Une université vient de tuer une librairie. Le libéralisme a fourni l’arme. Les codes des marchés ont fourni la balle. Et l’université, après avoir baissé les yeux, a appuyé sur la détente.
Cette université c’est « mon » université, Nantes Université. Cette librairie c’est la librairie Vent d’Ouest, une librairie « historique », présente dans le centre de Nantes depuis près de 47 années et travaillant avec l’université depuis presqu’autant de temps.
Une université vient de tuer une librairie. Nantes Université travaillait, pour ses commandes d’ouvrages (et une université en commande beaucoup …) avec principalement deux librairies nantaises, Durance et Vent d’Ouest. Pour Vent d’Ouest, cela représentait une trésorerie d’environ 300 000 euros par an, 15% de son chiffre d’affaire. Une ligne de vie pour les 7 salariés de la libraire. Et puis Vent d’Ouest perd ce marché. Du jour au lendemain. Sans même un appel, une alerte ou une explication en amont de la décision de la part de Nantes Université.
À qui est allé ce marché ? Au groupe Nosoli, basé à Lyon, qui s’auto-présente comme le « premier libraire français indépendant multi-enseignes » (sic) et qui donc concrètement a racheté les marques et magasins Decitre et Furet du Nord (et récemment Chapitre.com) et dont le coeur de métier est bien davantage celui de la logistique (supply chain) que celui de la librairie.
Pourquoi Nosoli a-t-il remporté ce marché ? Et pourquoi Nantes Université va devoir commander à des librairies Lyonnaises des ouvrages pour … Nantes ? Parce que le code des marchés publics. Parce que l’obligation de passer par des appels d’offre. Parce le code des marchés publics et des appels d’offre est ainsi fait que désormais (et depuis quelques temps déjà) seuls les plus gros sont en capacité d’entrer dans les critères définis. Parce que les critères définis (par Nantes Université notamment) visent bien sûr à faire des économies d’échelle. À payer toujours moins. Parce que bien sûr, sur ce poste de dépenses budgétaires comme sur d’autres il faut sans cesse économiser, rogner, négocier, batailler, parce que les universités sont exangues de l’argent que l’état ne leur donne plus et qu’il a converti en médaille en chocolat de « l’autonomie ». Parce qu’à ce jeu les plus gros gagnent toujours les appels d’offre et les marchés publics. C’est même pour cela qu’ils sont gros. Et qu’ils enflent encore. [mise à jour] Mais ici pour ce marché concernant des livres, ce n’est pas le critère du prix qui a joué (merci Jack Lang et la prix unique) mais pour être parfaitement précis, c’est le critère du stock qui, en l’espèce et malgré le recours en justice de la librairie Vent d’Ouest, et bien qu’il soit reconnu comme discriminatoire par le ministère de la culture (en page 62 du Vade Mecum édité par le ministère sur le sujet de l’achat de livres en commande publique), a été décisif pour permettre à Nosoli de remporter le marché. [/mise à jour]
Alors Nosoli le groupe lyonnais a gagné le marché de Nantes Université. Et les librairies nantaises Durance et Vent d’Ouest ont perdu. Et quelques mois après la perte de ce marché, la librairie Vent d’Ouest va fermer.
On pourrait s’en réjouir finalement, ou même s’en foutre totalement. Après tout, Nantes Université va faire des économies. Après tout une librairie qui ferme à Nantes et 7 salariés qui se trouvent sur le carreau c’est (peut-être) 7 personnes du service logistique du groupe Nosoli qui gardent leur emploi. Et puis quoi, une librairie qui ferme à Nantes mais il y en a 6 qui ont ouvert sur les deux dernières années à Nantes. Alors quoi ?
Alors une université vient de tuer une librairie. Et quand on discute avec les gens qui, à Nantes Université, connaissent autrement que comptablement la réalité de ce qu’était le marché public passé avec Durance et Vent d’Ouest, et quand on échange avec celles et ceux qui ont l’habitude, à l’université ou ailleurs, de travailler avec le groupe Nosoli, on entend toujours la même chose : rien jamais ne remplacera la proximité. Parce qu’avec Durance et Vent d’Ouest les échanges étaient souples, réactifs, pas (trop) systématiquement réglementaires, parce que les gens qui dans les bibliothèques de l’université commandaient les ouvrages connaissaient les gens qui dans les librairies les leur fournissaient, et qu’en cas de souci ils pouvaient même s’y rendre et les croiser, ces gens. Et on entend, en plus de l’aberration écologique, logistique, et sociétale, que les commandes avec le groupe Nosoli sont usuellement et comme avec tout grand groupe logistique … complexes, lentes, difficilement négociables et rattrapables, sans aucune souplesse, sans aucune écoute ou connaissance des besoins fins de l’université « cliente ». Voilà ce que l’on entend, entre autres choses plus âpres et plus en colère.
Une université vient de tuer une librairie. Et ça fait tellement chier. C’est tellement anormal. Tellement contradictoire. Le même jour que celui où j’ai appris l’annonce de la fermeture définitive de la libraire Vent d’Ouest, j’ai aussi reçu un message de Nantes Université m’informant que, champagne, l’université venait – comme 14 autres universités – de remporter un appel à projet de plus de 23 millions d’euros. La cagnotte lancée par la libraire Vent d’Ouest après la perte du marché de Nantes Université lui avait rapporté quelques milliers d’euros qui lui avaient permis de retarder sa fermeture de cinq mois.
Vivre à l’université, travailler à Nantes Université, c’est être tous les jours, à chaque instant et sur chaque sujet, confronté au même type de contradictions. D’un côté on collecte des dizaines de millions d’euros dans de toujours plus nébuleux appels à projets, et de l’autre on gère la misère et la détresse. Et on ferme sa gueule. Parce que ne pas se réjouir de l’obtention de ces 23 millions d’euros c’est être un pisse-froid et c’est aussi mépriser le travail (et l’épuisement) des équipes qui pilotent (et parfois remportent) ces appels à projets. Oui mais voilà. À Nantes Université on organise des grandes fêtes de rentrée et on donnez rendez-vous à la prochaine distribution alimentaire, la fête mais la précarité. Et l’on fait ça tous les jours. Toutes les universités françaises organisent ou ont organisé des distributions alimentaires, et toutes les universités françaises remportent ou ont remporté des appels à projet de dizaines de millions d’euros. Mais les financements qui permettraient de recruter des collègues enseignants chercheurs ou des personnels techniques et administratifs en nombre suffisant, et de les recruter comme titulaires, pour garantir un fonctionnement minimal normal, ces financements on ne les trouve jamais. Mais les financements qui permettraient d’éviter de fermer une librairie avec qui l’université travaille depuis des dizaines d’années et d’éviter de mettre 7 personnes au chômage, on ne les trouve jamais. Mais les financements qui permettraient à tous les étudiant.e.s de manger tous les jours à leur faim, on ne les trouve jamais. Mais les financements qui permettraient à l’UFR Staps de Nantes Université de faire sa rentrée on ne les trouve jamais. Mais les financements qui permettraient aux collègues de la fac de droit de Nantes Université de ne pas sombrer dans l’épuisement au prix et au risque de choix mortifières pour eux comme pour les étudiant.e.s on ne les trouve jamais. Mais les financements qui permettraient aux collègues de l’IAE de Nantes Université de ne pas s’enfoncer dans le burn-out, ces financements on ne les trouve jamais. Il n’y a pas d’appel à projet à la solidarité partenariale. Il n’y a pas d’appel à projet à la lutte contre la misère étudiante. Il n’y a pas d’appel à projet pour permettre à des milliers de post-doctorants d’espérer un jour pouvoir venir enseigner et faire de la recherche à l’université. Il n’y pas d’appel à projet pour sauver l’université publique. Il n’y en a pas.
Il n’y a pas d’appel à projet pour la normalité des choses. Alors Nantes Université, comme tant d’autres, est uniquement traversée par des régimes d’exceptionnalité. Exceptionnalité des financements obtenus dans quelques appels à projets qui font oublier tous les autres appels à projet où l’université se fait retoquer. Exceptionnalité des crises que traversent les étudiant.e.s, les formations et les personnels de l’université. Exceptionnalité des mesures parfois prises pour tenter d’en limiter les effets. Dans nos quotidiens à l’université, tout est inscrit dans ces logiques d’exceptionnalité, tout n’est lisible qu’au travers de ces matrices d’exceptionnalité. Exceptionnalité des financements. Exceptionnalité des crises. Exceptionnalité des remédiations.
Une université vient de tuer une librairie. Cela n’est pas exceptionnel. C’est devenu banal. Voilà l’autre danger de ces régimes d’exceptionnalité permanents : ils inversent nos représentations morales. Ce qui devrait être exceptionnel devient banal. Et ce qui devrait être banal (par exemple qu’une université publique reçoive des dotations suffisantes de l’état pour lui permettre d’exercer sa mission d’enseignement et de recherche), est devenu exceptionnel.
Une université vient de tuer une librairie. Dans le monde qui est le nôtre et celui que nous laissons, il n’est que des dérèglements. Et si celui du climat dicte déjà tous les autres effondrements à venir, nous semblons incapables de penser nos relations et nos institutions comme autant d’écosystèmes dans lesquels chaque biotope est essentiel aux autres. Nantes Université a tué la libraire Vent d’Ouest. Le mobile ? L’habitude. L’habitude de ne pas mener les combats avant que les drames ne se produisent. L’habitude de se résigner à appliquer des règles que tout le monde sait pourtant ineptes. L’habitude du renoncement à l’attention à l’autre, au plus proche, au plus fragile, dès lors que l’on peut se réjouir de l’attention que nous portent tant d’autres. L’habitude d’aller chercher si loin ce que l’on a pourtant si près.
Une université vient de tuer une librairie. Le libéralisme a fourni l’arme. Les codes des marchés ont fourni la balle. L’habitude a fourni le mobile. Et l’université, après avoir baissé les yeux, a froidement appuyé sur la détente.
[Mise à jour du 26 Septembre] La photo de ce texte que vous venez de lire, imprimé et affiché en grand, sur la vitrine, désormais vide, de la librairie.
Merci.
Juste. Digne. Bravo.
LA librairie qui m’a accompagnée pendant mes études et après.
Les conseils de Patrick, de Samuel etc…
Quelle tristesse.
tout a fait d’accord avec vous
j’ai ecrit aussi une lettre de mon coté. les regles administratives n’ont rien à voir là dedans: avec le prix unique du livre , il n’y a pas d’argument financier, et le coup du stock n’a rien à voir: un stock basé à Lyon ou Paris ne devrait pas etre pris en compte, car il exige ensuite des transports supplementaires (le distributeur jusqu’a Lyon, piuis de Lyon à Nantes). et le livre n’est pas une denrée d’urgence, on peut attendre une semaine que le distributeur l’envoie à la librairie locale. c’est l’université de Nantes et sa nouvelle présidence qui a utilisé le seul argument du stock, qu’ils pouvaient très bien ne pas prendre en compte. non seulement ça favorise les grands groupes , mais aussi les gros editeurs, les livres et auteurs rconnus qui auront des recensions. quand on est etudiant ou enseignant, on a besoin de voir le livre par nous meme pour savoir s’il nous convient, decouvrir de nouvelles pistes, sans se contenter de conseils certes importants mais donnés par d’autres
bref, je suis très en colère, parce que rien n’obligeait à ce choix, parce que visiblement les personnels n’ont pas eté impliqués dans l’appel d’offre, ceux qui connaissaiznt leurs besoins, savaient qu’ils n’avaient pas besoin d’un logisticien type decitre ou amazon, et savaient que Decitre rend un service particulièrement mauvais. si la présidence avait consulté les collègues impliqués, elle aurait su tout cela. mais meme si le service rendu par Decitre arrivera ce qui est arrivé partout où decitre a sevi: il n’y aura plus de librairie locale pour candidater..
Tout à fait d’accord avec vos propos. Et la Ville de Nantes sollicitée par Vent d’Ouest n’a pas bougé le petit doigt …
Merci de ne pas utiliser le mot « schizophrène » en lui prêtant un sens dévoyé.
Les personnes souffrant de maladies mentales vous en remercieront…
je suis désolé, c’est en effet une (très mauvaise) habitude. Je vais corriger.
À ce jour, plus d’un mois après votre déclaration, vous n’avez toujours pas corrigé.
« Une université vient de tuer une librairie. Et ça fait tellement chier. C’est tellement anormal. Tellement schizophrène. »
C’est effectivement doublement dérangeant.
ça y est. J’ai modifié. Dsl de n’avoir pas pris le temps de le faire plus tôt .
Je plussoie le commentaire ci-dessus qui rappelle que la schizophrénie ce n’est pas ça, ça n’a même rien à voir, donc arrêtons la stigmatisation s’il vous plaît.
non, et c’est pour ca que c’est une catastrophe en sciences sociales et humaines, c’etait la plus pointue.
C’est une bien triste nouvelle pour la librairie Vent d’ouest… Savez vous si une autre libraire avec la même direction idéologique est sur Nantes ?
Idem. Choqué par l’usage du terme schizophrén(i)e.
Le capitalisme et ses effets ne cessent de blesser et détruire le monde. Ce que ne font pas les personnes schizophrènes, qui sont précieuses au monde.
On pensait que Vent d’Ouest était intouchable puisqu’institution unique et indispensable mais la logique qui nous gouverne en a décidé autrement, inventons autre chose! Je voudrais remercier tous les salariés de Vent d’Ouest qui nous ont tellement apporté et leur assurer de tout notre soutien dont ils vont avoir besoin pour poursuivre leur chemin .
puisqu' »institution » entre guillemets Merci
Merci. Je trouve la longueur de ce billet à la mesure de l’isolement intellectuel et social qui s’annoncent pour les étudiants, enseignants et chercheurs des universités. Peu ou pas de volonté politique des directions au final, de la façade, de la communication! Ces jolis, nombreux et réguliers messages publicitaires sur l’ancrage des habitants dans leur territoire, sur le soutien au tissu économique et culturel local, sur le citoyen appelé à participer aux projets et son engagement ressassés par les services communication de l’Etat, régions, départements, mairies, banques se prétendant solidaire et cooperative…Du flanc! Un lieu culturel qui ferme, je trouve que c’est un espace de vie commun et d’imaginaire en moins, des rencontres, de liens aussi. Créer des proximités, découvrir les environs et abroger des distances. Un savoir également qui se disperse aux quatre vents qui trouvera difficilement avenir ailleurs. Plus de temps long pour tous projet? Là ou je vis, une grande ville, des librairies indépendantes sont en périle suite à l’explosion de l’inflation. A nouveau. Mais le temps est au beau fixe, suffit la sinitrose, nous disent ces mêmes communicants, il s’agit d’un processus économique vertueux même s’ils genère des affaiblissements de collaboration et ilôts humains, l’innovation par la magie de la destruction créatrice « garantie l’économie sur le long terme ». Voilà, cette mielleuse pettie musique du désengagement de l’Etat et de reduction des couts qui prends une nouvelle forme depuis 2021 avec le pillage des fonds « qui dorment » dans les établissement publics et dernièrement les universités sont ciblées, trésors que récuperent les politiques pour ,affirment-ils, « réduire l’endettement » (https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000042992898). Sans reserves, quelle prise d’initiative et indépendance pour ces établissements, la recherche? Par manque de moyens, à quand la gestion des bibliothèques universitaires par des applications et plateformes logistiques de mastodontes des media?
https://www.lemonde.fr/campus/article/2023/09/08/le-gouvernement-somme-les-universites-de-mieux-gerer-leurs-fonds-et-de-contribuer-a-reduire-la-dette-publique_6188493_4401467.html
Avant toute chose, entendons-nous bien : quoique de nombreuses librairies ont été créées ces dernières années sur l’agglomération nantaise, je suis le premier à me lamenter de la disparition d’une seule, et non des moindres. Toutefois…
Au cimetière, autour de la fosse, même animé du plus mauvais goût ou des pires intentions, il vient rarement à l’esprit de qui que ce soit de rappeler ou révéler haut et fort au public recueilli en ses pleurs les manquements, les égarements, les faiblesses ou les mensonges de celui — humain, trop humain — que l’on enterre. Mais, aujourd’hui, je ne peux m’empêcher d’endosser ce sale rôle, pire que traitre. Non, les universités nantaises n’ont pas tué la librairie Vent d’Ouest. Dans la profession, dont j’ai longtemps fait partie — et au plus près du cadavre rongé des années durant par la gangrène de l’incurie —, personne n’est dupe de ce très gros mensonge. Oui, le jeu des marchés publics est pourri, ne profite véritablement qu’aux gros et bien des librairies peuvent s’en trouver prises au piège (certaines refusant pour cela d’entrer dans la danse), mais Vent d’Ouest — obstinée dans le plus extraordinaire déni — est morte d’abord et avant tout d’une cascade de mauvaises décisions dont elle est la seule responsable : à chaque fois, sur la décennie écoulée, qu’un choix sérieux se présentait, la plus défavorable option stratégique était choisie. En bref, et sans entrer ici dans des faits que je pourrai au besoin détailler, ses ventes s’érodant inexorablement, incapable de se réinventer, prisonnière de locaux onéreux et improbables imposant plus de libraires qu’elle ne pouvait malheureusement en payer, se sabordant chaque fois qu’elle pouvait repartir (le sacrifice du Lieu Unique en fut une belle illustration), décourageant qui s’offrait de l’aider sérieusement, Vent d’Ouest s’enfonçait dans le rouge depuis des années, de plus en plus régulièrement incapables de régler en temps et en heure nombre de ses échéances financières, jusqu’à voir ses comptes bloqués chez de très gros éditeurs, elle s’était ainsi condamnée d’elle même bien avant la perte du marché universitaire dont on pouvait interroger sa capacité à en honorer le renouvellement. Si la librairie n’avait connu quelques sursis aussi providentiels qu’inattendus, la fermeture aurait eu lieu bien avant la perte de ce contrat. L’université de Nantes n’aura donc pas appuyé sur la détente de l’arme tendue par le marché avec la complicité des pouvoirs publics, mais elle aura tout au plus convoqué les croques-morts, arrivés bien tardivement. Il est vrai aussi qu’ils rechignent à s’approcher des zombies.
toute votre argumentation pourrait se comprendre eventuellement si une autre librairie nantaise avait eté choisie (on se serait dit, donnons notre chance à d’autres librairies pour faire tourner les marchés).
sauf que c’est Decitre qui a été choisi. Decitre qui n’a plus de librairie que le nom, decitre dont le service rendu est de très mauvaise qualité (reactivité très longue, peu de conseils, peu de mise en avant des petits editeurs etc..). et aucune autre librairie parmi les nouvelles crées ne rendront le meme service en science sociale et histoire. Meme si on ira commander nos livres à d’autres liberté sympas, ce ne sera que des livres qu’on aura trouvé en référence dans des recensions, auxquelles toutes les petites maisons d’edition n’ont pas le meme acces que les grosses, que les auteurs connus etc…c’est donc aussi à un etranglement des editions qu’on assiste. j’ai decouvertà Vent D’ouest des livres que je ne connaissais pas . certes, les universitaires pointus les connaissaient surement. mais il ya des fois où on a besoin de livres sans etre forcement un universitaire pointu, juste un prof generaliste qui veut approfondir ..et là , ça va etre bien plus compliqué
Bonsoir,
Je vous suis sans restriction sur toutes vos remarques (rien ne dira mon émerveillement lorsque j’ai découvert Vent d’Ouest en arrivant à Nantes il y a plus de 25 ans, tout ce que j’y ai découvert de trésor, ni ma tristesse à la voir disparaître), mais si vous m’avez bien lu, je tenais à souligner ceci: renouvellement ou non du marché des universités, la librairie était condamnée de longue date de par sa seule faute, et faire courir le bruit contraire est simplement le plus indigne des mensonges.
L’article « Une université a tué une librairie » est peut-être quelque peu excessif dans le sens où la santé financière de Vent d’Ouest était fragile depuis au moins vingt ans d’après les données publiques. Il suffit de consulter ses bilans sur societe.com, dont l’historique remonte à l’exercice 2004, pour comprendre qu’un écueil pouvait lui être fatal. La perte du marché de l’université de Nantes fut sans doute cet écueil. La contradiction à l’article de ce blog aurait pu être portée de manière factuelle et objective, ouverte à la discussion, sans chercher à nuire à autrui.
Le post du 19 septembre de « fppb », « humain, trop humain », dont la métaphore de la fosse commune a été méchamment ciselée, est injuste. Pire, ignoble. Parce qu’il s’agit d’une attaque ad hominem. Derrière la raison sociale ou la personne morale « Vent d’Ouest », ce sont des libraires, des femmes et des hommes, qui ont une famille, des parents, des enfants. Des libraires qui endurent des peines, que peu de gens ne peuvent imaginer, en ces moments très difficiles. Ce sont des personnes, comme vous et moi avec leurs qualités et leurs défauts, qui ont beaucoup souffert durant des mois avant de prendre la douloureuse décision de fermer la librairie. Certainement des réveils en pleine nuit, terrassés par l’angoisse de l’échec, d’un avenir obscur.
Ce choix est un acte de gestion qui n’a rien d’exceptionnel dans le monde de l’entreprise (Vent d’Ouest est bien une entreprise). Pourquoi donc un tel tombereau de critiques haineuses ? Combien d’excellentes librairies ont dû mettre la clé sous la porte dans un contexte économique ou sociologique défavorable et pour les raisons que les professionnels du livre connaissent parfaitement. « Se réinventer » pour une librairie exigeante comme Vent d’Ouest – l’exigence, c’est ce qu’on aimait chez elle -, ç’aurait été perdre son âme. Cet échec n’entache en rien la valeur des libraires de Vent d’Ouest. Qu’ils en soient assurés.
J’étais un client régulier depuis plus de quinze ans. Comme une multitude d’autres clients, c’était avec beaucoup de plaisir que je poussais la porte de Vent d’Ouest. J’ai apprécié les conseils pertinents des libraires et leur respect du lecteur qui investissait longuement tous les niveaux, « improbables » et donc pleins de découvertes, de cette librairie originale, incontournable à Nantes. Je serai à jamais reconnaissant envers eux, pour leur accueil, leur sympathie, leur professionnalisme. Je leur souhaite de tout cœur de rebondir.
P.S. : Ne cherchant pas à être un donneur de leçons mais juste à exprimer mon soutien et ma solidarité à des personnes en difficulté, je me laisse aller à un conseil de lecture adressé à l’auteur du post du 19 septembre : « Quand la parole détruit », de Monique Atlan et Roger-Pol Droit.
Bon, je sens que je vais être hors sujet !
Vent d ouest c’était une librairie pas une boutique. Promis, j y ai pu découvrir des auteurs, comprendre des trucs incompréhensibles quand mes moyens financiers le permettaient, en gros ëtre capable de comprendre, rire et pleurer. Des souvenirs de livres et conseils avisés par Patrick Delasalle.
La fermeture est un signe de l’état de la culture nantaise devenue à mes yeux un simple instrument de marketing territorial hors sol au détriment des réalités.
Mais bon, dire anonymement que la librairie a fait de mauvais choix me semble étrange, bizarre, anecdotique…
Bien sûr, le livre a des problèmes avec l’irruption du numérique, de e-commerce mais de là à contribuer économiquement à la disparation de cette librairie.
Je suis simplement en colère car c ‘est aussi une demi douzaine de salariés qui vont découvrir l’ANPE, les assedic, car les collectivités territoriales locales n ont pas levé le petit doigt – ou presque – si occupées à faire croïtre l’offre culturelle ligérienne en multipliant les structures, les évènements, les expositions et spectacles.
Mais, le temps perdu ne se rattrape plus ni guère.
Donc comprendre de façon claire et nette le qui quand pourquoi et comment cette disparition d un commerce essentiel à mon eco systeme citoyen fût possible
Pas vu un communiqué, un courrier intelligible sur cette disparition que je vais le redire me semble significative symbolique de l’évolution de la culture nantaise.
Au moins le grand pingouin aura eu son livre, vent d ouest quelques articles et rédactions fort tardives.
Rien vu qui me permettra de comprendre donc comme dilettante culturel, donc je vais m efforcer de comprendre et essayer d expliquer cette situation et ses perspectives…
N ayant aucune vocation, volonté, temps ni moyens intellectuels pour débattre
je publierai ailleurs mes quelques idées sur la question.
Maintenant, je m imagine des décennies en arrière Vent d ouest avait remplacé la librairie 71, Beaufreton
je me demande où j’irai découvrir quelques livres inconnus.
bien peur que la ligne verte soit insuffisante…
Belle journée et prenez soin de vous !
(réponse à fppb)
Bonjour
J’ai lu attentivement votre post qui éclaire sur la mauvaise gestion des libraires de la librairie « vent d’ouest ». Vous expliquez que la décision de l’université n’a fait qu’entériner la fin économique de cette librairie et de fait n’a donc pas pu « l’assassiner ». Si je m’en tiens à vos analyses financières et stratégiques de cette librairie, je vous suis entièrement. Je ne connaissais pas cet aspect du problème.
Dominique C montre que le choix de l’université s’est porté sur une « « librairie dont le fonctionnement est très commercial et non pas sur une librairie Nantaise de même typologie que vent d’ouest. Cela signifie que la qualité de la prestation auprès des lecteurs n’est plus prise en compte. L’argument de Dominique pointe du doigt la décision de l’université, non pas en tant qu’ « assassin » de vent d’ouest, mais en tant qu’elle a fait le choix d’une entreprise commerciale et non pas d’une librairie proche de ses lecteurs. Il faut noter que la décision de l’université a probablement fragilisé une autre librairie nantaise de proximité en mettant fin à leurs partenariats.
Finalement il n’y a pas eu « « meurtre de manière directe mais la décision est bien en défaveur des librairies dignes de ce nom. Peut-être que les décideurs de l’université ont escamoté cet aspect qui, finalement, est bien dans l’ère du temps où l’économique impose sa loi à la culture (tyrannie des ordres pascaliens) dans un monde où le « divertissement culturel » prend le pas sur la culture.
Je conclurais par une histoire (vraie ou fausse qu’importe) : Pendant la guerre un général demande à Churchill de diminuer les prestations financières dévolues à la culture au profit de l’armée. Et Churchill de répondre : « alors pourquoi nous battons nous ? ».
Cordialement