790 articles. 186 articles par an. 15 par mois. Un tous les deux jours.
Et une communauté d'affinités électives toujours renouvelées. Mais qui toutes passent à un moment par ce "blog". Les copains dinosaures (André, Lionel, Hubert bien sûr, Antonio et tant d'autres, dont celles et ceux si précieux qui ont fermé leur blog beaucoup trop tôt, Louise, Jean …) et puis la relève qui vient, tous les copains-collègues, et le vent qui se lève, les isolé.e.s mais aussi aujourd'hui la force de tout.te.s les rassemblé.e.s, toutes ces formes, tous ces chemins, beaucoup moins de blogueurs et blogueuses compulsifs mais d'autres compulsions épousant d'autres formes, d'autres collectifs, d'autres réseaux.
3 millions de pages vues. 16 ans. 187 500 pages vues par an. 15 625 pages vues par mois. 2790 articles. 186 articles par an. 15 par mois. Un tous les deux jours. Des chiffres. Et des lettres. La colonne de droite de ce blog, étagère virtuelle d'autres fiertés cette fois non-comptables.
Le monde selon Zuckerberg (2020), L'appétit des géants (2017), Les classiques connectés (2016), Qu'est-ce que l'identité numérique (2013).
Un autre essentiel, pendant le blog et pendant du blog. Sur le blog l'écriture libre et souvent donc contrariante et foutraque dans la digression que permet paradoxalement "l'ancrage" des liens ; dans les livres l'écriture contrainte, mais qui touche un autre espace, d'autres marges, et finalement tant d'autres libertés. Merci à Hervé et Nicolas chez C&F Editions, Roxane et Guillaume chez Publie.net, Marin chez OpenEdition. Merci à vous tou.te.s. La publication de ces ouvrages vous a beaucoup plus coûté que rapporté mais les bâtir ensemble fut pour moi un cadeau formidable.
1 Blog en 16 ans. 3 millions de pages vues en 16 ans. 4 livres en 7 ans. Pour ceux-là combien de pages lues ? Deux formes distinctes mais structurantes. La pelote du blog, du carnet, que l'on déroule à sa guise, et où l'on tisse essentiellement des réflexions autour de liens sans souvent (sa)voir la forme que cela prendra au final. Et l'à-plat du livre. La lecture linéaire et physique, même si elle aussi peut être heurtée, renouvelée. Quelque chose de rond et quelque chose de droit. Et quelque part l'équilibre que l'on parvient parfois à trouver sans le chercher vraiment.
"Ecrire c'est s'étonner" disait Barthes. Ecrire c'est aussi remercier. Pour l'étonnement de chacune de vos lectures, l'étonnement que vous me renvoyez en retour, et qui dépasse de loin, de très très loin, les 3 millions de pages vues, pour cela merci.
Merci et rendez-vous au prochain million.
Et d'ici là n'oubliez pas d'acheter des livres pour rétablir l'équilibre dans la force 😉
Je ne crois pas que ton action soit seulement utile, elle est vitale. Merci.
De mon côté je veille à ce que ce blog soit accessible en permanence depuis le mien.
Merci pour cet excellent post j’ai beaucoup appris !