Luc Châtel : sinistre de l’éducation nationale.

Voilà un garçon qui promet d'être à l'éducation nationale ce que Napoléon fut à l'armée prussienne. Luc Châtel a eu coup sur coup non pas une, non pas deux, non pas trois mais bien quatre, oui, quatre idées de génie. Partant du principe que a) c'est la crise et que b) tout va très bien dans l'éducation nationale, il a donc décidé de :

  1. supprimer les dispositifs  – déjà notablement insuffisants – d'aide aux élèves en grande difficulté (= RASED)
  2. augmenter le nombre d'élèves par classe pour, à terme, supprimer carrément des classes (si, si) et même de "petites écoles" (si, si)
  3. supprimer encore davantage de postes d'enseignants permanents (cf supra : plus d'élèves par classe = moins de classes = moins de profs) / Rappel : plus de 40 000 postes ont déjà été supprimés entre 2008 et 2010 …
  4. coller devant les élèves des personnels non-qualifiés, non-formés et – cela va sans dire – non-titulaires

(idées auxquelles il faut ajouter – mais là l'idée venait de Xavier DarK'OS – la célèbre masterisation, le même ayant également breveté l'idée de la suppression des RASED mais avait finalement préféré lâcher du lest sur ce dossier pour en faire passer d'autres).

Ah … et puis j'allais oublier, Luc Châtel prévoit aussi de "réduire" (comprendre "de stopper le plus vite possible") la scolarisation des enfants de deux ans. De la scénécente incontinence verbale de son prédecesseur*** , Luc Châtel fait un objectif éducatif à court terme, avec tout le courage politique d'un car de CRS en armes devant un SDF ivre : sur ce point comme sur les autres, il refile le sale boulot aux recteurs, avec feuille d'objectif à remplir et tout le toutim ; en l'occurence la feuille d'objectif s'appelle une "fiche académique", il y en a 13, et elles se terminent toutes par la question l'injonction suivante : "Gain en emplois". Ca sonne bien "Gain en emplois", ça sonne positif, beaucoup plus positif que "Nombre d'emplois supprimés" ; pourtant cela veut dire la même chose. C'est un "trope", une figure de rhétorique. On en reparle plus tard.

***In Xavier DarK'OS memoriam, il avait donc osé affirmer, vidéo à l'appui : "Est-ce qu'il est vraiment logique (…) que nous fassions
passer des concours bac +5 à des personnes dont la fonction va être
essentiellement de faire faire des siestes à des enfants ou de leur
changer les couches ?
")

Devant tant d'ingéniosité comptable, devant la mugnificence de ce projet éducatif, devant la considération dont il fait preuve pour ce qu'ils osent encore présenter comme "la première priorité de la nation", on ne peut que s'incliner. Rien à dire. Le constat est lucide (comme peut l'être une ballerine tentant un plaquage à l'épaule sur Sébastien Chabal lancé en pleine course), les remèdes incontestablement adaptés (comme peut l'être l'indication d'un toucher rectal pour le soin d'une migraine ophtalmique).

Pour se rendre compte de l'ampleur des dégâts annoncés :

"Puisque j'vous l'dit". A la lecture des 13 documents confidentiels envoyés au recteurs (et oui j'ai lu les 13 en entier, oui je sais je suis un grand malade ou j'ai que ça à faire cochez la case qui vous convient), à la lecture des 13 documents, on ne peut qu'être frappé par la force de la rhétorique LucChâtellienne qui tient tout entière en une figure de style, le "puisquejvouldisme". Le puisquejvouldisme est une figure qui mélange habilement les raccourcis syntaxiques du "démerdez-vous avec ça" et les approximations grammaticales du "viendez pas m'emmerder", le tout permanenté façon L'Oréal, "parce qu'ils le ne valent rapportent bien rien"

Des exemples ? Bien volontiers.

Dans le document "Primaire : augmenter la taille des classes" (.doc)

  • "les études et expériences les plus récentes indiquent que la diminution des effectifs dans les classes n’a pas d’effet avéré sur les résultats des élèves et que les très petites écoles ne s’avèrent plus toujours performantes." Ne cherchez pas de lien ou de note bibliographique vers les études en question. Y'en a pas.  
  • "La fermeture d’une classe ou d’une école résulte de fait du retrait du ou des postes d’enseignant par l’inspecteur d’académie. Le Conseil d’État a en effet considéré qu’un poste peut être retiré, même sans l’accord de la commune, en indiquant qu’“aucune disposition législative ou réglementaire ne subordonne le retrait d’emplois d’instituteur à l’intervention préalable d’une délibération du conseil municipal décidant de la fermeture de la classe” (CE 5/5/1995, ministère de l’éducation nationale/association Sauvons nos écoles)". Ben oui. Comme le MSinistre demande aux recteurs d'aller au carton à sa place, il a tout de même la délicatesse de leur filer quelques arguments du genre "Allez-y mes chéris, toute façon même si les gens sont pas d'accord, on s'en fout, on n'a pas besoin de leur accord (rire permanenté)".

Dans le document "Fermer les petits établissements" (.doc)

  • "L’optimisation de l’utilisation des moyens de même que la nécessité d’une offre de formation diversifiée doit conduire à une évolution du réseau des établissements de petite taille (suppression, fusion, regroupements…)." Perspicaces comme vous l'êtes, vous aurez noté qu'au moins 2 des 3 termes figurant dans la parenthèse sont de trop : si on fusionne, c'est qu'on supprime pour pouvoir fusionner, si on regroupe, c'est la même chose. Là encore c'est une figure de style. C'est beau la langue française.

Vous en voulez encore ? D'aaaaaaaccord. 

Le document sur les Réseaux d'aide aux enfants en grande difficulté (RASED) est un vrai trésor (.doc).

Petite précision que peuvent zapper ceux qui connaissent déjà le fonctionnement des RASED : les RASED sont composés de 3 personnes : un "maître E" qui s'occupe – en gros – de pédagogie, un "maître G" qui s'occupe davantage des problèmes de comportement, et un psychologue scolaire. Il n'y a pas beaucoup de RASED et ces 3 personnes tournent donc sur beaucoup d'écoles dans des secteurs académiques parfois très vastes. Dernière précision : les RASED, c'est pas pour les enfants qui ont un peu de mal à apprendre leur table de multiplication ou leurs règles d'accord, les RASED c'est pour les enfants qui sont en grande souffrance/difficulté scolaire et pour lesquels les enseignants du primaire sont démunis. Tout cela est très bien expliqué ici ou .

Or donc voici ce que l'on peut lire dans la prose ministérielle :

"Plusieurs scénarios doivent être examinés :
– suppression des seuls maîtres G (non-remplacement des départs en retraite et affectation en classe) et poursuite de la politique de sédentarisation des maîtres E dans les écoles où la difficulté scolaire se manifeste le plus (sans économie) ;
– suppression des maîtres G et des maîtres E ; pour ces derniers, il convient d’estimer quel est le besoin de maîtres E maintenus en « surnuméraires » dans les écoles, voire dans des structures ad hoc (milieu rural par exemple) ;
– un troisième scénario intègre, en plus du scénario précédent, la mise en extinction des psychologues scolaires.
"

Si c'est pour les supprimer, ben c'est pas la peine de faire 3 "scénarios"*, surtout quand les 3 scénarios n'en font qu'un. Mais surtout surtout surtout surtout, vous noterez surtout, le formidable groupe nominal "mise en extinction des psychologues scolaires". C'est beau comme l'antique (ou comme une note de service de la DRH de chez l'Oréal**). "Mise en extinction des psychologues scolaires",  ça fait froid dans le dos non ? L'extinction des espèces. Aujourd'hui la mise en extinction des psychologues scolaires, et … demain ? C'est plus le ministère de l'éducation nationale, c'est celui de l'épuration nationale. Pour oser écrire ça dans une note officielle à destination des acteurs du système scolaire (aussi recteurs fussent-ils), il faut soit avoir le QI d'un poulpe mort, soit la morgue et le cynisme d'un DRH biberonné à la novlangue … soit … soit … soit je sais pas 🙁

* au passage, si l'on dit bien "un chariot des chariots", on dit plutôt "un scénario, des scenarii" …

** pour ceux qui ne suivent vraiment pas, Luc Châtel avant d'être ministre de l'éducation nationale, a été "chef de produit" puis DRH chez L'Oréal


Ectoplasme

Bon. Vous me connaissez. Je vous ai gardé le meilleur pour la fin.

Dans le document "Primaire : réduire les remplacements" (.doc)

  • "(…) une piste d’optimisation du coût en emplois du remplacement réside dans le recours à des non titulaires en substitution à des titulaires pour assurer une part du remplacement, les non titulaires présentant une ressource plus flexible dont le rendement est proche de 100 %." Je vais même pas me risquer à commenter hein ? Non parce que sinon mes mots pourraient dépasser ma pensée. Mais il y a encore mieux.
  • "Dans le cadre de la réforme du recrutement, il est judicieux d’offrir à des étudiants la possibilité de se familiariser avec la pratique enseignante, en dehors des stages déjà prévus pour les étudiants en master." Donc je vous ré-explique le côté "judicieux" de l'affaire. Je commence par ce que l'on savait déjà : dans les écoles primaires, on va coller devant des classes de 30 gamins (et plus …) des étudiants en Master (la fameuse masterisation), lesquels étudiants feront la classe quasiment toute l'année sans JAMAIS avoir été formés à ce métier. "T'as ton Master, et ben maintenant t'es 6 heures par jour et 5 jours par semaine devant 30 gamins. Comment tu fais ? On t'a pas appris ? Ooooh … c'est bête … mais y'a plein de formations privées à 1800 euros la semaine de "préparation pratique" si vraiment t'es inquiet. Comment ? Tu va même pas gagner 1800 euros en un mois de boulot devant ta classe ? Oooh ben oui mais t'es chiant aussi." Donc ça on le savait déjà. Et là arrive Luc Châtel qui, pour le cas ou l'un des étudiants en Master précité serait victime d'une légère dépression au bout de 15 jours, trouve "judicieux", je répète "judicieux", de coller comme remplaçant n'importe quel étudiant (on suppose au moins titulaire d'une licence …) pour qu'il ait la possibilité de se "familiariser avec la pratique enseignante". Je pense que l'expression "pour qu'il ait la possibilité d'être définitivement dégoûté de ces gnomes remuants et instables auxquels il sera de toute manière infoutu de transmettre quoi que ce soit vu qu'il n'aura aucune idée de ce qu'il doit leur transmettre et de la manière dont il faut s'y prendre", je pense que cette expression serait plus … "judicieuse".

Allez, je me rappelle quand j'étais jeune et étudiant. J'ai fait 7 ans de pionnicat. On bossait 2 jours et 2 nuits par semaine, on touchait 5000 francs par mois, ce qui nous permettait de poursuivre et de payer nos études. A la même époque, quand on voulait devenir prof, on passait d'abord un concours portant sur les matières à enseigner, et après on avait un an de stage, encadré par un prof tuteur, pendant cette année on ne suivait qu'une seule classe, et que quelques heures par semaine, le reste du temps on apprenait le métier. Ce devait être au 19ème siècle. Je ne me rappelle plus très bien.

Ectoplasme

C'est même plus de la langue de bois. C'est au-delà. Une sorte de poutre en chêne de langue de boeuf. Un dernier exemple (je ne m'en lasse pas) :

  • ne dites pas "virez-moi ces branleurs", ne dites pas non plus "dégraissez-moi le mammouth" mais dites "mobilisez les gisements d'efficience visant à respecter la contrainte du non remplacement d'un départ pour deux (…) sans dégrader les performances globales" (la preuve en pdf authentique et confidentiel)

De la maternelle au lycée, personne n'est épargné par la karcherisation Châtellienne comme en atteste la longue liste des documents mis en ligne sur le site du Café Pédagogique (à la toute fin de l'article).

De mémoire de parent d'élève et/ou d'enseignant on n'avait encore jamais vu une telle attaque en règle.

Dans une démocratie, il devrait être possible d'assigner en justice un ministre pour manquement grave et nuisances répétées au socle républicain de l'éducation. On a le motif, on a le mobile, on a les pièces à conviction (13 au total) dans le dossier. Qui va plaider ?

21 commentaires pour “Luc Châtel : sinistre de l’éducation nationale.

  1. Pas de bibliographie, sur le rapport entre la taille des classes et les performances scolaires ? Le rapport ci-dessous, demandé et validé par le ministère à l’époque (2006), a été volontairement enterré (dixit Piketty lui-même) :
    http://www.education.gouv.fr/cid3865/l-impact-de-la-taille-des-classes-sur-la-reussite-scolaire-dans-les-ecoles-colleges-et-lycees-francais.html
    Il est probablement qu’à force de critiquer les énarques, quand même un peu formés pour la république, les français ont hérité
    d’hommes d’affaires (sarkozy, raffarin, chatel, ….). Croyaient-ils mettre des ouvriers au pouvoir ?
    Je souhaite attirer l’attention sur ce qui se déclenche outre-manche sur le sujet : carte scolaire, hit parade permanent et “culture de l’évaluation bidon” etc…. c’est déjà bien loin. Il s’agit maintenant de sous-traiter, dans les écoles, non seulement toute la logistique (repas, entretien, services techniques …) mais aussi l’enseignement, qui peut devenir une prestation externalisée. Les personnes physiques ou morales (des boites) sont encouragées à devenir sponsors des écoles primaires et secondaires. Ils ont toujours un épisode d’avance sur nous…
    http://www.guardian.co.uk/politics/2010/may/31/michael-gove-academy-schools-profit

  2. Littéralement horrible… Merci pour votre travail de veille.
    Un détail toutefois : scenarii est un pluriel étranger. Depuis 1990, l’Orthographe Recommandée est avec un -s comme c’est le principe en Français. Donc, scénarios.
    Cf. http://issuu.com/timuche/docs/ortho90
    Et ce n’est pas ici un exemple de Novlangue, mais simplement d’emprunt linguistique avec francisation morphologique.
    Bonne continuation 🙂

  3. Je vous suis à 100 % sauf un truc. Étranger avec plus de 8 ans d’expérience dans l’éducation universitaire (dont 3 en France) et avec une thèse de doctorat en main, je me retrouve quand même incapable de m’intégrer dans le système français afin d’avoir un contrat non-précaire. Cette année mon “chef” avait statut d’ATER (ce qui est “interdit”) et était parfaitement hautaine malgré son manque d’expérience. Cela étant, je trouve votre dégoût pour ceux qui ne sont pas titularisés à revoir. Car il y a de très bons éléments parmi ceux qui n’ont pas de concours comme il y a de très mauvais éléments parmi ceux qui l’ont eu.

  4. Excellente analyse de la précarité annoncée de notre système d’enseignement (et d’éducation – intégration sociale, ne l’oublions pas).
    Je complète par quelques pistes rapides concernant les SEGPA (démantèlement des ateliers, suppression des contrats d’apprentissage, …), amenant in fine des enfants en mal de socialisation dans les collèges qui ne sont pas fait pour cela (en tout cas, pas préparés).
    Vous avez donné les faits, en les posant dans le temps, esquissé les enjeux, à peine effleuré les acteurs liés dans ce jeu sinistre concernant nos enfants et leurs avenirs possibles : vous dressez un beau sujet de controverse sociale aux enjeux économiques incalculables ?
    Frédéric Marin – alfeo.org

  5. Excellent billet, j’espère qu’il ne vous attirera pas trop de foudres.
    @ e : je n’ai pas ressenti ce “dégoût” dont vous parlez. La mise en danger du statut de titulaire dans la fonction publique est effectivement préoccupante. Il ne s’agit pas de remettre en cause les compétences des vacataires et contractuels.
    Mais la tendance “main d’œuvre pas cher” à de quoi faire grincer des dents.
    C’est plus une question de pérennité des postes, en fait. Après, il y a des cons partout, même chez les titulaires. 😉

  6. je voudrais protester un peu : le ministère a dit que les fermetures-fusions se feraient avec l’accord des collectivités ? Ah, il se foutait du monde ?
    à JYF :
    Je ne vois pas en quoi l’auteur-collègue défend son fromage – sinon peut-être que les enfants étant moins bien formés, à terme cela dégradera le niveau des entrants dans le supérieur – qui de toute façon sera devenu un grand business si sarko repasse en 2012. Si la France était dans un état catastrophique,
    peut-être ces mesures seraient-elles à prendre. Les choix du gouvernement et le désaccord expose clairement une divergence de vues sur le superflu et le nécessaire. Ouest-France titrait l’autre jour : les hotels de Deauville sont plein à craquer les beaux week-end de printemps.

  7. Merci pour toutes ces info et ce coup de gueule qui traduit bien ce que beaucoup pensent et ne savent pas comment le dire.
    Pour JYF: bien sur, il y a de la défense du “fromage”, mais au delà, il y a les enfants et les jeunes qui arrivent dans le système scolaire et qui risquent de faire partis de la 1ère génération de sacrifiés sur l’hôtel des profits. Notre rôle d’enseignant est aussi de dénoncer ces mesures et de mettre en garde contre les conséquences qu’elles vont forcément entrainer pour les enfants.

  8. Pour plaquer Chabal en pleine charge il vaudrait mieux que la ballerine plaque aux jambes plutôt qu’à l’épaule (ce qui est généralement inefficace et punie d’un raffut).
    Amicalement
    Phil

  9. Quel fromage, les générations qui arrivent, et encore heureux que certains s’évertuent à tenter de les défendre, dur combat.
    (je note que JYF, lui, désintéressé, participe au débat de façon défromagisée. C’est beau. Sûrement c’est Mère Térésa qui s’est mise au net post mortem (J pour Jésus ?)

  10. Alors, que faut-il faire alors pour sortir de cette merde et arrêter de se faire avoir dans les grandes largeurs? Moi je suis assez pour une méthode radicale, “quand faut y aller, faut y aller” comme dirait Yolande Moreau dans Louise Michel, mais je ne peux pas la dévoiler ici car les agents de big brother débarqueraient chez moi dans l’instant, d’ailleurs, j’en ai déjà trop dit “argh, non lâchez-moi!!!”.
    Ou alors, on résiste en s’adaptant, ce qui peut donner par exemple: les profs expérimentés créent une école de la transmission pour les jeunes mastered,qui serait subventionnée par…le ministère de l’éducation…Et oui car le gouvernement est assez balèze pour dépenser beaucoup d’argent en rustine et autres pansements pour pallier ses déficiences…

  11. OK à 3000 % sur tout. Y’a juste un truc qui me chiffonne :
    “(…)on avait un an de stage, encadré par un prof tuteur, pendant cette année on ne suivait qu’une seule classe, et que quelques heures par semaine, le reste du temps on apprenait le métier. Ce devait être au 19ème siècle. Je ne me rappelle plus très bien.”
    Vous ne souvenez donc pas de vos premiers cours qui avaient lieu AVANT le début de la formation IUFM. Formation IUFM à haute teneur en propos bidons, genre “un élève vous insulte, répondez lui par un mot qu’il ne connait pas (comme nénuphar)et qui le déstabilisera”.
    Bon, c’est vrai que passer d’un grand n’importe quoi à rien du tout n’est pas forcement (voire pas du tout) un progrès

  12. Bonsoir,
    Psychologue scolaire en exercice et blindée de travail (sur ma 20aine d’écoles rurales), j’apprends donc que je suis en voie d’extinction. J’avoue que je ne défend plus de fromage. Raz-le-bol des réunions avec les élus, en conseils d’école, des lettres aux députés, sénateurs, des jours de grève (non payés, je préfère le préciser) tout cela sans effet. Nous étions 6 à la rentrée 2008, 4 à la rentrée 2009, nous serons sans doute 2 à la rentrée 2010. Oh, attention, pas de poste supprimés ! Non, il s’agit de ne pas mettre des enseignants non spécialisés (ils ont une formation particulière)sur des postes RASED. Or, bien malencontreusement, peu d’enseignants souhaitent s’engager dans cette formation depuis que le nombre de reçus a drastiquement baissé et depuis que les RASED menacent de fermer. Donc, il est fort probable qu’en septembre 2010, trois postes du RASED soit non pourvus faute de candidats. C’est bête hein? Comment faire des gains d’emplois invisibles.
    Bravo M. Châtel.

  13. “gisements d’efficience” si le fonds n’était pas si triste, quelle novlangue !!
    Vous oubliez un détail, les enfants vont sûrement trinquer mais comme d’habitude les femmes aussi. Car qui va rester à la maison pour garder les petits de 2 à 3 ans ?
    Les crèches (dont la qualité de service va aussi être revue à la baisse avec les lois prévues) ne prennent pas souvent les enfants des femmes qui n’ont pas de travail. Donc si votre enfant n’est ni à la crèche, ni à l’école soit vous payez encore un an de nourrice soit vous n’êtes pas disponible pour une recherche d’emploi jusqu’à l’entrée à l’école du petit… et c’est Pôle Emploi qui améliore ses stats !!!

  14. C’est un texte intéressant pour le béotien que je suis en matière d’éducation nationale. Mais… je ne comprends pas votre étonnement.
    La formation professionnelle fait maintenant pleinement partie du secteur commercial des services régi selon le système des appels d’offre puisque nous devons vivre sous le régime de la concurrence libre et non faussée. Je suis épaté de ne pas lire la moindre ligne dans ce texte sur l’avenir de l’éducation qui doit pourtant suivre le chemin de la formation et cela me chiffonne.
    Les textes de l’AGCS sont pourtant très clairs à ce sujet. Il faut bien préparer la chose et c’est le travail du ministre.
    Si l’on n’a pas envie de se taper les 1200 pages de l’AGCS, sans compter les milliers de pages d’avenants et de rapports intermédiaires, qui ne sont pas aussi trépidantes qu’un Chester Himes on peut se contenter de lire le petit bouquin de Raoul Marc Jennar et Laurence Laurence Kalafatides “L’AGCS : Quand les Etats abdiquent face aux multinationales” publié il y a plusieurs années aux Éditions Raisons d’agir. C’est très bref, on lit cela en une heure, et très clair. Mais plus vraiment à jour puisqu’on y parle de l’enseignement au futur et que nous sommes maintenant dans la phase préparatoire.
    En quelques mots l’Accord général sur le commerce des services, plus connu sous son sigle AGCS, a pour objectif de libéraliser TOUS les “services” en supprimant un par un les “obstacles au commerce”. L’AGCS autorise par exemple une multinationale à poursuivre pour “concurrence déloyale” une commune qui subventionne sa cantine scolaire. L’AGCS autorise par exemple dans ma région, le Limousin, quatre organismes de formation à poursuivre en justice le Conseil régional qui n’a pas lancé d’appel d’offre avant de donner de l’argent à l’AFPA.
    L’enseignement, comme la santé, la culture ou la retraite, font partie des secteurs en cours de libéralisation. Le ministre prépare la libéralisation de l’enseignement . Comme Sarkozy prépare la libéralisation des retraites.

  15. Bravo. Beau papier avec du style et un vrai travail de fond. Du bel ouvrage qui fait plaisir à lire.

  16. Je suis prof dans un lycée américain (“charter school”, le modèle de lycée semi-public si cher à Obama). Quand un autre prof est malade ou doit s’absenter pour raison personnelle (ex: un décès dans la famille), un autre prof du lycée doit le remplacer gratuitement. Cela fait pour nous des heures et des heures de travail non rémunéré, et nous fait culpabiliser d’être absent. En France, on n’en est pas encore là, mais ça m’attriste de voir qu’on s’achemine dans une direction qui n’est pas bien meilleure.

  17. Merci pour votre travail…il faudrait y rajouter la diminution des heures d’enseignements dans les établissements médico-sociaux ( IME – ITEP – etc…), la disparition des directeurs Education Nationale de ces mêmes structures au profit de Masters privés etc…etc…

  18. Merci pour cet éclairage – un rien sarcastique (si, si) sur le démantèlement programmé de l’éducation nationale. A celui-ci j’ajouterai la suppression de la filière économique et sociale au profit d’une option obligatoire mais non notée et dotée d’un programme politiquement correct et conceptuellement allégé.
    Au final, quoi de mieux pour fabriquer un génération de moutons dociles et travailleurs ?

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