Côté moteurs/wikipédia/knol :
- On a donc pas mal parlé avant et pendant les vacances du projet de Google concernant son "encyclopédie" Knol : dans Ecrans, Florence Devouard s’inquiète à raison en rappelant que 50 % du traffic vient directement de Google. Google Blogoscoped y revient également en soulignant l’argument selon lequel Google ne pouvait plus accepter de voir partir tout ce traffic "non-monétisé" vers un site (wikipedia) indiquant qu’il refuserait toujours la publicité.
- Voir aussi la rapide analyse comparative de ReadWriteWeb entre Knol, Wikia, Wikipedia et Mahalo autour des trois mamelles de l’argent, de l’attention (comme vecteur de monétisation) et de l’altruisme (comme contribution à la somme des connaissances disponibles).
Côté réseaux sociaux, moteurs de recherche et scientométrie :
- Medline nous avait déjà habitués à son goût des interfaces innovantes. En voici une nouvelle baptisée GoPubMed qui permet, sur la base d’une recherche de faire émerger des "réseaux sociaux" à partir des noms d’auteurs d’articles et de leurs adresses de courier électronique (Via Cismef). En fait, plutôt qu’un réseau social (ce qui est l’argumentaire marketing du lancement de ce nouveau service), c’est bien de scientométrie qu’il s’agit, c’est à dire de la capacité, via un moteur sémantique, de repérer des collaboratoires, des "collèges invisibles", et de cerner en un instant sur un thème donné, l’état des publications en la matière et les chercheurs les plus en vue. Exemple : en entrant le terme "stuttering" (bégaiement) et en cliquant (à gauche dans la rubrique "What") sur "Hot topics", vous visualisez :
- un "top 20" des auteurs ayant le plus publié sur le sujet
- un "top 20" des publications classées par pays
- un "top 20" des journaux dans lesquels on trouve le plus de publications en rapport avec le bégaiement
- une courbe temporelle vous permettant de visualiser la progression (ou le recul) du nombre de publications par an sur ce sujet
- une visualisation sous forme de graphe des réseaux de collaboration entre auteurs (répondant à la question "qui publie avec qui ?")
- c’est à tomber par terre. Et on se prend à rêver d’un tel outil dans le cadre d’un moteur généraliste majeur à vocation scientifique (maiiiis non, pas forcément celui-là, il y a aussi celui-là). Pour mieux comprendre la puissance d’un tel outil : allez le tester, et lisez le communiqué de presse (.pdf).
Côté moteurs tout court :
- le 7 janvier 2007, il y a donc de cela exactement un an, Jimmy Wales annonçait le lancement de Wikia, le moteur de recherche dont les résultats seraient validés par des humains. Et bien exactement un an plus tard, on nous annonce le lancement de Wikia (en version béta) pour demain, le 7 Janvier 2008 donc. A ce sujet, voir la revue de presse de Christophe Asselin. Le site de la "communauté" wikia est ici, et comme on peut le lire dans le wiki du projet, Wikia compte s’appuyer sur tout l’éventail des technologies de recherche à valeur ajoutée, à savoir la sémantique (= catégorisation), le "réseau social", l’indice de "réputation", et une infrastructure "distribuée". Lancement demain donc, et affaire à suivre de près pour ce nouveau "moteur de recherche open-source collaboratif".
Côté Bibliothèque "2.0" (ou pas …)
- Une conférence qui s’est tenue début Novembre à Berkeley sur le sujet des bibliothèques "2.0" avec les supports de présentation accessibles en ligne (supports présentés parfois sous forme classique – un bon vieux powerpoint – parfois sous forme "2.0" – un wiki). Pas de grande nouveauté mais cela vaut le coup de visionner la conférence inaugurale de Meridith Frakas qui embrasse bien la situation (.ppt)
- l’un des derniers rapports du Pew Internet nous apprend (via 01.net) qu’outre-atlantique, la première raison de fréquentation des bibliothèques est … le fait d’y trouver une connexion Internet. De quoi largement réalimenter de vieux
démonsdébats, tant sur le taux d’équipement desdites bibliothèques dans notre bel hexagone, que sur la place des technologies d’accès dans ces enceintes et le taux de formation et d’encadrement qui est dévolu à leurs personnels.
Côté Folksonomies & Indexation sociale
- Lire l’un des derniers articles de Manuel Zacklad au titre programmatique : "Classification, thésaurus, ontologies, folksonomies : comparaisons du point de vue de la recherche ouverte d’information (ROI)".
Côté néologismes :
- Saluons l’arrivée de la Zemblanité, exact opposé de la sérendipité et qui désigne "la faculté de faire de façon systématique des découvertes malheureuses, malchanceuses, attendues et n’apportant rien de nouveau." La génèse du concept et sa présentation détaillée sont disponibles sur Urfist-Infos.
- Saluons (Via Francis Pisani) l’arrivée de la "mobiquité" : mobilité + ubiquité. Un néologisme qui traduit bien la place de plus en plus importante qu’occupe dans notre société et dans nos comportements informationnels, l’informatique nomade et/ou ambiante.
- Reste à savoir si ces deux néologismes entreront au panthéon linguistique aux côtés de la blingocratie.
Côté copyright, Fair-Use et autres creative commons
- Un rapport intitulé : "Recut, Reframe, Recycle: Quoting Copyrighted Material in User-Generated Video" (.pdf). La question posée est de savoir si dans le cadre des sites de médias participatifs donnant lieu à divers remixages (exemple : YouTube), les détournements, parodies, et autres mashups de diverses oeuvres de fiction relèvent – ou non – du cadre du Fair Use (= usage équitable) et échappent donc à la législation du copyright. La réponse du rapport est claire : Oui. Il y a dans ces "oeuvres" de nouveaux éléments (détournement, transformation, remixage) qui les inscrivent dans le cadre de la constitution d’une culture populaire. "Video remix culture does not violate copyright." Les auteurs du rapport rappellent également qu’il est important de sensibiliser aussi bien les "auteurs" que les "remixeurs-amateurs" à la notion de propriété intellectuelle et d’usage équitable, pour que les premiers soient conscients de la richesse que ces remixages peuvent (parfois) apporter à leurs oeuvres, et pour que les seconds travaillent et s’amusent dans le respect de l’oeuvre des premiers. A noter : le site de présentation de l’étude est très bien fait, puisqu’en sus du téléchargement de l’étude proprement dite, il propose également une courte vidéo en rappelant les principales problématiques et conclusions, et propose également de télécharger un fichier excel du corpus de vidéos utilisées. Il propose enfin, pour chaque type de remixage (détournement, critique, débat, illustration, etc …) les 5 vidéos les plus parlantes. Certaines d’entre elles sont réellement … parlantes.
- Et puis vraissemblablement à ne pas rater (je ne l’ai encore pas visionné en entier, mais il est plein d’interviews avec Yochai Benkler et ne peut donc pas être mauvais 🙂 un documentaire sobrement intitulé "Steal this Film" qui décrypte les enjeux liés à la notion de propriété intellectuelle et plus largement de "diffusion" dans le contexte actuel. Pour les plus pressés, plein d’extraits sur Google Vidéo, pour les autres téléchargement dans plein de formats possibles directement sur le site du documentaire. Il y en a même qui se sont déjà attelés au sous-titrage en français.
Côté traces documentaires identitaires (ou identité numérique si vous préférez) :
- nos comportements informationnels laissent de plus en plus de place à l’égotisme forcené. Au service de cet égotisme on compte d’ailleurs de plus en plus d’outils tendant à l’illustrer (les divers outils de classement façon "top 50 de quelque chose"), à le renforcer (économie de la réputation), à en faire naître le besoin (via des interfaces navigo-ludiques dont vous êtes le centre et la circonférence), ou à en faire l’alpha et l’oméga d’un modèle économico-sociétal (facebook). C’est l’éternelle histoire de la poule et de l’oeuf.
- Got dans ses petites cases, nous gratifie d’un éclairant billet sur FOAF (Friend Of A Friend) dont on aimerait effectivement penser que le modèle réellement ouvert qu’il incarne soit l’avenir des protocoles tournant derrière la plupart des réseaux sociaux. Mais je ne peux hélas pas m’empêcher de penser qu’il y a encore bien du chemin à parcourir … l’heure étant plutôt pour les grosses cylindrées à la centralisation des profils propriétaires … ce qui doit nous inciter encore davantage a faire plus de place aux initiatives alternatives et technologiquement éprouvées (dont FOAF).
Côté ressources pédagogiques :
- un petit inventaire à la prévert joliment présenté des différents outils de recherche d’information : le Pass recherche sur internet.
- un (énième) guide de la recherche d’information à destination des cadres de l’éducation nationale mais heureusement lisible par tout le monde 😉
Côté voeux, bonnes résolutions et oracles divers :
- il y a ceux qui ne croient plus aux blogs sous leur forme actuelle (Jean-Michel Salaun et Jean Véronis) … mais qui continuent heureusement de blogguer 🙂 De mon coté je reste sur le créneau de l’enthousiasme (peut-être un peu candide), même si – à l’instar des deux précédemment cités – je constate ici et là une raréfaction des pépites blogguesques, nombre de trouvailles ayant visiblement du mal à tenir sur la longueur, ce qu’on aurait du mal à leur reprocher tant il est vrai qu’en dehors d’un projet affirmé de publication (journal, auto-fiction, carnet de recherche, formation à distance), l’exercice du blog est une gymnastique chronophage, et que "le temps de blogguer" n’est pas nécessairement la chose la mieux partagée du monde. Il n’en demeure pas moins qu’en repensant à ce qu’était la pêche informationnelle d’avant et d’après le temps du blog, ce "format éditorial" a tout de même été l’occasion d’entendre de bien belles voix, et de découvrir de fort pertinentes analyses. L’avenir dira ce la forme blog deviendra, mais les potentialités, l’univers de discours offert par une petite quantité de ces "nanopublications" reste pour l’instant et de mon point de vue, essentiel.
- il y a ceux qui comme Fred Cavazza, se livrent à leur petit exercice de prospective du nouvel an, et ceux qui comme Francis Pisani, font une revue de presse des principaux exercices du genre.
Et mes prédictions à moi ?
- A l’instar de ce que décrit Christian Fauré à propos du service Twine, je crois que l’ensemble des acteurs majeurs de la recherche d’information (Google, Yahoo! Microsoft) et quelques-uns de leurs challengers (Exalead, Facebook) vont prendre de plus en plus nettement le grand virage de l’hybridation. Une hybridation entre :
- des espaces et des services collaboratifs,
- des technologies sémantiques ou sémantisées de représentation et d’agrégation des connaissances,
- et des algorithmies de recherche "pures" (ou recherche universelle).
- Je crois que la diversité des contenus va (enfin) atteindre un équilibre longtemps espéré entre le "texte seul" et la vidéo et l’image.
- Je crois enfin que l’une des grandes questions en terme de recherche (notamment pour les sciences de l’information et de la communication) sera la mise au jour des nouvelles autorités cognitives qui s’articulent aujourd’hui de manière encore un peu floue derrière la monétisation (ou la non-monétsation) des services à base de connaissance (Knol, Wikipedia).
- De mon côté je retiens comme éléments et tendances majeures de l’année écoulée : les deux nouvelles étapes de la dérives des continents documentaires que sont :
- d’une part, la synchronisation transparente entre nos activités informationnelles connectées (on-line) et déconnectées (off-line),
- et d’autre part, la sphère croissante d’indexabilité (notion de "graphe social" pour faire simple) de l’humain au travers de ses innombrables traces documentaires éparses sur le(s) réseau(x).
- Ce qui me semble frappant au-delà de tout c’est l’avénement imminent et probable d’une nouvelle génération d’algorithmes ayant capacité à représenter sur un même plan des documents toujours plus fragmentaires, des traces identitaires toujours plus documentées, et à transformer toutes ces traces d’attention en vecteurs d’intentions, pour le plus grand bonheur des grandes industries culturelles et des quelques acteurs qui dominent actuellement le marché (et ce au-delà du discours geignard et misérabiliste que s’obstinent à tenir les mêmes industries culturelles). En un mot comme en cent : la redocumentarisation du monde. Il est certain qu’il va falloir être très très très attentif aux Network sciences, car elles seront le creuset plus que probable de cette nouvelle génération d’algorithmes et de modes de représentation, et qu’à mon sens, elles seules ont aujourd’hui la capacité à réunir en un même cadre d’analyse les fronts de recherche les plus innovants, les techniques d’indexation et de représentation du vivant au sens large.
- Voilà pour le côté vivifiant et optimiste de la chose. Côté pessimiste (mon éternel côté cassandre :-); je crains que nous ne soyons confrontés à une échéance majeure, celle de la médecine personnalisée et/ou médecine "2.0" et/ou médecine désintermédiée. La montée en puissance et la position désormais établie de ces nouveaux prescripteurs planétaires que sont les moteurs de recherche d’une part, la mise à la portée du grand public des technologies de génomique (notamment à des fins d’auto-diagnostic) d’autre part, les rapprochements entre les premiers (moteurs de recherche) et les secondes (sociétés de génomique), et enfin l’engouement de plus en plus explicite chez tous les grands acteurs de l’industrie médicale (et notamment pharmaceutique) pour des modèles de diffusion et d’accès reposant sur du gratuit financé par la publicité va nécessiter, pour le moins, de grands chantiers didactiques si l’on veut éviter d’aller à coup sûr … droit dans le mur. Va falloir se trouver dare dare un José Bové de la santé comme bien commun de l’humanité. Sinon …
Bonne année à vous tous 🙂
Bonne rentrée et bonne année 2008 !
Au plaisir de te lire tout au long des prochains 365 jours ! 🙂
« « encyclopédie » Knoll »
Héhé attention, il ne s’agit pas de Knoll mais de Knol. Il est assez normal que vous fassiez cette erreur, et je pense que vous ne serez pas le seul à la faire car Knoll est l’une des firmes historique de design les plus connues. J’imagine que le nom a été un minimum étudié du coté de Google mais je trouve que la ressemblance est un peu limite, et qu’elle risque au moins de faire grincer les dents des amateurs de design.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Knoll
Bonjour Olivier,
Excellente entrée en matière pour commencer 2008 ! A propos de « fair use », j’aimerais avoir ton avis sur la situation que je décris en P.S. à mon dernier billet : http://adscriptum.blogspot.com/2008/01/facebook-translations-crowdsourcing.html
Merci d’avance,
Jean-Marie
Ouinon> Merci, c’est corrigé 🙂
Jean-Marie> Merci, c’est commenté 🙂
Florence> Merci, et bonne année 🙂
Bonjour et meilleurs voeux pour 2008.
Comme José Bové de la médecine, il y a http://martinwinckler.com/ non ?
Cordialement.
Au côté de GoPubMed, on peut également citer http://www.pubfocus.com/ qui propose des analyses intéressantes (quand le site fonctionne).
Maudire le siècle avec l’ABF
« Il sera toujours plus facile de maudire le siècle et de traquer les travers supposés d’autrui dans le confort d’un blog personnel ou d’une liste de diffusion que de construire un dialogue respectueux avec des collègues d’établissements et d’horizon…