Googlepedia : l’évidence de l’oxymore.

L’encyclopédie et le moteur. Comme le titre d’une énième fable numérique, riche d’enseignements.
Car quoi de plus opposé – a priori – qu’une encyclopédie et un moteur de recherche ? A priori seulement car à force d’être un moteur de recherche objectivement excellent, à force de réduire comme peau de chagrin l’espace d’affichage des liens organiques, et en prenant en compte les habitudes de navigation des internautes (qui n’utilisent quasiment jamais le scrolling), à force donc, Google est devenu un moteur de sources : une requête ne donne (en général) pas de réponse directe, mais bien davantage (et bien mieux) une source (en général) pertinente dans laquelle trouver la réponse que l’on cherche.
Et aujourd’hui sur le Net, Wikipedia est LA source. Que l’on s’en plaigne ou s’en réjouisse ne compte pas ici.
LA source et LE moteur.
Et entre eux une histoire d’amour d’affinité compliquée, comme toutes les histoires. Une histoire pour laquelle on dispose désormais de nouvelles preuves (parce que c’est bien connu, il n’y a que des preuves d’amour). LE moteur a tout intérêt à ce que L’encyclopédie soit bien représentée dans ses résultats, au risque d’une surpondération desdits résultats. L’encyclopédie a elle tout à gagner à être bien référencée dans LE moteur, et à ne pas sacrifier la pertinence de ce dernier sur l’autel de sa propre notoriété, logique à laquelle, gagnant en maturité amoureuse, elle se plie volontiers.
Comme dans toutes les histoires d’amour d’affinité, les contraires s’attirent. Et leurs situations financières sont probablement là aussi ce que l’on peut aujourd’hui trouver de plus antagoniste sur le Net. Une fondation soutenue par quelques levées de fonds d’un côté, une bulle spéculative en acier trempé de l’autre. Et les difficultés ou les rumeurs de difficultés que cela entraîne pour l’une**. Et les rapprochements tentants que cela finit par imposer aux deux parties.
La suite de cette histoire, celle qui reste à écrire, c’est celle d’une hybridation :

  • L’hybridation comme une évidence : la même qui fait que c’est aujourd’hui par un moteur que l’on entre en bibliothèque. Que "la bibliothèque hors les murs" est aussi "la bibliothèque hors la visibilité", "la bibliothèque hors l’usager" si elle n’intègre pas son catalogue à celui des moteurs. Ce qui est tardivement et heureusement en cours.
  • L’hybridation plus fine, qui fait que l’encyclopédime est aujourd’hui non plus exclusivement "savant" mais aussi "d’usage" (cf p.307 de ma thèse).
  • L’hybridation beaucoup plus problématique enfin, d’un "bien commun" (wikipédia est ainsi définie dans son argumentaire par Florence Devouard, cf les liens plus bas) et d’une succursale marchande planétaire. Car en matière de "biens communs", on connaît les manières un peu brutales de la pieuvre (cf notamment ce qu’il advînt des livres libres de droits comme autant de biens communs … mais jusqu’à quand ?)

**Sur l’épisode des supposées difficultés financières de wikipédia voir : ici, ici, ici et (fin de l’histoire) .

Voir aussi à propos du traffic Wikipédien (dont 50% vient de Google et qui devient l’un des 10 sites les plus visités au monde) : Didier Durand, SEORoundTable, Yahoo!News, Steve Rubel.

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