Faisant suite au pavé dans la mare jeté hier par Jakob Nielsen, j’étais ce matin en cours avec mes étudiants en train de leur présenter l’évolution et les passerelles de plus en plus nettes entre deux mondes jadis distincts : celui des bases de données et de l’information structurée d’un côté et celui du web et de l’information non structurée de l’autre. Et de leur expliquer que le web était en train de se structurer chaque jour davantage, etc, etc. Au détour d’une explication sur le fonctionnement des moteurs de recherche une étudiante me demanda s’il était possible qu’un moteur dispose d’une exclusivité sur l’indexation de certains sites. "Grands dieux non ! Le web appartient à tout le monde et donc à tous les moteurs" me récriais-je. Non ? Pas si sûr finalement … Je ne pense pas (mais je n’ai pas d’argument massu pour étayer cette pensée :-(, je ne pense pas, disais-je, que le phénomène de "désindexation" ici relaté puisse aller jusqu’à son terme. Les sites de la renommée de Craigslist se comptent sur les doigts d’une main (mettons des deux. Bon d’accord, trois mains peut-être) En revanche, l’absorbtion des contenus du web par les grands moteurs et leur reformattage "à la mode" base de données pourrait achever la mutation à l’oeuvre en faisant des moteurs non plus simplement des outils de recherche mais des broadcasters, de "nouveaux" médias à part entière. C’est bien d’une guerre de compétence (et d’argent) qu’il s’agit ici. Prenons l’exemple des bibliothèques et souvenons-nous des tonitruants échos de Google Books et du projet bibliothèque de Google. Après avoir non pas rasé mais numérisé gratis, et avec un outil comme GoogleBase, permettant de facto d’appliquer à certains contenus une classification à facette, qui plus est évolutive, en d’autres termes, disposant ainsi Du Catalogue et de l’Outil de Repérage, disposant en sus de la technologie de recherche et de l’infrastructure technologique permettant de garantir les temps de réponse des trois, il n’est pas impossible qu’une bibliothèque se dispose un jour à franchir le pas et à déléguer entièrement le processus de traitement, de mise à disposition de son fonds. Ces dernières (les bibliothèques) n’ont d’ailleurs pas hésité longtemps (et en étudiant leurs moyens financiers, on les comprend) avant d’offrir les clés du temple aux marchands pour la numérisation. Avec le temps démarchant … le temps des marchands.
(Source : BroueHaHa)
A propos des contrats Google Books (bibliothécaires et négociation)
Olivier Ertzscheid a publié mercredi sur Affordance, en réaction à lannonce de la mise à disposition de pdf sur Google Books, un long et énergique billet analysant les contrats liant Google à deux universités partenaires. Le billet a déc…