Comme promis, un petit billet "revue de liens" pour expurger mon agrégateur avant de partir en vacances.
Côté Moteurs (et un peu au-delà) :
- Difficile de passer à côté du "big deal" passé entre Yahoo! et Google suite à la tentative avortée de rachat de Yahoo! par Microsoft. Pour une synthèse, voir notamment ce qu’en disent Adscriptor, Techcrunch, Média & Tech, Francis Pisani, Techcrunch France, ReadWriteWeb et (plus synthétique) Le Monde. Quelques analystes avaient, dès le départ de l’affaire, souligné que l’offensive de Microsoft avait de forte chances d’échouer au profit de Google. Ce dernier tire effectivement une nouvelle fois son épingle du jeu en renforçant une position déjà outrageusement hégémonique sur le marché de la publicité en ligne. De son côté, Yahoo! sauve (provisoirement ?) les meubles en renflouant ses caisses, mais le "coup" porté par cette affaire est en train de bousculer grandement (et durabement ?) la structure (et l’autorité) de son exécutif …
- Microsoft (pour se remettre du fiasco Yahoo ?) vient donc officiellement de s’offrir Powerset, moteur plus sémantisé que réellement sémantique (comme je tente de l’expliquer dans les 75 000 signes rédigés pour le séminaire INRIA IST’2008). L’argumentaire mis en avant dans le billet du blog de Microsoft est celui du renforcement du moteur Live.com (qui est clairement à la ramasse par rapport à Google et Yahoo) grâce à la mise en avant de la compréhension du contexte et de l’implicite. Bref, Microsoft entre officiellement dans la course au web sémantique.
- On pouvait déjà faire plein de choses avec Google et ses services (ou ceux qu’il a rachetés). On peut désormais en faire encore plus. Celui-ci a en effet annoncé qu’il allait se lancer dans le marché (juteux et stratégique) de la mesure d’audience et du "média-planning". Un créneau jusqu’ici propriété quasi-exclusive de Nielsen Online et ComScore (qui en tremblent déjà …) ou Médiamétrie dans l’héxagone. Inutile je pense d’en rajouter une couche sur le fait qu’en gagnant (ce n’est pas encore fait et comme le souligne Emmanuel Parody c’est le marché de masse qui est d’abord visé …) le marché de la mesure d’audience, Google devient un peu plus l’alpha et l’oméga d’une certaine représentation du web. Cette nouvelle corde à son arc est cependant parfaitement "logique" pour au moins deux raisons : primo l’infrastructure dudit Google, son nombre colossal de serveurs, et l’ampleur des données qu’il recueille et dont il peut librement disposer, deuxio, l’atout stratégique et l’effet de levier que représente un outil planétaire de mesure d’audience pour (mieux) vendre (encore plus) de la publicité aux annonceurs. Le service porte le doux nom de Google Ad Planner.
- Google (ben oui, encore …) se lance dans une opération
de communicationde maintien de la neutralité du Net. A l’heure où l’on constate partout (y compris en France – loi Hadopi – et au Canada mais aussi aux Etats-Unis avec la très récente annonce d’une purge du réseau Usenet) la transformation des FAI en auxiliaires de police, Google à donc annoncé (sans fournir de date ni de nom de service, ni de détails …) : "le développement d’outils qui permettront aux
internautes de vérifier par eux-même si leur fournisseur d’accès à
Internet (FAI) intervient d’une manière ou d’une autre sur leur
connexion." (via Ecrans) L’alpha et l’oméga disais-je … A propos, plus largement, de la loi Hadopi (parenthèse ci-dessus), il existe heureusement encore quelques dangereux anarchistes pour tenir un discours vivifiant et cohérent sur la question du copyright et du logiciel libre. - Le web invisible connaît un deuxième recul très significatif. Après l’annonce (par Google) d’une indexation possible des données contenues derrière certains formulaires de recherche, c’est désormais Adobe qui annonce que le format Flash sera indexable par les moteurs. Comprenez : Adobe va mettre à disposition de Google et Yahoo! (pourquoi pas de Microsoft ? Parce que Microsoft développe sa propre technologie concurrente à Flash : Silverlight) un player spécifique qui permettra de naviguer "dans" les sites en flash et d’en indexer certains éléments au passage. Pour le reste, voir le billet de Techcrunch d’où je tiens l’info, les Questions/Réponses de Google WebmasterCentral et la FAQ d’Adobe. La question de l’indexation (et du référencement) des sites en Flash est un vieux serpent de mer pour les référenceurs. Avec ce nouveau système, c’est un pan entier du web qui va à son tour émerger dans les pages de résultats des moteurs. Les avis des analystes sont par ailleurs assez partagés sur l’intérêt et la nouveauté relative de cette indexation.
Côté Réseaux sociaux :
- Marc Andreessen (fondateur de Netscape et actuel gourou de Ning) rejoint l’exécutif de Facebook. Bonne pioche dans tous les cas et rapprochements probables ou nouvelle concentration à venir de ce côté là.
- Une bibliographie sur la question des réseaux sociaux par l’une des meilleurs spécialistes de la question, Danah Boyd.
- Un entretien avec Pierre Bellanger (PDG Skyrock) à propos du "premier réseau social d’Europe" (Skyblogs) dans lequel tombe une (de mes) idées reçues : "La totalité (des blogs) est active. Tout blog qui n’a pas été modifié ou consulté
dans les derniers 90 jours est automatiquement supprimé. Près de 10 000
blogs sont ainsi fermés chaque jour, tandis qu’il s’en crée plus de 30
000. La plate-forme est un réseau vivant. Pas de cimetière de blogs ou
de profils chez nous !"
Côté web 2.0 :
- une (petite) bibliographie francophone sur le sujet.
- le panorama des médias sociaux par FredCavazza
- Web 2.0 et logique de marchés multifaces : l’article d’un économiste sur ce que "cache" la gratuité des services 2.0. "No free lunch sur le Web 2.0 ! Ce que cache la gratuité apparente des réseaux sociaux numériques (.pdf) (Via Pintini)
Côté bibliothèques :
- Alors que la bibliothèque du Congrès fait le bilan (globalement positif) de l’initiative FlickR, la bibliothèque municipale de Toulouse devient tout simplement la deuxième bibliothèque au monde à lui emboîter le pas. (En plus ce sont des photos du plus beau coin du monde, celui où j’ai grandi 😉 Plus d’infos dans le billet des Bibliothèques2.0.
- un essai de 15 pages, très stimulant, dans lequel il est question de l’avenir des bibliothèques, d’affordances, et de géométrie euclidienne : "S’il vous plaît, dessine-moi une bibliothèque. De la bibliothèque euclidienne à la bibliothèque numérique" (.pdf)
Côté Wikis et Wikipédia :
- Un article de référence sur la génèse des Wikis : "Du web aux wikis : une histoire des outils collaboratifs."
- suite à la dernière affaire en date autour de Wikipédia, initiée par l’agence de relations publiques Euro-Rscg, David Monniaux propose une réponse souriante.
Côté "livre et numérique" et livres numériques :
- dommage que je n’aie vraiment pas le temps d’en parler en détail mais d’autres (françois, Virginie et hubert notamment) le font heureusement avec talent … Donc en vrac : Bruno Patino vient de remettre au ministère de la culture son "Rapport sur le livre numérique" (.pdf). Pour les plus pressés, voir le résumé qu’en donne Le Monde.
- Quelques jours auparavant, le SLF avait mis en ligne (à l’aide de CommentPress) son propre rapport (et ses propres préconisations) sur l’analyse de la situation : Accueillir le numérique.
- Une étude intéressante (mais payante) sur l’usage des E-books en bibliothèque, avec cependant quelques extraits gratuitement accessibles et assez révélateurs sur ledit usage.
- Une autre étude (gratuite cette fois), en provenance de l’association des bibliothèques de recherche au Canada, sur les usages, les licences, les accès et les impacts des E-books : "E-Books in Research Libraries: Issues of Access and Use (doc)" (via Pintini encore)
- La librairie dans 150 ans : brillant exercice de fiction par Cory Doctorrow.
Côté Web sémantique :
- Pour tout savoir sur le RDF (format au coeur de la sémantisation du web), les documents et recommandations officielles du W3C, traduites en français.
- Une conférence passionnante (datée du 11 Juin 2008) réunissant un échantillon très représentatif du gratin du web sémantique (dont Tim Berners Lee et Nova Spicack) : live vidéo ici.
Côté bibliométrie et indicateurs scientifiques :
- un rapport sur l’usage statistique des citations (.pdf) et son résumé en français sur le site de Sauvons la recherche. Le rapport plaide clairement en faveur d’une théorie de la relativité générale des indicateurs statistiques scientifiques là où la plupart des "décideurs" y voient l’alpha et l’oméga de toute politique d’évaluation digne de ce nom. Pour les autres, il est toujours possible de faire joujou avec ce genre d’outils.
Côté lectures :
- le dernier Livre Blanc de Christophe Asselin/Digimind sur la "Réputation Internet". Avec notamment quelques buzz digitaux disséqués et l’indication de "stratégies" pour les anticiper, les démonter, les relancer, les contrôler. Du simple veilleur au consultant en communication de crise, ce Livre Blanc devrait amplement satisfaire son lectorat.
- LA bible du documentaliste et du bibliothécaire : le Traité de Documentation de Paul Otlet, sous-titré "Le livre sur le livre". C’était en 1934. Et on n’a guère fait mieux depuis.
- Pour se faire plaisir (et se faire un peu peur dans la veine du 1984 d’Orwell), la dernière nouvelle de Cory Doctorrow : Little Brother. Librement téléchargeable.
Côté ressources pédagogiques :
- Un vrai cours en ligne de Laurent Jenny sur l’Histoire de la lecture (avec bibliographie, exercices et tout et tout)
- Prenez des textes scientifiques "fondateurs" et faîtes-les analyser par des scientifiques d’aujourd’hui pour mieux comprendre leur impact et leur inaltérable actualité : c’est la très bonne idée du projet Bibnum, pour l’instant encore à l’état de maquette, mais dont on souhaite qu’elle prenne très rapidement son essor (et qu’elle s’ouvre au-delà des 4 domaines qu’elle entend pour l’instant couvrir – math, physique, chimie, biologie – les SHS constituant un formidable terrain de jeu pour ce genre de mise en perspective).
Et pour finir, un petit lien du Week-End 🙂
Ben voyons!
Le gentil Pierre Bellanger qui sauve les ‘bons’ blogs (hello, Pierre, long time, no see!)? Et les mêmes donnent dans le panneau de la ‘longue traîne’ qui fait glisser le curseur séparant le bon grain de l’ivraie chez les blogueurs:
au détour d’un transformée de Fourier opportune, voire inversement des abscisses et ordonnées quand ça rend le ‘pitch’ plus sexy pour un fonds d’investissement?
Pour précision, Google ne se « lance » pas vraiment dans le marché de la mesure d’audience, il l’anéantit en le faisant passer au gratuit : stratégie googlesque de destruction créatrice financée par la publicité et ses gigantesques effets de réseaux. Comme pour le marché du tracking, des OS Mobiles, des applications bureautiques, des données financières etc…qui auront menacé respectivement Omniture, Symbian, MS Office, Dow Jones.
Outre le beau tremplin vers l’achat de pub chez Google, Adplanner permet aussi de réduire une asymétrie d’information entre annonceur et sources d’audience et par conséquent de fluidifier et faire croître le marché.
Un petit commentaire anecdoctique concernant le rapport patino.
Jean-Pierre Arbon a été consulté. Il apparait dans la liste des éditeurs. Sa société 00h00.com dont il est connu qu’elle a déposé son bilan.
A cette époque, JP Arbon a annoncé qu’il quittait le monde du livre pour faire des chansons…
L’information aurait-elle échappé à Télérama ?