Patrick Hetzel, le nouveau ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche est un homme de droite, un vrai, c’est à dire quelqu’un qui se soucie d’abord de lui, puis un peu de ses proches, puis à la rigueur de son pays, et enfin du monde. En résumé il a soutenu François Fillon. En moins résumé il s’est battu contre l’ensemble des sujets de progrès social (mariage pour tous, allongement du délai d’accès à l’avortement, accès à la procréation médicalement assistée, loi sur la fin de vie et le suicide assisté, etc.)
On le voyait bien arriver, ce moment là, mais nous, clairement, on n’attendait pas Patrick.
Et il aura suffi de deux expressions publiques (sur X) de ce nouveau ministre fossoyeur pour comprendre à quel point le fracas qui était attendu va s’accélérer comme jamais auparavant et terminer peut-être définitivement la conception que nous avons de l’université publique, de ses valeurs et de son rôle dans la cité.
En plus de l’immensité des casseroles qui font de sa nomination à ce poste l’équivalent de l’arrivée d’un homéopathe au ministère de la santé ou d’une hémorroïde sur un Tiramisu, les premières expressions publique de Patrick Le Fossoyeur Hetzel, n’ont comme feuille de route que la définition d’une nécro-politique explicite et assumée, déclenchant à sa lecture la seule et unique réaction possible dans ce cadre, et qui est parfaitement résumée dans cette vidéo de 32 secondes. Ou plus brièvement ci-dessous.
Par-delà ses génuflexions gênantes adressées dès le 5 Septembre à Michel Barnier et en plus de faire caviarder par son cabinet les informations pourtant factuelles de sa page Wikipedia conjuguant ainsi avec une dextérité rare le pathétique de situation au ridicule de condition, Patrick Le Fossoyeur Hetzel s’est donc fendu de deux déclarations politiques via son compte X.
La première est celle ci-dessous et confirme – entre autres – sa névrose obsessionnelle autour du fantasme de l’islamo-gauchisme à l’occasion de la date du 1er anniversaire des massacres terroristes du 7 Octobre.
Indépendamment des circonstances de ce macabre anniversaire, et sachant à l’avance qu’il ne se passera rien d’autre demain que quelques sporadiques (et légitimes) manifestations étudiantes contre la politique de Netanyahu et le massacre du peuple palestinien et désormais aussi libanais, il demeure tout à fait singulier que la première déclaration politique du ministre aux présidents et présidentes d’université soit à ce point soluble dans celles du monomaniaque ministre de l’intérieur et appelle au « maintien de l’ordre public » … Tout comme il est consternant de s’égarer à ce point en confondant le fait et le devoir réel desdites universités de garantir la diversité des opinions plutôt qu’un « principe de neutralité » dont on perçoit bien la dimension torcheculatoire que le ministre Patrick Le Chloroquinien Hetzel lui porte.
Quand tu t’es tellement mis à genou pour avoir le poste qu’au moment où tu te relèves enfin, il reste des traces.
(Morceau de photo emprunté à
Vient alors la première expression réellement programmatique de Patrick Encore Pire Que Vidal Hetzel. Et là, là, mais alors là, autant ça fait déjà 15 ans qu’on se fait bien démarrer par les ministres successifs au poste, autant là l’enjeu est clairement de nous terminer. Quand je dis « nous » je parle bien sûr de l’université et de la recherche publique et de toutes celles et ceux qui s’efforcent de la garantir précisément contre l’ensemble des directives et décisions de leurs ministères de tutelle.
Cette déclaration programmatique la voici, en date du 4 Octobre 2024.
Je vous explique et décrypte (vous allez, voir, c’est facile).
Déjà sa première communication et visite publique est adressée aux recteurs et pas aux présidents et présidentes d’université, qui pourtant ont achevé d’essorer le torchon sur lequel séchait le peu de dignité qui leur restait en se « réjouissant » de l’arrivée de Patrick Le Terminator Hetzel. Ce qui n’est pas sans poser question quand on sait le niveau de déficit (et de quasi-faillite) de désormais plus de 60 universités sur les 74 que compte l’hexagone, quand on sait également qu’elles étaient 15 en 2022, 30 en 2023, et donc 60 en 2024 à voter un budget initial en déficit. Et quand on sait que passé un certain niveau de déficit les universités sont automatiquement « mises sous tutelle », et sous tutelle de qui ? Bingo ! Des recteurs. Limpide vous dis-je.
En 4 ans de politique d’autonomie à marche forcée, en 4 ans d’abandon par les politiques publiques de l’enseignement supérieur et de la recherche, en 4 ans de refus de créer les postes et les financements récurrents nécessaires, nous sommes donc passés d’une quinzaine d’universités à plus de soixante qui sont littéralement au bord du gouffre. Nous sommes des milliers à alerter, quotidiennement, à lutter, pied à pied, et ce depuis déjà bien plus de 10 ans face à ce que chacun sait être un inéluctable si rien ne change. Et les 4 dernières années, en nous donnant raison nous poussent à l’épuisement de la volonté et à la colère et à la rage qui seules permettent encore de limiter nos résignations et nos abattements.
Car voilà ce que désigne le fait de « voter un budget initial en déficit » : cela veut dire que le nombre de vacataires et de contractuels explose et que l’essentiel de ces postes (sans lesquels aucune des 74 universités ne peut fonctionner) sont financés sur « ressources propres », c’est à dire soit via les ressources de l’apprentissage (qui sont chaque année de plus en plus aléatoires), soit en coupant d’autres lignes budgétaires pourtant essentielles (par exemple en fermant des formations ou en diminuant les heures d’enseignement nécessaires) ; cela veut dire aussi que la gestion bâtimentaire devient un coût littéralement insupportable qui implique soit – au mieux – de la vente à la découpe, soit du délabrement programmé (gestion bâtimentaire qui revient aux universités depuis la saloperie de LRU imaginée par Patrick Sa Mère en Tongs Hetzel et mise en oeuvre par son double féminin en charisme et en soutien des politiques publiques à savoir Valérie Pécresse).
C’est tout cela et bien d’autres choses encore que recouvre le fait que plus de deux-tiers des universités françaises votent des budgets initiaux en déficit. Cela signifie que dans 10 ans au plus tard et à ce rythme, 60 de ces 74 universités seront en totalité ou en partie fermées : on commence par exemple à voir revenir l’idée de fermer leurs antennes délocalisées en région qui sont pourtant, pour les étudiant.e.s et leurs familles, un maillage essentiel de la possibilité d’accéder aux études supérieures. Ou si elles ne sont pas fermées, alors elles n’auront absolument plus rien à voir avec des universités puisqu’on en aura amputé certaines de leur fonction de recherche, d’autres de leur fonction de formation en premier cycle, et qu’à la fin, et avec le levier qui reste le dernier à activer, c’est à dire celui de l’augmentation des frais d’inscription, il n’y aura plus rien qui distinguera l’essentiel des universités françaises des écoles et formations privées qui pullulent actuellement sur tout le territoire en absorbant au passage les financements dévolus à l’enseignement supérieur public. Ecoles parasites dont Patrick J’aime Les Ecoles de Commerce Hetzel est par ailleurs issu. Il n’y a pas de hasard.
Et donc face à la réalité de 60 sur 74 universités au bord du gouffre, il dit et propose quoi Patrick The Apprentice Hetzel ? Trois choses :
- « Adapter les formations »
- « Accroître l’autonomie »
- « Renforcer l’investissement public-privé »
Reprenons donc dans l’ordre.
« Adapter les formations » cela veut dire les adapter à la vision qu’a le MEDEF du marché de l’emploi, c’est à dire à ses seuls besoins. Concrètement cela veut dire fermer les filières identifiées comme « non-rentables » (cela a déjà malheureusement commencé).
« Accroître l’autonomie« , cela veut dire que vous pouvez relire le paragraphe ci-dessus. 60 des 74 universités en France votent des budget en déficit du fait de la mise en oeuvre de cette fameuse « autonomie », et Patrick Dark Vador de chez Wish Hetzel a comme seule ambition de faire basculer les 14 restantes. Il aura alors les mains libres et ne verra plus en face de lui que des nuques baissées prêtes à se soumettre.
« Renforcer l’investissement public-privé« , là c’est encore plus facile à comprendre vu que l’on a au moins 20 ans d’expérience en la matière dans l’ensemble des services publics, de l’université à l’hôpital : « renforcer l’investissement public-privé » cela veut juste dire diminuer la part des financements publics. C’est à dire, laisser les gens crever en les privant de soins, d’éducation, et de possibilité d’émancipation intellectuelle ou sociale.
Les trois priorités de Patrick Charisme d’Huître Hetzel, cela s’appelle simplement une déclaration de guerre, un plan de destruction massif de l’université française, de ses valeurs et de sa place dans la société. Cela concerne plus d’un million six-cent mille nouveaux étudiants et nouvelles étudiantes chaque année, et leurs familles. Dont accessoirement beaucoup continuent de crever de faim et de s’entasser dans les distributions alimentaires d’universités devenues autant de succursales des restos du coeur. Cela concerne près de 90 000 enseignants et enseignantes et chercheurs et chercheuses et leurs familles. Et l’immensité des post-doctorants et post-doctorantes qui ne trouveront jamais un putain de poste dans l’université publique malgré leur immense expertise et tout ce qu’elle pourrait apporter à notre société. Cela concerne près de cent trente-trois mille personnels techniques, administratifs et de santé (les « BIATSS ») qui s’épuisent à colmater les brèches avec un sens du service public de plus en plus rare et pour des salaires indignes et des conditions de travail de plus en plus difficile. Cela concerne enfin plus de centre trente mille vacataires et leurs familles, une armée de précaires payés une misère et qui est devenue, contre toute attente, contre toute logique et contre toute cohérence, le premier contingent de l’université publique.
Mais Patrick Rien à Foutre des Autres Hetzel lui, il a un plan : adapter les formations, accroître l’autonomie, et renforcer l’investissement public-privé. Et chasser les islamo-gauchistes.
[Mise à jour du 12 Octobre] Patrick J’aime Bien Les Fachos Hetzel a d’ailleurs choisi de faire sa première rencontre avec les syndicats étudiants en allant s’afficher avec l’extrême-droite de l’UNI. C’est tout à fait inédit. Tout à fait consternant. Tout à fait inquiétant. Comme le souligne la lettre « C’est Pol » de Libé :
Du côté de la gauche, la sénatrice PS Laurence Rossignol a quant à elle ironisé : «C’est trop bête que le GUD ait été dissous, il aurait pu faire un petit crochet pour aller aussi les embrasser.» Comme l’a souligné le HuffPost, ce rendez-vous n’était pas à l’agenda public du ministre. Reste à savoir pourquoi Hetzel a jugé bon de s’afficher à l’UNI, qui n’avait pas eu un tel honneur depuis des années et est quasi absent des instances représentatives du milieu universitaire.
[Mise à jour du 12 Octobre]
Faut partir Patrick. C’est la seule chose que l’on attend. La seule.
Certaines de vos revendications légitimes sont tuées par vos déclarations à l’emporte pièce.
Vous ne pouvez pas à la fois prétendre que l’université se doit de « garantir la diversité d’opinion » et ne pas reconnaitre un vrai problème avec l’islamisme dans beaucoup de Fac.
Des personnalités académiques ne peuvent plus se produire dans les universités et sont forcées de vivre sous protection policière 24h sur 24. Sans décrire les risques pris par des étudiants de droite (l’UNI) pour simplement défendre leurs valeurs.
Certains corps sociaux, et beaucoup d’universitaires en font partie, se sont tellement coupés de l’opinion majoritaire de ce pays qu’ils sont surpris de se retrouver avec un ministre conservateur.
Cela rappelle l’incompréhension de la nomenklatura américaine suite à l’élection de Trump…