Le professeur d’histoire.

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Plus d'un siècle après l'élection de Donald Trump, le monde est dirigé par 2 grands partis politique : le Google Democracy Engine (GDE) et le Facebook Digital Labor Party (FDLP). Winston, un professeur d'histoire, donne son denier cours avant d'être remplacé par un robot.

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Il savait que c'était aujourd'hui son dernier cours devant des élèves ne disposant pas de casque neuronal d'apprentissage. Une "classe" comme l'on disait au début du siècle. Le ministère de l'apprentissage neuronal (M.A.N) venait d'annoncer que les derniers professeurs seraient définitivement remplacés par des pédabots pour les 8 heures hebdomadaires qui nécessitaient encore une présence physique dans les classes. Le reste des savoirs et des protocoles d'apprentissage étaient désormais entièrement disponibles sous la forme de modules neurocâblés de réalité immersive. Les enfants à partir de 10 ans passeraient donc 8 heures par semaine en présence de ces pédabots, le reste de leur scolarité et de leurs apprentissages leur étant directement transmis par les programmes du M.A.N.

Winston était professeur d'histoire. Il intervenait dans un cyber-collège de la banlieue de Toulouse auprès d'élèves âgés de 11 à 15 ans. Pour la dernière fois donc. Ce soir il allait pouvoir consacrer l'essentiel de son ancien temps de travail à valider et à superviser les programmes d'apprentissage de ces foutus modules neuro-câblés, c'est à dire à peine plus de 2 ou 3 heures par semaine, le reste du temps il ferait comme tout le monde, il profiterait de cette société du loisir en se gavant de gellules léthargiques pour tromper l'ennui. Il y avait de toute façon bien longtemps que les notions de "temps de travail" et de "temps libre" avaient été vidées de leur sens.

Son cours était prêt. Déjà 12 ans qu'il le donnait. Une dernière fois il repassa dans sa tête ce cours qu'il allait donner pour la dernière fois à ses derniers élèves. Il allait entrer dans cette salle blanche qu'il connaissait si bien, enfiler sont gant d'interaction virtuel (GIV) qui avait remplacé craies, marqueurs et tableaux, activer sa puce oculaire pour scanner les élèves présents et, d'une pression sur son GIV, lancer la scénographie virtuelle construite autour d'images d'archives récupérées dans les entrailles de Networld 4, la quatrième génération du réseau internet. Le GIV de Winston était une antiquité qu'il avait réussi à chiner dans une techno-brocante et qui lui avait valu les railleries de nombre de ses collègues mais il s'en moquait, il y était attaché. Pendant que les images défileraient sur PC, les "Panoptiques Cellulaires" des élèves, il leur raconterait l'histoire de leur monde. Une histoire qui commençait toujours par les mêmes mots :

"Tout a commencé dans les années 2015-2020".

Tout avait, en effet, commencé dans les années 2015-2020. Dans une majorité de démocraties occidentales, des partis et des leaders populistes, milliardaires, acteurs, hommes d'affaire, chanteurs, principalement de droite (très) conservatrice ou d'extrême-droite avaient pris le pouvoir, remplaçant une classe politique incapable de mesurer les enjeux de la transformation de la société et entièrement consacrée au maintien de ses rentes et à sa propre reproduction. En 2016, le Royaume-Uni sortait de l'Europe après un référendum populaire. En 2016 toujours, les Etats-Unis d'amérique élisaient Donald Trump comme président, un milliardaire raciste, mysogine, vulgaire, parvenu. L'année suivante c'est la France qui basculait aux mains de l'extrême-droite avec l'accession à la présidence de Marine Le Pen.

En à peine 10 ans, la plupart des démocraties étaient ainsi tombées entre les mains de populistes rivalisant de promesses, de fantasmes et d'approximations, tous incapables de tenir le moindre des engagements qui leur avaient permis d'accéder au pouvoir. Le compteur de la corruption et de la bêtise atteignait des sommets : plus un candidat traînait derrière lui de casseroles, d'affaires de corruption, de condamnations judiciaires, plus il promettait l'intenable, plus il niait la réalité économique, plus il mentait de manière pathologique, plus il multipliait les déclarations fracassantes, plus il pointait le "complot" de "l'establishment", plus il désignait de boucs-émissaires, et plus il obtenait quasi-mathématiquement des chances d'être élu.

En moins de 30 ans, aux environs de 2050, les partis politiques au sens classique avaient quasiment tous disparus, ceux qui subsistaient ressemblaient davantage à un étrange mélange d'agences de communication dotés de milices très actives et dirigés par des "stars" des industries du divertissement, pour la plupart milliardaires, pour la plupart sans aucune formation ou culture politique. Dans chacun de ces pays, la population avait "lâché l'affaire" : après avoir tenté toutes les alternances possibles entre conservateurs, libéraux et socio-démocrates, après avoir porté au pouvoir des partis extrêmistes, après avoir vu émerger différents mouvements populaires supposés redonner le pouvoir au peuple et renouveller le personnel politique, aucun des problèmes n'avait été réglé, le chômage continuait de grimper de manière affolante, la dette atteignait des valeurs colossales, les banques et une minuscule oligarchie économique se partageaient ce qu'il restait de richesses en affamant toujours davantage les peuples, le dérèglement climatique était désormais chaque jour davantage mesurable et observable et jetait aux portes de l'hémisphère nord des populations entières fuyant la guerre, les inondations et les cyclones ravagaient des continents entiers. La misère augmentait, des maladies que l'on croyait éradiquées resurgissaient un peu partout sur la planète, l'accès aux soins était réservé à une élite de plus en plus réduite, les clivages sociétaux, raciaux, étaient portés à leurs paroxysme : partout, chaque jour, les journaux titraient sur de nouvelles émeutes, de nouvelles révolutions populaires qui avortaient ou étaient réprimées dans le sang. Quelques pays maintenaient encore des élections, mais devant des taux d'abstention qui dépassaient le plus souvent les 90%, la plupart des anciennes démocraties avaient opté pour des modes de désignation par "acclamation sociale".

Nombre d'intellectuels, l'essentiel des médias d'opinion de l'époque continuaient de titrer sur la dégénérescence démocratique. Pourtant cette dégénérescence fut beaucoup plus insidieuse qu'annoncée. Aucune loi martiale ne fut proclamée, aucune minorité ne fut publiquement pourchassée ou exclue. Les extrêmistes, "racistes" ou "suprémacistes" de tous poils parvenus au pouvoir avaient l'intelligence de la haine : plutôt que de promulguer des lois qui auraient compromis leurs chances de réélection ils plaçaient systématiquement des proches acquis à leur cause dans toutes les administrations, à tous les échelons décisionnels, à charge pour ces "pions idéologiques" d'appliquer, en douce mais de manière constante, la doctrine réactionnaire et parfois ouvertement néo-fasciste qui les animaient, à charge pour eux surtout, de garantir leurs rentes, leurs intérêts de classe dominante et leur réélection autant que possible. Donc on ne pourchassa pas les noirs ou les arabes ou les mexicains, mais les noirs les arabes et les mexicains se voyaient encore plus systématiquement qu'avant refuser l'accès à l'emploi, aux soins, à l'éducation. On ne défit pas les lois sociétales sur le mariage homosexuel mais jamais les homosexuels ne s'étaient sentis aussi rejetés. La parole raciste devint totalement décomplexée. Plus personne ne se cachait pour agonir d'injures telle ou telle "minorité" tout en se réclamant soi-même d'une minorité opprimée.

On continua d'élever des murs. Des murs physiques entre des territoires, entre des états mais également au sein même de ces états. A l'intérieur même de villes ou de villages des zones résidentielles fermées éclosaient un peu partout. L'état ayant renoncé à toute égalité républicaine, il jouait jusqu'à l'outrance le jeu de tous les communautarismes au motif de préserver la paix civile : chaque religion avait ses écoles et ses hôpitaux, il en allait de même pour chaque communauté politique, sexuelle, idéologique, nutritionnelle : lesbiennes, gays, végans, climatariens, juifs, musulmans, libertariens, et ainsi de suite, avaient aussi leurs écoles et leurs menus, leurs hôpitaux et leurs techniques de soins, leurs propres élites "politiques" représentatives. Dans cette mosaïque communautaire ou l'idée même de laïcité et de république avait définitivement disparue, se mettaient en place toutes sortes de potentats locaux, de mafias régulant le secteur économique et d'idéologies d'exclusion de tout ce qui n'entrait pas dans les standards communautaires définis.

Pendant ce temps, celles et ceux que les médias baptisaient du sobriquet de "PPP" pour "Présidents Populistes Plénipotentiaires" passaient l'essentiel de leur temps à constituer des milices privées à leur service pour régler rapidement les situations de conflit économiques et sociaux qui auraient pu dégénérer en situations pré-insurrectionnelles. Cette nouvelle caste de "PPP" avait en outre à sa disposition un système de fichage très complet et redoutablement efficace de l'ensemble des populations qu'ils étaient supposés administrer. Ainsi en France, à peine un an avant que le Front National n'accède au pouvoir, le gouvernement social-libéral de l'époque avait créé par décret un fichier recensant les données biométriques complètes de l'ensemble de la population. La première action de tous les PPP au lendemain de leur élection, était, si ce fichier existait déjà, de le mettre à disposition de la police et de l'armée tout en multipliant les information biométriques qu'il contenait déjà et, si ce fichier n'existait pas encore, de le créer pour pouvoir parfaitement contrôler la population et mettre en place les mesures discrétionnaires qu'ils votaient à tour de bras.

Et puis survint la catastrophe. Le 9 Novembre 2029 la faille de San Andreas s'ouvrit de manière définitive. Sur cette faille se trouvaient les quartiers généraux de la plupart des grandes entreprises technologiques : Google, Facebook, Apple, Amazon, Uber AirB'nB et tant d'autres. En plus de cette catastrophe qui causa des milliers de morts et d'irréparables pertes matérielles, une vague sans précédent de tornades et de cyclones ravagea la plus grande partie de l'ouest des Etats-Unis. Puisque ni la terre (à cause des tornades, des tremblements de terre et des alertes nucléaires), ni la mer (à cause des cyclones et de la pollution nucléaire) n'étaient désormais en capacité d'accueillir les immenses centres de collecte de données qui étaient devenus absolument nécessaires à l'administration de la planète entière, les patrons des grandes entreprises de l'ancienne Silicon Valley prirent alors la décision de basculer vers des infrastructures de stockage aériennes : les anciens "data-centers" devinrent des "Stratos-Data". Ces "Stratos-Data" étaient d'immenses plateformes construites dans des bio-matériaux moléculaires et utilisaient une nouvelle technique de lévitation anti-gravitationnelle mise au point dans les années 2025 par l'industriel Elon Musk. Lorsque, une ou deux semaines par an, le seuil de pollution le permettait, on pouvait parfois apercevoir ces immenses masses d'un gris légèrement translucide flottant très haut à la limite de la stratosphère, à l'abri de toutes les catastrophes climatiques pour l'instant recensées. Dans le temps qui fut nécessaire au rétablissement complet de ces services, chacun mesure l'importance désormais vitale qu'occupaient ces sociétés technologiques dans nos vies.

De fait, la planète était, à cette époque, principalement gouvernée par quelques grandes sociétés technologiques. Dès les années 2015, les progrès de l'intelligence artificielle furent considérables. Les algorithmes régulaient des pans entiers de la vie des gens. Longtemps cantonnés à la sphère des loisirs, ils permettaient désormais de réguler des pans entiers de l'économie. Dès 2016, la France confia à une jeune ingénieur le soin de mettre au point un algorithme capable de faire baisser le chômage en affectant mieux les emplois disponibles. Cette entreprise fut d'abord un échec. Mais Google et Facebook, après être devenus les leaders mondiaux de la diffusion des offres d'emploi, mirent au point à leur tour des "algorithmes d'affectation" capables d'attribuer, en temps réel, à chaque citoyen, non plus un "travail" mais des "missions" qui correspondaient autant à sa formation ou à ses compétences qu'à sa localisation géographique, aux biens matériels qu'il possédait, à ses centres d'intérêts affichés et à d'autres paramètres obscurs connus seulement de ces sociétés. En à peine une génération, une bascule complète s'opéra sur le marché du "travail". Le chômage devint nul. Quasiment plus personne n'avait de "travail" mais tout le monde parvenait à subsister, souvent très difficilement, car tout le monde enchaînait en permanence tout un tas de "missions" grâce aux algorithmes d'affectation. En 2050 l'essentiel des emplois était partiellement ou totalement automatisés grâce à l'essor de la robotique et des robots-compagnons, aux progrès de l'intelligence artificielle et aux différents assistants intelligents.

Disparition des partis de gouvernement classiques, remplacement des élites politiques par des castes médiatiques élues à l'applaudimètre social, disparition des élections, déliquescence du pouvoir et renforcement de tous les communautarismes : le tableau avait l'air sombre. Et il l'était en vérité. Mais il y avait aussi toute une série d'effets positifs paradoxaux : le chômage avait été éradiqué pour être remplacé par une nouvelle forme d'employabilité qui multipliait les missions précaires. On avait davantage éliminé la notion de "métier" ou de "salariat" que réellement supprimé le chômage mais chacun semblait se satisfaire de ses "MESRINE", ses "Missions Economiques ou Sociales RandomIsées NEcessaires" ; les actes d'agression racistes avaient fortement baissé puisque chaque communauté vivait à l'abri de ses propres murs, physiques ou virtuels. Jamais on n'avait autant détesté ou eu peur de "l'autre" mais comme on ne croisait quasiment plus jamais "l"autre" … on se contentait de le détester et de le molester dans quelques arènes virtuelles.

C'est sur ce constat d'une société effondrée symboliquement, culturellement et socialement, et en s'appuyant sur les outils de contrôle et d'organisation de la production et de l'opinion qu'ils avaient mis en place depuis presque un siècle, que les patrons des "TenTech", les 10 sociétés technologiques les plus puissantes de la planète, firent leur entrée en politique. Les clowns pathétiques qui dirigeaient jusqu'ici le monde ou avaient l'impression de le faire, commençaient à devenir une menace réelle pour le business des "Tentech". Dans les faits, il y avait désormais plus d'un demi-siècle que les PPP, les Président Populistes Plénipotentiaires, se consacraient principalement à l'organisation de soirées de gala ou de croisières spatiales, plus d'un demi-siècle que les "Tentech" dirigeaient et orientaient l'ensemble des actions politiques, économiques, environnementales et sociales à l'échelle de la planète. Elles décidèrent alors d'en finir définitivement avec la caste des PPP. Et il leur fut facile de démontrer à la population que cette caste était finalement pire que l'ancienne caste des partis politiques qui avaient dirigé le monde au début du 20ème siècle ; il leur fut facile de faire comprendre aux peuples que c'étaient elles, les "TenTech", qui depuis plus de 30 avaient permis d'éradiquer la plupart des cancers, que c'étaient leurs algorithmes qui avaient permis d'éradiquer le chômage, que c'étaient leurs intelligences artificielles qui régulaient l'ensemble des flux financiers de la planète mais également les infrastructures de transport à l'échelle mondiale en permettant d'atteindre un niveau d'accidentologie presque nul. Devant ce bilan, et comparativement à celui des PPP en place, lorsque Mark Zuckerberg alors âgé de 75 ans annonça que Facebook devenait "The Facebook Digital Labor Party" (FDLP) et lorsque de son côté Larry Page annonça presque simultanément que Google devenait "The Google Democracy Engine" (GDE), ils remportèrent à eux deux l'ensemble des élections dans plus de 70% des pays du globe en à peine moins de 10 ans. Elections qu'ils organisaient par ailleurs via leurs dispositifs d'acclamation sociale qui avaient remplacés les anciennes machines électroniques à voter."

MzMark Zuckerberg assistant avec sa fille à l'élection de Donald Trump en Novembre 2016. Cinquante ans plus tard, le "Facebook Digital Labor Party" remportera les élections dans plus de 70 pays.

Winston s'arrêta et d'une pression sur son gant d'interaction virtuel il déconnecta aussi les neuro-implants de visionnage de la vingtaine d'enfants qui lévitaient en face de lui. "La classe est terminée" leur dit-il. "C'est le pédabot HP-17 qui vous accueillera demain matin." Puis il sortit de la salle et se retrouva dans l'immense arène du CELC, le Centre d'Education de Loisir et de Commerce, sorte de gigantesque hybride qui remplissait à la fois les fonctions de centre commercial, de parc d'attraction et d'école. Il ferma les yeux. Il n'avait pas retiré son gant d'interaction virtuel. Ce vieux modèle chiné dans une techno-brocante. Un modèle qui avait été déclassé suite à un bug qui permettait aux professeurs habilités d'implanter une séquence alphabétique de 500 caractères dans les neuro-implants de leurs élèves sans que ceux-ci en soient conscients, séquence qui s'activerait ensuite à chaque production de ce que les chercheurs avaient identifié comme la séquence synaptique du doute. Winston avait été parmi les premiers à dénoncer cette faille et et à demander le déclassement de ces GIV de troisième génération. Mais il avait également toujours redouté qu'un jour ne vienne où il lui faudrait se servir de cette faille. C'est à ce jour là qu'il avait pensé lorsqu'il était tombé sur ce vieux GIV dans cette brocante. Et ce jour était venu. Car il ne croiserait désormais pus jamais ses élèves dans une salle de classe. Plus jamais il n'enseignerait.

Il n'espérait pas changer le monde. Il espérait juste faire son boulot de professeur. De professeur d'histoire. Il espérait que cette séquence alphabétique neuro-implantée chez une vingtaine de jeunes enfants grandirait avec eux. Qu'elle finirait par les imprégner, par se rappeler à eux à chacun des choix importants de leur vie, c'est à dire à chacun de leurs grands moments de doute. Il espérait surtout qu'elle ne serait pas détectée par le Facebook Digital Labor Party ou par le Google Democracy Engine. Que 500 caractères alphabétiques pourraient mettre fin au solutionnisme technologique. Winston était probablement un doux rêveur mais en activant cette séquence il avait l'impression de jouir d'un pouvoir absolu, d'être un révolutionnaire total. Ce n'était qu'une graine. Posée là au bon endroit et activée au bon moment elle suffirait peut-être à transformer le doute en hésitation, l'hésitation en posture critique, la posture critique en engagement, l'engagement en renouvellement, le renouvellement en révolution. Il l'espérait en tout cas. Et cet espoir lui suffisait. Il n'avait de toute façon ni les moyens ni même l'envie d'espérer autre chose. Son dernier espoir reposait sur des technologies qu'il avait toujours combattu. En cela il se haïssait et se trouvait médiocre et détestable. Mais il lui fallait agir. Maintenant. Dans quelques minutes la connexion entre son gant et les neuro-implants de ses élèves serait désactivée par le Ministère de l'Apprentissage Neuronal. Il réunit son index et son majeur et les abaissa simultanément pour effectuer une pression sur la paume de sa main. La séquence alphabétique de 500 caractères qu'il avait programmée s'activa alors dans les neuro-implants de sa classe. C'était une citation d'un philosophe du 20ème siècle. Michel Foucault. Elle disait ceci

"Chaque société a son régime de vérité, sa politique générale de la vérité: c’est-à-dire les types de discours qu’elle accueille et fait fonctionner comme vrais ; les mécanismes et les instances qui permettent de distinguer les énoncés vrais ou faux, la manière dont on sanctionne les uns et les autres ; les techniques et les procédures qui sont valorisées pour l’obtention de la vérité ; le statut de ceux qui ont la charge de dire ce qui fonctionne comme vrai."

 

5 commentaires pour “Le professeur d’histoire.

  1. Vous etes assez passimistes. Les menteurs pret a carronter n importe quoi pour etre leu n ont pas attendu Trump. Vous rappelez vous de Chirac (dit super-menteur et de la fracture sociale) ?
    Pour le reste, je vois l avenir bien plus sombre avec une population mondiale de plus de 10 millards (moins de 5 a ma naissance) et des ressources naturelles en berne. On a plus de chnace d etre dans un monde a la mad max dans moins de 100 ans

  2. Très bon texte, vraiment.
    Mais alors qu’on évoque un bon nombre d’oppressions, la misogynie est passée sous silence. Pourtant, et ce depuis un peu avant 2016 (depuis début 2000 à peu près), elle reprend peu à peu ses droits (elle n’en avait pas perdu beaucoup…). On peut imaginer qu’à l’intérieur même de ces murs, la moitié de la population est toujours plus opprimée. Les femmes, les premières victimes du fascisme. Toujours. Faut-il qu’un tel texte soit écrit pour une féministe pour qu’on y lise le possible destin de la moitié de notre population?

  3. Fascinant récit, un grand bravo !
    Ce billet me donne ce que je recherche depuis 10 ans : un roman d’anticipation de la même teneur que 1984 ou Babylon Babies.

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