Et pour une fois ce n'est pas moi qui le dis, c'est la très vénérable et très respectable CPU (conférence des présidents d'université). Dans une lettre adressée à Nicolas Sarkozy datée du 5 Janvier 2009, l'équipe nouvellement élue de la CPU enfonce les clous sur lesquels plusieurs d'entre nous tapaient depuis déjà plusieurs mois : les universités sont au bord de l'explosion. Ce qui n'est pas nouveau. Ce qui est nouveau, c'est que cette fois ce ne sont pas (uniquement) les étudiants mais bien les personnels qui sont à deux doigts d'entrer en résistance, de passer de la colère à la révolte.
Il faut bien reconnaître que dans le milieu éducatif, de la maternelle au supérieur, les coups de boutoir gouvernementaux ne manquent pas. Mais il faut aussi reconnaître que les universités vont se coltiner quelques coups assez emblématiques : statut des personnels (on ne parle pour l'instant que de la modification du statut des enseignants-chercheurs mais les personnels IATOSS seront mangés de la même manière), casse des concours de recrutement des enseignants du secondaire, vraie-fausse autonomie, remise en cause de la laïcité (accord France-Vatican sur le reconnaissance des diplômes) … et puis bien sûr les fondamentaux du Prince : calendrier intenable et incohérent, multiplication des fronts de conflit, bref, la routine. La lettre ouverte de la CPU est sobrement intitulée : "Chronique d'une crise annoncée dans les universités". Quelque chose me dit que la fin du mois de Janvier devrait être assez chargée du côté de "l'agenda social".
Juste quelques morceaux choisis pour vous inciter à lire l'intégralité de la lettre :
- Sur le statut des enseignants-chercheurs : "Une modulation des services qui transformerait l’augmentation du temps
d’enseignement en sanction pour recherche insuffisante, voire en
compensation pour des suppressions de postes constatées et annoncées,
et qui cristalliserait par ailleurs les inégalités entre domaines et
entre filières, créerait des dommages irréparables au sein des
communautés universitaires, sans pour autant augmenter
significativement la capacité de recherche du système d’enseignement
supérieur français." (voir aussi la tribune publiée dans Le Monde du 5 Janvier, limpide) - Sur la "masterisation" des enseignants du secondaire : "Mais la précipitation dans laquelle s’est engagée cette réforme et
l’absence de réponse aux questions que nous posons depuis des mois sur
les stages, sur les conditions d’entrée dans le métier ou sur le
financement des études des futurs maîtres, rendent la situation
aujourd’hui intenable : d’un côté les universitaires ont travaillé
depuis l’été au niveau national, comme dans les académies, sur des
projets de maquette et de l’autre les programmes de concours auxquels
ces masters sont censés préparer n’ont été connus qu’en décembre. La
formation des enseignants est trop importante pour l’avenir des
connaissances et des compétences de la nation pour que soit refusé le
temps d’une réflexion nationale et d’une vraie coordination entre les
deux ministères concernés. Nous insistons tout particulièrement sur la
prise en charge financière des étudiants, et ce pour une raison
stratégique." - sur l'accord France-Vatican : "Selon cet accord, les diplômes délivrés par les instituts catholiques
contrôlés par le Vatican seront reconnus en France au même titre que
les diplômes délivrés par les universités publiques. Non seulement cet
accord porte sur les diplômes canoniques, ce qui peut se concevoir mais
mériterait discussion, puisque les diplômes canoniques font partie du
champ initial des instituts catholiques, mais aussi sur les formations
profanes, ce qui est proprement inacceptable." Remember l'instituteur et le curé …
A noter également que du côté de l'AERES (bébé gouvernemental de chapeautage de la recherche) on ne prend même plus la peine d'avancer masqué et l'on déclare benoîtement que "L’habilitation des formations doit disparaître si les universités sont vraiment autonomes." Air connu … les diplômes nationaux n'ont jusque là permis de former que des crétins eux-mêmes seulement capables de former d'autres crétins pour obtenir des diplômes nationaux qui leur permettront de former … ad libitum.
Pendant ce temps, au ministère, la DEPP (direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance) publie, concernant les doctorants, des "notes d'information" qui ressemblent bigrement à des notes d'objectifs … et je ne vous parle même pas des post-doc …
Juste pour mémoire, quelques courts extraits de la tribune du Monde signalée plus haut :
- "Faire dépendre le service d'enseignement de critères d'évaluation de la
recherche – pour l'instant incertains -, c'est risquer d'assimiler
l'activité noble qu'est l'enseignement à une sanction. Cela revient en
tout cas à introduire entre les deux missions des
enseignants-chercheurs une hiérarchie : ou bien un bon enseignant n'a
nul besoin de s'adonner à des recherches, ou bien un chercheur peu
productif suffit à faire un enseignant performant." - "Ce projet est ensuite inacceptable parce que, à supposer qu'on admette
le principe d'une modulation des services liée à une évaluation
permanente de l'activité de recherche, les modalités proposées pour
cette modulation ne garantissent nullement contre l'arbitraire. Le
pouvoir de décision serait en effet aux mains du président d'université
(ou du directeur d'établissement) et du conseil d'administration, le
second étant conçu par la loi LRU comme un instrument du premier." - "Ce projet est enfin inacceptable parce que, en vidant de son contenu le
statut de fonctionnaires d'Etat des universitaires, il porte une grave
atteinte aux libertés académiques sans lesquelles il n'y a pas
d'universités dignes de ce nom. Depuis des années, le ministère de
l'enseignement supérieur s'attaque à la ressource la plus précieuse de
l'universitaire : son temps d'autonomie. C'est grâce à lui qu'il peut
féconder son enseignement par ses lectures, ses recherches, ses
échanges avec d'autres spécialistes, en France et à l'étranger."
<Update du soir>
A la suite de la publication de la tribune du Monde, signée par treize universitaires, beaucoup de collègues ont souhaité
manifester leur soutien à ce texte en proposant de les signer. C'est la
raison pour laquelle ce texte est désormais proposé à la signature de
toute personne, universitaire ou chercheur, qui en partage les idées et
le contenu. L’objet de la pétition est de demander le retrait du projet
de décret sur le statut des enseignants-chercheurs. Adresse de la pétition : http://petitions.alter.eu.org/
</Update>
(Temps de rédaction de ce billet : 1h30)
Pour l’Abolition de la Précarité
dans l’Enseignement Supérieur,
la Recherche et Ailleurs
…………………………………………..
http://www.collectif-papera.org
Participez par vos questions à la rencontre de PAPERA avec le Conseiller auprès de Valérie Pécresse
Le collectif PAPERA reçu au MESR le 24 février 2009
/ Dépôt de vos questions
jusqu’au 30 janvier 2009
mardi, 13 janvier 2009 /
Le collectif a obtenu d’être reçu par Pierre-Louis FAGNIEZ, conseiller auprès de la ministre Valérie Pécresse. Nous évoqueront avec lui essentiellement la question de la précarité dans l’ESR afin d’obtenir pour une fois des réponses précises sur ce point crucial pour l’avenir à la fois des précaires concernés mais aussi de tout l’ESR. Nous vous proposons de participer à ce rendez-vous en nous faisant part de vos remarques, suggestions et questions que nous transmettrons et discuteront au MESR.
Merci de relayer cet appel le plus largement possible avant le 30 janvier 2009.
Education nationale : le feu aux poudres
Le 31 Mai 2010, le syndicat des Inspecteurs d’académie (SIA) écrivait à Luc Châtel pour lui manifester son inquiétude et solliciter un rendez-vous. Le 16 Juin 2010, ce même syndicat publie le communiqué suivant (disponible ci-après en pdf : Téléchargem…